vendredi 6 juin 2014

Questions d'éthique : la pédophilie



Questions d'éthique par Monique Canto-Sperber
La pédophilie avec Anne-Claude Ambroise-Rendu 05.06.2014
Anne-Claude Ambroise-Rendu, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris-VII-Denis Diderot, spécialiste d’histoire des représentations et de l’imaginaire social. Ses travaux portent plus spécifiquement sur l’histoire du crime et de ses représentations au XIXe et XXe siècle
Source : FC

Quelques remarques.
- Sur le choix des mots.
Le terme de pédocriminalité ("crime envers les enfants") est plus approprié en ce sens qu'il désigne ce dont il est question, un acte juridiquement condamnable. Contrairement à celui de pédophilie ("amour/amitié envers les enfants") mis en avant dans les années 60 par ceux qui milite pour une dépénalisation.
- Sur le consentement.
Juridiquement le consentement est hors sujet, puisque par nature l'acte est criminel (avec ou sans violence physique). La formule "Qui ne dit mot consent" touche ici ses limites. On ne peut pas consentir à un acte dont on ignore tout et auquel on ne peut s'opposer. Le consentement présuppose un certain savoir et une liberté de choix. L'enfant victime n'a aucune idée de ce qui se passe (la sexualité d'un enfant n'a rien à voir avec celle d'un adulte), et souvent l'état de paralysie mentale, ou sidération, dans lequel il se trouve empêche la moindre tentative de se battre ou de fuir. Le consentement est hors sujet parce que l'acte est immanquablement traumatisant, l'enfant prépubère n'a pas la capacité d'assumer une relation sexuelle avec un adulte parce qu'il n'est pas prêt pour cela, psychiquement et physiologiquement (le développement psychique dépendant du physiologique). C'est comme si on voulait donner de la nourriture solide à un nouveau né, alors que son système digestif n'est pas mature pour cela.
- Sur l'aspect culturel.
La prohibition des relations sexuelles entre adultes et enfants est universelle parce qu'elle relève de la nature et non de la culture (par définition l'enfance est un stade de la vie précédent la puberté, donc la découverte d'une sexualité adulte). La pédérastie tolérée dans certaines cités de la Grèce antique n'a jamais concerné que des adolescents (on mentionne les âges de 14 ou 16 ans).
Ce qui relève du culturel est l'âge de la majorité, on peut donc imaginer des cas de relations sexuelles consentantes (et néanmoins punies par la loi) entre un adulte et un mineur pubère, un adolescent. Mais avec un enfant il ne peut s'agir que d'un abus sexuel ou d'un viol.
- Sur la responsabilité.
L'adulte ayant des tendances pédocriminels est pleinement responsable parce qu'il a le choix. Celui de suivre ou de ne pas suivre ses pulsions dans un passage à l'acte, dont il ne peut ignorer la gravité - au moins d'un point de vue juridique. Il y a donc lieu de distinguer entre les pulsions (qui relèvent de la maladie psychique) et le passage à l'acte qui relève du crime.




Sur les docks par Irène Omélianenko
Territoires interdits : « Prévenir la pédophilie : l'expérience de l'Ange Bleu, association organisatrice de groupes de paroles» 27.03.2014
Des pédophiles abstinents et repentis sont placés face à d’anciennes victimes pour lutter contre le passage à l’acte. A travers ces groupes de paroles «mixtes» organisés par une association parisienne, les pédophiles sont confrontés à la souffrance des victimes, qui peuvent avoir le sentiment d’une reconnaissance jamais obtenue jusqu’alors. Certaines victimes souffrent beaucoup du déni de leur agresseur.
C’est en 2012 que Céline Rouzet rencontre Latifa Bennari, présidente de l’Ange Bleu et elle-même ancienne victime. «  C’est l’incroyable humanité de cette initiative qui m’a frappée : accepter du « monstre » qu’il soit humain, percevoir sa solitude et ses angoisses, lui tendre la main en l’écoutant plutôt que de le clouer au pilori. »
Source : FC
Site officiel : Ange bleu

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