Marc Aurèle (26 avril 121 à Rome - 17 mars 180, probablement à Vindobona) est un empereur romain, ainsi qu'un philosophe stoïcien qui dirige l'Empire romain à son apogée. Il accède au pouvoir le 7 mars 161 et règne jusqu'à sa mort qui correspond à la fin de la Pax Romana.
Source (et suite) du texte : wikipedia
Bibliographie :
- Pensées (nombreuses éditions en poche)
En ligne :
Pensées : wikisource (trad. B.S.Hilaire, 1876) / wikisource (trad. A.Couat, 1904) / ugobratelli (trad. M. Meunier)
Etudes :
Pierre Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, Ed. Augustiniennes, 1987, réed. Albin Michel, 2002.
Passer sa vie de la meilleur manière : le pouvoir de le faire réside dans l'âme, si l'on est capable d'être indifférent aux choses indifférentes. On sera indifférent aux choses indifférentes, si l'on considère chacune de ces choses selon la méthode de division et de définition, en se souvenant qu'aucune d'entre elles n'est capable de faire naître par elle-même une évaluation à son sujet et qu'elle ne peut parvenir jusqu'à nous, mais que les choses demeurent immobiles, tandis que c'est nous qui formons des jugements à leur sujet.
Extrait de : Pensées (XI, 16) (trad. Pierre Hadot dans : La physique comme exercice spirituel chez Marc Aurèle).
La signification de la méthode que nous étudions nous apparaît ici sous un jour nouveau. Définir ou diviser l'objet d'une manière purement "physique", d'une manière conforme à la partie "physique" de la philosophie, c'est lui enlever la fausse valeur que l'opinion humaine lui attribuait. C'est donc reconnaître comme "indifférent", c'est-à-dire comme indépendant de notre volonté, mais dépendant de la volonté divine, c'est donc le faire passer de la sphère banale et mesquine des intérêt humains à l a sphère inéluctable de l'ordre de la nature. (...)
Précisons bien, d'autres part, le sens que Marc Aurèle donne à cette "indifférence aux choses indifférentes". Elle consiste à ne pas faire de différence, elle est égalité d'âme et non pas manque d'intérêt pour le sage, bien au contraire, - et c'est là le principal bienfait de la méthode de définition "physique" - à partir du moment ou le sage a découvert que les choses indifférentes ne dépendent pas de la volonté de l'homme, mais de la volonté de la Nature universelle, elles prennent pour lui un intérêt infini, il les accepte avec amour, mais toutes avec un égal amour, il les trouve belles, mais toutes avec la même admiration.
Extrait de : Pierre Hadot, La physique comme exercice spirituel chez Marc Aurèle dans : Exercices spirituels et philosophie antique.
Chaque fois qu'il écrit une sentence, Marc Aurèle sait avec précision ce qu'il fait : il s'exerce dans la discipline du désir ou de l'action ou de l'assentiment. Ce faisant, il philosophe : il fait de la physique, de l'éthique, de la logique. Le contenu des Pensées nous apparaît ainsi sous une forme beaucoup plus structurée et beaucoup plus rigoureuse.
Extrait de : Pierre Hadot, Les trois topoi philosophiques dans : Exercices spirituels et philosophie antique.
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Si la pensée nous est commune, la raison qui fait de nous des êtres raisonnables, nous est aussi commune, et s'il en est ainsi, la raison, qui ordonne ce qui est à faire ou non, nous est commune, par conséquent, la loi aussi est commune, s'il en est ainsi, nous sommes des citoyens, donc, nous avons part à un gouvernement, et par conséquent le monde est comme une cité, car à quel autre gouvernement commun pourrait-on dire que tout le genre humain à part ? Mais c'est de cette cité commune que nous vient la pensée, la raison et la loi, sinon d'ou viendraient-elles ? Car, de même que l'élément terrestre qui est en moi vient de la terre, que l'humidité vient d'un autre élément, que mon souffle a une certaine source, que la chaleur et l'élément igné qui sont en moi ont leur origine particulière (car rien ne vient de rien, et rien ne retourne au néant), de même la pensée vient, elle aussi, de quelque part.
Extrait de : Pensée (IV, 4)
Ne plus seulement respirer avec l'air qui t'entoure, mais penser maintenant avec cette pensée qui entoure toute chose. Car la puissance de la pensée n'est pas moins répandue partout et ne pénètre pas moins en celui qui peut l'attirer, que l'air ne fait en celui qui peut l'aspirer. (VIII, 54)
Celui qui craint la mort craint ou bien l'insensibilité ou bien une sensibilité différente. Si l'on ne sent plus rien, on ne sentira pas non plus de mal, si l'on a un nouveau mode de sentir, l'on sera vivant d'une sorte nouvelle, et on ne cessera pas de vivre. (VIII, 58)
Quel mince fragment du temps infini et insondable est la part de chaque être ! Très vite il disparaît dans l'éternité. Quel mince fragment de la substance totale ! et de l'âme universelle ! Sur quelle petite motte du globe terrestre marches-tu ! Songe à tout cela et pense que rien n'est grand que d'agir comme le veut te nature et de subir ce que produit la nature universelle. (XII, 32)
Celui pour qui le le moment opportun est le seul bien, à qui il est égal d'accomplir des actions conformes à la droite raison en grand nombre ou en petit nombre, à qui il est indifférent de contempler le monde pendant plus ou moins de temps, celui-là ne redoute pas la mort. (XII, 35)
(..) Car celui qui fut la cause de la composition de ton être et qui maintenant est cause de sa dissolution en détermine l'achèvement. Pour toi, tu n'es la cause ni de l'une ni de l'autre. Va donc en paix, car celui qui te congédie t'est propice. (XII, 36)
Extrait de : Pensées (trad. E. Bréhier dans : Les Stoïciens, coll. La Pléiade)
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Buste en or de l'Empereur Marc Aurèle (Avenches, Musée romain), RTS (2012)
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