lundi 27 février 2012

Al-Ghazali


Ghazâli est l'un des plus grands penseurs de l'islam. Philosophe, juriste, théologien, il enseigna à l'université de Bagdad, mais une crise spirituelle et mystique le plongea dans le doute et l'affecta profondément au point qu'il perdit l'usage de la parole et devient incapable d'enseigner. Il voyagea dans le Proche-Orient et s'installa à Damas, où, méditant dans la solitude, il écrivit « Revifivication des sciences de la religion ». Il revint à Bagdad, y reprit son enseignement et se retira à Tus sa ville natale.

Source du texte : Ed. du Cerf
Autre biographie : wikipedia

"En résumé, celui dont l'œil intérieur n'est pas ouvert ne perçoit de la religion que l'écorce et l'apparence, non le fond et la réalité."


Bibliographie (en français) :
- Le Tabernacle des lumières, Ed. du Seuil, Point Sagesse, 1981.
- La Revivification des sciences religieuses, Alger, Entreprise nationale du livre, 1985.
- Revitalisation des sciences de la religion, oeuvre complète 1-4, Ed. Dar Al-Kotob Al-Ilmiyah, 2008.
- L'Alchimie du Bonheur, trad. & notes de Muhammad Marcelot, Alif, Lyon, 2010
- L'Education de l'âme, Ed. Albouraq, 2011.
- Le Livre de l'unicité divine et de la remise confiante en Dieu, Ed. Albouraq, 2003.
- Le Livre de la méditation, Ed. Albouraq, 2001.
- Les Secrets du jeûne, Ed. Albouraq, 2001.
- Les Secrets de la prière en Islam, Ed. Albouraq, 2001.
- Le Chemin vers le Paradis. Le Minhâj, Ed. Albouraq, 2005.
- Erreur et délivrance, Beyrouth, 1959. (Autobiographique. Récit de sa conversion au soufisme).
- La mesure de l'acte, à la lumière de la tradition musulmane, Ed. Iqra, 2004
- Éthique du musulman, Paris, Al Qalam, 1993.
- Le Licite et l'illicite, éd. al-Bustane, 1981, Ed. Vrin, 1991.
- Livre de l'Amour, du Désir ardent, de l'intimité et du parfait contentement, Ed. Vrin, Paris, 1986.
- Le Livre de la patience, Ed. la Ruche, 2002
- Le Livre de la science, Ed. la Ruche, 2004
- Le Livre du savoir, Ed. de l'Aire, 2010
- Maladies de l’âme et maîtrise du cœur, Ed. du Cerf, 2007.
- La Paix du cœur. L'alchimie du bonheur ici-bas et dans l'au-delà, 2006.
- La Perle précieuse, rééd. Les Deux Océans, 1986.
- Des Vertus du mariage, Alif, Condrieu, 1997.
En ligne :
- L’Épître des oiseaux : scribd
- Les piliers de la foi musulmane : at-tawid
- Al Latif : at-tawid


Le savant n'est pas celui qui emprunte sa connaissance à quelques livres et qui devient ignorant quand il oublie ce qu'il a appris. Le vrai savant est celui qui reçoit, quand il veut, sa connaissance de son Seigneur, sans étude ni enseignement.
Cité dans : Eva de Vitray-Meyerovitch, Anthologie du Soufisme, Ed. Sindbad, 1978, Albin Michel, Spiritualité vivantes, 1995.
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La Vérité des vérités
Les connaissants d'Allah s'élèvent des métaphores jusqu'aux réalités, à l'instar de celui qui monte des plaines vers les montagnes, et à la fin de leur ascension ils voient, comme avec la vision directe de témoins oculaires, qu'il n'y a rien en existence qu'Allah seul, et que "tout chose est périssante sauf son visage" (Qo'ran XXVIII, 88), non pas qu'elle périsse à un moment particulier, mais plutôt qu'elle est perpétuellement une chose périssante, étant donné qu'elle ne peut être conçu qu'ainsi. Car toute chose autre qu'Allah, quand on la considère en et par elle-même, ne peut être que pur non-être, et si elle est examinée en tant que chose recevant son existence de la Réalité primordiale, elle est jugée comme existante . non en elle-même, mais en tant que dépendante de Celui qui lui confère l'existence. Donc, il n'y a d'existant que le Visage de Dieu seulement. Car toute chose a deux aspects, l'un tourné vers elle-même, l'autre vers son Seigneur : à l'égard du premier, elle est non-être, mais par rapport à Dieu, elle est être. C'est pourquoi toutes choses sont périssables excepté le Visage d'Allah, de toute et pour toute éternité. Ces gnostiques, en conséquence, n'ont pas besoin d'attendre que se lève la Résurrection finale pour entendre le Créateur proclamer : "A qui appartient le pouvoir en ce jour ? A Allah, l'Unique, le Suprême Dominateur" (Qo'ran, XL, 16). Et cet appel résonnera à jamais à leurs oreilles. (...)

Ces gnostiques, en revenant de leur ascension dans le ciel de la Réalité, sont unanimes à déclarer qu'ils n'ont rien vu là d'existant, sauf l'Unique Réalité. Certains d'entre eux toutefois sont parvenus à cela scientifiquement, et d'autres expérimentalement et subjectivement. Pour ces derniers, la multiplicité des choses a disparu entièrement. Ils furent noyés dans l'Unicité absolue, et leurs intelligences furent perdues dans Son abîme. Là, ils devinrent comme des choses éberluées. Aucune faculté ne demeura en eux sauf de se remémorer Allah, en vérité, ils perdirent même la capacité de se remémorer eux-mêmes. De sorte qu'il ne demeure en eux rien d'autre qu'Allah. Ils devinrent enivrés d'une ivresse dans laquelle la puissance de leur propre intelligence disparut, de sorte que l'un d'eux (Hallaj) s'écria : "Je suis la Réalité Suprême !" - Ana'l Haqq -; un autre (Bistami) : "Gloire à moi ! Combien grande est ma gloire !" et un autre encore : "Sous cet habit il n'y a qu'Allah !". Mais les paroles des amoureux passionnés dans leur ivresse et leur extase doivent être dissimulées et on ne doit pas en parler. Ensuite, quand cette ivresse se dissipa et qu'ils revinrent sous le pouvoir de l'intelligence, laquelle est la balance d'Allah sur la terre, ils surent que cela n'avait pas été une véritable fusion, mais seulement quelque chose ressemblant à l'identité, comme dans ces mots de l'amoureux à l'apogée de sa passion : "Je suis Celui que j'aime, et Celui que j'aime est moi; nous sommes deux esprits infondus en un seul corps" (Hallaj).
Car il se peut qu'un homme qui n'a jamais vu un miroir de sa vie et qui se trouve soudain en face d'un miroir se regarde dans le miroir, et pense que la forme qu'il voit dans le miroir est la forme du miroir lui-même, identique à lui. Un autre peut voir du vin dans un verre et penser que le vin n'est que la couleur du verre. Et si cette pensée lui devient habituelle et continuelle, telle une idée fixe en son esprit, elle l'absorbe totalement, de sorte qu'il demande pardon à Allah :

Le verre est mince, le vin est clair !
Les deux sont semblables, la question est confuse :
car on dirait qu'il y a ici du vin et pas de verre à vin,
ou bien qu'il y a un verre et pas de vin !

Cependant, il y a une différence entre dire : "Le vin est le verre de vin" et dire "On dirait que c'est le verre à vin." Or, quand cet état spirituel l'emporte, il est appelé, par rapport à celui qui l'éprouve, l'extinction - fana -, ou plutôt, l'extinction de l'extinction, car l'âme est devenue anéantie à elle-même, anéantie à son propre anéantissement, car elle devient inconsciente d'elle-même et inconsciente de sa propre inconscience, étant donné que, si elle serait consciente de sa propre inconscience, elle serait consciente d'elle-même. Par rapport à l'homme immergé dans cet état, l'état est appelé, dans le langage de la métaphore "fusion", et dans le langage de la réalité "unification". Et sous ces vérités se trouvent aussi deux mystères que nous ne sommes pas libres de discuter.
Extrait de : Le Tabernacle des lumière
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Cité aussi dans Anthologie du Soufisme
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Al-Ghazali, l'Alchimiste du Bonheur, DVD, Editions Tasnim, 2007. Réalisé par Ovidio Salazar, Matmedia Productions.




 



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