dimanche 25 août 2013

Epictète






Épictète, en grec ancien Ἐπίκτητος / Epíktêtos, qui signifie « homme acheté, serviteur », (Hiérapolis, Phrygie, 50, Nicopolis, Épire 125 ou 130) était un philosophe de l’école stoïcienne.
Épictète est probablement né à Hiérapolis (sud-ouest de la Phrygie). Emmené à Rome, il passe son enfance comme esclave au service de Épaphrodite (un affranchi de l’empereur Néron) dont la tradition fait un maître cruel (il lui aurait cassé la jambe, d'où le surnom donné d'Épictète le boiteux). Il aurait prévenu son maître en disant « la jambe va casser » sans plus de plainte, et une fois le malheur arrivé, aurait conclu par un « je t'avais prévenu »
Source (et suite) du texte : wikipedia


Bibliographie :
Épictète n'a rien publié mais un de ses élèves, Arrien (Nicomédie vers 85-146).
- Entretiens d'Épictète, organisé à l'origine en huit ou douze livre dont il nous en reste quatre, il s'agit de la transcription de cours.
- Manuel d'Épictète, abrégé pratique des Entretiens.
En ligne :
- Manuel et Entretiens (divers éditions) : wikisource / audio livre


MANUEL
I
Il y a ce qui dépend de nous, il y a ce qui ne dépend pas de nous. Dépendent de nous l'opinion, la tendance, le désir, l'aversion, en un mot toutes nos œuvres propres, ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les témoignages de considérations, les hautes charges, en un mot toutes les choses qui ne sont pas nos œuvres propres. (2) Les choses qui dépendent de nous sont naturellement libres, sans empêchement, sans entrave, celles qui ne dépendent pas de nous sont fragiles, serves, facilement empêchées, propres à autrui. (3) Rappelle-toi donc ceci : si tu prends pour libres les choses naturellement serves, pour propres à toi-même les choses propres à autrui, tu connaîtras l'entrave, l'affliction, le trouble, tu accuseras les dieux et les hommes, mais si tu prends pour tien seulement ce qui est tien, pour propre à autrui ce qui est, de fait, propre à autrui, personne ne te contraindra jamais ni ne t'empêchera, tu n'adresseras à personne accusation ni reproche, tu ne feras absolument rien contre ton gré, personne ne te nuira, tu n'auras pas d'ennemi, car tu ne souffriras aucun dommage. (4) Toi donc qui poursuis de si grands biens, rappelle-toi qu'il faut, pour les saisir, te remuer sans compter, renoncer complètement à certaines choses, et en différer d'autres, pour le moment. Si, à ces biens, tu veux joindre la puissance et la richesse, tu risques d'abord de manquer même celles-ci, pour avoir poursuivi aussi ceux-là, et de toute façon tu manqueras assurément les biens qui seuls procurent liberté et bonheur. (5) Aussi, à propos de toute idée pénible, prends soin de dire aussitôt : "Tu es une idée, et non pas exactement ce que tu représentes."
Ensuite examines-là, éprouve-là selon les règles que tu possèdes, et surtout selon la première, à savoir : concerne-t-elle les choses qui dépendent de nous ou celles qui ne dépendent pas de nous ? Et si elle concerne l'une des choses qui ne dépendent pas de nous, que la réponse soit prête : "Voilà qui n'est rien pour moi".

II
Rappelle-toi que le propos avoué du désir est d'obtenir l'objet désiré, que le propos avoué de l'aversion est de ne pas tomber sur l'objet d'aversion, celui qui, éprouvant une aversion, tombe sur son objet est malheureux. Si donc tu réserves ton aversion aux choses contraires à la nature parmi celles qui dépendent de toi, tu ne tomberas sur aucune de celles que tu as en aversion, mais si tu as en aversion la maladie, la mort ou la pauvreté, tu seras malheureux. (2) Enlève donc ton aversion de tout ce qui ne dépend pas de nous, et transporte-la sur sur les choses qui dépendent de nous. Quant au désir, supprime-le complètement pour l'instant, car si tu désires l'une des choses qui ne dépendent pas de nous, il est impossible que tu sois heureux, quant à celles qui dépendent de nous, et qu'il serait beau de désirer, aucune n'est encore à ta portée. Use seulement de la tendance et de son contraire, et que ce soit légèrement, avec des réserves, en souplesse.
(...)

V
Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements relatifs aux choses, (...)

VIII
N'essaie pas que ce qui arrive arrive comme tu veux, mais veux ce qui arrive comme il arrive, et tu couleras des jours heureux.

Extrait de : Arrien, Manuel d’Épictète, trad. Emile Bréhier, dans Les Stoïciens, Bibliothèque de la Pléiade, 1962
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En ligne (autre traduction) : wikisource

* * *

ENTRETIENS
LIVRE I, I
Des choses qui dépendent de nous et de celle qui n'en dépendent pas.

La raison comme faculté de juger.
(...) (4) Qui le dira ? La faculté qui se connait elle-même et avec elle tout le reste. Quelle est-elle ? La faculté de la raison, de celles que nous avons reçues, elle est la seule qui se comprend elle-même, elle sait qui elle est, quel est son pouvoir, quelle est sa dignité, et elle connait toutes les autres facultés. (5) Qui prononce ce jugement : l'or est une belle chose ? Ce n'est pas l'or lui-même, c'est de toute évidence la faculté qui fait usage des représentations. (6) Qu'est-ce qui juge de la musique, de la grammaire et des autres arts ? Qu'est-ce qui en apprécie les usages ? Qu'est-ce qui indique les moments opportuns pour ne user ? C'est encore cette faculté.

Seul le meilleur dépend de nous.
(7) Tenant compte de cette dignité, les dieux n'ont fait dépendre de nous que ce qui est supérieur à tout, ce qui domine tout, c'est-à-dire l'usage correct des représentations, le reste ne dépend pas de nous. (...)

LIVRE IV, XII
De l'attention.

Ne pas se relâcher de son attention.
Lorsque tu te relâches un peu de ton attention, dit-il, ne t'imagines pas que tu la reprendras quant tu voudras, aie bien présent à l'esprit que, outre la faute commise aujourd'hui, tes affaires dans la suite s'en trouveront nécessairement plus mal. (2) D'abord, et c'est le plus fâcheux, naît l'habitude de ne pas faire attention, puis vient l'habitude de remettre l'attention à plus tard, tu prends l'habitude de différer toujours à un autre temps, puis encore à un autre, la vie heureuse, la bonne tenue, les dispositions et la conduite conformes à la nature. (3) S'il est utile de différer, il est encore plus utile de t'abstenir complètement, mais si c'est nuisible, pourquoi ne maintiens-tu pas continuellement ton attention ? (4) - Aujourd’hui, je veux jouer. - Et qui t'empêche de faire attention en jouant ? - Ou chanter. - Qui t'empêche de faire attention en chantant ? Peut-on isoler une partie de la vie à laquelle ne s'étende l'attention ? Réussiras-tu moins bien en faisant attention et mieux en étant inattentif ? (5) Qu'est-ce qui s'améliore dans la vie, grâce à l’inattention ? Le menuisier travaille-t-il mieux quand il ne fait pas attention ? Un pilote inattentif conduit-il avec plus de sécurité ? Et quand il s'agit d'actes moins importants, est-ce grâce à l'inattention qu'on les accomplit mieux ? (6) Ne t'aperçois-tu pas que, quand tu as laissé partir ta réflexion, il ne dépend plus de toi de la rappeler sur la bonne tenue, sur la réserve, sur le calme ? Mais tu fais tout ce qui te traverse l'esprit, tu suis tes désirs.

Rester attentif aux principes de la philosophie.
(7) - A quoi dois-je donc faire attention ? - D'abord à ces principes universels que tu dois toujours avoir présent à l'esprit, sans lesquels tu ne dois ni dormir, ni te lever, ni boire, ni manger, ni converser avec les hommes : "Personne n'est maître de la volonté d'un autre, et dans la volonté seule sont le mal et le bien". (8) Personne donc n'est assez puissant ni pour me faire du bien ni pour me plonger dans le mal, moi seul, en cette matière, j'ai pouvoir sur moi-même. (9) Etant en sécurité là-dessus, qu'ai-je à m'inquiéter des choses extérieures ? Quel tyran est à craindre, quelle maladie, quelle pauvreté, quel sujet de mécontentement ? (...)

Ne jamais différer le moment d'être attentif.
(19) Mais quoi ! est-il possible d'être impeccable ? C'est impossible, mais il est possible de tendre continuellement vers l'impeccabilité. Il suffit d'échapper à un petit nombre de fautes en ne relâchant jamais notre attention. (20) Mais maintenant, lorsque tu dis : "Demain, je ferais attention", sache que cela signifie : "Aujourd'hui je serai impudent, importun, vil, il sera au pouvoir des autres de m'affliger, aujourd'hui je me mettrai en colère, je haïrai.". Vois combien de maux tu t'infliges (21) Mais si c'est bon demain, combien est-.ce mieux aujourd'hui, si c'est utile demain, ce l'est bien plus aujourd'hui pour que tu puisses le faire demain et ne remettes pas encore au troisième jour.

XIII
(...) Qu'on me montre un homme qui soit disposé à dire : "Je n'ai souci que de ce qui est mien, de ce qui ne trouve pas d'obstacle, de ce qui est libre par nature : c'est là l'essence du bien que je possède, pour le reste, qu'il en soit selon ce qui m'est accordé, je n'en dispute point".

Extrait de : Arrien, Entretiens d'Epictète, trad. Emile Bréhier, dans Les Stoïciens, Bibliothèque de la Pléiade, 1962
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En ligne (autre traduction) : wikisource

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