dimanche 19 juin 2011

Nagarjuna


Nâgârjuna, moine bouddhiste du IIe-IIIe siècle originaire de l'Inde, est célèbre pour être le fondateur de l'Ecole philosophique dite du « Milieu ». Sa vie, dont nous ne savons en réalité que peu de choses, nous est rapportée par un important corpus littéraire historique, elle est bien évidemment mêlée de légendes et de mythes d'une richesse caractéristique des hagiographies religieuses traditionnelles. Selon ces sources, Nâgârjuna tiendrait son nom de Nâga qui signifie serpent, et d'Arjuna une variété d'arbre, ce qui, symboliquement, signifierait qu'il soit né sous un arbre et que des serpents furent les instruments de la transmission de sa science et de son savoir. Ayant un jour guéri Mucilinda, le roi des Nâga, ces derniers, en forme de remerciements, lui remirent dit la tradition, les cent mille vers du Prajnâpâramitâ-sûtra. On dit également que dans le palais des Nâga, Nâgârjuna découvrit sept coffres précieux contenant de très nombreux Mahâyânasûtra. En 90 jours il mémorisa les cent mille gâthâ qui résument l'essence de la Doctrine du Prajnâpâramitâ. En forme de respect vis-à-vis de son savoir, et de reconnaissance pour son geste envers leur roi, plus tard, lorsqu'il instruira ses disciples, les mêmes Nâga, feront de leur corps une sorte d'ombrelle afin de le protéger des morsures du soleil et, de l'agression des éléments ; ceci expliquant l'origine des très nombreuses représentations iconographique figurant Nâgârjuna, la tête nimbée de sa protection reptilienne caractéristique.
Extrait de Nagarjuna et la doctrine de la vacuité de Jean-Marc Vivenza
Source du texte : Jean-Marc Vivenza
Autre biographie : wikipedia

On  ne peut le qualifier de vide, ni de non vide, ou des deux ou d'aucun, mais pour le désigner on l'appelle le vide. (MK,XV,3)


Bibliographie :
- Traité du milieu, traduit par Georges Driessens, Seuil Points/Sagesses, Paris, 1995.
- Stances du milieu par excellence, traduit par Guy Bugault, Gallimard/Connaissance de l'Orient, Paris.
- Conseils au roi (La Guirlande précieuse de conseils au roi), traduit par Georges Driessens, Seuil Points/Sagesses, Paris, 2000.
- La Lettre à un ami, traduit par Georges Driessens & Michel Zaregradsky, éd Dharma, 1981.
- Lettre à un ami, traduit par le Comité Padmakara et commenté par Kangyour Rinpoché, éd. Padmakara, Saint-Léon-sur-Vézère (France), 2007.
- Le Traité de la grande vertu de sagesse, traduit du chinois (Kumarajiva) par Étienne Lamotte, Bureaux du Muséon, Louvain, 1944.
- Le Livre de la chance (Anthologie des soutras, Sûtrasamuccaya), traduit par Georges Driessens, éd. Le Seuil/Points Sagesse, Paris, 2003.
- Versets jaillis du centre, trad. Stephen Bachelor, Ed. Kunchab Inst. Yeunten Ling, 2001.
Sur le net : 
- Version bilingue de l'Hymne au Dharmadhatu (attribué à Nagarjuna), sur le site Hridayartha : PDF
- Les Vingt versets sur le Mahayana (attribué à Nagarjuna), sur le site Hridayartha : PDF
Etudes :
Jean-Marc Vivenza, Nagarjuna et la doctrine de la vacuité. Ed. Albin Michel, coll. Spiritualité vivante, 2001.
Georges Dreyfus, La vacuité selon l'école mâdhyamika, Ed. VajraYogini, Marzens, 1992.
Liliane Silburn, Aux source du Bouddhisme, Ed. Fayard, 1977.
Peter Fenner, Le fil de la certitude, dilemmes de la voie bouddhiste, Ed. du relié, 2001.
Sur le Madyamaka : wikipedia
Sur le tétralemme : wikipedia


Hymne à la Réalité absolue.
1. Comment Te louerais-je, Seigneur, Toi qui sans naissance, sans demeure, surpasse toute connaissance mondaine et dont le domaine échappe aux cheminements de la parole.
2. Pourtant, tel que Tu es, accessible au (seul) sens d'Ainsité, avec amour je (Te) louerais, ô Maître, en recourant aux conventions mondaines.
3. Puisque, par essence, Tu ne nais pas, en Toi, point de naissance, point d'allée ni de venue. Hommage à Toi, Seigneur, à Toi le Sans-nature-propre !
4. Tu n'es ni être ni non-être, ni permanent ni impermanent, ni éternel ni non éternel. Hommage à Toi, le Sans-dualité !
5. En Toi aucune couleur n'est perçue, ni rouge, ni vert, ni garance, ni jaune, ni noir, ni blanc. Hommage à Toi, le Sans-couleur !
6. Tu n'es ni grand ni petit, ni long, ni rond. Tu as atteint le but sans mesure. Hommage à Toi, le Sans-limites !
7. Tu n'es ni loin ni près, ni dans le ciel ni sur terre, ni dans le samsara ni dans le nirvana. Hommage à Toi, le Sans-demeure !
8. En aucune chose Tu ne résides, (ainsi donc) Tu as atteint le but : le domaine absolu, et Tu as acquis la suprême profondeur. Hommage à Toi, le Profond !
9. Par une telle louange puisses-Tu être loué ! Mais as-Tu été loué ? Si toutes choses sont vides, qui est loué et par qui ?
10. Qui est capable de Te louer, Toi qui n'apparais ni ne disparais, Toi pour qui n'existent ni milieu ni extrémités, ni perception ni perceptible !
11. Il n'est pas allé, Il n'est pas venu, exempt d'aller : c'est Lui le Bien-Allé qui vient d'être loué. Grâce au mérite acquis (par cette louange), puisse l'humanité avoir accès au séjour du Bien-Allé !
Extrait de Les quatre hymnes de Nagarjuna dans : Aux source du Bouddhisme.
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Chap. 18, Analyse du je et des phénomènes.
1.
Si le je était les agrégats,
Il serait sujet à la production et à la destruction.
S'il était autre que les agrégats,
Il n'aurait pas les caractères des agrégats.
2.
Si un je n'existait pas,
Comment un mien existerait-il ?
Puisque je et mien sont apaisés,
Les conceptions d'un je et d'un mien sont anéanties.
3.
Celui qui est sans appréhension d'un je et d'un mien
N'est pas non plus existant,
Celui qui voit l'absence d'appréhension d'un je et d'un mien
Ne voit pas.
4.
Lorsque est détruite l'idée du je et du mien
Relativement à l'interne et à l'externe,
L'appropriation prend fin
Et, avec sa destruction, la naissance est détruite.
5.
La libération a lieu par l'élimination des actes et des passions,
Les actes et les passions proviennent des imaginations,
Celle-ci de la pensée discursive.
La pensée discursive est arrêtée par la vacuité.
6.
Les Eveillés ont mentionné : "Le je existe",
Ils ont aussi enseigné : "Le je n'existe pas",
Mais ils ont encore proclamé
Que n'existe aucun je ni non je.
7.
L'objet d'expression disparaît
En se détournant du domaine de la pensée.
Non produite, non détruite,
La nature des choses est comme l'au-delà des peines.
8.
Tout est vrai, non vrai,
Vrai et non vrai,
Ni vrai ni non vrai,
Tel est l'enseignement de l'Eveillé.
9.
Non connue par l'intermédiaire d'autrui, apaisée,
Non élaborée par la pensée discursive,
Non conceptuelle, sans diversité,
Tels sont les caractères de l'ainsité.
10.
Ce qui apparait en dépendance d'une chose,
Cela n'est pas cette chose
Et n'est pas non plus différent d'elle.
Par suite, il n'a a ni annihilation ni permanence.
11.
Ni identité, ni diversité,
Ni anéantissement, ni permanence,
Tel est le nectar de l'enseignement
Des Eveillés, protecteurs du monde.
12.
Que les parfaits Eveillés n'apparaissent pas
Et que les Auditeurs aient disparu,
La sagesse fondamentale des Eveillés solitaires
Se produit en l'absence de soutien.
Extrait de Traité du Milieu. Ed. Points.
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