lundi 2 mai 2011

Dattatreya


Dattatreya : «Datta, donné – Atreya, fils d'Atri » - Outre ses dix avatars les plus célèbres, Vishnu eut quinze autres avatars, tous mentionnés par le Bhagavata Purana. Dattatreya, l'incarnation de la Trinité divine (Trimurti) est l'un d'eux, et il cumule en sa personne la triple manifestation de Brahma, Vishnu et Shiva. Jeune garçon, l'avatar Dattatreya quitta le foyer familial, nu, en quête de l'Absolu. Il eut, dit-il, 24 gurus : la Terre, l'Air, l'espace ou Éther, l'Eau, le Feu, le Soleil, la Lune, un cobra, des pigeons, l'océan, un papillon-mite, une abeille, un éléphant, un ours, un daim, un poisson, un aigle pêcheur, un enfant, une jeune fille, une courtisane, un forgeron, un serpent, une araignée et une guêpe. 

Il apparaît sous les traits d'un adolescent dont les trois têtes symbolisent les trinités essentielles : les trois dieux, les trois temps, les trois états de conscience (veille, rêve, sommeil profond), toujours accompagné de quatre chiens symbolisant les quatre Védas. Deux grandes œuvres lui sont attribuées : 1) l'Avadhuta Gita, le Chant du Libéré; 2) le Tripura-Rahasya, le Secret de la Déesse Tripura, qui serait un abrégé du traité originel enseigné par Dattatreya à ses disciples, et dont la troisième partie serait perdue.
Source du texte : 108upanishads

Bibliographie :
- L'Avadhuta Gita : Ma nature est béatitude, Je suis libre, trad. Alain Porte. Ed. L'Originel, 2005
- Tripurarahasya, La doctrine secrète de la déesse Tripura, trad. Michel Hulin, Ed. Fayard. 
En ligne :
Dattatreya Upanishad (PDF) : 108upanishads
L'Avadhuta Gita (texte intégral) : wikisource
Les 24 gurus de Dattatreyas : pouvoirdespierres




Avadhuta Gita.
Chapitre I.
9.
Oui, la pensée est semblable au ciel,
Oui, elle est sans limites,
Elle a tout franchi, elle est toute chose,
Mais la pensée n’existe pas,
Du point de vue de la réalité ultime.

12
L’Esprit, qui seul est partout sans cesse,
Jamais ne s’interrompt.
“Je suis celui qui médite, l’Ultime est ce qu’il faut méditer,”
Comment diviser ainsi l’indivisible ?

13
Tu n’as ni naissance ni mort,
Jamais tu n’as été ce corps.
“Tout est esprit”, c’est ce que disent partout,
De multiples façons, les Ecritures.

17
Ni naissance ni mort ni pensée pour toi n’existent,
Non plus que servitude et libération,
Bien et Mal.
Pourquoi donc gémir, mon enfant ?

20
Les Ecritures disent toutes que la Réalité
Est immatérielle, pure, immuable,
Sans corps physique, partout égale.
Je suis cette Réalité, sache-le, sans nul doute.

21
Ce qui a une forme est irréel, sache-le,
Seul le sans-forme est éternel.
C’est par la transmission de cette vérité
Qu’on ne connaît pas de renaissance.

23
Que signifie l’unité pour le non-être ?
Et que signifie l’unité pour l‘être ?
Être ou ne pas être, que signifie cela pour l’unité,
Si tout n’est que liberté ?

26
En vérité c’est en toi, et par ce que tu es,
Que tu remplis totalement toute chose.
Tu n’es ni celui qui médite ni la méditation, ni la pensée.
Comment méditer alors sans rougir ?

28
Je ne suis pas la Réalité, la Réalité est partout égale,
Rien ne l’incite à prendre forme.
Sans personne pour percevoir, sans rien à percevoir,
Comment être son propre objet de connaissance ?

30
Rien ne t’affecte, égale en toute chose est la Réalité,
Immatérielle, sans naissance, immuable.
Comment parler d’illusion, à propos de l’Esprit ?
Et comment dire encore : je suis dans l’illusion ?

32
Il n’est ni jarre ni espace contenu dans la jarre.
il n’est ni âme ni forme de l‘âme.
Vois clairement que seul existe l’Esprit,
Qu’on ne peut ni connaître ni faire connaître.

33
En tout lieu, à tout instant, tout est Esprit
Éternellement immuable,
Tout est vide et plein.
Sache que je suis cela, sans nul doute.

34
Ni Veda ni Mondes ni Dieux ni Sacrifices n’existent,
Ni castes ni conditions sociales ni famille ni race n’existent,
Ni voie obscure, ni voie lumineuse n’existent,
La réalité ultime a pour forme unique l’Esprit.

36
Certains inclinent à la non-dualité,
D’autres à la dualité.
Mais nul ne trouve la réalité égale en toute chose,
Qui n’est ni duelle ni non-duelle.

40
Ce que je fais, ce que je mange,
L’offrande que je verse, ce que je donne,
Rien de tout cela n’est à moi :
Rien ne m’affecte, je suis sans naissance,
Immuable.

45
Tout de cet univers m’apparaît n‘être rien.
Tout n’est qu’Esprit.
Que signifie appartenir à une caste, à un état ?

49
En effet, il n’existe pas de corps matériel,
Pas plus qu’immatériel.
En vérité, tout n’est qu’Esprit.
Que signifient les trois états de la conscience, et le quatrième ?

50
Je ne suis ni enchaîné ni libre,
Je ne suis pas différent de l’Esprit.
Je ne suis ni l’acteur ni le bénéficiaire,
Je ne suis pas plus présent qu’absent.

54
Je n’ai ni maître, ni enseignement,
Ni attribut ni action.
Sache que l’espace est immatériel.
Je suis pur par ce que je suis.

55
Tu es pur, tu n’es pas ce corps
Tu n’es pas la pensée.
“Je suis Esprit, réalité ultime”,
Tu n’as pas à rougir de le dire.

58
Connaître, ce n’est ni raisonner ni méditer,
Ce n’est ni affaire de temps et d’espace, ou
D’enseignement du maître.
Je suis pas nature toute-connaissance,
Réalité pareille au ciel, innée et immuable.

59
Je ne suis ni naissance ni mort,
Ni action bonne ou mauvaise.
L’Esprit est pur et sans forme.
En quoi servitude et libération me concernent-elles ?

61
Le monde m’apparaît tout entier
Dans son unité infrangible.
Oh ! La puissance d’illusion de la Magicienne
Qui a façonné dualité et non-dualité !

63
Tu n’as ni mère ni père, ni parent,
Pas plus qu‘épouse, enfant, ami,
Ni adhésion ni refus :
Pourquoi cette souffrance dans la pensée ?

66
Je ne suis ni l’acteur ni le bénéficiare,
Pour moi il n’y a d’action ni passée ni présente,
Pour moi il n’y a ni corps physique ni corps immatériel,
Pourquoi dirais-je : ceci est à moi, cela n’est pas à moi ?

71
Devoir, richesse, désir, libération,
Monde animé et inanimé, hommes,
Les sages considèrent tout cela
Comme un mirage.

72
Ni dans le passé, ni dans l’avenir, et ni non plus dans le présent,
Je n’accomplis d’action,
Je ne suis le bénéficiaire de rien,
Telle est ma pensée profonde.

Chapitre IV
14
Que je sois libre de mes sens ou ne le sois pas, qu’importe ?
Ni volonté, ni discipline n’ont pour moi d’existence.
Comment alors, Ô mon amie, parler de victoire ou de défaite ?
Ma nature est béatitude, je suis libre.

20
Je ne suis pas fou, je ne suis pas sage,
Je ne suis jamais astreint à observer ou à briser le silence.
Comment puis-je émettre un doute ou un avis ?
Ma nature est béatitude, je suis libre.

23
Sois certain que rien ne me trouble,
Sois certain que je suis au-delà de l’espace et du temps,
Sois certain qu’aucune émotion ne m’habite.
Ma nature est béatitude, je suis libre.

25
Quand il n’y a plus rien, plus rien, à rechercher,
Il n’est plus rien, plus rien, à désirer.
C’est immergé dans la perception de l‘égalité des choses,
C’est concentré et purifié
Que l’Avadhûta dit la réalité ultime.

Chapitre V
6
Ni espace dans la jarre, ni jarre,
Ni corps ni âme,
Nulle répartition entre cause et effet,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?

9
Nulle distinction entre unité et division,
Nul effort pour réunir extérieur et intérieur,
Sans amis ni ennemis, Cela est partout le même,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?

12
Ni incarné ni désincarné ne jouent,
Comment pourrais-je provoquer une action de vie ou de mort ?
Cela est pur, immaculé, partout le même,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?

23
Nulle fusion entre libération et servitude,
Nulle fusion entre union et séparation,
Nulle fusion entre avis et doute,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?

27
Cela est au delà du renoncement à l’Ordre-Désordre,
Au-delà du renoncement à la richesse-pauvreté,
Au-delà du renoncement au désir-attachement.
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?

31
Les textes sacrés nous disent de mille façons
que tout cet univers, du ciel jusqu‘à la terre, n’est que l’eau d’un mirage.
Si tu es identique à l’Un, égale en toute chose,
Pourquoi pleurer, Ô pensée, toi qui partout est la même ?

32
Quand il n’y a plus rien, plus rien, à rechercher,
il n’est plus rien, plus rien, à désirer,
C’est immergé dans la perception de l‘égalité des choses,
C’est concentré et purifié
que l’Avadhûta dit la réalité ultime.

Chapitre VI
9
C’est lorsqu’on est ni séparé ni uni que l’on est détaché.
C’est lorsqu’on n’a ni perceptions ni absence de perceptions
Que l’on perçoit.

10
Continuellement soumis à la connaissance-ignorance,
Comment s’affranchir de la dualité-non dualité ?
Comment, lorsqu’on est pleinement détaché,
Percevoir une saveur unique, immaculée ?

12
Immuablement libre de toute chose,
Libre de toute réalité,
Comment pour lui ici-bas y aurait-il vie, mort ?
Qu’y aurait-il à méditer ou non ?
Extrait de : L'Avadhuta Gita, trad. Alain Porte
Source du texte : Sililia
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Autre traduction, texte intégral : wikisource

Déesse anonyme, Rajasthan, X-XIe

La doctrine secrète de la Déesse Tripura :
Chapitre 1
Conversation dans la montagne.
Hommage à (la Déesse Tripura), forme suprême de la conscience, essence de la félicité originelle, miroir pensant où se mire toute la diversité de l'univers.
(Haritayana dit) "Tu as écouté avec attention, Narada, la Célébration de la Déesse Tripura. Je vais maintenant te révéler la teneur de la Section de la Connaissance, doctrine admirable qui conduit au Bien suprême. Quiconque a écouté et compris ce texte est à jamais délivré du chagrin. (...)"

Chapitre 18
Servitude et délivrance
(...) De même qu'un miroir, bien qu'unique, semble devenir multiple de par la variété des objets qui se reflète en lui, de même, la conscience pure, bien qu'unique, parait se revêtir de diversité. Considère que dans les rêves, l'esprit assume à lui tout seul les trois aspects de voyant, de vision et de chose vue. De la même façon, la pure conscience se manifeste sous une multiplicité d'aspects. (...)
L'esprit (manas) lui-même n'est pas autre chose que la pure conscience. Dans le rêve l'esprit, considéré en tant qu'instrument servant à produire certains effets, est purement fictif, eh bien, il en va de même dans l'état de veille. (...)
De ce point de vue, l'espace et le Soi conscient se ressemblent, bien que la conscience, à la différence de l'espace, soit à elle-même sa propre lumière. Pour le reste, leurs caractéristiques sont identiques : plénitude, subtilité, pureté immaculée, absence de naissance et de contour propres, infinitude, rôle de support universel, absence d'attaches, présence à l'extérieur et à l'intérieur de toutes choses. La seule différence est que l'espace ne pense pas, autrement il serait parfaitement légitime de l'assimiler à la pure conscience. (...)
La suprême Déesse est la conscience en sa forme universelle. Essentiellement lumineuse, elle se distingue de tout ce qui est matériel. Elle repose en elle-même, forme accomplie du "Je". (...)
L'espace en effet, n'est pas autre chose que la dimension du Soi selon laquelle il se présente (fictivement) comme dépourvu du "je pense". (...)
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