samedi 7 juin 2014

La conscience a-t-elle une origine ?



Les Nouveaux chemins de la connaissance par Adèle Van Reeth
Actualité philosophique : Michel Bitbol à propos de son livre "La conscience a-t-elle une origine ?"  Ed. Flammarion, 2014 - 06.06.2014
Michel Bitbol, directeur de recherche au CNRS , aux Archives Husserl de l’ ENS à Paris
Source : FC
Site officiel : Michel Bitbol / wikipedia
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Vous avez fait des études de médecine, vous êtes Docteur en physique et vous avez exercé en tant que physicien expérimental en laboratoire, vous détenez une HDR en philosophie ; en somme votre genèse intellectuelle croise plusieurs grandes disciplines intellectuelles. Comment unifier rétrospectivement cette genèse, y a-t-il une ligne directrice qui permette de comprendre la nécessité de ce parcours non conventionnel, que cela soit un ethos singulier ou lié à votre vie intellectuelle ?
Vu de l’extérieur, mon itinéraire peut sembler dépourvu de sens, car il emprunte trois directions relevant de pratiques, d’approches, et même d’éthiques disciplinaires profondément divergentes. Le médecin se focalise idéalement sur l’approche d’un patient du point de vue de son intérêt en tant que personne ; il donne priorité à l’individu dans l’acte thérapeutique, et il ne se mobilise pour la santé publique que dans la mesure où cela ne risque pas de briser son contrat moral avec l’individu malade qui le consulte. Cet accent mis sur la personne et sa singularité est un élément-clé de la déontologie médicale. La physique, par contraste, promeut une recherche essentiellement abstraite, d’ordre théorique et expérimental, où les collectifs l’emportent sur les individus : les objets de la physique sont génériques, ses résultats doivent être reproductibles, et la demande d’un accord intersubjectif le plus vaste possible y est fondatrice. La physique tend vers la distanciation à l’égard de son objet, et cherche à affranchir la connaissance de toute dépendance à l’égard de l’échantillon particulier qu’elle étudie, ainsi que de la situation particulière (souvent appelée « contexte de la découverte ») de qui entreprend l’étude. La philosophie, quant à elle, représente un retour réflexif sur tout cela, elle promeut un programme de convergence d’ordre supérieur, non seulement entre les conceptions du monde mais aussi entre les approches et les méthodes. De plus, même si elle s’en défend souvent en raison d’un souci d’objectivité mal compris, son projet est sous-tendu par la quête de cohésion interne de l’être humain qui la pratique, par la recherche personnelle du philosophe qui s’efforce de rassembler les brins épars de sa vie et des représentations hétérogènes qu’il entretient à son propos, en un tissu dense et … viable. En un sens, c’est peut-être cela que j’ai voulu faire à tâtons au fil de mon parcours : explorer des pistes, essayer tour à tour plusieurs attitudes accessibles à l’être conscient et pensant que je suis, les faire converger en revenant à leur source vécue, et évaluer la validité de cette synthèse in vivo, dans la chair même de mon existence.
Source (et suite) du texte : Actu philosophia (Entretien avec Michel Bitbol : autour de "La conscience a-t-elle une origine ?" par Katia Kanban 07.02.2014)




Michel Bitbol, Comment affronter le problème de la conscience sans théorie (Centre Vimalakirti, Genève, 2014)

1 commentaire:

  1. Voilà un exposé remarquable de clarté. d'intelligence et d'ouverture d'esprit. Avec en prime la réponse à votre question posée en sous-titre de blog ("parler pour ne rien dire ?") vers la fin de l'interview !

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