Boèce fit ses études à Rome, puis à Athènes. À son retour, il fut élevé trois fois au consulat (en 487, 510 et 511) par Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths. Mais des ennemis trouvèrent le moyen de lui faire perdre la confiance de Théodoric. Des remontrances qu'il adressa à ce dernier, au sujet des exactions des receveurs des deniers publics, furent le prétexte de sa disgrâce. Un décret du Sénat le déclara coupable de trahison ; enfermé dans une prison où il rédige De la consolation de la philosophie, entre deux séances de torture, "raffinées" selon Procope de Césarée, il fut mis à mort en 525, près de Pavie (...)
Boèce fut l'écrivain, le poète et le philosophe le plus distingué de son temps. Il a composé des traités de théologie, de philosophie, de mathématiques et de musique.
Boèce a joué un rôle majeur dans la démarche intellectuelle des siècles suivants et l'émergence de la pensée. Ses explications des catégories d'Aristote ont fourni le modèle du commentaire médiéval. Il a transmis les doctrines néoplatoniciennes et l'essentiel de la logique aristotélicienne, dont il fait le premier un usage dans ce qu'on pourrait appeler un travail de théologien. Ce qu'on appelle la logica vetus, "logique ancienne", antérieure à 1225-1250, doit tout ou presque à Boèce, puisqu'elle regroupe : a) deux traités de l' Organon d'Aristote, les Catégories et De l'interprétation, traduits par Boèce en latin; b) l' Isagoge (Ίσαγώγη) de Porphyre de Tyr, traduite par Boèce; c) les Topiques de Cicéron, commentés par Boèce; d) les traités logiques de Boèce.
Boèce a forgé le terme « quadrivium », ou voie quadruple, pour désigner les études scientifiques qui devaient suivre le trivium (grammaire, dialectique et rhétorique), à savoir l'arithmétique, la géométrie, la musique et l'astronomie. (...)
Boèce est un relais majeur entre l'Antiquité et le Moyen Âge, voire les temps modernes.
Source (et suite) du texte : wikipedia
Autre biographie : musicologie
Si de lumière en lumière, tu portes maintenant, en suivant mes louanges, le regard de ton esprit, tu dois déjà avoir soif de connaitre la huitième / La vision de tout bien y ravit cette âme sainte qui montre, à qui sait bien l'entendre, que le monde est trompeur / Le corps dont elle fut chassée gît sur la terre à Cielo d'Oro, et elle, du martyre et de l'exil, est venue en cette paix.
Dante Alighieri, Paradis, X, 121-129 (trad. Colette Lazam, dans Boèce, Consolation de la Philosophie)
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Bibliographie (en français) :
- Consolation de la philosophie, Trad. Colette Lazam, Ed. Rivage poche, 1991.
- Consolation de la philosophie, trad. J-Y. Guillaumin, Ed. Les Belles lettres, 2002.
- Consolation de la philosophie, Ed. Livre de Poche, 2008.
- Traités théologiques, Ed. Garnier Flammarion, 1997.
- Courts traités de théologie, Ed. du Cerf, Sagesse chrétienne, 1991.
- Traité de la musique, Ed. Brépols, 2005.
Etudes :
Pierre Courcelle, La Consolation de Philosophie dans la tradition littéraire : Antécédents et postérité de Boèce. Paris, 1967.
En ligne :
- Consolation de la philosophie : trad. Luis Judicis 1861, gallica / trad. Léon Colesse, 1771 wikisource
- Contre Eutychès : wikisource
- De Hebdomanibus : wikisource
- De la Trinité : wikisource
- Utrum Pater : wikisource
- De la foi catholique : wikisource
(...) Mais lui qui s'est nourri des philosophies d'Elée et de l'Académie ? (...)
Consolation de la Philosophie, I, 2, trad. Colette Lanzam
(...) Mais l'heure, dit-elle, est aux remèdes, non aux lamentations. (...) Me voyant non seulement silencieux mais totalement incapable de remuer la langue et frappé de mutisme, elle posa doucement la main sur ma poitrine : "Il n'a a pas lieu, dit-elle de s'inquiéter. Il souffre de léthargie : c'est une maladie qui atteint fréquemment les esprits abusés. Il a oublié pour quelque temps qui il est. Il retrouvera la mémoire mais il faut d'abord qu'il me reconnaisse. Aidons-le, nettoyons-lui un peu les yeux : les choses de ce monde lui ont brouillé la vue". Elle dit, fit un pli avec son vêtement et se mit à sécher mes yeux inondés de larmes.
Ibid, I, 4
Alors son regard s'immobilisa un instant comme si elle s'était repliée dans les profondeurs de sa pensée, elle commença en ces termes : "Les mortels ont tous une préoccupation pour laquelle ils ne ménagent pas leurs efforts : quelle que soit la voie qu'ils empruntent, ils s'efforcent de toute façon d'atteindre un seul et même but : le bonheur. Or c'est un bien qui, une fois obtenu, ne laisse plus place à aucun autre désir. Et il est effectivement le bien suprême, qui contient en lui-même tous les biens : si l'un d'eux lui manquait, il ne pourrait être le bien suprême puisqu'en dehors de lui, resterait quelque chose à souhaiter. Il est donc clair que le bonheur est un état de perfection, du fait qu'il rassemble en lui-même tous les biens. C'est cet état comme nous l’avons dit, que tous les mortels s'efforcent d'atteindre par des voies diverses. En effet tous les hommes ont en eux un désir inné du bien véritable mais les égarements de leur ignorance les détournent vers de prétendus biens. Certains d'entre eux, croyant que le bien suprême consiste à ne manquer de rien, travaillent à regorger de richesses, d'autres, estimant que le bien consiste à attirer sur soi essentiellement le respect d'autrui, s'efforcent de se faire respecter de leurs concitoyens par l’exercice de charges honorifiques. (...)
Ibid, III, 3
Si on cherche profondément le vrai
Et qu'on désir ne pas se fourvoyer,
On doit réfléchir sur soi sa lumière intérieure,
Concentrer les amples mouvements de sa pensée
Et apprendre à son âme que ce qu'elle entreprend au dehors,
Elle le possède déjà, déposé secrètement en elle.
Ce que naguère recouvrait le noir nuage de l'erreur,
Brillera plus distinctement que Phébus en personne.
Car l'âme ne s'est pas vu ravir toute sa lumière
Par la masse d'oubli dont l'a recouverte le corps.
Sans nul doute une semence du vrai reste fixée à l'intérieur
Que vient ranimer un enseignement rafaichissant.
Comment répondriez-vous spontanément juste aux questions
Si rien ne l'entretenant au plus profond du votre coeur ?
Si la Muse de Platon fait entendre le vrai,
Quand on apprend, on se souvient sans s'en rendre compte.
Ibid. III, 22
(...) Mais il va de soi que ceux qui sont heureux sont des dieux. La voici donc, la récompense des bons, que nul joug ne peut venir altérer, que le pouvoir de quiconque ne peut entamer et que la méchanceté de quiconque ne peut ternir : devenir des dieux. (...)
Ibid. IV, 5
Je pris à nouveau la parole : "Eh bien, dis-je, me voici à nouveau embarrassé par un problème encore plus difficile à résoudre." "De quoi, demanda-t-elle, s'agit-il donc ? Je devine déjà ce qui te trouble." "A mon avis, dis-je, que Dieu connaisse toutes choses par avance et qu'il existe un libre arbitre, voilà deux affirmations complètement contradictoires et incompatibles. Car si Dieu prévoit tout et s'il ne peut en aucune façon se tromper, il se produit nécessairement ce que la Providence a prévu. C'est ainsi que si elle connait par avance, de toute éternité, non seulement les agissements des hommes mais aussi leurs intentions et leurs volontés, il n'y aura aucun libre arbitre possible; en effet, il ne pourra y avoir aucun autre agissement ou aucune autre volonté, quelle qu'elle soit, que ceux qu'aura perçus par avance la Providence divine, qui est incapable de se tromper. (...)
Ibid V, 5.
(...) Si le problème reste obscur, c'est que le développement du raisonnement humain ne peut s'appliquer à la simplicité de la prescience divine, et si celle-ci pouvait être pensée de quelque manière, il ne subsisterait pas la moindre difficulté. (...)
Ibid, V, 7
Puisque par conséquent, comme nous l'avons montré tout à l'heure, tout ce qui est connu, l'est non pas à partir de sa propre nature mais à partir de la nature de ceux qui cherchent à comprendre, voyons maintenant , dans les limites de ce que nous est permis, quelle est la nature de la substance divine afin que nous puissions aussi distinguer de quel ordre est son savoir. (...)
C'est ainsi que si tu veux te faire une idée de sa prescience, par laquelle il discerne toutes choses tu seras plus proche de la vérité si tu la considères non pas comme la prescience, pour ainsi dire, du futur mais comme la science d'une imminence qui jamais ne passe, aussi préfère-ton l'appeler Providence et non Pré-voyance, parce qu'établie loin de ce qu'il y a de plus bas, c'est pour ainsi dire depuis les cimes de l'univers qu'elle supervise toutes choses. Pourquoi veux-tu donc que devienne nécessaire ce sur quoi se répand la lumière divine alors que pas même les hommes ne rendent nécessaire ce qu'ils voient ? Serait-ce que ton regard confère la moindre nécessité à ce que tu vois de présent ?" "Non." "Or, si on peut se permettre de comparer le présent divin au présent humain, de même que vous voyez certaines choses dans ce présent temporel qui est le vôtre, de même Il discerne toutes choses dans son éternel présent. C'est la raison pour laquelle cette prescience divine ne modifie pas la nature des choses ni leur propriété et elle les voit présentes à ses côtés telles qu'elles s'accompliront un jour dans le temps. (...)
Ibid, V, 11
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* * *
(...) Mais la substance divine est forme sans matière, et c’est pourquoi elle est l’Un, et elle est-ce-qu’elle-est. Toutes les autres réalités, effectivement, ne-sont-pas-ce-qu’elles-sont. Chacune en effet, tient son être des éléments qui la constituent, c’est-à-dire de ses parties, et est ceci et cela, à savoir la conjonction de ses parties, mais non ceci ou cela singulièrement : ainsi puisqu’un homme, terrestre, est constitué d’une âme et d’un corps, il est un corps et une âme, non en partie ou un corps ou une âme. Donc, il n’-est-pas-ce-qu’-il-est mais ce qui n’est pas à partir de ceci ou de cela, mais est seulement ceci, un tel être vraiment est-ce-qu’il-est; et il est le plus beau et le plus puissant parce qu’il n’a pas d’autre fondement que soi. C’est pourquoi est vraiment un ce en quoi ne réside aucune nombre, rien d’autre, excepté ce-qu’il-est. En effet, il ne peut être fait sujet. (...)
De la Trinité
Source du texte : wikisource
(...) Mais la substance divine est forme sans matière, et c’est pourquoi elle est l’Un, et elle est-ce-qu’elle-est. Toutes les autres réalités, effectivement, ne-sont-pas-ce-qu’elles-sont. Chacune en effet, tient son être des éléments qui la constituent, c’est-à-dire de ses parties, et est ceci et cela, à savoir la conjonction de ses parties, mais non ceci ou cela singulièrement : ainsi puisqu’un homme, terrestre, est constitué d’une âme et d’un corps, il est un corps et une âme, non en partie ou un corps ou une âme. Donc, il n’-est-pas-ce-qu’-il-est mais ce qui n’est pas à partir de ceci ou de cela, mais est seulement ceci, un tel être vraiment est-ce-qu’il-est; et il est le plus beau et le plus puissant parce qu’il n’a pas d’autre fondement que soi. C’est pourquoi est vraiment un ce en quoi ne réside aucune nombre, rien d’autre, excepté ce-qu’il-est. En effet, il ne peut être fait sujet. (...)
De la Trinité
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