jeudi 17 février 2011

Pai-tchang ou Po-tchang Houai-hai - Baizhang ou Bozhang Huaihai




Disciple de Ma-tsou, Houai-hai (720-814), apporta au tch'an une contribution essentielle en édictant des règles monastiques qui, encore respectées de nos jours, complétaient les mesures prises deux siècles auparavant par le quatrième patriarche, Tao-sin. Les moines bouddhistes chinois suivaient les anciennes règles du Vinaya indien, mais, très formalistes, elles n'étaient pas adaptées ni au pays ni aux circonstances. Conformément à une tradition qui remontait au Bouddha lui-même, les moines vivaient de mendicité, mais les dons offerts par de pieux laïcs avaient considérablement enrichi les monastères. S'en était suivi un net relâchement des moeurs contre lequel sévit le gouvernement impérial.
La règle de Pai-tchang, que l'on a comparer à celle de saint Benoit, veillait à ce que l'activité spirituelle, en particulier la pratique de la méditation ne fut pas séparée du travail quotidien dans le monastère et aux champs. Celui-ci faisait partie de la médiation, mieux il en était la manifestation tangible. C'est à Pai-tchang que l'on doit le fameux précepte : "Un jour sans travail, un jour sans nourriture".
Source du texte : Les maîtres zen de Jacques Brosse. Ed. Bayard.


Bibliographie :
- L'illumination subite, trad. L. Wang, extraits dans Tch'an, zen, racine et floraisons. Ed. Hermès.
Etudes générales : 
voir sous Bibliographie Bodhidharma.


Question. - Quelle méthode pratiquer pour obtenir la délivrance ?
Réponse - On ne peut l'atteindre que par l'illumination subite.
Q. - Qu'est-ce que l'illumination subite ?
R. - Subite signifie se débarrasser instantanément de toute pensée (illu­soire). L'illumination est la réalisation que l'illumination n'est pas quelque chose qui puisse être atteint.
Q.- Quel est le point de départ de la méthode ?
R. - Il faut partir de la base.
Q. - Que signifie partir de la base ?
R. - La pensée est la base.
(...)
Q.- Où la pensée devrait-elle demeurer ?
R.- Elle devrait s'établir au lieu de la non-demeure et s'y fixer.
Q.- Que faut-il entendre par la non-demeure ?
R.- Cela signifie que la pensée ne devrait s'établir en quelque lieu que ce soit.
Q.- Quelle est la signification de tout cela ?
R.- Ne pas demeurer dans le bien, dans le mal, dans l'existence, dans la non-existence, dans le monde intérieur ou dans le monde extérieur ou en des lieux situées entre les deux; dans le vide ou le non-vide, dans la concentration ou la dispersion. Ne s'attacher à rien est l'état dans lequel elle devrait demeurer. Ceux qui atteignent ce état sont appelés "esprit sans demeure" - en d'autres mots, ils sont identiques à l'esprit de Bouddha.
Q.- A quoi ressemble-t-il ?
R. - L'esprit n'a pas de couleur, telle que le vert ou le jaune, le rouge ou le blanc; il n'est ni long ni court; il ne disparaît ni n'apparaît; il est tout aussi détaché de la pureté que de l'impureté et il demeure dans l'éternité. Il est complète tranquillisation. Telle est la forme de notre esprit originel, qui est également la forme du corps du Bouddha.
Q.- De quelle façon ce corps ou esprit du Bouddha peut-il être perçu ? Peut-on le percevoir avec les yeux, les oreilles, le nez, le toucher et la conscience ?
R.- Ils peuvent être perçus mais non par ces moyens de perception.
Q.- Puisque ces moyens sont inopérants, de quelle façon peuvent-ils être perçus ?
R. - Uniquement par une perception de votre nature réelle. Pourquoi ? C'est parce que votre nature profonde est essentiellement pure, complètement vide et tranquille. Sa « substance » immatérielle et immobile est seule capable de cette perception.
Q.- Mais si cette pure « substance » ne peut être découverte, d'où une telle perception peut-elle jaillir ?
R.- Nous pouvons la comparer à un miroir lumineux, où toute forme est visible bien qu'il n'en contienne aucune. Pourquoi ? Parce que le miroir est dépourvu d'activité mentale. Si les disciples engagés sur la voie sont sans souillure, aucune erreur ne s'élèvera dans leur esprit et ils ne s'attacheront ni à l'ego ni aux objets extérieurs qui disparaîtront; alors la pureté s'élèvera d'elle-même et les rendra capables d'arriver à cette perception. Le Dharmapâda Soûtra dit : « En un éclair pénétrer dans le vide ultime, voilà la sagesse ! »
Q.- Suivant le Nirvana Soûtra, la nature de diamant des êtres ne peut se percevoir et cependant elle perçoit clairement. Cette vision dernière ne contient rien à inclure et rien à exclure. Comment cela est-il possible ?
R. - Votre nature réelle est une « substance » sans forme, intangible. Aussi est-elle au-delà de toute perception. Néanmoins, bien qu'elle soit intangible, elle demeure profondément calme; elle ne va ni ne vient; elle n'est pas distincte du monde, mais ne se meut pas davantage en lui. Existant par elle-même et souveraine, elle repose dans la paix de son être propre. Voilà la raison pour laquelle elle ne peut être clairement perçue. Par sa nature propre, elle est à la fois sans forme et fondamentalement indifférenciée Comprenant toutes choses en elle, elle permet au tout indivisible des myriades de transformations, aussi innombrables que les grains de sable du Gange. Si vous pouviez les distinguer tous simultanément, votre savoir serait sans limite. Un gâthâ dit :
Prajnâ, bien qu'inconnaissance, saisit tout;
Prajnâ, quoique privée de vision, voit tout."
Extrait de L'illumination subite (extrait du Po-Chang Kouang-Lou), trad. L. Wang, dans Tch'an, zen, racine et floraisons. Ed. Hermès.


 

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