Jacques Bouveresse, né le 20 août 1940 à Épenoy, est un philosophe français.
Influencé par Wittgenstein, le cercle de Vienne et la philosophie analytique, il défend une position rationaliste dont le prolongement éthique est la modestie intellectuelle. Les valeurs de clarté, de précision et de mesure, qui définissent pour une part la rationalité, se traduisent, du point de vue moral, par une dénonciation satirique des abus dont peuvent se rendre coupable les milieux intellectuels en général et le milieu philosophique en particulier.
C’est dans cet esprit que Bouveresse a étudié les œuvres de Wittgenstein, Robert Musil et Karl Kraus. Ses domaines d’étude comprennent la philosophie de la connaissance, des sciences, des mathématiques, de la logique et du langage, et la philosophie de la culture. (...)
Source (et suite) du texte : wikipedia
Bibliographie :
- La Parole malheureuse. De l'alchimie linguistique à la grammaire philosophique, Éditions de Minuit, 1971
- Wittgenstein : la rime et la raison. Science, éthique et esthétique, Éditions de Minuit, 1973
- Le Mythe de l'intériorité. Expérience, signification et langage privé chez Wittgenstein, Éditions de Minuit, 1976
- Le Philosophe chez les autophages, Éditions de Minuit, 1984
- Rationalité et cynisme, Éditions de Minuit, 1984
- La Force de la règle. Wittgenstein et l'invention de la nécessité, Éditions de Minuit, 1987
- Le Pays des possibles. Wittgenstein, les mathématiques et le monde réel, Éditions de Minuit, 1988
- Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud, Éditions de l'Éclat, 1991
- Herméneutique et linguistique, suivi de Wittgenstein et la philosophie du langage, Éditions de l'Éclat, 1991
- L'Homme probable. Robert Musil, le hasard, la moyenne et l'escargot de l'Histoire, Éditions de l'Éclat, 1993
- Wittgenstein, in Michel Meyer, La philosophie anglo-saxonne, PUF, 1994
- Langage, perception et réalité, Volume 1 : La Perception et le jugement, Éditions Jacqueline Chambon, 1995
- La Demande philosophique. Que veut la philosophie et que peut-on vouloir d'elle ?, Éditions de l'Éclat, 1996
- Dire et ne rien dire. L'illogisme, l'impossibilité et le non-sens, Éditions Jacqueline Chambon, 1997
- Le Philosophe et le réel, entretiens avec Jean-Jacques Rosat, Hachette, 1998
- Prodiges et vertiges de l'analogie. De l'abus des belles-lettres dans la pensée, Raisons d'Agir, 1999
- Essais I. Wittgenstein, la modernité, le progrès et le déclin, Agone, 2000
- Essais II. L’Époque, la mode, la morale, la satire, Agone, 2001.
- Schmock ou le Triomphe du journalisme, La grande bataille de Karl Kraus, Seuil, 2001
- La Voix de l'âme et les chemins de l'esprit - Dix études sur Robert Musil, Seuil, coll. « Liber », 2001
- Essais III. Wittgenstein ou les Sortilèges du langage, Agone, 2003.
- Bourdieu savant et politique, Agone, 2004
- Langage, perception et réalité, Volume 2, Physique, phénoménologie et grammaire, Éditions Jacqueline Chambon, 2004
- Essais IV. Pourquoi pas des philosophes ? Agone, 2004.
- Robert Musil. L'Homme probable, le hasard, la moyenne et l'escargot de l'histoire (nouvelle édition de - L'Homme probable de 1993), Éditions de l'Éclat, 2005
- Essais V. Descartes, Leibniz, Kant, Agone, 2006.
- Peut-on ne pas croire ? Sur la vérité, la croyance et la foi, Agone, 2007
- Satire et prophétie : les voix de Karl Kraus, Agone, 2007
- La Connaissance de l'écrivain : sur la littérature, la vérité et la vie, Agone, 2008
- Que peut-on faire de la religion ? Agone, 2011
- Essais VI. Les Lumières des positivistes, Agone, 2011
- Le danseur et la corde, Ed. Agone, 2014
Autres publications : wikipedia
En ligne :
Site internet : Collège de France (pages)
135 médias: Collège de France
4 livres (Essais II, III, IV, V) : Agone
2 articles : Athéna
Voir aussi : Leibniz (vidéos en bas de page)
- Est-ce à dire que la philosophie pour vous est essentiellement, voire exclusivement, une activité thérapeutique, une activité qui doit nous guérir des diverses maladies de la pensée, autrement dit un "travail sur soi" ?
- Il y a deux manières fondamentales antithétiques et inconciliables de concevoir la philosophie. On peut la voir comme une activité de construction théorique qui, nécessairement, se situe plus ou moins dans la continuité de celle de la science et qui ne se distingue de celle-ci que par une généralité et une abstraction plus grande, ou bien comme une activité ou un exercice qu'on entreprend d'abord sur soi-même, qui porte sur la façon dont on voit le monde et sur ce qu'on en attend, un travail d'analyse et de réforme de soi, qu'on peut éventuellement aider les autres à réaliser sur eux-mêmes, mais que chacun doit entreprendre pour soi. C'est la conception de Wittgenstein, qui le rapproche plus de certains moralistes de l'antiquité que de Russell ou de Carnap. A cela correspond, d'ailleurs, chez lui un recours fréquent à la forme dialoguée, avec, d'un côté, la voix de la tentation et, de l'autre, la voix de la correction ou, si l'on préfère, d'un coté le philosophe qu'il y a en chacun de nous et ce qu'il a envie de dire et, de l'autre, le philosophe thérapeute. Dans ce cas, la philosophie et la science n'ont évidemment pas grand-chose à se dire l'une à l'autre. Wittgenstein soutient explicitement, dans les Recherches philosophiques, que la caractéristique d'un problème philosophique, c'est que sa solution ne dépend jamais de l'acquisition d'une connaissance ou d'une information nouvelle. La philosophie est exclusivement pour lui une affaire de clarification conceptuelle ou grammaticale, comme il dit. Mais c'est aussi, évidemment, une façon d'essayer d'être au clair sur soi-même et avec soi-même.
Il en résulte une conséquence qu'on n’aperçoit pas toujours immédiatement, mais que Wittgenstein tire lui-même explicitement qui semble avoir été fondamentale pour lui : la caractéristique d'un problème philosophique est qu'il peut toujours être résolu complètement au moment où il se pose. Cela peut paraître surprenant mais, si c'était vrai, ce serait assez réconfortant. A l'inverse, si on rapproche la méthode de la philosophie de celle de la science, il doit y avoir en philosophie une idée de progrès, de correction progressive, du même genre que celle qui a cours dans les sciences : on ne peut espérer résoudre les problèmes Hic et nunc, car leur solution peut dépendre de faits que nous ne connaissons pas encore et de concepts dont nous ne disposons pas encore.
Extrait de : La Philosophe et le réel (Philosopher, p.121/2)
Commande sur Amazon : Le philosophe et le réel
Je viens d’apprendre avec étonnement par la rumeur publique et par la presse une nouvelle que m’a confirmée la lecture du Journal officiel du 14 juillet, à savoir que je figurais dans la liste des promus de la Légion d’honneur, sous la rubrique de votre ministère, avec le grade de chevalier.
Or non seulement je n’ai jamais sollicité de quelque façon que ce soit une distinction de cette sorte, mais j’ai au contraire fait savoir clairement, la première fois que la question s’est posée, il y a bien des années, et à nouveau peu de temps après avoir été élu au Collège de France, en 1995, que je ne souhaitais en aucun cas recevoir de distinctions de ce genre. Si j’avais été informé de vos intentions, j’aurais pu aisément vous préciser que je n’ai pas changé d’attitude sur ce point et que je souhaite plus que jamais que ma volonté soit respectée.
Il ne peut, dans ces conditions, être question en aucun cas pour moi d’accepter la distinction qui m’est proposée et – vous me pardonnerez, je l’espère, de vous le dire avec franchise – certainement encore moins d’un gouvernement comme celui auquel vous appartenez, dont tout me sépare radicalement et dont la politique adoptée à l’égard de l’Éducation nationale et de la question des services publics en général me semble particulièrement inacceptable.
J’ose espérer, par conséquent, que vous voudrez bien considérer cette lettre comme l’expression de mon refus ferme et définitif d’accepter l’honneur supposé qui m’est fait en l’occurrence et prendre les mesures nécessaires pour qu’il en soit tenu compte.
En vous remerciant d’avance, je vous prie, Madame la ministre, d’agréer l’expression de mes sentiments les plus respectueux.
Jacques Bouveresse
Source : blog agone
Lettre de Jacques Bouveresse à Mme Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur (27 juillet 2010).
Cinq colonnes a la une mai 1968 (à partir de 3'15'' - contre la société de consommation) :
Autres vidéos (135 médias) : Collège de France
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4 livres (Essais II, III, IV, V) : Agone
2 articles : Athéna
Voir aussi : Leibniz (vidéos en bas de page)
- Est-ce à dire que la philosophie pour vous est essentiellement, voire exclusivement, une activité thérapeutique, une activité qui doit nous guérir des diverses maladies de la pensée, autrement dit un "travail sur soi" ?
- Il y a deux manières fondamentales antithétiques et inconciliables de concevoir la philosophie. On peut la voir comme une activité de construction théorique qui, nécessairement, se situe plus ou moins dans la continuité de celle de la science et qui ne se distingue de celle-ci que par une généralité et une abstraction plus grande, ou bien comme une activité ou un exercice qu'on entreprend d'abord sur soi-même, qui porte sur la façon dont on voit le monde et sur ce qu'on en attend, un travail d'analyse et de réforme de soi, qu'on peut éventuellement aider les autres à réaliser sur eux-mêmes, mais que chacun doit entreprendre pour soi. C'est la conception de Wittgenstein, qui le rapproche plus de certains moralistes de l'antiquité que de Russell ou de Carnap. A cela correspond, d'ailleurs, chez lui un recours fréquent à la forme dialoguée, avec, d'un côté, la voix de la tentation et, de l'autre, la voix de la correction ou, si l'on préfère, d'un coté le philosophe qu'il y a en chacun de nous et ce qu'il a envie de dire et, de l'autre, le philosophe thérapeute. Dans ce cas, la philosophie et la science n'ont évidemment pas grand-chose à se dire l'une à l'autre. Wittgenstein soutient explicitement, dans les Recherches philosophiques, que la caractéristique d'un problème philosophique, c'est que sa solution ne dépend jamais de l'acquisition d'une connaissance ou d'une information nouvelle. La philosophie est exclusivement pour lui une affaire de clarification conceptuelle ou grammaticale, comme il dit. Mais c'est aussi, évidemment, une façon d'essayer d'être au clair sur soi-même et avec soi-même.
Il en résulte une conséquence qu'on n’aperçoit pas toujours immédiatement, mais que Wittgenstein tire lui-même explicitement qui semble avoir été fondamentale pour lui : la caractéristique d'un problème philosophique est qu'il peut toujours être résolu complètement au moment où il se pose. Cela peut paraître surprenant mais, si c'était vrai, ce serait assez réconfortant. A l'inverse, si on rapproche la méthode de la philosophie de celle de la science, il doit y avoir en philosophie une idée de progrès, de correction progressive, du même genre que celle qui a cours dans les sciences : on ne peut espérer résoudre les problèmes Hic et nunc, car leur solution peut dépendre de faits que nous ne connaissons pas encore et de concepts dont nous ne disposons pas encore.
Extrait de : La Philosophe et le réel (Philosopher, p.121/2)
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Madame la ministre,Je viens d’apprendre avec étonnement par la rumeur publique et par la presse une nouvelle que m’a confirmée la lecture du Journal officiel du 14 juillet, à savoir que je figurais dans la liste des promus de la Légion d’honneur, sous la rubrique de votre ministère, avec le grade de chevalier.
Or non seulement je n’ai jamais sollicité de quelque façon que ce soit une distinction de cette sorte, mais j’ai au contraire fait savoir clairement, la première fois que la question s’est posée, il y a bien des années, et à nouveau peu de temps après avoir été élu au Collège de France, en 1995, que je ne souhaitais en aucun cas recevoir de distinctions de ce genre. Si j’avais été informé de vos intentions, j’aurais pu aisément vous préciser que je n’ai pas changé d’attitude sur ce point et que je souhaite plus que jamais que ma volonté soit respectée.
Il ne peut, dans ces conditions, être question en aucun cas pour moi d’accepter la distinction qui m’est proposée et – vous me pardonnerez, je l’espère, de vous le dire avec franchise – certainement encore moins d’un gouvernement comme celui auquel vous appartenez, dont tout me sépare radicalement et dont la politique adoptée à l’égard de l’Éducation nationale et de la question des services publics en général me semble particulièrement inacceptable.
J’ose espérer, par conséquent, que vous voudrez bien considérer cette lettre comme l’expression de mon refus ferme et définitif d’accepter l’honneur supposé qui m’est fait en l’occurrence et prendre les mesures nécessaires pour qu’il en soit tenu compte.
En vous remerciant d’avance, je vous prie, Madame la ministre, d’agréer l’expression de mes sentiments les plus respectueux.
Jacques Bouveresse
Source : blog agone
Lettre de Jacques Bouveresse à Mme Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur (27 juillet 2010).
Cinq colonnes a la une mai 1968 (à partir de 3'15'' - contre la société de consommation) :
Je pense qu'il s'agit d'une photo de Chomsky et pas de Bouveresse. Ils ont pratiquement la même tête.
RépondreSupprimerVous avez raison ! Merci. (La photo a été changée, prise dans le parc des Bastions de l'uni de Genève).
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