dimanche 2 août 2015

Les perspectives d’un Front contre l’Euro



Les perspectives d’un Front contre l’Euro
Par Jacques Sapir, le 1 aout 2015
Interview pour le De Groene Amsterdammer (Journal d’Amsterdam)

Texte intégral d’un entretien accordé à un magazine d’Amsterdam, qui sera publié (traduit en néerlandais) au début du mois de septembre. Je publie ici la version « longue » de cet entretient.

Dans une pièce publiée sur le site du Monde Diplomatique, l’économiste français Frédéric Lordon appelle à une stratégie de “liquidation et reconstruction” pour la gauche européenne par rapport à  la question de l`euro.
Sur le processus que la gauche européenne devra subir je suis entièrement d’accord avec Fréderic Lordon. La gauche européenne ne sortira pas intacte de la crise grecque. Il est clair que nous en passerons par un triple processus. Ce processus comprendra une par de liquidation, car une fraction de la « gauche » va abandonner ses principes et ses objectifs et se transformer, si ce n’est déjà fait (comme en France), en une droite modérée. Il y aura, aussi, un processus de reconstruction avec l’émergence de nouvelles forces de gauche, qui ne seront pas nécessairement issues de l’aire politique dite « de gauche » et qui pourraient provenir de l’espace aujourd’hui occupé par le populisme. Enfin, nous connaîtront un processus d’évolution qui concernera la « Gauche Radicale », et qui est déjà en train de se produire en France avec la Parti de Gauche, qui a radicalisé sa position sur l’Euro[1], mais aussi en Allemagne avec des prises de position au sein de Die Linke[2], voir en Italie et en Espagne. Cette recomposition de la gauche sera aussi importante que celle que nous avons connue, en France, entre 1939 et 1945, quand des courants «chrétiens» ont commencé à basculer vers la gauche, ou que celle qui eut lieu sous le gaullisme historique (1958-1969) avec la fin de la SFIO et la naissance du Parti Socialiste actuel. Cette recomposition, néanmoins, sera un processus relativement long. Il ne faut pas s’attendre à ce que se développent de nouveaux partis ou des associations de partis en quelques mois.

Êtes-vous d’accord avec ce processus de “contention” proposé par Lordon, ou croyez-vous qu’un Lexit radicale ne soit pas préférable ?

L’analyse de Fréderic Lordon, qui oppose une « contention » de l’Euro à une sortie « de gauche » (ou « Lexit »), ne correspond pas à la réalité. Ou, plus précisément, elle ne pose pas la question qui sera réellement celle de la période. En fait, le choix sera entre soit un processus désordonné, chaotique, de sortie de l’Euro soit un processus plus ordonné, qui aboutirait à une dissolution de la zone Euro. C’est cela la question qui sera réellement importante.

Après, il est évident que, quelque soit la solution qui prévaudra, il faudra une large unité, alliant tant des courants de la gauche reconstruite que des courants de droite et des courants populistes pour que cette sortie de l’Euro puisse être menée à bien, mais aussi pour que des mesures importantes, permettant en particulier à la France de tirer les plus de bénéfices en matière d’emploi et de croissance, soient possibles. Il faut savoir que les européistes de « gauche » et de droite opposeront une résistance farouche, et joueront – très probablement – la politique du pire. On ne peut exclure, de la part de personne comme François Hollande ou comme Alain Juppé, une politique « de la terre brûlée » afin de laisser croire que la sortie de l’Euro ne pouvait engendrer qu’un désastre. Il importera de réaliser l’unité la plus large possible afin de les désarmer.

C’est pour cela que je pense que toute sortie de l’Euro, qu’elle soit chaotique ou qu’elle soit ordonnée, impliquera des mesures qui en feront une mesure de gauche. Nous nous trouvons devant une situation qui, comme lors de la Résistance et de la Libération, impliquera que les français s’unissent, mais autour d’un programme clair. L’unité nationale pour l’unité nationale n’a pas de sens. Il faudra donc lui donner un contenu. Et ce programme ne pourra être, quelque soit le gouvernement qui le mettra en œuvre, qu’un programme de gauche. Car, il faut savoir que si une sortie de l’Euro est incontestablement une condition nécessaire à la mise en œuvre d’un programme ramenant le plein emploi et la croissance, elle ne sera pas une condition suffisante. Si nous nous donnons pour objectif une sortie ou un démantèlement de l’Euro qui permette aux pays d’Europe du Sud de retrouver une forte croissance et le plein-emploi, cela impliquera, quelle que soit les forces qui le porteront, un programme économique que l’on pourrait considérer comme « de gauche ».

Quels raisons conduisent, dans vos yeux, la gauche européenne à tenir une position si fortement europhile par rapport à la question du monétarisme européen?

L’attachement d’une très large partie de la « gauche » européenne à l’Euro, un attachement qui l’a conduit à accepter ce que vous appeler un « monétarisme européen », et que je qualifierai de politique monétaire favorisant et accentuant en réalité une financiarisation de nos économies et agissant pour le bien d’une petite minorité au détriment du plus grand nombre, cet attachement à des causes multiples et une longue histoire. Cet attachement renvoie tout d’abord à l’histoire d’amour qui existe entre une partie de la « gauche » européenne et l’Europe. Cette histoire d’amour entre l’Europe et une partie de la gauche européenne est une vieille histoire. Elle s’enracine dans la Guerre Froide. Il fallait alors, à la gauche social-démocrate un « projet » qui puisse être opposé au projet soviétique. C’est pourquoi la social-démocratie a été, avec la démocratie chrétienne, l’un des parents de la communauté économique européenne, puis de l’UE. De plus, ce rattachement à l’idée européenne permettait de se couvrir stratégiquement du parapluie américain, par le bais de l’OTAN. L’idée européenne permettait ainsi à la social-démocratie de faire l’économie d’une véritable réflexion sur la nature de la Nation, sur les impératifs de défense, et sur une réelle stratégie d’insertion internationale qui soit compatible avec le progrès social. L’idée européenne a été en fait un substitut à ces différentes réflexions. Elle a servi de cache-misère à une absence de réflexion programmatique. Mais, d’autres facteurs ont joué un rôle important.

La social-démocratie voyait aussi, dans un projet de type « fédéral », la possibilité d’imposer aux « forces de la réaction », et dans les années 1980 celles-ci étaient identifiées en Grande-Bretagne avec le Thatchérisme, des mesures sociales. La social-démocratie s’était convaincue, surtout en France et en Italie, de l’impossibilité de faire « un autre politique économique » dans le cadre national. C’est pourquoi, elle reportait ses espoirs sur une politique à l’échelle de l’Europe. Elle a été rejointe par ce qui survivait des partis communistes, en tout les cas de leurs courants « eurocommunistes », après la dissolution de l’Union soviétique. Pour ces courants aussi, l’idée européenne a fonctionné comme un substitut à une utopie dont la forme particulière de concrétisation, et sur laquelle j’ai beaucoup travaillé dans le passé, s’était effondrée[3].

Dans ce cadre, le projet de la « monnaie unique » apparaissait comme un levier qui accélèrerait la réalisation de ce fédéralisme européen que cette « gauche » appelait de ses vœux. Mais, il est intéressant de constater que, jamais, la « gauche » ne s’est posée la question des implications économiques, et en particulier financières, de ce fédéralisme européen. Aussi tient-elle depuis maintenant près de vingt ans un discours sur la nécessité de faire « plus d’Europe », de faire « mieux d’Europe », sans jamais produire une réflexion réelle sur comment avancer dans ces directions face aux contradictions réelles entre les différents pays de l’Union européenne. Le fait que la monnaie unique ait produit non une convergence mais une divergence entre les Etats de la zone Euro n’a jamais été accepté ni même reconnu. Parce que le projet de la monnaie unique était essentiellement politique, il a engendré une croyance quasi-religieuse dans les « bienfaits » de la zone Euro. Et, comme toute croyance religieuse, celle-ci produit ses intégristes et ses fanatiques. Une large part de la social-démocratie européenne, et de ses alliés électoraux, a basculé dans cet intégrisme et ce fanatisme, qui lui fait accepter désormais l’inacceptable. C’est pourquoi, dès que l’on remet en cause ce dogme religieux, on est soumis à des procès en sorcellerie, accusé d’être d’extrême-droite et que sais-je encore.

Un sondage allemand a estimé qu’environs 53% des électeurs du parti allemand Die Linke sont en faveur de la stratégie déployée par Merkel pendant les négociations. Quelle analyse offrez-vous pour ce nombre quand même bouleversant?

Ce n’est pas véritablement étonnant. D’une part, il faut dire que la zone Euro profite très largement à l’Allemagne. Sans l’Euro, si l’Allemagne avait conservé le DM, ce dernier se serait certainement fortement apprécié par rapport à l’Euro, de 20% à 25%. Les allemands le sentent bien. Ils comprennent, intuitivement, qu’une partie de leur richesse provient de l’Euro. Ils comprennent aussi que toute stratégie autre que celle qu’a suivie Mme Merkel impliquerait un prélèvement sur cette richesse. C’est en particulier le cas avec le fédéralisme européen que voudrait imposer le gouvernement français. Ce fédéralisme, qui est nécessaire au bon fonctionnement de la zone Euro, implique des transferts entre les pays riches et les pays pauvres de la zone. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans tous les Etats, que ce soit en Allemagne, en France ou aux Etats-Unis. C’est une des conditions nécessaires à l’existence d’une monnaie unique. Mais, ce fédéralisme impliquerait que l’on prélève sur la richesse de l’Allemagne de 8% à 12% du PIB tous les ans, et ce sur une période d’au moins dix ans. La stratégie de Mme Merkel est ainsi parfaitement logique si l’Allemagne vaut profiter de l’Euro et ne pas en payer le prix.

D’autre part, Die Linke n’a jamais voulu – jusqu’à maintenant – aborder de manière frontale la question de l’Euro, contrairement à ce que fit son fondateur Oskar Lafontaine. Il n’y a eu aucune pédagogie menée par ce parti sur la question de l’Euro, et sur l’asymétrie fondamentale qu’il produit dans ses effets entre les pays de la zone Euro. Aussi, ce résultat ne me surprend nullement.

Dans un texte publié sur le blog de l’ex-ministre grec Yanis Varoufakis, le député italien Stefano Fassina exprime sa préférence pour `une alliance de fronts de libération` européenne, en appelant à une coalition de souverainistes de droite et mouvements sociales de gauche. Croyez-vous que cette stratégie est préférable, et, plus important, faisable sur le plan pan-européen contemporain?

L’article a été écrit par Stefano Fassina, un membre du Parlement italien, appartenant au parti de centre-gauche du Premier Ministre italien, et lui-même ancien vice-Ministre des finances du gouvernement Letta, qui précéda celui de Matteo Renzi après avoir été le responsable national de son parti à l’économie et au travail[4]. Il fut aussi éditorialiste à l’Unita, l’ancien journal du PCI. On ne peut donc le qualifier de personnalité de droite, ou même de personnalité marginale dans la vie politique italienne. C’est pourquoi il nous faut prendre son appel très au sérieux. Que dit-il en substance ? « Nous devons reconnaître que l’Euro fut une erreur de perspective politique. Il nous faut admettre que dans la cage néo-libérale de l’Euro, la Gauche perd sa fonction historique et qu’elle est morte comme force servant la dignité et l’importance politique du travail ainsi que de la citoyenneté sociale en tant qu’instrument d’une démocratie réelle »[5]. Il conclut enfin en écrivant : « Pour une désintégration qui soit gérée de la monnaie unique, nous devons construire une large alliance de fronts de libération nationale »[6]

A partir du moment où l’on se donne comme objectif prioritaire un démantèlement de la zone Euro, une stratégie de large union, y compris avec des forces de droite, apparaît non seulement comme logique mais aussi nécessaire. Vouloir se masquer cela aboutirait à une impasse. La véritable question qu’il convient de poser est donc de savoir s’il faut faire de ce démantèlement de l’Euro une priorité.

Les raisons données par Fassina dans la première citation sont à mon avis très claires et très convaincantes. L’Euro est devenu un obstacle tant à la démocratie (et on l’a vu en Grèce) mais aussi à une politique en faveur du travail et opposée à la finance. Mais, elles n’épuisent nullement le sujet. L’Euro a accentué et généralisé le processus de financiarisation des économies[7]. C’est du fait de l’Euro que les grandes banques européennes sont allées chercher des subprimes aux Etats-Unis avec les conséquences que l’on connaît en 2008. Ainsi, non seulement la zone Euro a entraîné une partie de l’Europe dans une très faible croissance[8], mais elle ne l’a pas protégée de la crise financière de 2007-2009. Le résultat est donc clair. Si des politiques néfastes pour les économies peuvent être mises en œuvre hors de l’Euro, ce dernier implique des politiques néfastes. En fait, aucune autre politique économique n’est possible tant que l’on est dans l’Euro. C’est l’une des leçons de la crise grecque. Aussi, un démantèlement de la zone Euro apparaît bien comme une tache prioritaire.

Cependant, il faut avoir conscience que la constitution des « Fronts de Libération Nationale » pose de redoutables problèmes. Par exemple, devraient-ils se constituer uniquement autour de l’objectif d’un démantèlement de l’Euro ou devraient-ils, aussi, inclure un véritable programme de « salut public » que les gouvernements issus de ces « Fronts » devraient mettre en œuvre non seulement pour démanteler l’Euro mais aussi pour organiser l’économie dans ce que l’on appelle, avec une claire référence à la guerre nucléaire, le « jour d’après » ? En fait, on ne peut envisager l’objectif d’un démantèlement de l’Euro, ou d’une sortie de l’Euro, qu’en mettant immédiatement à l’ordre du jour un programme pour le « jour d’après ». Ce programme implique un effort particulier dans le domaine des investissements, mais aussi une nouvelle règle de gestion de la monnaie, mais aussi de nouvelles règles pour l’action de l’Etat dans l’économie, une nouvelle conception de ce que sera l’Union européenne et, dans le cas de la France en particulier, une réforme générale du système fiscal. On glisse alors, insensiblement, d’une logique de sortie ou de démantèlement de l’Euro vers une logique de réorganisation de l’économie. Un tel glissement est inévitable, et nous avons un grand précédent historique, le programme du CNR durant la seconde guerre mondiale. La Résistance ne se posait pas seulement pour objectif de chasser l’armée allemande du territoire. Elle avait conscience qu’il faudrait reconstruire le pays, et que cette reconstruction ne pourrait se faire à l’identique de ce que l’on avait en 1939. Nous en sommes là aujourd’hui.

L’idée de Fronts de Libération Nationale est certainement une idée très puissante, que ce soit en France ou en Italie, où cette idée à des précédents historiques d’une force symbolique considérable, mais aussi pour l’Espagne, la Grèce et le Portugal. Mais, il faut comprendre cette idée comme un objectif. Les formes, à la fois politiques et organisationnelles, de ces Fronts pourraient être très différentes suivant les pays, en raison de contextes politiques eux-mêmes différents.

Notes

[1] http://www.marianne.net/alexis-corbiere-au-pg-notre-plan-b-envisage-sortie-euro-100235722.html
[2] Voir l’article publié par Nicole Gohlke et Janine Wissler, deux membres du Bundestag appartenant à Die Linke et publié dans la magazine Jacobin, https://www.jacobinmag.com/2015/07/germany-greece-austerity-grexit/
[3] Sapir J., L’économie mobilisée. Essai sur les économies de type soviétique, La Découverte, Paris, janvier 1990 ; Idem, Les fluctuations économiques en URSS – 1941-1985, Editions de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris, novembre 1989.
[4] Voir, Stefano Fassina, Il lavoro prima di tutto. L’economia, la sinistra, i diritti, Donzelli, Rome, 2014
[5] Fassina S., « For an alliance of national liberationfronts », article publié sur le blog de Yanis Varoufakis par Stefano Fassina, membre du Parlement (PD), le 27 juillet 2015, http://yanisvaroufakis.eu/2015/07/27/for-an-alliance-of-national-liberation-fronts-by-stefano-fassina-mp/
 We need to admit that in the neo-liberal cage of the euro, the left loses its historical function and is dead as a force committed to the dignity and political relevance of labour and to social citizenship as a vehicle of effective democracy ».
[6] Idem, « For a managed dis-integration of the single currency, we must build a broad alliance of national liberation fronts ».
[7] Sapir J., Faut-il Sortir de l’Euro ?, Paris, Le Seuil, 2012.
[8] Bibow, J., “Global Imbalances, Bretton Woods II, and Euroland’s Role in All This.” in J. Bibow et A. Terzi (edits.), Euroland and the World Economy—Global Player or Global Drag? Londres, Palgrave, 2007.

Source : RussEurope

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La « bonne drachme » ? Modeste contribution au débat sur la Grèce
1er août par Michel Husson, le 1 aout 2015

La reddition du gouvernement Tsipras face aux diktats de la troïka est une défaite douloureuse pour tous les partisans d’une alternative à l’austérité néo-libérale en Europe. On peut rappeler brièvement, et un peu dans le désordre, les raisons de cette défaite : sous-estimation de la violence des « institutions », ce mélange de fanatisme économique et de volonté politique de briser une alternative ; absence de préparation des éléments matériels d’une rupture passant notamment par une suspension unilatérale des paiements de la dette ; non-construction du rapport de force idéologique interne nécessaire pour cette rupture ; incapacité à assumer le non au référendum en faisant adopter, dans une logique d’union nationale, les mesures que le gouvernement avait demandé aux citoyens de rejeter ; absence de relais politique d’autres gouvernements et faiblesse du soutien du mouvement social.

La conclusion souvent tirée de ce constat est qu’il n’existe décidément pas de politique alternative possible à l’intérieur de la zone euro. Pour Stathis Kouvelakis, « il est devenu clair que vouloir rompre avec les politiques néolibérales, ultra-austéritaires et « mémorandaires », dans le cadre de la zone euro relève d’une illusion qui coûte très cher. L’idée du « bon euro » et de « faire bouger l’Europe », le refus obstiné d’un plan B et l’enfermement dans un processus épuisant de pseudo-négociations ont conduit au plus grand désastre de la gauche de transformation sociale en Europe depuis l’effondrement de l’URSS » |1|

Jacques Sapir aboutit à la même conclusion : « en réalité, aucun changement de l’UE de l’intérieur n’est possible. La « Gauche Radicale » doit se fixer comme objectif premier la rupture, au moins avec les institutions dont le contenu semi-colonial est le plus grand, c’est-à-dire l’Euro, et elle doit penser ses alliances politiques à partir de cet objectif. Pour elle, l’heure des choix est arrivée ; il faudra rompre ou se condamner à périr » |2|

Il est possible qu’il ne reste plus d’autre choix que le Grexit, en Grèce, aujourd’hui. Cela peut se discuter. Mais cela n’implique pas qu’il faille en déduire une nouvelle orientation stratégique pour l’ensemble de l’Europe. Ce choix binaire – ou une forme de capitulation, ou le Grexit – est un raccourci qui élimine tous les éléments intermédiaires de construction du rapport de forces.

Certes, le débat a souvent été porté en ces termes, et depuis longtemps. Au feu de l’expérience grecque, de nombreux intervenants se rallient aujourd’hui à la sortie de l’euro comme seule voie alternative. Mais cela revient, encore une fois, à mélanger deux débats : le premier porte sur la Grèce, aujourd’hui ; le second est plus général et porte sur la stratégie de rupture en Europe.Je partirai ici d’un commentaire à mon article, L’économie politique du crime |3| : « Intéressant, mais alors pourquoi vous êtes-vous toujours prononcé contre la sortie de l’euro ? Vous semblez avoir mis du temps à comprendre que l’euro et les plans d’ajustement imposés à la Grèce vont de pair. Votre point de vue manque de cohérence ». Il se trouve que je n’ai jamais été « contre la sortie de l’euro », comme en témoigne, entre autres contributions, cet extrait d’un article publié en 2011 : « La sortie de l’euro n’est plus, dans ce schéma, un préalable. C’est au contraire une arme à utiliser en dernier recours. La rupture devrait plutôt se faire sur deux points qui permettraient de dégager de véritables marges de manœuvre : nationalisation des banques et dénonciation de la dette » |4|.

La question clé pour la Grèce, chacun en conviendra, c’est le caractère non soutenable de la dette. Les mesures prioritaires à prendre sont alors un moratoire unilatéral, puis une annulation, totale ou partielle, de la dette. Mais en quoi ces mesures nécessitent-elles une sortie de l’euro ? Je n’ai jamais réussi à comprendre comment on pouvait établir un lien logique entre ces deux types de mesures.

Supposons que la Grèce sorte de l’euro. Premier cas : elle continue à payer la dette. C’est absurde, dira-t-on, mais beaucoup d’avocats de la sortie de l’euro, bizarrement, n’excluent pas explicitement ce cas de figure. Si la dette devait être remboursée en euros, son poids réel (en drachmes) s’alourdirait en raison de la dévaluation. Si elle était remboursée en drachmes, cela équivaudrait à une annulation partielle, de 20 % si par exemple la drachme était dévaluée de 20 %, mais ce cas de figure est exclu juridiquement : la lex monetae ne s’applique pas.

De toute manière, les créanciers n’accepteraient pas une telle décote sans réagir et sans prendre des mesures de rétorsion passant par une spéculation contre la nouvelle monnaie. Cette même remarque s’applique au second cas où la sortie de l’euro s’accompagnerait –logiquement – d’une annulation, totale ou partielle, de la dette. Comme le note John Milios |5|, il est facile d’imaginer « une situation où la Grèce, une fois sortie de l’euro, ne pourrait trouver les réserves nécessaires pour soutenir le taux de change de sa nouvelle monnaie et devrait emprunter dans la zone euro ou ailleurs. Mais tout prêt dans la phase actuelle du capitalisme conduit à un programme d’austérité. Alors, qui va financer le pays afin de soutenir le taux de change de la nouvelle monnaie ? »

Les créanciers seraient donc toujours là, et le passage à la drachme leur donnerait une arme de poids. Cette arme ne perdrait son efficacité que si le commerce extérieur de la Grèce était équilibré. C’est le second argument en faveur de la sortie de l’euro : grâce à la dévaluation, les exportations grecques seraient dopées et les échanges extérieurs seraient durablement équilibrés.

Mais ce scénario oublie au moins deux choses. La première est la dépendance de l’économie grecque |6| : toute reprise de l’activité se traduirait par une augmentation des importations notamment de produits alimentaires, de médicaments et de pétrole (dont les prix seraient alourdis par la dévaluation). On peut et il faut évidemment imaginer des politiques industrielles et agricoles qui réduisent cette dépendance, mais leurs effets ne seraient pas immédiats.

L’autre oubli concerne le comportement des capitalistes dont la priorité est de rétablir leurs profits. L’expérience récente montre que la baisse des salaires en Grèce ne s’est pas traduite en baisse des prix mais en augmentation des marges de profits à l’exportation, à tel point que la Commission européenne s’est interrogée sur les exportations grecques « manquantes » |7|. Ce point est important : en faisant de la devise l’alpha et l’oméga de la question grecque, on fait totalement l’impasse sur les rapports de classe internes à la société grecque. Or, la sortie de l’euro, en tant que telle, ne remet pas en cause la structure oligarchique.

L’autre avantage d’une sortie de l’euro serait de rendre à nouveau possible le financement du déficit public par la banque centrale, donc indépendamment des marchés financiers. Mais, là aussi, la sortie de l’euro n’est pas la condition préalable à la recherche d’autres modes de financement. La nationalisation des banques, avec un quota imposé de titres publics, serait un autre canal de financement possible, ou encore la réquisition de la banque centrale. Ce serait une autre forme de rupture qui n’aurait rien à voir avec l’appel à un « bon euro ».

Les partisans de la sortie de l’euro ont réussi à enfermer le débat dans ce choix binaire : le « bon euro » idyllique ou la sortie de l’euro, passer sous la table ou la renverser, ne pas faire de l’euro un tabou (mais un totem ?), etc. Que le bilan de l’expérience grecque conduise à enfermer le débat stratégique dans ce choix binaire, c’est compréhensible mais c’est une facilité.

Il n’y a pas d’issue tranquille à la situation dramatique dans laquelle la Grèce est aujourd’hui enfermée. Une sortie de l’euro, aujourd’hui, pour la Grèce, serait peut-être moins coûteuse que l’application du troisième mémorandum à venir, encore plus monstrueux que les précédents. Mais ce n’est pas une voie royale, et il faut le dire, honnêtement. Ensuite, le risque est d’en faire la solution à tous les problèmes de l’économie grecque, qu’il s’agisse des structures productives ou du pouvoir de l’oligarchie.

La sortie de l’euro est presque toujours présentée comme une sorte de baguette magique permettant d’échapper à la domination du capitalisme financier, ainsi qu’aux contradictions internes entre capital et travail. Comme si la sortie de l’euro équivalait à la sortie des politiques néo-libérales. Les grandes firmes et les riches Grecs vont-ils par miracle cesser leur évasion fiscale à grande échelle ? Les armateurs grecs vont-ils par miracle accepter de financer les retraites ?

Cette fixation sur la question de la monnaie est donc dangereuse dans la mesure où elle fait passer au second rang toute une série d’enjeux qui ont à voir avec des rapports de classes qui ne s’arrêtent pas aux frontières. La Grèce n’est pas une « nation prolétaire » soumise au joug de l’euro, c’est une formation sociale structurée par des rapports de classe. Le total cumulé des fuites de capitaux depuis 10 ans est du même ordre de grandeur que le total de la dette grecque, cela n’a rien à voir avec l’euro et le retour à la drachme n’y changerait rien. Il permettrait même aux évadés fiscaux de rapatrier une partie de leurs capitaux en réalisant une plus-value proportionnelle au taux de dévaluation.

Nous sommes bien sûr en faveur d’une réforme fiscale et bien d’autres choses encore, rétorqueront les partisans de la sortie de l’euro. Mais ces éléments de programme sont en pratique rejetés au second rang, et il est en outre impossible de démontrer que la sortie de l’euro rendrait plus facile à les mettre en œuvre. Plutôt que de reprocher à Tsipras de ne pas avoir préparé un plan B, assimilé à la sortie de l’euro, il faudrait lui reprocher de ne pas avoir institué, dès le premier jour, un contrôle des capitaux, ce qu’il a refusé de faire afin de rassurer les institutions sur sa bonne volonté.

L’argumentation en faveur de la sortie de l’euro repose finalement sur un postulat fondamental ainsi formulé par Jacques Sapir dans un récent billet : « les questions du changement de monnaie et du défaut sont étroitement liées » |8|. Il y dresse la liste des problèmes à traiter en cas de « Grexit » : 1° la question des réserves de la Banque Centrale ; 2° la question des liquidités ; 3° la question de la dette ; 4° la question des banques commerciales. Et il souligne qu’il est « très important que le gouvernement grec annonce le défaut sur sa dette en même temps qu’il constatera que l’Euro ne peut plus avoir cours légal sur son territoire. »

C’est cette simultanéité entre défaut sur la dette et abandon de l’euro qui est discutable. La logique voudrait de raisonner selon une séquence différente : d’abord le défaut sur la dette, parce que c’est la condition nécessaire pour une réorientation de l’économie grecque. Ensuite, les mesures d’accompagnement qui en dérivent, à savoir la nationalisation des banques, la réquisition de la banque centrale, le contrôle des capitaux, la création éventuelle d’une monnaie parallèle. C’est un programme qui a sa cohérence, qui implique des ruptures fondamentales avec les règles du jeu européennes, mais qui ne nécessite pas a priori la sortie de l’euro.

La sortie de l’euro n’est pas en soi un programme, ce n’est qu’un outil à utiliser le cas échéant, et il faut faire la démonstration de sa nécessité, au-delà de l’incantation. Cette fétichisation de la monnaie déséquilibre la construction d’un tel programme, développe des illusions sur la « bonne drachme » qui valent bien celles, imaginaires, sur le « bon euro » et rabat les enjeux sociaux sur une logique nationale-monétaire.

John Milios, l’ancien « économiste en chef » de Syriza, l’explique très bien : « Il n’y a aucune raison pour que le mouvement social qui s’oppose au néolibéralisme et au capitalisme s’arrête parce que la Grèce a l’euro comme monnaie. Si tel était le cas, une nouvelle monnaie pourrait être nécessaire pour soutenir cette nouvelle voie. Mais nous devons partir de ce mouvement, non l’inverse. C’est la raison pour laquelle je considère que la question de la sortie de l’euro est secondaire. D’un point de vue non pas théorique mais politique (comment modifier les rapports de forces politiques et sociaux), je considère l’euro comme un faux problème. Je ne participe pas aux débats sur la monnaie parce qu’ils mettent de côté la question principale qui est comment renverser la stratégie à long terme des capitalistes grecs et européens en faveur de l’austérité. » |9|

Notes
|1| Stathis Kouvelakis, « Il faut s’opposer à ceux qui mènent la Grèce et la gauche grecque à la capitulation », 24 juillet 2015.
|2| Jacques Sapir, « La Grèce, la gôche, la gauche », El Correo, 25 juillet 2015.
|3| Michel Husson, « Grèce : l’économie politique du crime », A l’encontre, 29 Juin 2015. NB. comme j’ai été impliqué directement dans le débat grec en tant que membre de la Commission pour la vérité sur la dette grecque, je m’exprime ici à la première personne.
|4| Michel Husson, « Euro : en sortir ou pas ? », A l’encontre, 18 juillet 2011.
|5| John Milios, « Ils pensaient pouvoir gouverner de la même façon qu’avant la crise », A l’encontre, 22 juillet 2015.
|6| Michel Husson, « Grèce : une économie dépendante et rentière », A l’encontre, 12 Mars 2015 ; George Economakis, Maria Markaki, Alexios Anastasiadis, « Structural Analysis of the Greek Economy », Review of Radical Political Economics, Vol. 47(3), 2015.
|7| Uwe Böwer, Vasiliki Michou, Christoph Ungerer « The Puzzle of the Missing Greek Exports », European Economy, 2014.
|8| Jacques Sapir, « Les conditions d’un « Grexit » », 11 juillet 2015.
|9| John Milios, déjà cité.

Source : CADTM

Michel Husson est un statisticien et économiste français travaillant à l'Institut de recherches économiques et sociales et connu pour ses travaux sur la politique de l'emploi. Né le 3 avril 1949 à Lyon, il a milité au PSU puis à la LCR et est aujourd'hui militant altermondialiste.
Source (et suite) du texte : wikipedia

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La dissolution de l'Eurozone vue d'Italie
Par Stefano Fassina, Membre du Parlement, ancien Vice Ministre des Finances, le 29 juillet 2015

La dissolution de la forme (Ilies Issiakhem)

Yanis Varoufakis a posté le 27 juillet, sur son Blog, un article de Stefano Fassina, intitulé Pour une alliance des fronts de libération nationale.

Stefano Fassina, né en 1966, a été de 1990 à 1992 secrétaire national des étudiants des Jeunesses de gauche (organisation des jeunes du parti des Démocrates de gauche). Ses études terminées, il est devenu en 1996 Conseiller économique du ministère des finances du Gouvernement Prodi I. De 2002 à 2005, il a travaillé comme économiste au FMI. Pendant les années 2000, il a également été éditorialiste du journal L'Unità. En novembre 2009 il a été choisi comme responsable national, pour l'Economie et le Travail, du Parti Démocrate. Candidat aux primaires du Parti Démocrate en décembre 2012, puis candidat à la Chambre des Députés dans la circonscription Lazio 1, il a été élu député le 25 février 2013. Stefano Fassina est devenu vice-ministre à l'Économie et aux Finances du le 2 Mai 2013. Il en a démissionné  le 4 janvier 2014, à la suite d'un désaccord avec la nouvelle ligne du parti représentée par le secrétaire général Matteo Renzi.

Il a "aimablement envoyé" un article à Yanis Varoufakis qui le publie en l'introduisant par ces mots : " Bien que la "désintégration contrôlée de l'eurozone" qu'il défend soit, j'en suis convaincu, grosse de grands dangers, c'est là un débat  que les Européens ne peuvent pas esquiver".

Le brûlant drame grec  a une valeur politique générale. Avant toute  considération politique, partons du texte du Sommet Européen tenu le 12 juillet. Il est impossible de nier le caractère insoutenable, dans une perspective  économique et fiscale,  des dispositions qui y ont été prises.

Quoi qu'il en soit des ajustements obtenus par la délégation grecque à Bruxelles, les mesures imposées sont brutalement  restrictives, ainsi que régressives sur le plan social.

Les mesures de compensation macroéconomique risquent d'être inopérantes. Le financement  prévu pour le troisième Bail Out est destiné à recapitaliser les banques et à payer les dettes à la BCE, au FMI et aux créanciers privés. Rien ne va au poste des dépenses, alors que la crédibilité de la Commission Européenne à mobiliser 35 milliards d'euros pour des investissements sur 3-5 ans, afin d'aider le gouvernement grec, doit être mise en regard avec son incapacité à trouver un minimum de ressources pour le "Plan Juncker". Et finalement, l'accord pour restructurer la dette publique grecque ouvre une perspective qui n'aura pas, en tout état de cause, de réels effets avant 2023 -- la fin de la période de grâce accordée par les États Européens en ce qui concerne leurs prêts respectifs.

Quelles leçons peut-on tirer de l'évolution de la Grèce? Alexis Tsipras, Syriza et le peuple grec ont l'indéniable mérite historique d'avoir soulevé le voile de la rhétorique et de l'objectivité technique européistes dont l'objectif est  de dissimuler les forces à l'œuvre dans l'eurozone. Nous voyons maintenant la politique de pouvoir et le conflit social entre l'aristocratie financière et les classes moyennes: l'Allemagne, incapable d'hégémonie, domine l'eurozone et mène son ordre économique qui ne sert que son intérêt national et ceux de la grosse finance.

Il y a deux points  à considérer ici. Le premier: le mercantilisme néo-libéral dicté par et centré sur Berlin est insoutenable, la dévalorisation du travail, comme voie alternative à la dévaluation de la monnaie nationale pour de réels ajustements, entraîne une insuffisance chronique de la demande globale, un taux de chômage constamment  élevé, la déflation, et un bourgeonnement de la dette publique. Dans un tel cadre, au-delà des frontières des états-nations dominants, l'euro entraîne une perte de démocratie,  et réduit la politique à une administration pour le compte de tiers et à un divertissement.

Peut-on revenir en arrière ? C'est le second point. Il est difficile de répondre oui. Malheureusement, les corrections qui seraient nécessaires pour rendre l'euro soutenable apparaissent impossibles pour des raisons culturelles, historiques et politiques. Les opinions publiques nationales ont des points de vue opposés et des positions conflictuelles, encore plus éloignées les unes des autres  du fait de  l'agenda dominant depuis 2008 dans l'eurozone. Les vues et positions prévalant chez les Allemands sont un fait. Le peuple allemand mérite le respect comme tous les autres peuples. En Allemagne, comme partout, les principes démocratiques fonctionnent dans la seule dimension politique pertinente: l'état nation.

Les deux premiers points d'analyse conduisent à une vérité inconfortable: nous avons besoin de reconnaitre que l'euro a été une erreur de perspective politique. Nous avons besoin d'admettre que dans la cage néolibérale de l'euro, la gauche perd sa fonction historique et meurt en tant que force dédiée à la dignité et à la valeur politique du travail et à la citoyenneté sociale comme seul vecteur de la vraie démocratie. Le manque de pertinence ou la connivence des partis de la famille socialiste est manifeste.  Continuer à évoquer, comme ils le font, les États Unis d'Europe ou une réécriture des traités en faveur du travail est un exercice virtuel ne menant qu'à une perte croissante de crédibilité politique.

Qu'est-ce qui pourrait être fait? Nous sommes à un carrefour de l'histoire. D'un côté, un chemin de continuité  attaché à l'euro, c'est à dire l'acceptation de la fin de la démocratie de la classe moyenne et des États  providence : un mélange détonant de chômage et de colère sociale, sur lequel pèse la menace de risques de rupture nationaliste et xénophobe. De l'autre côté, une décision partagée, sans actions unilatérales, pour aller au delà de la monnaie unique et du cadre institutionnel qui lui est lié, avant tout pour fixer la responsabilité de la politique monétaire: une solution mutuelle bénéfique, en dépit d'un chemin difficile et incertain, avec des conséquences douloureuses au moins dans la période initiale.

L'Allemagne a compris cela et, encore  attentive à son histoire, indique une sortie pour éviter un dissolution chaotique de l'eurozone et des incontrôlables dérives  nationalistes (déjà  inquiétantes, tant parmi les Allemands qu'à leur égard): un accord  multilatéral pour sortir de la monnaie unique, illustré par la proposition de "Grexit assisté", écrite par le ministre des finances  Schäuble et approuvée par la Chancelière  Merkel. Cela implique non pas d'abandonner la Grèce à elle-même, mais une sortie accompagnée par une réduction de la dette publique (impossible sous les Traités actuels) et une assistance technique, financière, et humanitaire.

C'est un choix dramatique. La voie de la continuité est l'option explicite des coalitions  conservatrices et des exécutifs  “socialistes”  (en France et en Italie par exemple). La voie de la discontinuité est peut-être la seule qui puisse sauver l'union européenne, revitaliser la classe moyenne et renverser la tendance à la dévaluation du travail. Pour une désintégration de la monnaie unique, nous devons construire une large alliance des fronts de libération nationale, partant de la périphérie méditerranéenne de l'eurozone, et composée des forces progressistes acceptant de coopérer avec des partis souverainistes de droite. Le temps qui nous reste est de plus en plus court.

Source : Yanis Varoufakis / Monica M. (trad)


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