lundi 23 août 2010

Lilian Silburn



Lilian Silburn (1908-1993), élève de Sylvain Lévi, Louis Renou, Paul Masson-Oursel, etc., fit sa carrière au CNRS et fut à plusieurs reprises, chargée de mission en Inde et au Cachemire. Sa thèse de doctorat ès lettres, soutenue en 1948 et intitulée : Instant et Cause. Le discontinu dans la pensée philosophique de l'Inde, mène une enquête singulière et affinée sur un fonds d'une vaste ampleur : Veda, Brâhmana, Upanishads, bouddhisme…

Grâce à cette exploration elle avait déjà découvert une branche peu connue de l'hindouisme, le shivaïsme non-dualiste du Cachemire, qui enseigne une métaphysique subtile, reposant sur une expérience spirituelle de toute intensité, et elle allait désormais en traduire et en commenter les œuvres majeures : dix ouvrages, comportant pour la plupart tout un ensemble de textes, parurent ainsi peu à peu dans les Publications de l'Institut de Civilisation Indienne. Il faut leur ajouter un livre sur La Kundalini ou l'Énergie des profondeurs, paru aux éditions Les Deux Océans en 1983 (réimp. 1996), qui devait être traduit en anglais. Ne signalant ici que l'essentiel, notons la direction d'ouvrages collectifs, l'un sur le bouddhisme – rééd. : Aux Sources du Bouddhisme, Fayard, 1997 –, les autres étant les volumes de la série Hermès. Recherches sur l'expérience spirituelle, dont L. Silburn accepta d'assumer la direction à la mort de Jacques Masui en 1975. (...).

Si les ouvrages de L. Silburn publiés par l'ICI (Institut de Civilisation Indienne) sont très érudits, ses contributions aux volumes d'Hermès, sans quitter la rigueur mais en un langage moins technique, se révèlent plus accessibles, plus vivantes. Et même, à la lecture de telle ou telle page, on peut deviner que c'est une expérience mystique personnelle qui lui a permis d'élucider textes bouddhiques et textes shivaïtes ésotériques.
Source du texte : Les deux océans.

Sur les relations de Liliane Silburn avec le Soufisme :
La vache cosmique

Bibliographie :

Institut de Civilisation Indienne, Ed. De Boccard :
- Le Paramarthasara de Abhinavagupta (Fasc. 5), 1957-1979. 
- Vatulanatha-sutra, avec le commentaire d'Anantasaktipada, (Fasc. 8), 1959-1995
- Vijnana Bhairava, (Fasc. 15), 1961-1999
- La Bakhti, Stavacintamani de Bhattanarayana, (Fasc. 19), 1964-2003
- La Maharthamanjari de Mahesvarananda, avec des extraits de Parimala, (Fasc. 29), 1968-1995
- Hymne de Abhivanagupta, (Fasc. 31), 1970-1986
- Hymne aux Kali, La roue des énergies divines, (Fasc. 40), 1975-1995
- Sivasutra et Vimarsini de Ksemaraja. Etude sur le Shivaisme du Cachemire, Ecole Spanda, (Fasc. 47), 1980-2000.
- Spandakarika, Stances sur la vibration de Vasagupta et leurs gloses (Bhatta Kallata, Ksemaraja, Utpalacaria, Somanada), (Fasc. 58), 1990-2004.
- Abhinavagupta, La lumière sur les Tantras, chapitres 1 à 5 du Tantraloka (Fasc. 66), 1998-2000. (Liliane Silburn étant décédée en cours de traduction, André Padoux a mené à terme la parution du livre). 

Autres maison d'édition : 
- Aitareya Upanishad, Adrien-Maisonneuve, 1950
- Instant et Cause, le discontinu dans la pensée philosophique de l'Inde, Vrin, 1955
- Le bouddhisme, Fayard, 1977
- La Kundalini, Ed. Les deux océans, 1983
- Aux sources du Bouddhisme, Fayard, 1997
Contributions de Liliane Silburn à des ouvrages collectifs : 
- Accès au sans accès (L'essence, les voiles, les voies) dans : Les Voies de la Mystique, ou l'accès au sans accès, Ed. Les Deux Océans, Série Hermès 2, 1981 (pp.37-80).
- Les trois voies et la non-voie dans le Sivaisme non-dualiste du Cachemire dans : Les Voies de la Mystique, ou l'accès au sans accès, Ed. Les Deux Océans, Série Hermès 2, 1981 (pp.141-200).
- Techniques de la transmission mystique dans le Shivaisme du Cachemire dans : Le Maître spirituel selon les traditions d'Occident et d'Orient, Ed. Les Deux Océans, Série Hermès 3, 1983 (pp. 122-138).
- Discrimination, De l'imposture à l'incompétence, Bons et mauvais disciples (avec Marinette Bruno) dans : Le Maître spirituel selon les traditions d'Occident et d'Orient, Ed. Les Deux Océans, Série Hermès 3, 1983 (pp. 252-267).
- A propos de la photographie, A bâtons rompus (avec Edouard Boubat, Jeremy Gentilli et Robert Bogroff) dans : Le Maître spirituel selon les traditions d'Occident et d'Orient, Ed. Les Deux Océans, Série Hermès 3, 1983 (pp. 305-308).


Extrait de VijnanaBhairava (Introduction) :

Ce sont précisément l'intériorisation et l'arrêt du processus dichotomal de la pensée qui forment la clef de voûte de toutes les voies mystiques. Le Vijnabhairava est entièrement axé sur l'expérience de l'intériorité, une intériorité absolue de la conscience, fondement de l'unité, par opposition à la dispersion de l'extériorité qui implique une relation extrinsèque du sujet et de l'objet. La conscience se concentre si puissamment dans son acte que tout objet se trouve éliminé : connaissance, agent et objet connu ne forment qu'une masse indivise de Conscience. En d'autres termes on retourne l'Acte ou la pure énergie consciente dépouillée de ses différenciations. Perçue alors du sommet de l'Acte, la dualité prend l'aspect d'un relâchement de l'activité consciente : la vie ordinaire à double pôle 'moi et non moi', sous quelque forme qu'elle se présente, dévotion ardente, pratique spirituelle, rêve, hallucination, concentration des yogin, oeuvre des artistes, contemplation de la nature, etc. ne ressemble en rien à la Réalité que découvre le mystique lorsqu'il se replie dans la profondeur du Soi et repose en lui-même; ainsi, comparée à la vraie paix qu'il éprouve, une sérénité d'ordre morale ou religieux ne serait, pour lui, que tourment.

Cette Réalité qui échappe à la détermination et ne renferme aucune des modalités habituelles de la conscience est ici nommée bhairava, existence brahmique, coeur, ambroisie, réalité ultime, essence, Soi, vacuité; elle demeure essentiellement ineffable et peu importe qu'on la qualifie de plénitude ou de vacuité, tout vocable perdant nécessairement son sens normal lorsqu'il s'applique au contenue de l'expérience mystique; en raison de son infinie simplicité, on ne peut ni l'imaginer ni la penser, ni la suggérer; il est donc nécessaire de l'éprouver soi-même.

5 commentaires:

  1. il faut ensuite pratiquer

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  2. Bonjour,
    Nouveau sur ce site de qualité, je me permets quand même de préciser que concernant les "non-voies" shivaïtes étudiés par Mlle Silburn (ainsi que pour celle, fort proche, qu'elle enseignait par son silence...), il ne s'agit guère de "pratiquer". Ici, ça relève de la Grâce et de sa réception. Donner et recevoir y sont un seul verbe, et il vaut mieux qu'il n'y ait "personne" ou presque, ni d'un coté ni de l'autre... Bref, pas de pratiquant.

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    1. Oui, c'est exactement cela : tout dépend de la grâce et rien de nous. Dieu, cela vous parle ? C'est une grâce. Vous êtes en recherche spirituelle ? Encore une grâce. Vous trouvez en vous le désir et la force d'emprunter une voie spirituelle ? Encore et toujours la grâce. Rien n'est possible sans elle et tout dépend d'elle : aussi n'avons-nous qu'à nous abandonner à elle non comme quelque chose de plus à faire mais comme quelqu'un qui se laisser aller au sommeil.

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  3. Sans doute, Isabelle Ratié en parle magnifiquement dans sa thèse :
    http://consciencesansobjet.blogspot.ch/2011/10/isabelle-ratie.html

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