mercredi 8 février 2012

Jean de Saint Samson ou Jean du Moulin


Musicien aveugle
Jean du Moulin, en religion Jean de Saint-Samson (ou Joannes a Sancto Samsone, Jan de Sainct-Samson ), né à Sens-de-Bretagne le 29 décembre 1571, de Pierre du Moulin, contrôleur des tailles, et Marie d'Aiz, dans une famille de trois enfants, devenu aveugle à cause d'un accident à l'âge de deux ans, mais d'après Albert le Grand dès le berceau après avoir contracté une petite vérole. Albert Le Grand (écrivain) en fait un adolescent mystique prédestiné et appelé à la sainteté dès l'enfance, d'autres biographes comme Brémond un mendiant aveugle, devenu mystique à partir de sa rencontre providentielle avec Matthieu Pinault à Paris. Orphelin de père et de mère à l'âge de dix ans, il fut élevé par un tuteur, Zacharie d'Ais, qui lui apprit les lettres latines et à jouer de la musique : de l'épinette, de la viole, de la mandore, du luth, de la harpe, de la flûte et surtout, de l'orgue. À douze ans, il tenait l'orgue du couvent dominicain de sa ville. Il aimait beaucoup les vers de Ronsard. (...)
Source (et suite) du texte : wikipedia
Autre biographie : Carm


Bibliographie :

- Oeuvres mystiques, tome 1, Ed. Guibert, 1984.
- La pratique essentielle de l'amour (comprenant cinq traités : La Pratique essentielle de l'amour, Exercices de l'amour suprême, Le Retour de l'épouse à son Epoux, Exercices de l'amour simple, Résumé de la vraie liberté), Ed. du Cerf, Sagesses chrétiennes, 1989.
- Epithalame, Chant d'amour, Ed. du Seuil, 1997.
En ligne (mais en ancien français, sur Google books) :
Méditations pour les retraites / L'art de pâtir et de mourir / Les contemplations et les divins soliloques / Le vrai esprit du Carmel / Le cabinet mystique / Oeuvres mystiques, tome 1


L'état suréminent
Or c'est ici que l'âme expire et meurt pour toujours au désir de comprendre, tout son plaisir étant en l'incompréhensibilité de son amour, lequel se comprend infiniment mieux et tout autrement en mourant qu'en languissant d'amour.
(...)
Reprise du développement : la passivité dans le feu de l'union
Pour reprendre notre développement, il faut savoir et croire que l'âme qui est parvenue véritablement à tout cela, ce qui est tout dire, doit abandonner complètement ses actes, ses formes, ses soupirs, ses regards, ses mouvements subtils et sa très simple aspiration, pour se laisser désormais mouvoir et ravir passivement par Dieu dans l'enceinte de son feu immense et dévorant. (...)
Alors, la créature est rendue si simple, si ample  et si ineffable en la forte opération du feu très simple et très ample, très savoureux et délicieux, qu'il lui semble vraiment être ce feu sans distinction ni différence d'avec lui. En effet, ce feu pénètre de sa force très simple et très vive toute la substance de l'âme, si bien qu'elle se sent tout substantiée en la substance du feu qui l'embrase, la consume et l’étant impétueusement et de façon suréminente en tout ce qu'il est, pour qu'elle ne soit plus que lui-même. C'est bien alors que la créature est vraiment dans la jouissance de la gloire de Dieu, et cela vaut tant que ce feu brûle, qu'il agit et dure en elle, c'est-à-dire tout le temps ordonné à cela en elle. Aussi, quoique la créature vive sur la terre en son corps, il ne lui semble nullement s'y trouver et y vivre, si l'on peut dire, tant ce feu déborde en elle de lumière, d'amour et de délice.
(...)




Dépasser tous les intermédiaires 
(...) A partir de là, ce que le sujet doit faire, c'est se perdre toujours davantage et de mieux en mieux, autant qu'il lui est possible, par une plongée et une pénétration en ce repos ineffable. Par ce moyen excédant tout moyen, il deviendra toujours davantage et de mieux en mieux son objet divin lui-même, il en pénétrera toujours plus la profondeur et l'immensité dans le fin fond de sa substance suressentielle et infinie, au-delà de tout ce qui peut en sortir pour se communiquer à l'infini à la créature et la rendre totalement bienheureuse. (...)

La jouissance suressentielle
Or, chose étrange, il est plus délicieux de se perdre irrécupérablement en cette mer infiniment spacieuse, que de parler de ses effets qui la manifestent et de ses propriétés qui ravissent et remplissent le sujet d'infinies perfections; cela est même plus délicieux que de déduire comme autrefois toutes les émanations et les propriétés distinctes, tant extérieures qu'intérieures, de la Trinité très une, ce que nous avons fait ailleurs selon nos possibilités : ici et dans notre situation, nous sommes contraints - avec amour et liberté - de nous laisser ravir et emporter en la jouissance de son essence très suressentielle par rapport à nous, au-dessus de toute propriété et distinction des personnes. Attendu que notre paradis est là, nous ne pouvons désirer en détourner notre vue simplifiée. Dans le plaisir d'en jouir, tout ce que nous sommes est très subtilement ravi par une très douce activité, très simple et continuelle. (...)

Le repos absolu de l'âme en sa perfection
(...) Tout ce qui est en nous doit être comme n'étant point et correspondre à cela au fil des évènements. J'ai déjà souvent dit de n'en point parler en des termes plus bas, même très mystiques, et c'est là tout dire, car le repos qui est la fin et l'achèvement de tout, n'est ni ne montre pas moins en sa perfection, que la parfaite et entière consommation du sujet en son objet divin. (...)

Ineffabilité de cet état
Par ailleurs, personne ne s'étonnera de nous voir parler si brièvement  et avec tant de concision d'une chose à la fois si vaste et si ramassée. Si nous l'exprimions en utilisant les comparaisons communes avec ce qu'elles ont de plausible et de démonstratif, nous semblerions dire de grandes choses en notre abondance, alors que nous ne dirions rien. Aussi, en notre développement très simple et concis, nous voyons, nous concevons et nous pénétrons de façon ineffable et mystique. Et quoique nous traitions tout cela selon notre vue et notre goût, ce n'est pourtant rien, même à côté de ce que nous en goûtons, et toujours rien à côté de l'abondance qui est en nous, attendu que c'est là que nous jouissons totalement de l'incompréhensible beauté, accompagnée comme d'une seule et unique chose de toutes les perfections essentielles à notre objet divin, lequel produit et cause en nous une suavité et un plaisir ineffables en un repos très simple et souverain. C'est ici, je l'ai déjà dit, que les hommes se trompent grandement quand ils ne savent exprimer ce sommet que par négation; mais nous, nous ne faisons pas que nier et nous taire : nous l'exprimons sans l'exprimer, car nous l'exprimons, comme je l'ai déjà dit, en demeurant dans le rien du mystique tout abandonné, abîmé dans le tout intérieur au fond à et la perception de tous ceux qui nous ressemblent; et tout cela n'est rien du tout pour les hommes et ils ne sauraient y prendre pied.
Extrait de Le retour de l'épouse à l'époux dans : La pratique essentielle de l'amour
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Là le vide est tout plein, mais par différence du plein, et sans différence du plein. Là le vide ou indigent, qui n'est cependant ni vide ni indigent, est surcomblé du plein, du plus plein, du très-plein, voire de la même plénitude, au-delà de la plénitude.
Jean de Saint-Samson, Cabinet mystique, I, 8
Vu sur : La vache du cachemire




1 commentaire:

  1. Merci pour la découverte de ce saint et pour toute cette nourriture de l'âme

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