lundi 16 janvier 2012

Clément d'Alexandrie


Saint Clément d'Alexandrie, l'un des Pères de l'Église, est né à Athènes vers 150 et mort en Asie Mineure vers 220.
Sa vie est peu connue. Païen de naissance, il se familiarisa avec tous les systèmes de philosophie de son temps. Il se convertit au christianisme et entame une série de voyages (Grèce, Italie). Il rencontre en Égypte, à Alexandrie, où régnait le mouvement intellectuel le plus animé de cette époque, la secte des éclectiques, celui qui deviendra son maître, Pantène, qui dirigeait alors l'École théologique d'Alexandrie. Désigné par le pape Démétrius Ier (12e pape d'Alexandrie) pour aller mener une mission chrétienne aux Indes, Pantène doit abandonner la direction de l'École Théologique d'Alexandrie. Il choisit alors le plus brillant de ses élèves, Clément, pour prendre sa succession. Clément d'Alexandrie prend ainsi avant Origène la direction de l'École d'Alexandrie. (...)

C'est en acquiesçant à la bonté essentielle de la création que Clément d'Alexandrie entra dans la foi chrétienne. Comme Justin, il accorda sa préférence philosophique à Platon qui, selon lui, s'approchait le plus de la Vérité chrétienne.
C'est dans une double-perspective que Clément d'Alexandrie perçut le christianisme: d'une part en tant que "philosophie", mais aussi en tant que réalité qui, par sa force mystérieuse, est en mesure de transformer et de sublimer l'homme jusqu'au plus profond de son être. De plus, ce n'est pas tant par goût du mystère que par recherche du vrai que Clément adhéra au christianisme. Dans la doctrine chrétienne, il découvrit la vérité pleine et sévère, entière et définitive, en laquelle toute quête philosophique devait aboutir. Cette vérité comporte la connaissance de Dieu, le jugement moral et la raison.
Tandis que la lecture de Platon lui avait donné l'intuition de la Vérité, il en acquiert la certitude par la connaissance de l'Epiphanie divine, c'est-à-dire du Christ. Il lit ses expériences spirituelles comme la traduction en acte de la Vérité encore obscure du platonisme, délivrée par Dieu sous la forme d'un don à la fois rationnel (la parole du Christ) et expérimental (la vie chrétienne).
Sa vision du christianisme est très moderne: selon lui, le christianisme ne se trouve pas dans les "marques extérieures", mais dans le cœur de l'homme, par lequel sa vie s'y trouve conformée en entier.
Source du texte : wikipedia


Bibliographie :
- Extraits de Théodote, trad. F. Sagnard, Cerf, coll. "Sources chrétiennes", 2° éd. 1970.
- Le pédagogue, trad. Claude Montdésert, Henri-Irénée Marrou, Chantal Matray, Cerf, coll. "Sources chrétiennes", 1970,
- Protreptique, trad. Claude Montdésert et A. Plassart, Cerf, coll. "Sources chrétiennes", 4° éd. 1976.
- Stromates, trad., Cerf, coll. "Sources chrétiennes". Stromate I. Stromate II. Stromate III. Stromate IV. Stromate V : trad. Pierre Voulet, 1981.
- Le Pédagogue, traduction de B.Troo et P.Gauriat et commentaires, coll. «Les Pères dans la Foi», Édition J-P.Migne 1991,
- Quel riche sera sauvé ?, trad. P.Descourtieux, Cerf, coll. "Sources chrétiennes", 2011.
En ligne :
- Pédagogue, Stromates, trad. M. de Genoude (1846) : remacle
- Les Stromates, trad. M. de Genoude (1846) : google books
- Le Pédagogue, Quel riche sera sauvé ?, trad. M. de Genoude (1846) : google books


La philosophie, inventée par les Grecs, est fille de l'intelligence humaine, me dit-on ! Je réponds avec les Écritures sacrées que l'intelligence est un don de Dieu. (...)

Stromates, Livres VI, chap. 8, trad. de Genoude

Soutenir avec quelques-uns que ce n'est point Dieu qui a envoyé d'en haut sur notre terre, la philosophie, c'est affirmer, ce me semble, que Dieu ne peut point voir le détail, et qu'il n'est point la cause première de tous les biens, puisque chacun d'eux, pris à part, est un bien isolé, et que rien de ce qui est n'existe sans la volonté de Dieu. Dieu l'a voulu. Donc la philosophie émane de Dieu; donc il l'a voulue telle qu'elle a été, dans l'intérêt des nations qui n'avaient pas d'autre frein pour s'abstenir du mal. Rien, en effet, n'échappe aux regards de Dieu, ni le présent, ni l'avenir, ni la manière dont chaque être doit exister. Lisant d'avance quels seront les moindres mouvements de ses créatures, (...)
Stromates, Livre 6, chap. 17, trad. de Genoude

Au contraire, aspirer à la science qui est en Dieu, dans un but d'utilité quelconque, soit pour que telle chose arrive", soit pour que telle chose n'arrive pas, ce n'est pas là le propre du Gnostique. II ne veut d'autre fin à la contemplation que la connaissance elle-même. J'oserai l'affirmer, ce n'est point en vertu du salut que l'homme, qui poursuit la connaissance pour cette science divine elle-même, embrassera la connaissance. En effet, l'intelligence devient, par un exercice continuel, l'intelligence permanente. Or, comprendre toujours forme l'essence du Gnostique, dont l'activité ne connaît ni ralentissement ni interruption; et cette contemplation permanente produit chez lui une substance vivante. Voici une hypothèse : si on proposait au Gnostique de choisir entre la connaissance de Dieu et le salut éternel, et que ces deux choses, absolument inséparables, pussent se séparer, il choisirait, sans balancer un seul moment, la connaissance de Dieu, estimant qu'il faut préférer pour elle-même la faculté, inhérente à la foi, de s'élever à la connaissance par l'amour. Tel est donc le premier principe du bien chez l'homme parfait : il n'agit point dans une vue d'intérêt personnel. Mais a-t-il jugé que faire le bien est quelque chose de beau et de glorieux, l'ardente impulsion de son âme l'y portera constamment et avec énergie. Vous ne le verrez point aujourd'hui vertueux, demain criminel ou indifférent : sa marche est régulière et affermie dans le bien. (...)
Stromates, chap. Livre 4, chap. 22, trad. de Genoude

Platon a donc eu raison de dire «que l'homme adonné à la contemplation des idées vivra comme un Dieu parmi les mortels. L'esprit est le siège des idées; Dieu est le siège de l'esprit.» Vous l'entendez ! Platon a dit de l'homme appliqué à la contemplation du Dieu invisible qu'il est un dieu vivant parmi les mortels. (...)
Dieu, ne pouvant être démontré, n'est point le principe de la science. Mais le Fils est à la fois, sagesse, vérité, science, enfin tout ce qui peut avoir avec elles un rapport de parenté. De plus, il possède la démonstration, et l'explication de toutes choses. Toutes les puissances de l'esprit ayant été créées une seule chose, convergent au même centre, le Fils. Il est infini dans chaque notion de ses puissances, bien qu'il ne soit pas réellement un, comme ce qui est un mathématiquement, ni multiple comme ce qui admet plusieurs parties, mais en tant qu'enveloppant tout dans son unité, et dès lors un étant toutes choses. Car il est le cercle de toutes les puissances qui se meuvent en lui et s'unissent dans une seule et même circonférence. Telle est la raison pour laquelle le Verbe a été appelé l'Alpha et l'Oméga, parce qu'il est le seul dont la fin est le commencement, dont le commencement est la fin, sans aucun intervalle, sans aucune dimension. Voila pourquoi croire au Verbe et par le Verbe, c'est arriver à l'unité, c'est-à-dire, être uni au Verbe par des liens indissolubles. (...)
Stromates, Livre 4, chap. 25, trad. de Genoude


Soutenir que dans le Sauveur le corps, en tant que corps, exigeait, pour sa propre conservation, les soins divers par lesquels nous alimentons notre vie, serait une assertion ridicule. Le Rédempteur mangeait, non pour soutenir son corps qu'entretenait et conservait une vertu divine, mais pour ne pas inspirer à ceux qui l'approchaient la pensée qu'il n'était qu'une vaine et fantastique apparition, comme l'ont proclamé plus tard quelques sectaires. Mais, dans le fond, il était inaccessible à toute passion humaine, sans trouble, sans agitation, supérieur au plaisir comme à la douleur. (...)
Stromates, Livres 6, chap. 9, trad. de Genoude

Il est certain que la discussion présente, qui a Dieu pour objet, se hérisse de difficultés. S'il est constaté que découvrir le principe de quoique ce soit est chose laborieuse, à plus forte raison, le premier et le plus ancien de tous les principes, celui par lequel les autres existent et continuent d'exister, sera-t-il difficile à démontrer ? De quel nom appeler, en effet, celui qui n'est ni genre, ni différence, ni espèce, ni individu, ni nombre, ni accident, ni soumis à rien d'accidentel ? Direz-vous qu'il soit un tout ? L'expression demeure imparfaite, puisque un tout est une quantité mesurable, et que Dieu est le père de l'universalité des êtres. Lui donnerez-vous des parties diverses ? Non, sans doute; car ce qui est un est indivisible. Voilà pourquoi il est infini, non pas dans ce sens que la pensée humaine le conçoit comme impossible à embrasser; mais parce qu'il n'admet point de dimension et ne connaît point de bornes. Aussi n'a-t-il pas de formes, et ne peut-il être nommé. Et si nous le désignons quelque fois par ces termes, le Dieu un, le Dieu bon, l'Esprit, l'Être par excellence, le Père, le Dieu, le Créateur, le Seigneur, ce sont là des dénominations dépourvues de justesse et impuissantes à le caractériser. Nous ne recourons à ces mots dignes de respect que par indigence du nom véritable, pour fixer notre pensée et l'empêcher de s'égarer sur d'autres appellations qui dégraderaient l'Éternel. Aucun de ces termes, pris séparément, n'explique Dieu; réunis ensemble, ils indiquent sa toute-puissance. On connaît les choses ou par leur propre nature, ou par le rapport qu'elles ont les unes avec les autres. Ici rien de tout cela ne convient à Dieu. La démonstration elle-même est inhabile à le découvrir, puisqu'elle repose sur des principes antérieurs et des notions premières. Or, rien n'a existé avant l'Être incréé. Il ne nous reste donc, pour nous faire comprendre le Dieu inconnu, que sa grâce et son Verbe, ainsi que Luc nous le montre dans les Actes des Apôtres, quand il met ces mots dans la bouche de Paul :
« Athéniens, il me semble qu'en toutes choses vous êtes très religieux. Car, en passant et en voyant les statues de vos Dieux, j'ai trouvé même un autel où il est écrit : Au Dieu Inconnu. Ce Dieu donc, que vous adorez sans le connaitre, est celui que je vous annonce. »
Stromates, Livre 5, chap. 12, trad. de Genoude
Source des extraits : google books



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