jeudi 24 février 2011

Basho Matsuo ou Manefusa Matsuo


Bashō Matsuo plus connu sous son seul prénom de plume Bashō (« Le Bananier »), est un poète japonais du XVIIe siècle (début de la période Edo). De son vrai nom Kinsaku Matsuo (enfant) puis Munefusa Matsuo (adulte), il est né en 1644 à Iga-Ueno et mort le 28 novembre 1694 à Ōsaka. Il est considéré comme l'un des quatre maîtres classiques du haïku japonais (Bashō, Buson, Issa, Shiki).
Auteur d'environ 2 000 haïkus, Bashō rompt avec les formes de comique vulgaire du haïkaï-renga du XVIe de Sōkan en proposant un type de baroque qui fonde le genre au XVIIe en détournant ses conventions de base pour en faire une poésie plus subtile qui crée l'émotion par ce que suggère le contraste ambigu ou spectaculaire d’éléments naturels simples opposés ou juxtaposés .

Issu d'une famille de bushi (guerriers), il se lie d'amitié avec le fils de son seigneur, le jeune Yoshitada, mais la mort de son ami le conduit à renoncer à une carrière classique de guerrier et à étudier les lettres.
À ce moment, Bashō prend l'habit des moines et part suivre l'enseignement de plusieurs maîtres dont Kitamura Kigin à Kyōto. Sept ans plus tard, il part pour Edo où il publiera son premier recueil de poèmes dont le célèbre :



Sur une branche morte
Les corbeaux se sont perchés
Soir d'automne.



Plus tard, il crée sa propre école poétique. Il pratique le haïku avec un groupe de disciples dans son ermitage de Fukagawa à partir de 1680. Le surnom de cet endroit est « l'Ermitage au bananier » (Bashō-an) car un bananier lui avait été offert par l'un de ses disciples. Il le planta devant son ermitage - où il se trouve toujours- mais on ne sait pas pourquoi il lui emprunta son nom de plume.
Le style nouveau qui caractérise son école est le style shōfu.
Celui-ci peut se définir par quatre mots :

Sabi : c'est la recherche de la simplicité et la conscience de l'altération que le temps inflige aux choses et aux êtres ;
Shiori : il s'agit des suggestions qui émanent du poème sans qu'elles ne soient formellement exprimées ;
Hosomi : l'amour des choses humbles et la découverte de leur beauté ;
Karumi : l'humour qui allège du sérieux et de la gravité.

Pour Bashō, le haïku n'est pas dans la lettre mais dans le cœur. Il s'efforce d'exprimer la beauté contenue dans les plus simples choses de la vie :

Paix du vieil étang.
Une grenouille plonge.
Bruit de l'eau. 

C'est une poésie de l'allusion et du non-dit qui fait appel à la sensibilité du lecteur. Par exemple il évite de décrire l'évidente beauté du mont Fuji :




Brume et pluie.
Fuji caché. Mais maintenant je vais
Content





Bashō pratique également le journal de voyage qu'il entremêle de délicats poèmes. Le plus célèbre d'entre eux est La Sente étroite du Bout-du-Monde (Oku no hosomichi) mais ils relèvent tous d'un genre impressionniste qui voit le poète s'arrêter devant des paysages ou des scènes de la vie quotidienne et laisser venir le poème que cette vision suscite en lui.
En passant devant les ruines du château ou périt le célèbre Minamoto no Yoshitsune alors qu'il était assiégé par l'armée de son frère Yoritomo, le poète est frappé de voir qu'il ne reste rien de cette gigantesque bataille, de tous ces glorieux combats et que la nature a repris ses droits :


Herbes de l'été.
Des valeureux guerriers
La trace d'un songe.

Bashō est le premier grand maître du haïku et sans aucun doute le plus célèbre au Japon où il reste littéralement vénéré.
Il fut enterré à Ōtsu, préfecture de Shiga, auprès de Minamoto no Yoshinaka, conformément à ses derniers souhaits.
Source du texte   : wikipedia


On rallonge 
Une patte de l'aigrette
En y ajoutant celle du faisan.


Ce poème parodie le texte du Livre du maître Tchouang Tseu : "En voyant une chose longue, il ne faut pas penser qu'elle est trop longue si sa longueur est naturelle. En effet, les pattes de la sarcelle sont courtes, mais elle criera si vous les rallongez de force. Les pattes de la grue sont longues, mais elle protestera en pleurant si vous les coupez au couteau."
Basho a délibérément joué l'acte de "rallonger une patte d'un oiseau", que Tchouang avait rejeté, pour démontrer l'absurdité de l'utilitarisme. Ce haïku souligne avec humour la faiblesse d'intelligence humaine.
Les haïkus de Basho sont théâtraux. Il y a exposé la plaisanterie ou la mélancolie, l'extase ou la confusion, en les exagérant. Mais ces expressions dramatiques ont un caractère paradoxal. L'humour et la tristesse qu'il a exprimés ne sont pas des outils pour affirmer ni pour glorifier la possibilité humaine. Dans ses oeuvres, plus il décrit des actions des hommes, plus la petitesse de leur existence est mise en relief, et les lecteurs prennent conscience de la grandeur de la Nature.
Source du texte : Mushimegane


Bibliographie :
- Basho, maitre de Haiku. Ed. Albin Michel, coll. Spiritualité vivante.
- Journaux de voyage. Ed. Pof
- Cent onze haiku, Edition bilingue
- A Kyōto rêvant de Kyōto. Ed. Moundarren
- Cent cinq haïkaï. Ed. La Délirante
- L'Ermitage d'illusion. Ed. La Délirante
- Voyage poétique à travers le Japon d'autrefois, trad. Nicolas Bouvier. Ed. Office du livre
- Bashô, Carnets de voyage, " Nozarashi Kikô ". Ed. Atelier Manda
- Avec Bashô, Sur le chemin étroit du nord profond. Ed. Atelier Manda
- Le Chemin étroit vers les contrées du Nord, trad. Nicolas Bouvier. Ed. Heros-Limite
- L'étroit chemin du fond. Ed. William Blake and co.
- Jours d'hiver (1684). Ed. Pof
- Jours de printemps (1686). Ed. Pof
- Quatre saisons (1689), Friches tome I. Ed. Pof
- Réminiscences (1689), Friches tome II. Ed. Pof
- Dix kasen (1689), Friches tome III. Ed. Pof
- Friches (1689). Ed. Verdier
- La Calebasse (1691). Ed. Pof
- Le Manteau de pluie du singe (1691), Ed. Pof
- Le Sac à charbon (1694). Ed. Pof
- Le Faucon impatient (1696). Ed. Pof
Bibliographie : Shunkin
Intégralité de l'oeuvre de Basho (an japonais) : Yamanashi
Autres créateurs de Haiku : Mushimegane


kono aki wa        
Cet automne-ci
nande toshiyoru   
Pourquoi donc dois-je vieillir ?
kumo ni tori         
Oiseau dans les nuages

Sur l'éventail
Je mets le vent venant du mont Fuji.
Voilà le souvenir d'Edo (*)
(*) ancien nom de Tokyo

Sommeil sur le dos d'un cheval,
La lune au loin dans le rêve qui continue,
Fumée de la torréfaction du thé.

Le printemps passe.
Les oiseaux crient
Les yeux des poissons portent des larmes.

Le zashiki (*) d'été
Fait bouger et entrer
La montagne et le jardin.
(*) salon recouvert de tatamis et ouvert sur le jardin.

Quel plaisir!
La Vallée de sud
Embaume la neige.

Le vent d'automne
Plus blanc
Que les pierres de la colline rocheuse.

De tous les côtés
Les vents apportent des pétales de cerisier
Au lac des grèbes.

Même un sanglier
Est sur le point d'être emporté
Dans cette tempête.

Le croissant éclaire
La terre brumeuse.
Fleurs de sarrasin.

Le lespédèze fleuri ondule
Sans faire tomber
Une seule goutte de rosée.

Par bonté bouddhique, Bashô modifia un jour, avec ingéniosité, un haïku cruel composé par son humoristique disciple, Kikakou. Celui-ci ayant dit :


Une libellule rouge
arrachez-lui les ailes
un piment.

Bashô y substitua :

Un piment
mettez-lui des ailes
une libellule rouge.





5 commentaires:

  1. l'histoire du Maître Bashô me plait beaucoup, je suis arrivée ici par l'intermédiaire de Quinquabelle....Merci à Martine aussi.


    Natacha.

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  2. Qui connait les deux haîkus de Bashô et Kikakou en japonais ? J'aimerais bien avoir la version non traduite.

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  3. J'aimerais bien connaître la version japonaise des deux haïkus de Bashô et Kikakou sur la libellule et le piment rouge.

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  4. 「あかとんぼ はねをとったら とうがらし」
    「とうがらし はねをつけたら あかとんぼ」
    http://d.hatena.ne.jp/athemus99/20130901/1378048832

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