jeudi 17 mars 2011

Taisen Deshimaru


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Né dans la préfecture de Saga, sur l'île de Kyūshū, Deshimaru fut élevé par son grand père, un ancien samouraï, et par sa mère, une fervente disciple du Jōdo shinshū, une école amidiste japonaise. Par curiosité, il s'éloigne des pratiques spirituelles bouddhiques pour étudier le christianisme sous la direction d'un pasteur protestant. Il revient ensuite au bouddhisme, suit l'enseignement de l'école Rinzai, dont il s'éloigne également.
Il rencontre alors le grand maître du sōtō Zen Kodo Sawaki, dont il suit souvent les enseignements. Il se consacrera désormais entièrement à la pratique du Shikantaza.
Deshimaru reçoit l'ordination monastique peu de temps avant que son maître Sawaki tombe gravement malade. Celui-ci lui fait part de son souhait de voir le Zen se répandre dans le monde et lui demande de se rendre en Europe pour cela.
Suivant le vœu de son maître, Deshimaru se rend en France en 1967 par le Transsibérien. Arrivé à Paris, il travaille dans un magasin d'alimentation macrobiotique. Alors qu'il ne parle qu'un anglais rudimentaire, il pratique zazen dans l'arrière-boutique, ce qui attire à lui progressivement des disciples qu'il initie ainsi au Zen.
En 1975, alors qu’il enseignait au dojo qu’il avait fondé à Paris rue Pernety, Deshimaru reçut le shiho officiel de Yamada Zenji, abbé de Eihei-ji. En 1985, Niwa Zenji, abbé de ce même temple, lui conféra à titre posthume la dignité de zenji.
Deshimaru a fondé plus de 100 dojos en Europe, en Afrique du Nord et au Canada, ainsi que le temple de la Gendronnière (Association Zen Internationale ou AZI) dans la vallée de la Loire, qui devient le premier et le plus grand temple zen de toute l'Europe. D’après les registres du temple, il a ordonné plus 500 moines et nonnes, et plus de 20 000 personnes ont, un jour ou l’autre, pratiqué à ses côtés. Le premier moine ordonné en France par Deshimaru fut Taigen René Joly (Prajñānanda).
Deshimaru est mort en 1982 au Japon d'un cancer du pancréas.
Après sa mort, trois de ses plus proches disciples ont été certifiés maîtres dans la tradition du zen soto, par Niwa Zenji, la plus haute autorité du zen à cette époque. Il s'agit de Stéphane "Kosen" Thibaut, Etienne "Mokusho" Zeisler (Décédé) et Roland "Yuno" Rech.
Source du texte : wikipedia


Bibliographie :
- L'anneau de la Voie. Ed. Albin Michel, Spiritualités vivantes.
- L'autre rive, Textes fondamentaux du Zen. Ed. Albin Michel, Spiritualités vivantes.
- L'esprit du Ch'an, Aux sources chinoises du Zen. Ed. Albin Michel, Spiritualités vivantes.
- La Pratique du zen. Ed. Albin Michel, Spiritualités vivantes, 1981.
- Le bol et le bâton, 120 contes Zen. Ed. Albin Michel, Spiritualités vivantes.
- Le Trésor du zen. Ed. Albin Michel, Spiritualités vivantes, 2003.
- Vrai Zen, Introduction au Shobogenzo, Edition AZI.
- Zen et Vie quotidienne : La Pratique de la concentration. Ed. Albin Michel, Spiritualités vivantes, 1985.
Association zen international (fondé par Taisen Deshimaru) : zen-azi


Entretien (1982) avec Taisen Deshimaru, propos recueillis par Marc de Smedt.
Nouvelles Clés : Quel est l’acte qui importe le plus dans le zen ?
Maître Taïsen Deshimaru : La posture. C’est la posture de méditation qui est la plus importante. Le zazen.
N. C. : Pourtant, il est dit que le zen n’a rien à voir avec la position couchée, assise ou debout ?
T. D. : Oui, l’esprit du zen transcende toutes les catégories. Mais on dit aussi que le zen, c’est zazen, que la posture elle-même est satori, éveil.
N. C. : Pouvez-vous expliquer cela ?
T. D. : Nous sommes sans cesse en train de courir, de penser, d’errer à la recherche de quelque chose.
Se mettre dans la posture, faire zazen, permet d’arrêter le mouvement, de stopper le processus de fuite en avant, ce processus qui fait que l’on se retrouve à l’heure de sa mort en ayant gâché sa vie dans l’illusion de la vivre.
N. C. : Le zen, c’est donc l’arrêt du geste ?
T. D. : Avant tout il faut arrêter les habitudes, stopper le déroulement du karma, cet enchaînements des causes et des effets dans notre vie quotidienne, le laisser filer loin de nous comme des nuages filent au-dessus de la montagne sans jamais l’emprisonner. Une partie du malheur de l’humanité vient du fait que les gens ne savent pas se libérer de l’emprise de leur karma, de l’attachement à leur histoire personnelle.
N. C. : Mais le karma, c’est aussi la famille, le enfants, les amis, le travail. On ne peut abandonner tout cela...
T. D. : Il ne s’agit pas d’abandonner mais de lâcher prise... Quand on dit que les moines doivent abandonner leur famille cela ne veut pas dire qu’ils doivent la laisser mourir de faim. Non. Il s’agit en fait de ne plus être attaché à l’esprit des choses, d’avoir une certaine distance par rapport aux émotions qu’elles suscitent. La compassion n’est pas sentimentalisme geignard, mesquin et confortable mais vrai amour qui aide. Et puis le karma est à l’oeuvre dans notre cerveau : karma du passé, du présent et du futur s’y mélangent, donnent une vraie soupe nauséabonde ! Vous connaissez l’histoire de la vieille vendeuse de gâteaux qui dit au jeune moine qui veut lui en acheter un : « Avec quel esprit allez-vous manger ce gâteau ? Avec l’esprit du passé, du présent ou du futur ? » Le jeune moine s’enfuit car il est trop sot pour répondre ! Le karma est aussi créé par le trop-plein de pensées, de désirs, de rêves qui s’agitent dans nos têtes. La plupart des gens font ainsi plus de sexe avec leur tête qu’avec leur bol ou leur bâton ! (rire tonitruant).
La posture immobile permet de couper le karma : Je dis toujours : Laissez passer les pensées comme les nuages dans le ciel, laissez passer, passer, passer... Il faut épuiser le trop-plein de pensées, alors le cerveau peut recevoir de nouvelles informations. Une bouteille pleine ne peut plus rien contenir ; une bouteille vide, oui. Mais pour bien laisser passer, il faut se concentrer sur la pos- ture de méditation : dos droit, bassin basculé, nuque droite, pouces qui ne doivent faire ni montagne ni vallée, yeux mi-clos, se concentrer sur l’expiration la plus longue possible jusque dans le hara, le kikai tanden, l’océan de l’énergie qui se situe dans l’abdomen. Vos postures ne doivent pas être comme des bouteilles de bières éventées ! Elles doivent être fortes, riches, belles, alors l’harmonie en vous, la sagesse apparaît. La vraie sagesse se trouve dans l’effort de l’immobilité. L’effort juste est le plus important.
N. C. : Quelle différence y a-t-il entre le raja yoga et le zazen ? C’estfinalement toujours de la méditation, jambes croisées en lotus ou demi-lotus !
T. D. : La différence ? C’est le coussin ! (rire). Ce n’est pas une plaisanterie. C’est le zafu, le coussin rond que l’on met sous ses fesses ! Ce simple coussin permet d’équilibrer complètement la posture, de l’ancrer dans le sol, les deux genoux touchent la terre, le coussin donne tout son sens à la beauté de l’assise. Essayez de croiser les jambes en lotus sans coussin et vous verrez la différence. Il y a toujours un genou qui se soulève, même légèrement, et toute la posture n’est pas aussi belle. Ni aussi efficace 
(...)


Deshimaru - Chat

Les Occidentaux ont cru jusqu’à maintenant que le zen est une philosophie intellectuelle. Or, au contraire, pratiquer le zen consiste à penser avec son corps, c’est unir le corps et l’esprit, c’est une sagesse du corps. Ch’an, zen, dhyana, zazen, tous ces mots définissent la méditation qui est pratique de tout le corps. Ainsi peut-on équilibrer les deux cerveaux. L’être moderne est gravement malade : la pratique de la méditation peut l’aider à devenir sain. Ce n’est pas la peine de s’enfuir dans une grotte dans la montagne pour cela. La posture elle-même est la grotte et la montagne. Où que vous soyez existe la vraie liberté, celle du poisson dans l’eau ou de l’oiseau dans le ciel. Mais on peut amener un cheval à la rivière, c’est à lui de boire... Transformer son karma reste l’affaire de chacun !

Source du texte : Cles












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