samedi 5 décembre 2015

Un "cent fautes" au Moyen-Orient



Général Jean-Bernard Pinatel, expert en géostratégie et intelligence économique, sur les attentats de Paris et la politique étrangère de la France (Independenza webtv, le 2 décembre 2015)
Site officiel : Jean-Bernard Pinatel


Général Pinatel : il devient clair que c'est la Turquie qui a organisé l'envoi des migrants 
Le 3 décembre 2015 - Sputniknews



"On sait qu'Erdogan laisse sa frontière ouverte au pétrole de Daech et qu'en Turquie Daech se réapprovisionne en armes et en munitions", affirme un expert militaire français.

Le président russe Vladimir Poutine attache beaucoup d'importance à la crise survenue dans les relations entre Moscou et Ankara suite au crash d'un avion militaire russe abattu par un chasseur turc, mais il ne veut pas aggraver les tensions, estime le général Jean-Bernard Pinatel, Président de LP Conseil.
​"Je pense qu'il [Vladimir Poutine, ndlr] fera tout de son côté pour ne pas laisser passer cette affaire qui est très grave. Mais en même temps, il a été très mesuré et il ne veut pas escalader dans cette affaire", a déclaré le général Pinatel dans une interview à l'agence Sputnik.
Interrogé sur les affirmations du président russe selon lesquelles le président turc Recep Tayyip Erdogan était impliqué dans le trafic de pétrole avec Daech, l'interlocuteur de l'agence a répondu: "Là, il n'y a rien de nouveau. Je l'ai écrit plusieurs fois".
"On sait très bien qu'Erdogan laisse sa frontière ouverte au pétrole de Daech, qu'en Turquie Daech se réapprovisionne en armes et en munitions, que les blessés de Daech sont soignés dans ce pays. Même la fille d'Erdogan, jusqu'à une période récente, dirigeait un hôpital où étaient soignés les blessés de Daech", a affirmé M. Pinatel
Selon lui, le fait que ces preuves ont été dévoilées par un chef d'Etat a beaucoup plus d'importance que s'il s'agissait de révélations faites par un simple expert.

La Russie appelle à enquêter sur le trafic pétrolier entre Daech et la Turquie

D'après le général, les Etats-Unis sont les premiers à pouvoir faire pression sur Erdogan. Or, la position des Américains est "totalement ambiguë".
"Maintenant, il devient clair au niveau des opinions occidentales que c'est la Turquie qui a organisé l'envoi de tous ces migrants dans lequel les terroristes étaient dissimulés et que ça a été entièrement pensé par Erdogan probablement en liaison avec Daech", a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Il est persuadé que "ce n'est pas aujourd’hui, ni demain, ni après-demain que la Turquie rentrera dans l'Union européenne".
Interrogé sur le rôle de la France dans la lutte contre l'Etat islamique, le général Pinatel a déclaré: "La France fait ce qu'elle peut, car la France est déjà engagée au Sahel, en Afrique où elle supporte pratiquement seule la guerre menée en vue de stabiliser la situation au Mali, au Niger et au Tchad".
Pour la France, l'opération contre Daech est plutôt une "action symbolique", a conclu le général.

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Syrie: «La France doit aider Assad à combattre Daech»

Par Judith Duportail, le 7 septembre 2015 - Le Figaro

Pour le général Jean-Bernard Pinatel, la France ne doit pas intervenir au sol en Syrie mais devrait aider financièrement et logistiquement l'Iran, l'Irak et l'armée d'Assad pour combattre au mieux Daech.

Jean-Bernard Pinatel* - La France ne doit pas intervenir au sol en Syrie. Nous devons en revanche fournir un appui logistique, technique et financier à ceux qui combattent déjà Daech sur le terrain, comme le font les Russes. Il faut aider les trois pays en première ligne: l'armée syrienne loyaliste, l'Iran et l'Irak. Oui, il s'agit de dictateurs ou de milices mais ils représentent un moindre mal par rapport au mal absolu qu'incarne Daech. D'ailleurs, en laissant entendre qu'il veut combattre Daech en Syrie, c'est le revirement politique auquel Hollande s'est résolu.
Jusqu'alors la France avait choisi de déstabiliser Assad tout en combattant Daech via des frappes aériennes en Irak. Or on ne peut pas jouer sur ces deux tableaux. Il est temps d'abandonner le rêve du Printemps arabe, le rêve d'imposer la démocratie par les armes en faisant tomber Assad. Il doit être notre ami provisoire car il est aussi l'ennemi de notre ennemi absolu. Sur le terrain, les militaires connaissent leur travail. La France doit aider les Etats syriens et irakiens en leur fournissant les systèmes d'armes, le renseignement, la logistique et la formation dont ils ont besoin. Il faut également améliorer l'efficacité des frappes aèriennes en envoyant en première ligne des forces spéciales pour guider les tirs et éviter autant que faire se peut de tuer les civils dont Daech se sert comme bouclier. Evidemment cette action doit être coordonnée avec tous les acteurs intervenant sur ce théatre d'opérations y compris l'Iran et la Russie. De plus, il faut empêcher Daech de renouveler ses ressources.

Comment affaiblir les ressources de Daech?

Le président turc Erdogan se livre à un double jeu qui doit cesser. Officiellement, la Turquie fait partie de la coalition opposée à l'Etat islamique. Dans les faits, le pays lui ouvre sa frontière et lui permet de réaliser toute sortes de trafics d'armes et de pétrole. Le trafic de pétrole de contrebande représente pour Daech 50 millions de dollars de recettes par mois. En empêchant la Turquie de jouer ce double jeu et en fermant réellement la frontière, Daech serait déjà fortement affaibli. L'Etat islamique ne pourrait plus non plus se réapprovisionner en armes. Il faut tordre le bras à Erdogan. Là, on créerait les conditions politiques nécessaires à la réussite de l'opération militaire.
Une intervention militaire aurait-elle un impact positif sur la crise des migrants? Aiderait-elle les populations en exil à pouvoir rentrer chez elles?
Évidemment! Il ne faut pas prendre les Syriens pour des attardés. Ils n'aspirent qu'à vivre chez eux. Et ce sont les bourreaux barbares de Daech qu'ils fuient en masse. Quand ils vivent dans des zones sous le contrôle d'Assad, ce sont surtout quelques opposants politiques qui cherchent à fuir le pays. C'est ce qui me fait penser qu'il vaut mieux un dictateur éclairé que des millions de morts et des millions d'exilés. Ce n'est peut-être pas d'une grande morale politique mais c'est pragmatique. Quand De Gaulle s'était allie à l'URSS pour combattre les nazis il n'était pas pour autant devenu un communiste convaincu, mais avait identifié les nazis comme l'ennemi à abattre absolument. Il est temps de faire pareil avec Daech.

*Jean-Bernard Pinatel est un général de II° section. Il tient un blog, Géopolitique et géostratégie. Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages, dont Carnets de guerres et de crises aux Editions Lavauzelle, 2014.

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"Quel est le docteur Frankenstein qui a créé ce monstre [Daesh] ? Affirmons-le clairement, parce que cela a des conséquences : ce sont les États-Unis".
Intervention (extrait) du Général Slobodan Despot au Sénat (17 décembre 2014)

Un mot sur Daech, d’abord.

Ne doutons pas de la réalité de la menace directe pour nos intérêts vitaux, dont notre territoire et notre population. Daech est le premier mouvement terroriste à contrôler un aussi vaste territoire (35% du territoire irakien, 20% du territoire syrien). Ce qui représente 200 000 km² (soit l’équivalent de l’Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, PACA et Rhône-Alpes réunis) et une population de l’ordre de 10 millions de personnes. Ce territoire est imparfaitement mais réellement « administré » par un « ordre islamique », fait de barbarie et de rackets. Daech dispose d’un véritable « trésor de guerre » (2 milliards de dollars selon la CIA), de revenus massifs et autonomes, sans comparaison avec ceux dont disposait Al-Qaïda. Daech dispose d’équipements militaires nombreux, rustiques mais aussi lourds et sophistiqués. Plus que d’une mouvance terroriste, nous sommes confrontés à une véritable armée encadrée par des militaires professionnels.

Quel est le docteur Frankenstein qui a créé ce monstre ? Affirmons-le clairement, parce que cela a des conséquences : ce sont les États-Unis. Par intérêt politique à court terme, d’autres acteurs – dont certains s’affichent en amis de l’Occident – d’autres acteurs donc, par complaisance ou par volonté délibérée, ont contribué à cette construction et à son renforcement. Mais les premiers responsables sont les Etats-Unis. Ce mouvement, à la très forte capacité d’attraction et de diffusion de violence, est en expansion. Il est puissant, même s’il est marqué de profondes vulnérabilités. Il est puissant mais il sera détruit. C’est sûr. Il n’a pas d’autre vocation que de disparaître.

Source (et suite) du texte : Les Crises

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Colonel Jacques Hogard, de retour de Syrie (le 20 novembre 2015)

En Syrie comme en France, le combat est même : il s’agit du combat sans merci que livrent les nouveaux barbares au monde civilisé pour le détruire et imposer leur loi infâme. La Syrie de Bachar El Assad n’est certainement pas parfaite. Mais la France de François Hollande l’est-elle seulement ?

L’ennemi est commun, il est un et un seul. Son nom peut changer mais il s’agit du fondamentalisme wahhabite, que j’ai déjà personnellement vu à l’œuvre sur le sol européen au Kosovo il y a quinze ans et qui continue d’y prospérer sous l’œil bienveillant des Etats-Unis et de l’Union Européenne.
Source (et suite) du texte : Géopolitique-Géostratégie


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