Vimala Thakar (1923-2009) est une Indienne et un auteur connu dans les milieux anglophones pour ses ouvrages de spiritualité qui sont souvent la mise noir sur blanc des nombreuses conférences et échanges donnés tout au long de trente années de voyage dans le monde entier.
Elle est née en Inde, dans la province du Mahârâstra, près de Bombay en 1923, dans une famille de brahmanes. Elle y a grandi dans un climat de cosmopolitisme religieux et de tendresse familiale auquel elle dit devoir beaucoup.
Après une formation universitaire et un voyage aux États-Unis et en Angleterre qui l'a mise en contact avec les disciplines scientifiques et les réalités technologiques, elle a rencontré Vinoba Bhave, héritier spirituel de Gandhi, soucieux de promouvoir une révolution sociale non-violente dans la société indienne. Elle est alors entrée dans le mouvement Bhoodan et y a passé huit années durant lesquelles elle a visité presque tous les états de l'Inde, tenant des meetings, organisant des camps de travail, collectant des dons de terres pour les distribuer aux paysans.
Elle s'est formée durant ces voyages et à travers des séjours à l'étranger où elle a pu observer les effets de différentes formes de gouvernement et prendre conscience des méfaits causés par le racisme et les nationalismes de toutes sortes. Elle en a conclu à l'impuissance des systèmes politiques à rendre les hommes libres et heureux.
Elle a connu alors une crise spirituelle profonde et une remise en cause de toutes ses certitudes. Elle parle elle-même d'une nouvelle et douloureuse naissance. La rencontre de Krishnamurti a joué un rôle dans ce retournement et a fait basculer son désir de révolution sociale en une exigence préalable de transformation personnelle. En 1961, celui-ci lui a conseillé de changer son fusil d'épaule et de déplacer son champ de parole et d'action du domaine social au domaine spirituel. A commencé alors un long périple à travers le monde pour partager avec qui voulait l'entendre sa conviction sur la nécessité d'une libération intérieure. Le récit de ces voyages a été publié en Inde en 1996 par sa secrétaire Kaiser Irani, sous le titre Vimalaji's Global Pilgrimage.
Comme Krishnamurti, Vimala n'a cessé de récuser en matière spirituelle le principe d'autorité. Ce n'est pas un enseignement hiérarchiquement cadré qu'elle a proposé mais un compagnonnage dans la recherche : "Je ne suis pas une autorité qui fait des exposés ou des discours, disait-elle. Je partage avec des amis, et ce partage est méditation." Vimala est décédée le 11 mars 2009 à Mont Abu (Rajasthan), à l'âge de 87 ans.
Source du texte : familledelaye
Autre biographie : Vimala Thakar fr / Alain Delaye (PDF)
Bibliographie (en français) :
- La Méditation un mode de vie (1975), précédé de Un éternel voyage (1968), suivi de La Bénédiction d'être vivant (1986), Ed. Le Courrier du Livre, rééd. 2010.
- L'Energie du Silence, Ed. L'Originel, 1991, 2010.
- La Méditation un état d'être, Ed. Terre Blanche, 1995.
- Le Yoga au delà de la méditation, Ed. Altess, 1996, 2000
- Les Secrets de la Bhagavad Gita, Ed. Le lotus d'or 2008.
- L'Ombre du Silence, recueil de 33 poèmes de Vimala, Ed. Signatura, 2010.
En ligne :
Site dédié (avec des textes, poèmes, trad. et commentaires de la Bhagavad Gita en PDF) : Vimala Thakar fr
L'Ombre du Silence :
La Parole est l'ombre du Silence.
L'ombre n'a pas en soi de substance,
La parole n'a pas en soi de consistance.
Ceux qui essaient de mesurer
Une Substance par son ombre
Ne parviennent nulle part.
Ceux qui essaient de mesurer
Le Silence par la Parole
Ne parviennent nulle part.
Ne mesure pas avec des mots
La profondeur du Silence.
N'évalue pas avec des mots
Le contenu du Silence.
Ne juge pas avec des mots
La qualité du Silence.
La Parole est l'ombre du Silence
Source du poème : vimalathakar
Mes amis, le défi fondamental consiste à entrer soi-même en révolution et à permettre qu'un être humain naisse en soi. La voie à suivre pour cela est celle de la méditation. La méditation est une attention incluant tout.
Dans la méditation, le silence de l'esprit total aiguise votre être entier ; chaque cellule de l'être devient active. C'est pourquoi la totalité entrant en action et œuvrant avec le mouvement de la vie est un évènement prodigieux.
Quand l'esprit total devient silencieux, ce silence imprègne l'être entier. Savez-vous ce qu'est l'imprégnation du silence dans l'être ? L'imprégnation du silence dans la totalité de votre être est pure conscience. Nous n'avons pas de motifs, nous n'avons pas de buts, rien à acquérir et rien à sauver ; ainsi le mécanisme de défense ne fonctionne pas. La totalité de votre être devient consciente de tout ce qui se passe en vous et en dehors de vous, exactement depuis les orteils jusqu'à la tête. Vous devenez ainsi mouvement de conscience pure en chair et en os. Oh ! la beauté de cela. (...)
Extraits de l'Énergie du silence (Éd. Accarias - 1991)
Source (et suite) du texte : familledelaye
Exploration du Non-connu.
Quand l'état d'observation pénètre nos heures de veille, il commence aussi à pénétrer notre sommeil . Alors nous sommes conscient dans le sommeil tout comme nous sommes conscients durant nos heures de veille. Ceci n'est pas de la poésie: cela se produit vraiment. La méditation est un éveil sans effort à la fois au sommeil et aux heures de veille. Il y a la profonde relaxation du sommeil durant les heures de veille et la conscience des heures de veille dans le sommeil profond. Alors il y a un mouvement dans la vie parce que les heures de veille et le sommeil ne deviennent pas deux dimensions différentes, mais une seule dimension.
Quand l'état d'observation est maintenu tout au long du jour et de la nuit, le contenu du subconscient commence à émerger dans la conscience. Bien que chacun de nous ait en lui l'expérience et la connaissance de toute l'humanité, les contenus sont habituellement cachés dans les couches profondes de la conscience. Par une observation maintenue, le subconscient arrive à être exposé à l'attention et révèle son contenu. Le
contenu du subconscient peut être ramené à la conscience sous forme de visions et d'expériences. (...)
Nous devons passer à travers le tunnel des rencontres avec le subconscient, sans devenir attachés aux expériences non sensuelles . Il n'est pas nécessaire de supprimer ces expériences - il faut leur permettre de se produire - mais sans attacher beaucoup d'importance à leur apparition.
Extraits de : La méditation une manière d'être (PDF)
Voir aussi sur le blogue : rêves lucides
"Vimalaji", lui dis-je," de nos jours, beaucoup de personnes s’intéressent à la spiritualité, et pourtant il semble que seul un très petit nombre font l’expérience d’une transformation radicale de leur conscience et de leur vie."
Vimala me répond immédiatement : " Mon cher ami, c’est qu’ils ne dédient pas leur vie à la vérité qu'ils comprennent. Ils désirent les plaisirs de ce monde, être reconnus dans ce monde. La spiritualité est un de leurs désirs. Ce n'est pas la priorité suprême. Commencer immédiatement à vivre la vérité, tu comprends !
"Intellectuellement, les gens peuvent aspirer à l'émancipation ou à l'éveil, mais d’un point de vue émotionnel ils adorent avoir de petites attaches. Ils continuent à tisser la toile des servitudes. Ils veulent avoir une appartenance affective - par la famille, la religion. Au nom de la sécurité, ils créent ces loyautés affectives et un sentiment d'appartenance exclusive, alors qu'intellectuellement ils aspirent à la liberté absolue, l'éveil. Comment ces deux choses peuvent-elles cohabiter ?
"Elles sont incompatibles, et pourtant les êtres humains qui deviennent des sadhakas, des chercheurs spirituels, mènent une double vie. Ils ne sont pas malhonnêtes - je parle d'une division intérieure. Ils se contentent d'être au courant, qu'il existe une libération, de lire sur ce sujet, d'en rêver. Ils en sont satisfaits parce que le mot 'libération' a le pouvoir d’enivrer, l'émotion créée par la signification de ce mot est une ivresse. Et ils se nourrissent de cette ivresse. Mais en fait, il n'y a rien dans les faits. Alors cette division intérieure produit ce phénomène pathétique qu'ils se retrouvent les mains vides, au soir de leur vie. Ils n'ont gardé que les coquilles vides des mots et non la substance intérieure de la libération."
Extrait d'un entretien mené par Chris Parish
Source (et suite) : enlightenext
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