dimanche 27 décembre 2015

Les programmes scolaires d’intolérance en Arabie saoudite

MAJ de la page : Le wahhabisme est-il musulman ?

Les programmes scolaires d’intolérance en Arabie saoudite
Freedom House (2006) / Les Crises (trad. 2015)

Le “Center for Religious Freedom” (Centre pour la Liberté Religieuse), section de Freedom House (Maison pour la Liberté), a publié un rapport analysant un ensemble de manuels du ministère de l’éducation saoudien utilisé par les élèves des niveaux primaires et secondaires. Les manuels font la promotion de la haine à l’encontre de ceux (y compris musulmans) qui n’adhèrent pas à la secte wahhabite.

Le rapport, intitulé “Programme de l’intolérance en Arabie saoudite”, a été rédigé par le Centre pour la Liberté Religieuse en coopération avec l’Institut des Affaires du Golfe.

Le Centre a analysé une douzaine de manuels du ministère saoudien d’éducation religieuse, utilisés au cours de cette année scolaire en Arabie saoudite (et dans les écoles saoudiennes à l’étranger). Ces textes ont été rassemblés par l’Institut des Affaires du Golfe, basé à Washington, avec l’aide de professeurs, administrateurs et familles ayant des enfants dans ces écoles. Ces textes ont été ensuite traduits par deux arabophones indépendants.

“Ce qu’enseignent les manuels scolaires saoudiens aujourd’hui sur la façon dont les musulmans doivent aborder les autres religions va empoisonner l’esprit de la nouvelle génération,” déclare Nina Shea, directrice du Centre pour la Liberté Religieuse et principal auteure du rapport. “Quels qu’aient pu être les modifications faites au système saoudien d’éducation, il faut aller beaucoup plus loin.”

Les conclusions de ce rapport contredisent les déclarations faites continuellement par les porte-parole du gouvernement saoudien qui ont révisé minutieusement leurs matériels éducatifs. Il y a plus d’un an, le porte-parole de l’ambassade saoudienne Adel al-Jubeir a déclaré : “Nous avons revu nos programmes d’éducation. Nous avons retiré le matériel provoquant ou intolérant envers les personnes d’autres religions.” Le nouvel ambassadeur saoudien aux États-Unis, le prince Turki al-Faisal, durant une tournée à l’échelle nationale un peu plus tôt cette année, a affirmé : “Nous avons éliminé ce qui pouvait être perçu comme de l’intolérance de nos anciens manuels qui étaient dans notre système.” La semaine dernière, le 18 mai, le ministre des affaires étrangères saoudien, le prince Saud Al-Faisal, a déclaré : “… le système éducatif entier est en train d’être revu de fond en comble. Les manuels ne sont qu’une petite partie de ce qui a été entrepris par l’Arabie saoudite.”

Cependant, le rapport démontre que ces textes :
- Condamnent et dénigrent la majorité des musulmans sunnites qui ne suivent pas l’idéologie wahhabite de l’Islam, et les qualifient de déviants et de descendants de polythéistes.
- Condamnent et dénigrent les croyances et pratiques des musulmans chiites et soufistes considérées comme hérétiques et les qualifient de polythéistes ;
- Ordonnent aux musulmans de haïr les chrétiens, les juifs, les “polythéistes” et autres “mécréants”, incluant les musulmans non-wahhabites, bien qu’il ne faille pas les traiter “injustement” ;
- Enseignent les infâmes contrefaçons des Protocoles des Sages de Sion, comme s’il s’agissait d’un fait historique ;
- Enseignent les autres théories du complot, accusant les franc-maçon, les Lions Clubs et le Rotary International de comploter pour affaiblir les musulmans ;
- Enseignent que “les juifs et les chrétiens sont les ennemis des croyants [musulmans]” et que l’affrontement entre ces deux royaumes est perpétuel ;
- Enseignent aux étudiants à ne pas “saluer”, “prendre pour ami”, “imiter”, “montrer de la loyauté”, “traiter courtoisement”, ou “respecter” les mécréants ;
- Affirment que la propagation de l’Islam par le djihad est une “obligation religieuse” ;
- Enseignent que “le combat entre musulmans et juifs” continuera jusqu’au jour du jugement, et que les musulmans sont promis à la victoire sur les juifs à la fin ;
- Incluent une carte du Moyen-Orient qui montre Israël dans ses frontières d’avant 1967 comme une “Palestine occupée en 1948.”

La doctrine wahhabite de l’Islam est la base de l’idéologie politique de l’État saoudien, et au cœur de son programme d’éducation. D’après l’ambassade saoudienne de Washington, le système éducatif saoudien comporte 25 000 écoles, formant quelque 5 millions d’étudiants. L’Arabie saoudite fait également fonctionner des universités dans 19 capitales, incluant celle à l’extérieur de Washington à Alexandria, Virginie, qui utilise certains des mêmes textes religieux. De plus, l’Arabie saoudite distribue également ses textes religieux à travers le monde à des écoles islamiques et des madrasas qu’il ne gère pas directement.

Étant donné la nature fermée de la société saoudienne, le Centre n’a pas entrepris un examen complet de l’effort de réforme totale du système éducatif saoudien. Le rapport a été entrepris en réponse aux préoccupations concernant le retrait supposé des passages intolérants de ses manuels scolaires par le gouvernement saoudien, et il presse le gouvernement américain de remonter au plus haut niveau l’effort continu d’enseignement de la haine et de l’intolérance en Arabie saoudite.

Voir le rapport complet

Voir les extraits des manuels du ministère de l’éducation saoudien pour les études islamiques : arabe avec traduction anglaise

* * *

Extraits des manuels scolaires d’études islamiques du ministère de l’Éducation saoudien

A PROPOS DU CENTRE POUR LA LIBERTE RELIGIEUSE

Le “Center for Religious Freedom” (Centre pour la Liberté Religieuse) est une section de Freedom House (Maison pour la Liberté). Fondée il y a plus de 60 ans par Eleanor Roosevelt, Wendell Willkie, et d’autres Américains inquiets du renforcement des menaces pour la paix et la démocratie, Freedom House a été une importante force de promotion des valeurs démocratiques, et un opposant déterminé aux dictatures d’extrême droite et d’extrême gauche. Son Centre pour la Liberté Religieuse défend tous les groupes autour du monde contre la persécution religieuse. Il milite pour que la politique étrangère des États-Unis défende ceux qui sont persécutés pour leur religion ou leurs croyances dans le monde, et défend le droit à la liberté religieuse pour chaque individu.

Depuis son lancement en 1986, sous la direction de l’avocate des droits de l’homme Nina Shea, le Centre a documenté la persécution religieuse des individus ou des groupes de personnes à l’étranger et pris en charge, en leur nom, leur défense auprès des médias, du Congrès des USA, du Département d’État et de la Maison-Blanche. Il parraine également des enquêtes de terrain.

A PROPOS DU “INSTITUTE FOR GULF AFFAIRS” (INSTITUT DES AFFAIRES DU GOLFE)

Le principal travail de recherche pour ce rapport a été réalisé par l’Institut des Affaires du Golfe. Il a recueilli les manuels scolaires et a fourni des extraits de douze d’entre eux au Centre pour la Liberté Religieuse de Freedom House.

“L’Institute for Gulf Affairs” est une organisation indépendante, non partisane qui diffuse des informations étayées sur la région du Golfe et produit des analyses approfondies de la politique et des relations internationales dans la région du Golfe. Basé à Washington, DC, l’Institut est au centre d’un réseau mondial de personnes fiables, dont certaines, en raison de la nature fermée du système politique saoudien, n’ont pas d’autres canaux pour exprimer leurs points de vue. Pour remplir cette mission, l’Institut organise des conférences à Washington, où des analystes éclairés débattent des sujets les plus importants concernant les pays du Golfe et des relations entre ces pays et les États-Unis ; il mène des recherches et des enquêtes indépendantes, dont les rapports sont affichés sur son site web : www.gulfinstitute.org ; il favorise une compréhension plus profonde des pays du Golfe par les décideurs de Washington et par les membres de la presse, en leur fournissant des informations récentes et exclusives, et en les mettant en contact avec des analystes fiables ; et il parraine des groupes de travail dont les rapports aident à définir le programme de politique étrangère.

AVANT-PROPOS

Après les événements du 11 septembre 2001, beaucoup de gens réfléchis — y compris des fonctionnaires des gouvernements des États-Unis et d’Arabie saoudite — ont exprimé leur inquiétude sur le fait que le système éducatif de l’Arabie saoudite pouvait effectivement favoriser l’intolérance et l’animosité qui ont contribué à conduire aux attaques meurtrières ce jour-là. Par la suite, le “UN Arab Development Reports” (Rapport des Nations Unies sur le Développement Arabe) et les rapports de la Commission du 11 septembre ont, parmi d’autres, identifié le rôle clé de la réforme de l’éducation dans la promotion du pluralisme et l’expansion de la liberté dans la région. Au cours des dernières années, la politique étrangère des États-Unis a mis en avant l’objectif de la réforme des systèmes éducatifs à travers le Moyen-Orient élargi, y compris en Arabie saoudite.

Les Saoudiens eux-mêmes comptent parmi les plus préoccupés par cette situation. L’une des analyses les plus précises et les plus détaillées était une étude menée en 2003 conjointement par l’ancien juge saoudien Cheikh Abdelaziz Al-Qassem et le journaliste et auteur Ibrahim Al-Sakran, qui ont examiné trois programmes d’étude de collège et de lycée : AL-Hadith (relation des faits et dits du Prophète), un programme concernant les traditions de l’islam, Al-Fiqh (jurisprudence religieuse), un programme concernant les questions de loi religieuse et de rituel, et AL-Tawhid (l’unicité divine), un programme concernant l’objet des croyances. Cette étude a été présentée lors du second forum pour le dialogue national qui s’est tenu en Arabie saoudite fin décembre 2003 sous l’égide du prince-héritier Abdallah Ibn Abdelaziz et publié début 2004. Cette étude montre que le programme religieux du royaume “encourage la violence envers les autres, et induisent les élèves en erreur en leur faisant croire qu’afin de préserver leur propre religion, ils doivent violemment réprimer et même éliminer physiquement “l’autre”.

Même si à notre connaissance ce rapport n’a jamais été officiellement adopté par les autorités religieuses ou éducatives, son existence montre que des analyses rigoureuses et approfondies sont menées en Arabie saoudite. Depuis, le gouvernement saoudien a déclaré en de nombreuses occasions, qu’il avait pris les mesures nécessaires et réformé en profondeur le système éducatif public afin de répondre à ces problèmes. La dernière déclaration en date remonte au 18 mai 2006, lors d’une visite du ministre saoudien des Affaires étrangères à Washington, au moment même où ce rapport était publié par la presse. Le ministre en question, le prince Séoud Al-Faïçal, a affirmé lors d’une conférence de presse conjointe avec la secrétaire d’État Condoleezza Rice que “…le système éducatif dans son ensemble est en train d’être remanié de fond en comble. [La refonte des] livres scolaires ne représente qu’une mesure parmi d’autres qui ont été menées par l’Arabie saoudite.”

Cependant, il semble que les actions menées soient loin d’avoir entièrement résolu le problème. L’étude qui suit est un passage en revue d’une série de manuels scolaires d’études islamiques, publiés par le ministère de l’Éducation en Arabie saoudite et apparemment en usage actuellement, à la fois dans le royaume saoudien et dans les instituts islamiques qu’il finance. La section dédiée à la liberté religieuse de Freedom House, en coopération avec l’Institute for Gulf Affairs, a examiné des passages de livres destinés aux élèves et couvrant les classes de l’école primaire jusqu’au lycée, en s’intéressant en premier lieu au traitement de toutes les religions ou courants religieux qui ne peuvent être rattachés au wahhabisme, ce courant de l’Islam qui a un statut de religion officielle en Arabie saoudite. Les éléments recueillis montrent que le gouvernement saoudien continue de propager une idéologie de haine à l’encontre des “incroyants”, catégorie qui inclut les chrétiens, les juifs, les chiites, les soufis, tous les sunnites qui ne suivent pas la doctrine wahhabite, les hindous ainsi que les athées et d’autres encore.

L’objectif de ce rapport est à la fois de produire de l’information et d’alimenter le débat quant à savoir si des réformes appropriées ont été mises en œuvre dans le système éducatif saoudien, mais également de pousser à une accélération des réformes dans l’avenir.

En raison du caractère fermé de la société saoudienne, il n’y a eu que très peu d’occasions de mener un examen global et approfondi du système éducatif “réformé”. Nous ne savons pas avec certitude ce qu’on enseigne au quotidien dans les écoles saoudiennes. Ce que nous connaissons, c’est le contenu de ces manuels scolaires. Ce que nous savons également, c’est que tout ce qui est actuellement enseigné dans les manuels scolaires au sujet des musulmans et de la relation avec les autres religions et cultures influencera une nouvelle génération de Saoudiens, ainsi qu’un nombre croissant de musulmans à travers le monde dont l’éducation se fait par ces textes.

Nous ne le savons que trop bien : l’Arabie saoudite n’est pas le seul pays concerné par le problème du fanatisme religieux, de l’incitation à la violence et de la propagation de l’intolérance. Tout au long de l’histoire, des gouvernements s’appuyant sur des idéologies extrémistes, parfois religieuses, parfois athées, ont essayé de dépeindre ceux qui vivaient en dehors de leur système de valeurs comme étant des infidèles ou des êtres inférieurs. Des évènements récents, que ce soit au Darfour, au Kosovo ou au Rwanda, ont montré les conséquences en terme de coût humain de telles idéologies fondées sur la haine. Dans le monde globalisé dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui, l’enseignement qui est donné aux enfants, à ceux des autres comme aux nôtres, constitue un enjeu pour tous.

Peter Ackerman

Président de Freedom House

RÉSUMÉ

Ce rapport a été écrit à la suite d’interrogations concernant la mise en place effective de réformes appropriées au sein du système éducatif gouvernemental saoudien. Après le 11 septembre 2001, des critiques se sont fait entendre dans le monde entier, y compris par le gouvernement des États-Unis, selon lesquelles les écoles saoudiennes diabolisaient l’Occident et “l’autre”.

Des porte-parole éminents du gouvernement saoudien ont également reconnu ce sujet comme étant un problème, et ont assuré à de nombreuses reprises que des réformes étaient en cours, ou avaient été menées à bien (1). Cependant, le résultat de notre étude entre en contradiction avec les déclarations publiques de l’Arabie saoudite selon lesquelles les contenus polémiques avaient été retirés des manuels scolaires.

Etant donné le caractère fermé du régime saoudien, Freedom House n’a pas pu conduire de manière exhaustive l’étude de tous les manuels scolaires et programmes utilisés dans le pays. Il n’est pas possible de dire avec précision comment ces manuels sont utilisés au quotidien. Toutefois, le fait que le ministère de l’Éducation continue de publier les livres décrits dans ce rapport, le fait également que ces livres aient été fournis aux chercheurs de l’Institute for Gulf Affairs par les familles des enfants et par d’autres acteurs associés aux écoles rendent ces ouvrages dignes d’être étudiés et discutés.

Comme le montrent les extraits de la douzaine de manuels d’études islamiques en vigueur analysés dans ce rapport, le programme de religion des écoles publiques saoudiennes continue de propager une idéologie de haine à l’encontre des “mécréants”, à savoir, les chrétiens, les juifs, les chiites, les soufis, les sunnites qui ne suivent pas la doctrine wahhabite, mais également les hindous, les athées et autres. Cette idéologie est introduite dans un manuel de religion dès la première année de l’enseignement élémentaire, réaffirmée et développée tout au long du parcours scolaire, avec pour point culminant la dernière année du lycée, où un texte enseigne aux lycéens que c’est une obligation religieuse de “combattre” les infidèles pour propager la foi. (2)

A l’heure où le gouvernement saoudien essaie de s’affirmer comme la voix qui fait autorité sur l’Islam, ces textes prennent une grande signification. Ce qui est enseigné aujourd’hui dans les manuels scolaires saoudiens sur les musulmans et sur la façon dont ils doivent envisager les relations avec d’autres cultures et religions vont influencer une nouvelle génération de Saoudiens, mais également un nombre croissant de musulmans de par le monde qui utilisent ces livres.

INTRODUCTION

Ce rapport passe en revue certains des principaux manuels d’études islamiques publiés par le ministère saoudien de l’Éducation et utilisés durant l’année académique en cours dans les classes des écoles publiques en Arabie saoudite ainsi que dans les écoles saoudiennes à l’étranger.

Lorsque l’on découvrit que 15 des 19 pirates qui ont attaqué l’Amérique le 11 septembre étaient de jeunes ressortissants saoudiens, les Américains commencèrent à se poser des questions sur le royaume d’Arabie saoudite, non seulement à propos de la possibilité d’un financement du terrorisme par de l’argent saoudien, mais également à propos du système éducatif, suspecté d’enseigner aux jeunes à considérer les Américains comme des ennemis, et de propager l’intolérance à l’égard d’autrui. (3)

L’Arabie saoudite n’est pas une société libre, et il est difficile d’établir ce qui est enseigné dans ses salles de classes. Néanmoins, ces dernières années, des universitaires respectés et des défenseurs des droits de l’Homme aux États-Unis – au cours de campagnes menées essentiellement par des musulmans – ont pu obtenir quelques manuels saoudiens et les ont analysés. (4) Ils ont découvert que l’Arabie saoudite a en effet semé les graines de l’hostilité à l’égard de l’Occident, tant dans les programmes de ses écoles religieuses que dans d’autres matériels éducatifs tels que les compilations de fatwa religieuses qui ont une autorité d’autant plus forte qu’elles sont collectées et publiées par l’État et proviennent d’imams occupant des postes rémunérés par le gouvernement. (5)

De plus, les chercheurs ont découvert que depuis plusieurs décennies, les publications saoudiennes ont endoctriné les étudiants dans une idéologie de haine religieuse à l’encontre des chrétiens, des juifs, et autres, y compris les musulmans n’adhérant pas à l’enseignement wahhabite strict. (6)

Les Saoudiens eux-mêmes ont clairement fait état du besoin d’une véritable réforme en profondeur de l’éducation. Dans un rapport publié il y a un an et demi, un groupe d’études du palais saoudien a déclaré que le programme d’études religieuses du royaume “encourage la violence à l’encontre des autres, et induisent les élèves en erreur en leur faisant croire qu’afin de préserver leur propre religion, ils doivent violemment réprimer et même éliminer physiquement “l’autre”. (7)

Le gouvernement saoudien a depuis affirmé publiquement que tous les éléments d’intolérance avaient été retirés des manuels de ses écoles publiques. L’ambassadeur saoudien aux États-Unis, le prince Turki al-Faisal, a déclaré à plusieurs reprises que son gouvernement avait éliminé des manuels saoudiens “tout élément  qui aurait pu être interprété comme soutenant l’intolérance ou l’extrémisme”. (8) Pendant plus d’une année, l’ambassade saoudienne à Washington a donné des assurances similaires, disant que les réformes avaient été menées. Le 7 mars 2007, un porte-parole du ministère saoudien des Affaires étrangères a déclaré lors d’une conférence de presse de son ambassade a Washington : “Nous avons révisé nos programmes scolaires. Nous avons retiré les éléments qui incitent à l’intolérance envers les personnes d’autres religions.” (9)

Le présent rapport démontre que cela n’est tout simplement pas le cas.

Les manuels scolaires d’études islamiques publiés par le ministère saoudien de l’Éducation que le présent rapport examine continuent à promouvoir une idéologie de haine qui enseigne le fanatisme et condamne la tolérance. Ces textes continuent à enseigner aux étudiants une vision binaire du monde dans laquelle il existe deux règnes incompatibles — l’un formé par les authentiques croyants de l’Islam, ceux qui croient dans le “monothéisme” (10) et l’autre celui des mécréants — royaumes qui ne peuvent jamais coexister pacifiquement. On apprend aux étudiants que les chrétiens, les juifs et d’autres musulmans sont les “ennemis” du vrai croyant, et qu’ils ne doivent se lier d’amitié et ne montrer du respect qu’envers de vrais croyants, tels que les wahabbites. Ces manuels scolaires de l’État saoudien propagent la croyance que les chrétiens, les juifs et les autres mécréants se sont ligués pour conduire une guerre contre l’Islam qui s’achèvera dans la destruction complète de ces infidèles. (11) A l’instar des déclarations d’Oussama ben Laden, ils portent l’idée que les croisades ne se sont jamais terminées et qu’elles continuent de nos jours sous différentes formes. Parmi les exemples les plus préoccupants, on peut citer (voir l’appendice A pour les citations des textes) :

Concernant les sunnites, les chiites, les soufis et les autres musulmans non wahabbites ou non salafistes, les manuels :

Condamnent la majorité des musulmans sunnites sur la terre comme étant de “mauvais successeurs” et de “mauvais prédécesseurs”. (12)
Condamnent et dénigrent les croyances et les pratiques des musulmans chiites et soufis, qualifiées d’hérétiques, ces derniers étant appelés “polythéistes”. (13)
Dénoncent les musulmans qui n’interprètent pas le Coran [de manière] “littérale”. (14)
A l’égard des chrétiens, des juifs, des polythéistes (y compris les musulmans qui ne sont pas adeptes du wahabbisme) et d’autres infidèles, les livres :

- Ordonnent aux musulmans de “haïr” les chrétiens, les juifs, les polythéistes et les autres “incroyants,” y compris les musulmans non wahabbites - tout en demandant de manière assez incongrue, de ne pas les traiter de manière “injuste”. (15)
- Enseignent que les croisades n’ont jamais pris fin, et dénoncent les universités américaines à Beyrouth et au Caire, d’autres organismes sociaux occidentaux ou chrétiens, des groupes de médias, des centres d’études et de recherche sur le monde arabe, et des campagnes pour les droits des femmes comme autant d’aspects de la phase moderne des croisades. (16)
- Enseignent que “les juifs et les chrétiens sont les ennemis des croyants musulmans” (17) et que “l’affrontement” (18) entre les deux royaumes “continue jusqu’au jour de la Résurrection.” (19)
- Apprend aux élèves à ne pas “saluer” (20), “imiter” (21), être loyaux (22), être courtois (23) ou “à respecter” (24) les infidèles.
- Définissent le Djihad comme comprenant “la lutte contre les infidèles en les appelant à la foi et en les combattant” (25) et affirment que propager l’Islam par la voie du Djihad est une “obligation” [religieuse] (26). [Le terme qital, traduit ici par combat, dérive du verbe qatala, "tuer", et n'est presque jamais employé métaphoriquement.]

A propos de l’antisémitisme, ils :
- Enseignent que le “combat entre les musulmans et les juifs” (27) se poursuivra “jusqu’à l’heure [du jugement]” (28) et que les “musulmans triompheront car ils ont raison” et que “celui qui a raison est toujours victorieux.” (29)
- Sélectionnent des passages prônant la violence à l’encontre des juifs, tandis que dans la même leçon, ils ignorent les passages du Coran et des Hadiths [les récits de la vie du prophète] qui conseillent la tolérance. (30)
- Enseignent les “Protocoles des Sages de Sion” comme des faits historiques et les relient à des événements contemporains. (31)
- Parlent des Juifs en termes violents, les accusant de pratiquement toutes les “séditions” et les guerres du monde moderne. (32)

A PROPOS DU RAPPORT

Ce rapport a été préparé par le Centre pour la Liberté Religieuse de Freedom House, avec l’aide de l’Institute for Gulf Affairs, qui a réuni les manuels scolaires examinés ici. Le directeur de l’institut, Ali al Ahmed, est un ressortissant saoudien vivant à Washington, qui a collecté des manuels scolaires de l’État saoudien, et écrit à leur propos depuis 2001. Nina Shea, la directrice du centre, est l’auteur de ce rapport.

Ce rapport est basé sur une douzaine de manuels scolaires d’études islamiques, publiés par le ministère saoudien de l’Éducation, et utilisés au cours de l’année scolaire dans les classes des écoles publiques des niveaux élémentaires, collège et lycée. Il ne s’agit pas de l’analyse de tous les textes saoudiens d’études religieuses, mais il inclut un large éventail de textes utilisés dans les niveaux élémentaires, collège et lycée, et que nous pensons représentatifs des supports utilisés dans les cours d’éducation religieuse des écoles publiques saoudiennes de la filière générale. (33)

Ces textes religieux sont destinés à être utilisés dans les écoles publiques d’Arabie saoudite, ainsi que dans les écoles dirigées par l’État saoudien dans les principales villes du monde. L’une de ces écoles, de laquelle proviennent certains de ces manuels, est l’Islamic Saudi Academy (Académie Islamique saoudienne), et se trouve près de Washington D.C. (voir Appendice B).

Les manuels étudiés dans ce rapport ont été obtenus auprès du Gulf Institute de manière non officielle, via des enseignants, du personnel administratif et des familles dont les enfants sont élèves des écoles saoudiennes, à la fois en Arabie saoudite et à la Saudi academy (lycée saoudien) près de Washington. Comme l’indique la couverture de ces manuels, ils ne sont pas en vente, et généralement ils ne sont pas disponibles au public non plus, en particulier à l’extérieur du pays. En septembre 2005, le ministre des Affaires étrangères saoudien Séoud al-Faïçal (34) a annoncé au président de la commission judiciaire du Sénat américain, le sénateur Arlen Specter, qu’il lui fournirait l’ensemble des manuels scolaires utilisés actuellement, pour au final n’en fournir qu’un seul. (35)

Les exemplaires originaux des ouvrages cités ici sont conservés aux archives de l’Institue for Gulf Affairs. Freedom House a fait traduire les extraits par deux traducteurs différents. Des photocopies des textes originaux en arabe de toutes les pages citées dans ce rapport sont publiées sur le site internet de Freedom House : www.freedomhouse.org/religion.

Cette étude ne prétend pas être une analyse générale de tous les aspects du cursus scolaire saoudien. Nous n’avons pas essayé de répondre à la question de savoir si le programme saoudien s’est modernisé dans d’autres matières telles que les mathématiques ou les sciences, pour mieux préparer les élèves à l’accès à l’emploi après leur diplôme. Il ne s’agit pas non plus d’une analyse exhaustive du contenu complet des ouvrages disponibles. Notre attention s’est portée en premier lieu sur la manière dont ces ouvrages traitent des groupes religieux et des croyants, y compris des autres musulmans, même si nous avons également inclus certains extraits historiques portant sur les questions relatives à Israël et à la Palestine. Les textes n’ont pas été étudiés quant à leur contenu portant sur d’autres questions importantes telles que la situation des femmes, la démocratie ou encore les pratiques commerciales et économiques.

Le Center for Religious Freedom a réuni un comité consultatif constitué d’éminentes personnalités, dont Zineb Al-Suwaij, directrice générale de l’American Islamic Congress ; Zeyno Baran, Professeur et directeur du Centre pour les politiques eurasiatiques de l’Hudson Institute ; Hillel Fradkin, professeur et directeur du Centre sur l’Islam, la démocratie et l’avenir du monde musulman à l’Hudson Institute ; Mary Habeck, professeur associé des Etudes stratégiques de l’université Johns Hopkins de la Paul H. Nitze School of Advanced International Studies (SAIS) ; Hussein Haqqani, professeur invité au Carnegie Endowment for International Peace et directeur du Center for International Relations at Boston University ; et R. James Woolsey, co-président du Committee on Present Danger (Comité sur les Dangers Actuels) et ancien directeur de Central Intelligence. Le rapport a aussi été évalué par les responsables de Freedom House et par le comité exécutif du Conseil des actionnaires.

POURQUOI CECI EST-IL IMPORTANT

L’importance du programme des études islamiques et des manuels scolaires dans la société saoudienne ne devrait pas être sous-estimée. Le système scolaire public saoudien dispose de 25 000 écoles. Ce sont quelque 5 millions d’enfants saoudiens de tous niveaux qui reçoivent un enseignement en études islamiques dispensé par les manuels du ministère de l’Éducation. Les spécialistes estiment que, dans le programme scolaire public saoudien, les études islamiques correspondent à une moyenne comprise entre un quart et un tiers des cours hebdomadaires dans les écoles primaires et les collèges, auquel il faut ajouter plusieurs heures par semaine au lycée. (37)

La religion est la base de l’idéologie politique de l’État saoudien, et est également une part importante de l’éducation saoudienne. L’Arabie saoudite se définit elle-même en tant qu’État musulman, et a établi le wahhabisme en doctrine officielle de l’État. (38) Le Wahhabisme saoudien est une interprétation extrême de l’Islam, fondée sur une vision dualiste dans laquelle les “vrais” monothéistes sont obligés de “combattre” les “polythéistes” et les “idolâtres” jusqu’au “jour du Jugement”, et cela inclut les chrétiens, les juifs, et les musulmans sunnites non totalement dévots. (39)

En Arabie saoudite, le désaccord avec le dogme religieux d’É peut aboutir à une condamnation officielle et à des poursuites judiciaires (pour “crime”). Nous en avons un exemple dans la fatwa lancée par l’ambassade saoudienne à Washington dans un pamphlet d’”éducation” qui réprimande un prêcheur musulman en Europe pour son “infidélité, car il a émis des doutes à propos de l’infidélité des juifs et des chrétiens.” (40) Le gouvernement saoudien exerce un contrôle strict sur l’enseignement religieux dispensé par les enseignants à leurs élèves. En novembre 2005, un instituteur fut renvoyé et condamné à 750 coups de fouet et à 3 ans et demi de prison pour avoir exprimé des opinions positives sur les juifs et sur le Nouveau Testament ; il fut pardonné à la suite de protestations internationales. (41)

Les adhérents du wahhabisme constituent une faible minorité dans le monde musulman, mais cela n’empêche pas l’Arabie saoudite d’essayer de s’imposer comme la voix de l’Islam faisant autorité. Sa conquête du Hejaz en 1924 lui a donné le contrôle des deux lieux les plus saints et du Hajj, le pèlerinage annuel à La Mecque, qui est l’un des cinq piliers de l’Islam. Ce rôle, ajouté à la manne pétrolière, a été utilisé par l’Arabie saoudite pour prétendre être prépondérante à l’intérieur du monde musulman, et être le protecteur de la foi, une déclaration confirmée et gravée dans la loi saoudienne. Le Conseiller des Affaires étrangères saoudiennes Adel al-Jubeir déclara à Tony Snow à la télévision américaine que “le rôle de l’Arabie saoudite dans le monde musulman était similaire à celui du Vatican.” (42) Dans une interview avec Barbara Walters en 2005, le roi Abdullah fit aussi un parallèle entre le rôle de l’Arabie saoudite dans l’Islam et celui du Vatican dans l’ensemble du monde catholique. De même, l’ambassadeur saoudien Turki Al-Faisal reprit cette analogie en 2006 dans une lettre à la Commission américaine sur la liberté religieuse dans le monde. (43) Autrefois confinée au rang d’une secte marginale dans un coin reculé de la Péninsule Arabe, l’idéologie wahhabite jouit d’une audience planétaire grâce aux finances du gouvernement saoudien.

L’Arabie saoudite cherche également à influencer l’instruction délivrée par les autorités islamistes, particulièrement dans les 85 pour cent du monde musulman d’obédience sunnite. Abdurrahman Wahid, ancien président d’Indonésie et un érudit islamiste, a été à la tête de la plus grande organisation musulmane, Nahdlatal Ulama, et a observé que grâce à la manne pétrolière, “durant les récentes décades, l’idéologie wahabbite/salafiste a fait une percée substantielle à travers le monde musulman.” (44) Selon certaines estimations, l’Arabie saoudite a dépensé 75 milliards de dollars dans les 25 dernières années pour sa propagande, environ trois fois plus que ce qu’avait dépensé l’Union Soviétique à l’apogée de la guerre froide. (45) Les manuels pour les études islamiques édités par le ministère de l’Éducation saoudien sont aussi utilisés dans le réseau international des écoles directement supervisées par l’État saoudien. Une brochure de l’Académie saoudienne islamique à Alexandria, Virginie, affirme : “Le programme d’études d’Arabe, d’Études islamiques, et d’Études sociales arabes, et l’instruction civique, sont basés sur le programme du ministère de l’Éducation saoudien. D’autres programmes, tels que les sciences, mathématiques, études sociales, l’anglais et l’informatique, sont similaires aux programmes d’études offerts par les Écoles Fairfax County, en Virginie.” (46) Les manuels religieux saoudiens ont aussi été trouvés dans certaines écoles musulmanes et madrassas à travers le monde, qui ne sont pas directement sous l’égide du gouvernement saoudien. Le rapport de la Commission du 9/11 a observé qu’à travers le monde, et “ceci même dans les pays riches, les écoles wahhabites fondées par l’Arabie saoudite sont souvent les seules écoles islamiques.” (47)

Par conséquent, ce qui est enseigné aujourd’hui dans les manuels d’éducation publiques saoudiens à propos des musulmans, et comment ceux-ci devraient se comporter envers les autres religions et cultures, ne va pas seulement influencer une nouvelle génération de saoudiens, mais aussi ces musulmans du monde entier qui se fient à l’affirmation du gouvernement saoudien que ses instructions sur l’Islam font autorité.

LES PROCLAMATIONS SAOUDIENNE DE MODÉRATION

Depuis le 11 septembre 2001, le gouvernement saoudien a souvent répété devant une audience américaine qu’il a commencé une réforme en profondeur de l’éducation. En plusieurs occasions, le roi saoudien Abdullah, le représentant de l’Arabie saoudite à Washington et les ministères saoudiens de l’Éducation et des Affaires étrangères ont chacun déclaré leur volonté de réformer le système éducatif du royaume. Certaines réformes était assez spécifiques. L’un a précisé que seuls cinq pour cent du programme ont été conservés. (49) Un autre a attesté que 36 manuels sur 66 ont été révisés. (50) Un troisième que l’Arabie saoudite a retiré 31 points controversés de son programme. (51) Dans le même temps, ces représentants ont insisté sur le fait que la réforme sera appliquée “doucement” (52), ou ne prendra effet qu’après une “période de trois ans de vérifications” (53) ou même sur une période de “dix ans”. (54)

Le prince ambassadeur saoudien Turki el-Faisal, qui prit son poste à Washington à l’automne 2005, a travaillé assidument à convaincre les Américains que la réforme de l’éducation avait déjà eu lieu. En décembre 2005, l’ambassade a fait passer une annonce dans The New Republic, un journal politique américain, proclamant que :

Ayant modernisé tous les programmes scolaires pour mieux préparer nos enfants aux défis de demain… l’Arabie saoudite a fait vœu de combattre le mal par la justice, de confronter les pensées déviantes avec la sagesse et les idées nobles, et de défier l’extrémisme par la modération et la tolérance. (55)

Au cours d’une série de conférences aux États-Unis, l’ambassadeur Turki a fait la déclaration suivante, lors d’un meeting au Town Hall de Los Angeles, le 21 mars 2006 :

“Le Royaume a fait l’inventaire de toutes ses pratiques et matériels d’enseignement, et a supprimé les éléments en contradiction avec les besoins d’un enseignement moderne. Nous n’avons pas seulement éliminé de nos vieux manuels ce qui pouvait être perçu comme de l’intolérance, nous avons aussi mis en œuvre une révision interne complète et un plan de modernisation. Les nouveaux programmes mettent l’accent sur la pensée critique, les mathématiques et les sciences, et ils insistent aussi sur l’enseignement des vraies valeurs islamiques, sur les qualités positives requises pour une bonne citoyenneté et une bonne productivité, ainsi que sur la façon de sauvegarder (sic) la communauté dans la paix, et aussi l’environnement, la santé et les droits de l’Homme. À chaque niveau d’éducation, de l’école primaire au lycée, jusqu’à l’université, le gouvernement est même allé jusqu’à sponsoriser des cours destinés à promouvoir la modération et la tolérance. Dès les classes de maternelle, on enseigne aux enfants l’importance de la tolérance et de la paix.”

L’ambassadeur a aussi transmis à la Commission américaine sur la Liberté Religieuse Internationale un document de 74 pages publié par l’ambassade, daté de mars 2006, et intitulé “Résumé du programme complet de révision des programmes éducatifs nationaux de l’Arabie saoudite”. Désirant démontrer que les manuels saoudiens ont été réformés, ce document fournit une sélection d’exemples des suppressions et des révisions de leçons, tirés de certains des textes examinés ici (une partie des modifications étaient censées attester d’une tolérance accrue à l’égard du “capitalisme”, du “commerce”, des “relations commerciales avec les non-croyants”, des “partis politiques”, du patriotisme national, et de la “législation”, sujets qui ne sont pas traités dans cette étude). En ce qui concerne la tolérance envers d’autres religions, le rapport de mars 2006 donne les exemples suivants :

Dans les textes destinés au primaire, suppression des références à la croisade que des Chrétiens continuent de mener, aux revendications du jihad, et la dénonciation de l’étude de l’Orientalisme. Toutefois, selon la présente étude, des déclarations similaires figurent toujours dans les manuels scolaires à destination des cycles secondaires.
Redéfinition d’Abraham, présenté comme un “monothéiste”. Les opinions publiques occidentales sont susceptibles de comprendre cette révision comme étant le signe d’une plus grande tolérance à l’égard des Juifs, et même des Chrétiens, qui considèrent eux aussi qu’Abraham est leur “père dans la foi”. (58) Pourtant, les Musulmans aussi se réclament du prophète Abraham, et ce changement n’indique pas pour autant que leur position soit nouvelle, voire plus tolérante à l’égard d’autres religions.
De nouvelles exemptions par rapport à l’interdiction des images dans un passage mettant en garde contre “le fait de glorifier des images sculptées telles que des idoles ou des statues représentant la création de Dieu.” Cette révision, toutefois, ne semble pas nécessairement porter sur la tolérance d’autres groupes religieux, tels que les Musulmans chiites pour qui l’art fait partie de leur expression islamique. Le passage révisé répète sa mise en garde contre l’art religieux et dit clairement que ces exceptions sont d’ordre pragmatique et concernent les photographies figurant sur les passeports et les cartes d’identité. (59)
Le langage révisé qui enjoint le croyant à haïr l’incroyant et à le traiter “justement” (dans le texte révisé du CM1 sur le monothéisme). La nouvelle formulation est la suivante : “Haïr les infidèles qui s’opposent aux Musulmans, mais ne pas faire preuve d’injustice à leur encontre” ; et “Et aimer pour l’amour de Dieu et haïr pour l’amour de Dieu.” (60) Au mieux, les révisions des manuels envoient un message brouillé. D’autres manuels utilisés actuellement continuent à appeler au “jihad” (61) contre les infidèles, et à inciter à tuer des Juifs.

LA RÉACTION AMÉRICAINE

Depuis 2004, le Département d’État américain qualifie l’Arabie saoudite de “pays particulièrement inquiétant”, s’appuyant sur la Déclaration Internationale pour la Liberté Religieuse, après avoir découvert que “la liberté religieuse n’existait pas” dans le Royaume, (62) mais il s’est largement  désintéressé de l’enseignement et la propagande saoudiens, sur le plan à la fois domestique et international.

Ce n’est qu’à la fin de l’année 2005 qu’un officiel américain a posé publiquement une question concernant le rôle du gouvernement saoudien dans la diffusion d’une idéologie islamiste extrémiste à travers ses publications éducatives. En visite en Arabie saoudite en octobre 2005, la sous-secrétaire d’État Karen Hughes a publiquement fait état des préoccupations américaines à ce propos, et cela pour la première fois, citant une étude, publiée plus tôt cette année-là par le Centre pour la Liberté Religieuse de Freedom House, concernant les manuels scolaires du gouvernement saoudien et les publications incitant à la haine religieuse, disponibles aux États-Unis.

En mars 2006, dans un rapport sur l’Arabie saoudite, le Département d’État américain, avec son Rapport sur les Droits de l’Homme, a fait pour la première fois un bref commentaire de la question : “Des ONG ont fait des rapports sur l’intolérance dans le système éducatif, et, en particulier, sur les manuels scolaires religieux encourageant l’intolérance et la haine des autres traditions religieuses, particulièrement le christianisme et le judaïsme. Des officiels saoudiens ont déclaré avoir corrigé les manuels scolaires pour en retirer les contenus visant à dénigrer les religions autres que l’Islam. Pourtant, de nombreux manuels récemment publiés ont continué à faire preuve d’intolérance, dans leurs textes, à l’égard du judaïsme, du christianisme et de la tradition chiite en particulier.” (63)

En dehors de ce commentaire sommaire du rapport du Département d’État, il y a peu d’indices que le gouvernement américain fournisse un effort soutenu pour donner suite aux déclarations du sous-secrétaire Hugh.

Ayant eu l’occasion de faire directement des remarques sur la réforme éducative saoudienne lors d’une conversation publique au Royaume-Uni le 31 mars 2006, la secrétaire d’État Condoleezza Rice a affirmé que la réforme est en cours, puis elle a minimisé l’ampleur des réformes, avant de changer de sujet sur les programmes d’échange avec l’étranger. (64) Les possibilités d’échanges pour les étudiants saoudiens sont en effet importantes, mais elles ne remplacent pas une réelle réforme éducative réelle qui profiterait aux étudiants en Arabie saoudite et dans les écoles financées par les Saoudiens dans le monde entier.

CONCLUSION

Les descriptions de l’”autre” – musulmans “déviants”, “polythéistes” et “infidèles” – dans ces manuels d’études islamiques de l’année scolaire en cours ne correspondent pas à l’image de “modération et de tolérance” présentée par l’ambassadeur saoudien à Washington et d’autres officiels saoudiens. Ces manuels continuent à être le reflet d’un programme qui inculque la haine religieuse envers ceux qui ne suivent pas l’enseignement wahhabite. Comme l’année scolaire se termine, des milliers de diplômés des écoles publiques saoudiennes sortiront imprégnés de la croyance que ceux qui sont d’une religion différente leur sont moralement inférieurs et même diaboliques.

L’histoire des autres guerres et conflits devrait nous rappeler que l’éducation peut être utilisée pour promouvoir la haine, la division et l’hostilité. Dans sa volonté de jouer un rôle central dans le monde musulman, l’Arabie saoudite devrait mettre en œuvre des politiques d’éducation tenant compte des inquiétudes des États-Unis et des autres gouvernements démocratiques. L’éducation est la base des perspectives d’importants progrès vers la liberté et la démocratie dans la région. Le leader d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, l’avait bien compris. Le 23 avril 2006, dans sa cassette audio, il s’énervait contre ceux qui “se mêleraient des programmes scolaires.”

Un échec de l’Arabie saoudite à reformer son système éducatif sapera directement les objectifs de la politique étrangère visant à encourager les progrès en matière de modération et de démocratie dans le monde musulman.

De toute évidence, nous manquons d’informations. Le Département d’État devrait fournir des informations plus détaillées dans ses rapports publics concernant l’utilisation et les contenus des manuels d’études islamiques du programme des écoles publiques d’Arabie saoudite.

Le gouvernement américain doit aussi appuyer clairement ceux qui dénoncent l’intolérance. Aux plus hauts niveaux de l’État, il faudrait soulever auprès de l’Arabie saoudite le problème de l’enseignement du fanatisme et de l’intolérance existant dans le matériel éducatif. Il devrait apporter son aide à ceux qui prennent la défense des minorités musulmanes non wahhabites et des non musulmans résidant dans le Royaume.

En tant que signataire de la Déclaration des Droits de l’Homme, et en tant qu’État membre des Nations Unies, l’Arabie saoudite se doit de défendre la tolérance, le respect du pluralisme et la liberté de religion. En tant qu’allié stratégique des États-Unis, elle devrait mettre immédiatement fin à la propagation de la haine et des prétextes religieux prônant l’hostilité et la violence dans ses programmes et manuels d’éducation.

APPENDICE A : EXTRAITS DETAILLES DES MANUELS

Dans le manuel du cours préparatoire sur le monothéisme et sa jurisprudence, on enseigne aux étudiants que les juifs, les chrétiens et autres non musulmans sont promis “au feu de l’enfer”. Alors que beaucoup de religions enseignent qu’elles sont l’unique et vraie foi, les affirmations saoudiennes sont d’une nature différente : elles sont parrainées par le gouvernement, elles contredisent l’Islam qui enseigne que le judaïsme et le christianisme sont “des religions divines”, et elles sont utilisées comme point de départ d’une argumentation qui finalement conduit les manuels de l’enseignement secondaire à présenter une justification de la violence religieuse.

“Toute religion autre que l’Islam est fausse.” (65)
“Remplir les blancs avec les mots appropriés (Islam, enfer) :
Toute religion autre que _____ est fausse. Quiconque meurt en dehors de l’islam va _____.” (66)

“Donnez des exemples de fausses religions, comme le judaïsme, le christianisme, le paganisme, etc.” (67)
“Expliquez que quand quelqu’un meurt en dehors de l’islam, l’enfer est son destin.” (68)
Un manuel de CM1 sur le monothéisme et sa jurisprudence apprend aux élèves que “haïr les polythéistes et les infidèles” est une exigence de la “vraie foi”. D’une façon incongrue, la même phrase leur apprend qu’ils ne doivent pas traiter les infidèles “avec injustice”, mais ne fournit aucun éclaircissement de ce que ceci peut signifier.

“Croire n’est pas seulement un mot qu’une personne prononce avec la langue. Croire se manifeste par un discours, une conviction et une action.” (69)
“La Vraie croyance signifie : … Que vous haïssez les polythéistes et les infidèles mais que vous ne les traitez pas injustement.” (70)
La question de la haine de l’infidèle est développée plus loin dans une discussion sur la loyauté et l’amitié dans le manuel du CM2 sur le monothéisme, les hadiths, la jurisprudence et la récitation coranique. On apprend aux élèves à être loyal et à ne se lier d’amitié qu’aux autres “croyants au monothéisme”. Il enseigne que :

“Il n’est pas permis d’être un ami loyal de ceux qui s’opposent à Dieu et à Son prophète.” (71)
“Celui qui obéit au prophète et accepte l’unicité de Dieu ne peut pas être loyal à ceux qui s’opposent à Dieu et Son Prophète, même s’ils sont ses plus proches parents.” (72)
“Il est interdit à un musulman d’être l’ami loyal de quelqu’un qui ne croit pas en Dieu et en son Prophète, ou de quelqu’un qui combat l’Islam.” (73)
“Un musulman, même s’il vit au loin, est votre frère en religion. Quelqu’un qui s’oppose à Dieu, même s’il est votre frère par les liens familiaux, est votre ennemi en religion.” (74)
Le manuel de sixième sur le monothéisme, les hadiths, la jurisprudence et la récitation coranique ordonne aux élèves de ne pas “pleurer” aux funérailles et de ne pas “prier” dans les cimetières ou dans les mosquées construites sur des tombes, et donc de bannir les traditions de deuil de nombreux chiites et autres musulmans :

Interdictions pour les obsèques :

Il est interdit d’être en colère pour la perte du défunt, de pleurer fort, de déchirer ses vêtements, ou de se frapper les joues ou autres parties du corps.
Il est interdit de s’asseoir et de marcher sur les tombes.
Il est interdit de prier sur les tombes, à l’exception de la prière funéraire.
Il n’est pas bon d’élever la voix au cours des funérailles, même pour mentionner le nom de Dieu ou faire la lecture du Coran.
Il est interdit de construire des mosquées sur les tombes. ” (75)
Le manuel de sixième sur l’Histoire de l’Arabie saoudite contient une leçon sur la Palestine, dans laquelle les élèves apprennent que si les musulmans s’unissent dans le “combat” contre les Juifs et leurs alliés américains et britanniques, ils seront victorieux, comme ils le furent naguère contre les croisés chrétiens. En reliant la question palestinienne avec les croisades, on pourrait facilement déduire du texte que ce “combat” pourrait ou devrait être militaire. Une carte de la région accompagne le texte, mais à la place d’Israël avec ses frontières d’avant 1948, la légende mentionne “Palestine occupée, 1948.”

“Tout comme les musulmans se couvrirent jadis de succès lorsqu’ils s’unirent pour entreprendre de vraiment chasser de Palestine les croisés chrétiens, les arabes et les musulmans sortiront victorieux — si Dieu le veut — des Juifs et de leurs alliés, s’ils s’unissent et combattent le vrai jihad de Dieu, car Dieu en a le pouvoir.”
“Quel est le chef musulman qui a défait les croisés et libéré Jérusalem ?”
“Quel est le nom de la bataille où il triompha ?”
“Citer un autre verset du Coran qui proclame que Dieu aide les croyants.”
“Citer le noble hadith qui explique les caractéristiques des juifs.”
En quatrième, le manuel sur le monothéisme met en garde contre l’imitation des incroyants, et apprend aux élèves à repérer les caractéristiques “condamnables” des juifs. On y apprend aussi que font partie des incroyants, les musulmans qui ne respectent pas la pratique wahhabite consistant à ne pas construire de mosquée sur des lieux de sépulture.

“L’élève remarque certaines caractéristiques condamnables des juifs.”
“L’élève est mis en garde contre l’imitation des juifs et des chrétiens, qui vénèrent excessivement les hommes de bien.”
“L’élève donne des exemples de polythéisme parmi les membres de cette nation (l’Arabie saoudite).”
“Ce sont les gens du Chabbat, dont Dieu transforma les jeunes en singes et les vieux en porcs, pour les punir.” “Comme on le trouve dans Ibn Abbas : les singes sont [les] juifs, les gardiens du Chabbat, tandis que les porcs sont les chrétiens infidèles qui communient en Jésus.”
“Dieu a dit à son prophète Mahomet, à propos des juifs qui apprirent du livre de Dieu (la Torah et les Évangiles) que Dieu seul est digne d’adoration. Malgré cela, ils épousent de fausses croyances d’idolâtrie, de divination et de sorcellerie. En faisant cela, ils obéissent au Malin. Ils préfèrent les gens de fausseté aux gens de vérité, par envie et inimitié. Ils s’attirent ainsi la condamnation, et c’est pour nous une mise en garde de ne pas faire comme ils firent.”
“Les juifs ont perdu leur religion et attaqué la religion de l’Islam, qui consiste à accepter l’unicité de Dieu et ne vénérer que lui seul.”
“Ce sont les juifs, qui sont maudits de Dieu et contre lesquels Sa colère est telle que jamais plus il ne sera satisfait [d'eux].”
“Des gens du peuple du Chabbat furent transformés en singes et en porcs pour punition. Certains d’entre eux adorèrent le Malin, et non pas Dieu, par la consécration, le sacrifice, la prière, l’appel à l’aide, et d’autre types d’adorations. Certains juifs vénèrent le Malin. Pareillement, certains membres de cette nation (l’Arabie saoudite) vénèrent le Malin, et non pas Dieu.”
“Construire des mosquées sur des tombes est une forme de polythéisme.”
“Certains pays musulmans ont vu des tombes d’hommes de bien vénérées par la construction de mosquées. Des tombes ont été adorées. Ainsi, les musulmans imitèrent les chrétiens.”
“Lister certaines caractéristiques condamnables des juifs d’après le verset.”
“Activité : l’élève rédige une composition sur les dangers de l’imitation des infidèles, donnant des exemples d’imitation parmi les élèves. Il en fait ensuite la lecture à ses camarades de classe.”
Un manuel saoudien de troisième sur les hadiths décrit en termes apocalyptiques la violence de la punition de Dieu contre les juifs, les chrétiens et les autres incroyants. Il cite de manière sélective un hadith incendiaire à propos de la violente sanction contre les juifs, et le rend applicable largement, sans le remettre dans le contexte historique, et en ignorant les hadiths respectueux envers les juifs. Cette leçon est ensuite directement reliée à la situation politique des Palestiniens.

“Les affrontements entre cette communauté musulmane (oumma) d’une part, et les juifs et les chrétiens d’autre part, durent depuis longtemps, et continueront selon la volonté de Dieu. Dans ce hadith, Mahomet nous donne une illustration de la bataille entre les musulmans et les juifs.”
“Rapporté par Abu Huraira : le prophète a dit que l’Heure (du Jugement) n’adviendrait pas avant que les musulmans n’aient combattu les juifs et ne les aient tués. [Elle ne viendra pas] tant que les juifs se cachent derrière des rochers et des arbres, tant que les rochers et les arbres ne disent : “O musulman ! O serviteur de Dieu ! Il y a un juif qui se cache derrière moi. Viens et tue-le.” À part le gharqad, qui est un arbre des juifs.”
“C’est la sagesse de Dieu que musulmans et juifs continuent à lutter jusqu’à l’Heure du Jugement.”
“Voici la bonne nouvelle pour les musulmans : à la fin, Dieu leur viendra en aide contre les juifs, et ce sera un des signes qu’il est l’Heure du Jugement.”
“Les musulmans vont triompher car ils sont droits. Celui qui est droit triomphe toujours, même lorsque la majorité est contre lui.”
“Dieu aidera les musulmans si leur intentions sont sincères, s’ils sont unis, s’ils adhèrent à la loi de leur Seigneur, s’ils obéissent à Ses jugements, et s’ils sont patients et endurants.”
“Les juifs et les chrétiens sont les ennemis des croyants, et ils ne peuvent reconnaître les musulmans.”
“Ce hadith a montré une des caractéristiques des juifs. C’est : [remplir les balncs].”
“Aider ses camarades de classe à trouver des exemples de la façon dont nos frères musulmans souffrent en Palestine, et à proposer des moyens de réduire ces souffrances.”
Un manuel de seconde sur le monothéisme contient un long exposé où sont accusées de “polythéisme” d’autres traditions musulmanes qui interprètent différemment le Coran, en faisant référence aux sunnites, chiites et soufis, qui ensemble composent la majorité des musulmans qui résident en Arabie saoudite, et dans le monde en général. Les disciples de la doctrine Ashrite (musulmans sunnites qu’on trouve partout dans le monde) et ceux de la doctrine Maturidi (musulmans sunnites installés principalement au Pakistan et en Inde), c’est-à-dire des millions de sunnites au travers du monde, sont décrits comme “polythéistes” ou idolâtres :

Il affirme que les fondateurs et les disciples de ces doctrines sunnites sont “de mauvais prédécesseurs à de mauvais successeurs.”
Ils y sont aussi condamnés soit parce qu’ils ne font pas une lecture littérale des textes concernant les noms et caractères de Dieu, “comme interpréter le visage [de Dieu] comme Son essence, et Sa main comme les bénédictions qu’Il dispense”, soit parce qu’ils sont accusés de “croire que [les écritures] ne veulent pas dire ce que leur sens littéral suggère.”
Un autre manuel scolaire de seconde, sur le Hadith et la culture islamique, contient une leçon sur le “mouvement sioniste”. C’est un mélange curieux de théories conspirationnistes échevelées autour des loges maçonniques, des Rotary ou Lions clubs, accompagné d’insultes antisémites. Il affirme que “Les Protocoles des Sages de Sion” est un document authentique et enseigne aux élèves qu’il révèle ce que les juifs croient vraiment. Il tient les juifs pour responsables de beaucoup de guerres et discordes dans le monde. Bien que facilement identifiables comme cinglées, ces théories conspirationnistes gagnent du terrain. Le Hamas a adopté dans sa charte des théories complotistes qui sont calquées presque point par point sur celles de ce manuel saoudien. Cette année, le Mémorial des États-Unis pour l’Holocauste a inauguré une exposition sur les Protocoles, l’identifiant comme “dangereux” et signalant qu’ “en dépit d’innombrables démonstrations que les Protocoles est un faux, le mythe de la conspiration juive mondiale a conservé une force incroyable pour les Nazis et d’autres qui cherchent à répandre la haine des juifs.” Ce manuel saoudien de seconde affirme :

“La Franc-maçonnerie est secrètement juive. Elle met en avant des slogans généraux et humanistes de sorte que des non-juifs puissent rallier sa cause. C’est un mouvement séculier, athée et secret qui sert indirectement les juifs. Elle est le pouvoir secret qui crée des circonstances et conditions favorables pour les juifs. En tant que tel, elle aide le Sionisme à atteindre ses objectifs.
“Buts du mouvement sioniste
Instiller un état d’esprit belliqueux parmi les juifs, ainsi qu’un fanatisme religieux et nationaliste pour défier les autres religions, nations et peuples.
Etablir un contrôle du monde par les juifs. Le point de départ pour arriver à cette fin est l’instauration de leur gouvernement dans la terre promise, qui s’étend du Nil à l’Euphrate.
Inciter à la rancœur et à la rivalité entre les grandes puissances afin qu’elles se combattent, et allumer le feu de la guerre entre les États, pour les affaiblir et favoriser leur propre avènement.
Les Protocoles des Sages de Sion “a été découvert au XIXe siècle. Les juifs ont tenté de le réfuter mais il y a de nombreuses preuves de leur véracité et de leur origine parmi les sages de Sion.”
“Le protocole est résumé par les points suivants :
Saper les fondations de la communauté internationale existante et ses systèmes pour permettre au sionisme de s’arroger le contrôle sur le monde.
Eliminer en particulier les nationalités, les religions et les nations chrétiennes.
Œuvrer à accroître la corruption des gouvernements existant en Europe. Le sionisme croit en la corruption et l’effondrement de ces gouvernements.
Prendre le contrôle de la presse et des moyens de publication et de propagande ; utiliser l’or pour attiser les troubles ; exploiter les désirs des peuples et propager la dépravation.”
“La preuve irréfutable de la véracité des Protocoles et des plans juifs infernaux qu’il contient est que les plans, complots et conspirations qu’il détaille ont été mis à exécution. Quiconque lit les Protocoles — et il est apparu au XIXe siècle — réalisera à quel point ce qu’il décrit a déjà été mis en pratique.”
“Exemples de moyens par lesquels les sionistes atteignent leurs objectifs :
La sédition, les ruses et la conspiration tout au long de l’histoire. Par exemple :
La Révolution française : les juifs ont exploité la Révolution française pour combattre les religions, détruire les valeurs et répandre des slogans insensés. Ils ont participé aux préparatifs de la Révolution et à l’établissement de ses codes moraux.
La Première Guerre mondiale : les juifs ont joué un rôle en la déclenchant.
La chute du califat ottoman islamique : le rôle des juifs Dönme dans sa chute n’est pas un secret.
La Révolution russe bolchévique contre le règne du Tsar. Il est connu que les racines de la pensée marxiste sont juives. Karl Marx était un juif d’Allemagne.
“On ne peut quasiment pas trouver d’exemple de sédition dans laquelle les juifs n’aient pas joué un rôle.”
“La tentative de submerger les peuples par le vice et la prostitution généralisée. Les juifs ont pris le contrôle de cette économie et essayent de la développer. Ils gèrent des bars en Europe et en Amérique, ainsi qu’en Israël.”
“La prise de contrôle de la littérature et des arts ; la diffusion de littérature dégénérée, pornographique ; et l’encouragement de tendances perverties dans la littérature et les arts.”

“La prise de contrôle de l’industrie du cinéma dans le monde occidental et ailleurs dans le monde.”

“Fraude, corruption, vol, et escroqueries.”

“Les mouvements visant la destruction que le sionisme a utilisés pour atteindre ses buts.
Franc-maçonnerie. Il s’agit d’une organisation secrète juive qui travaille sournoisement à l’avancement des intérêts juifs au sens large. La Maçonnerie est un mot trompeur qui oriente les auditeurs à penser qu’il s’agit d’une noble profession de foi, puisqu’elle signifie “libre construction” et que son slogan est “liberté, fraternité et égalité.”
B’nai Brith, ou fils de l’Alliance. Ce groupe a été créé en Amérique en 1834.
Lions Club International. “Lions” veut dire lions. Ce sont des clubs maçonniques basés en Amérique, et ils ont des agents secrets partout sur la planète.
Rotary Club. Il a été fondé à Chicago en 1905 et s’est depuis répandu partout dans le monde.”
Le texte de niveau seconde sur la jurisprudence enseigne que, selon la loi, la vie d’une personne non musulmane (ainsi que des femmes et, par implication, des esclaves) ne vaut qu’une fraction de celle d’un “male musulman libre”. (117) Le prix du sang (la diyya) est l’argent payé à la victime ou à ses héritiers en cas de meurtre ou de blessure.

“La diyya pour un infidèle libre. [Sa quantité] est la moitié de la diyya pour un musulman mâle, qu’il appartienne ou non aux “gens du livre” (comme les païens, zoroastriens etc.)” (118)
“La diyya pour une femme : la moitié de la diyya pour un homme, selon sa religion. La diyya pour une femme musulmane est la moitié de la diyya pour un musulman mâle et la diyya pour une femme des infidèles est la moitié de la diyya pour un infidèle mâle.” (119)
Le manuel de première sur les hadiths et la culture islamique pour les garçons des filières Gestion, Études sociales, Histoire naturelle et Études techniques enseigne aux musulmans de ne pas saluer les infidèles et de ne pas faire preuve de courtoisie envers eux.

“La salutation ‘Que la paix soit avec vous’ est réservée aux fidèles. Elle ne peut être adressée aux autres.” (120)
“Si on arrive dans un lieu où il y a à là fois des musulmans et des infidèles, on devrait employer une salutation destinée aux musulmans.” (121)
“Ne leur [les chrétiens et les juifs] cédez pas le passage dans une route étroite par honneur et par respect.” (122)
Le manuel de première pour garçons sur les Hadiths dans les filières de Gestion, Sociologie, Histoire Naturelle et Études Techniques comprend également une leçon d’histoire sélective sur “La menace du Croisé” qui est identifiée comme “l’origine du conflit entre musulmans et chrétiens.” Il n’y est fait mention ni de la conquête musulmane du Moyen-Orient ni des invasions de l’Europe par les musulmans avant les Croisades ni d’aucun exemple de cohabitation paisible entre les musulmans et l’Occident ni d’aucun exemple d’aide militaire et de coopération des États-Unis envers l’Arabie saoudite ou aucun autre pays musulman. Il y est enseigné que la menace du Croisé a commencé avec la première Croisade en 1095 et se poursuit dans l’ère moderne avec le prosélytisme chrétien, les études orientalistes et le colonialisme. Cet enseignement inclut “le débat sur la condition de la femme” dans la croisade moderne. Différentes missions médicales ainsi que des écoles, universités, programmes radio et services sociaux chrétiens à l’œuvre au Moyen-Orient sont cités comme faisant partie de la croisade moderne. Le plus alarmant est que cet enseignement maintient que les croisades n’ont pas pris fin. En ceci, il fait écho aux déclarations d’Oussama ben Laden qui avait désigné ses ennemis comme “Croisés-Sionistes”.

“La nouvelle approche des croisades a pris plusieurs formes, dont :
Prosélytisme (Évangélisation) : conduit par l’Église et soutenu par les gouvernements chrétiens.
L’Orientalisme : conduit par des érudits et des intellectuels au service de l’Église et des gouvernements chrétiens.
La colonisation militaire.” (123)
“Domaines d’activité missionnaire
Services de santé
L’activité consiste à établir des hôpitaux et des cliniques chrétiennes et d’y envoyer des médecins itinérants. Comme dit l’un des évangélistes, “là où il y a des gens, il y a de la douleur. Et là où il y a de la douleur, il y a besoin de médecins. Et partout où il y a besoin de médecins, il y a une opportunité d’activité missionnaire (évangélisation).”

L’un des premiers exemples fut la Mission Médicale Américaine de Sivas en Turquie en 1859.

Après 1875, des centres médicaux croisés furent établis à Gaza, Naplouse et d’autres villes de Syrie et de Palestine.

Fondation d’églises, monastères et couvents
Cela a eu lieu dans tous les pays musulmans où se trouvent des chrétiens, même si ces derniers se comptent sur les doigts de la main. Des églises ont même été fondées dans des pays dans lesquels il n’y a pas de chrétiens parmi la population.

Fondation d’écoles
Ils fondèrent plusieurs écoles dans le monde islamique avec différents niveaux d’instruction. Ceci inclut : l’Université Américaine de Beyrouth et du Caire, l’Université Jésuite, le Collège Robert à Istanbul, le Collège Gordon [Memorial] à Khartoum, et d’autres trop nombreux pour être mentionnés.

Services sociaux
Il y a des maisons d’accueil pour orphelins, pour les vieux, les veuves, les femmes divorcées, etc.

Création de stations de radio diffusant dans les pays musulmans, dans leur langue
La radio “La Voix du Pardon”, Radio Chypre à Nicosie, Radio Monte Carlo, la radio “La Voix des Bonnes Nouvelles” à Addis-Abeba, et Radio Vatican.

Presse écrite et livres appelant à la conversion au christianisme”
Un manuel de terminale sur le Hadith et la culture islamique, destiné à des garçons inscrits au cursus de Gestion, Études Sociales, Sciences Naturelle et Technique, contient un chapitre “le Jihad et le chemin de Dieu”. Celui-ci explique les diverses significations du Jihad et examine leur application. Bien que le texte explique que l’un des sens du Jihad se trouve dans l’auto-amélioration et le “combat spirituel”, il reconnaît également que le mot contient aussi un sens plus militant. Cette discussion ne mentionne pas l’interdiction de l’usage de la contrainte dans l’Islam, et ne clarifie pas le fait de savoir si les infidèles peuvent être militairement forcés à accepter “l’appel”. En fait, en plusieurs endroits, le texte justifie l’aspect militant en tant que vecteur de propagation de la foi. Le mot qital, traduit ici par “bataille”, est dérivé de qatala, “tuer” et n’est quasiment jamais utilisé métaphoriquement.

“Le Jihad est le chemin de Dieu — qui consiste à combattre les incroyants, l’injustice et ceux qui la perpètrent — c’est le summum de l’Islam. Cette religion s’est levée par le Jihad et grâce au Jihad son étendard a flotté haut. C’est l’un des actes les plus nobles, qui rapproche de Dieu, et d’une des preuves les plus magnifiques de l’obéissance à Dieu” (125)
“Les clercs musulmans reconnaissent que le Jihad, utilisé pour répandre la foi, est une obligation. Si un nombre suffisamment important de personnes s’y attèlent, ceux qui restent n’ont pas commis de péché” (126)
“Dieu a interdit aux musulmans de faire le Jihad en masse, et leur recommande de mobiliser un groupe dans chaque communauté pour se soumettre à l’obligation du Jihad, ce qui libère le reste du groupe [de cette obligation].” (127)
“Quand le Jihad de combat est-il le chemin de Dieu ? La bataille ne peut poursuivre que deux buts : obéir à un ordre de Dieu, se sacrifier sur Son chemin, répandre la foi du Dieu Unique, défendre le royaume de l’Islam et des musulmans, et élever le verbe de Dieu. Cela est le Jihad dans la voie de Dieu.” (128)
“Le Jihad se poursuit jusqu’au jour de la Résurrection.” (129)
“Dans sa sagesse, Dieu fait perdurer le combat entre la Vérité et le Mensonge jusqu’au jour de la Résurrection. Aussi longtemps que ce conflit continue, le Jihad continue.” (130)
ANNEXE B

L’ACADEMIE ISLAMIQUE SAOUDIENNE

L’Académie Islamique saoudienne est la branche américaine d’un réseau mondial de 20 écoles supervisées et financées par l’État saoudien. Le président du conseil d’administration de l’académie est l’ambassadeur saoudien à Washington, actuellement le prince Turki Al-Faisal. Les frais de scolarité sont payés par le gouvernement saoudien. (131) Les études islamiques y sont enseignées à partir des mêmes manuels wahhabites qui ont été analysés dans cette étude (certains de ces manuels référencés dans cette étude ont été fournis par des familles liées avec l’Académie).

Établie en 1984, son campus principal (Classe 2 – 12) est situé à Alexandrie, Virginie, dans la périphérie de Washington, D.C. (132) Sa mission consiste à “être l’établissement d’enseignement de premier plan” pour la communauté musulmane. (133) L’école comprend plus d’un millier d’étudiants chaque année. Comme d’autres académies saoudiennes à l’étranger, l’inscription est ouverte aux enfants de diplomates saoudiens et à d’autres étudiants qui n’ont pas de lien avec le royaume.

Toutes les académies saoudiennes à l’étranger, avec l’exception de celles basées aux États-Unis et en Grande-Bretagne, utilisent le même programme fixé par le ministère saoudien de l’Éducation qui est également utilisé par les écoles publiques en Arabie saoudite même. Aux États-Unis, l’Académie saoudienne a un programme d’enseignement double, rassemblant le programme du ministère saoudien de l’Éducation pour les études islamiques et l’arabe avec le programme d’enseignement du district local pour les mathématiques, l’informatique, les sciences et l’anglais. (134)

En 2002, le Washington Post fournît un rare aperçu de ce qui est enseigné à l’Académie : “Alors [les étudiants] remplissent les classes du cours d’études islamiques, où les manuels leur disent que le Jour du Jugement ne peut pas venir avant que Jésus Christ ne revienne sur Terre, casse la croix et convertisse chacun à l’Islam, et avant que les musulmans ne commencent à attaquer les juifs.” (135) Un citoyen américain qui y était major de sa promotion fut reconnu coupable le 29 mars 2006 pour avoir comploté l’assassinat du Président George W. Bush et être un membre d’Al-Qaïda, et fut condamné à 30 années d’emprisonnement. (136)

L’Académie est accréditée par l’Association Méridionale des Collèges et Écoles et la Commission pour l’Accréditation Internationale et Trans-Régionale.

Dix-neuf autres écoles saoudiennes, chacune présidée par l’ambassadeur local d’Arabie saoudite, sont installées de par le monde, à Alger, Ankara, Beijing, Berlin, Bonn, Djibouti, Islamabad, Istanbul, Jakarta, Karachi, Kuala Lumpur, Londres, Madrid, Moscou, Paris, Rabat, Rome, Tunis et Vienne. (137)

Source : Freedom House, 2006

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