lundi 17 octobre 2011

Moise de Léon ou Moise Ben Shem Tob


Auteur d’un grand nombre de traités et de commentaires cabalistiques, rabbi Moïse ben Chem Tov de Léon (Castille, 1240-1305) est surtout connu du grand public parce qu’il est considéré comme le rédacteur de la majeure partie du Zohar.
Le Sicle du sanctuaire, œuvre qu’il signa de son propre nom, est d’une importance capitale au moins à deux titres : il nous propose un exposé systématique et quasiment exhaustif de la cabale théosophique de son temps, et confronté au Zohar, il nous en offre une meilleure intelligence. Écrit en 1292 dans la ville de Guadalajara, cet ouvrage élabore une présentation globale du système des sefirot (les émanations) et recèle l’une des synthèses les plus denses de la pensée cabalistique.
La présente traduction est accompagnée de multiples notes qui renvoient aux textes parallèles du Zohar, aux autres écrits de Moïse de Léon et à ceux des cabalistes contemporains. Établie d’après l’édition imprimée et les manuscrits, c’est la première version en langue européenne d’un écrit de ce grand maître du judaïsme médiéval qui nous livre quelques-unes des clés indispensables à l’étude de la mystique juive.
Source du texte : verdier
Autre bio : eliette abecassis


Bibliographie : 
- Le sicle du sanctuaire, Ed. Verdier, 1998. 
- Le Zohar, 7 tomes, Ed. Verdier. 
- Le Zohar, extraits, trad.   Ed. Seuil, Points Sagesse, 1980
En ligne : 
extraits sur le blog kabale.eu : zohar / les dix noms divins selon le sicle du sanctuaire


Elie prit la parole et dit : 

   Seigneur de tous les mondes, Tu es un mais non par le nombre. Tu es élevé au-dessus de tout ce qui est élevé, mystérieux plus que tout ce qui est mystérieux, la pensée ne Te saisit d’aucune manière.

   Tu es Celui qui fit surgir dix structures que nous appelons dix sefirot, c’est par elles que les mondes cachés et invisibles ainsi que les mondes visibles sont dirigés, en elles Tu te dérobes aux yeux des hommes. Tu es Celui qui les lie et les unit, et parce que Tu es à l’intérieur, quiconque sépare ces dix l’une de l’autre, c’est comme s’il Te divisait. Ces dix sefirot se meuvent selon leur ordre, l’une est patience, l’une impatience, l’autre juste mesure. Tu es Celui qui les guide et nul ne Te conduit, ni d’en haut ni d’en bas ni d’aucun côté. Tu les as orné de vêtements d’où les âmes prennent leur envol à destination de l’humanité, et Tu les as paré de nombreux corps - corps qui portent un tel nom au regard des vêtements qui les couvrent. 

   Elles ont dénommées respectivement :
Hessed (4, Bonté), bras droit; Guevourah (5, Puissance), bras gauche; Tiferet (6, Beauté), Tronc; Netsah (7, Victoire) et Hod (8, Majesté), deux cuisses; Yessod (9, Fondement), terminaison du corps, signe de l’Alliance sainte; Malkhout (10, Royauté), bouche, Torah orale — ainsi les nomme-t-on. La Hokhmah (2, Sagesse) — le cerveau —, est la pensée intérieure. La Binah (3, Intelligence) est le coeur, et par elle le coeur comprend. Au sujet de ces deux-là, il est écrit : “ Les mystères appartiennent à YHVH notre Dieu ” (Deutéronome 29:28). La Couronne suprême (1, Keter) est la Couronne de la Royauté, à son propos il est dit : “ Il indique dès l’origine ce qui sera à la fin ” (Isaïe 46:10) [...]. 
   Seigneur des mondes, Tu es Cela, l’Origine des origines, la Cause des causes, qui arrose l’Arbre [= les sefirot] par cette Source [= la Couronne], et cette Source est comme une âme pour un corps car elle vivifie le corps.

   Mais de Toi il n’est ni image ni représentation parmi toutes choses intérieures ou extérieures. Tu as créé le ciel et la terre, Tu en as fait émergé le soleil, la lune, les étoiles et les constellations. Et sur la terre, les arbres, les végétaux, le jardin d’Éden, l’herbe, les animaux, les oiseaux, les poissons et les hommes, afin que les entités supérieures se laissent connaître à travers eux, ainsi que leur façon de conduire les êtres d’en haut et d’en bas.
   Mais de Toi nul ne sait rien, et hors de Toi les êtres supérieurs et inférieurs n’ont pas d’unité, Tu te fais connaître comme leur Seigneur. Chaque sefira possède un nom en propre, les anges les invoquent grâce à lui, mais Toi Tu ne possèdes aucun nom propre car Tu remplis tous les noms et Tu es leur plénitude. Lorsque Tu les abandonnes, tous ces noms restent comme un corps sans âme. Tu es sage, non d’une sagesse connue, Tu es intelligent, non d’une intelligence connue, Tu n’as pas de lieu connu si ce n’est pour faire connaître Ta force et Ta puissance aux hommes, et pour leur montrer comment Tu conduis le monde par le jugement et la miséricorde, qui sont Justice et Droit, en fonction des oeuvres humaines.
   Le jugement c’est la Puissance, le Droit c’est la Colonne médiane [= 6, Tiferet], la Justice c’est la sainte Royauté, les “ balances de justice ” ce sont les deux Piliers de vérité [7, Netsah et 8, Hod], le “ juste poids ” c’est le signe d’Alliance [= 9, Yessod]. Tout ceci afin de montrer comment le monde est dirigé, ce qui n’implique pas que Tu possèdes une justice connue, qui est le jugement, ni un Droit connu, qui est la miséricorde, ni aucun de ces attributs.

Extrait de Tiqquney ha-Zohar, "Déclaration d'Elie", fol. 17a
Source du texte : Journal des Etudes de la Kabbale





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