dimanche 10 janvier 2016

L'écopsychologie



Les Racines du ciel par Leili Anvar
L'écopsychologie 10.01.2016
Avec Michel Maxime Egger, sociologue
Site officiel : Trilogie
Biographie et bibliographie : Trilogie
Pour son dernier livre : Soigner l'esprit, guérir la terre, Introduction à l'écopsychologie, Ed. Labor et Fides, 2015
Commande sur Amazon : Soigner l'esprit, guérir la terre

Sociologue et journaliste de formation, Michel Maxime Egger travaille comme responsable d'ONG pour le développement durable et des relations Nord-Sud plus équitables. Il a fondé le réseau « Trilogies » qui met en dialogue traditions spirituelles et grandes problématiques de notre temps.
Source (et suite) du texte : FC

Bibliographie :
- Soigner l'esprit, guérir la Terre. Introduction à l'écopsychologie, Ed. Labor et Fides, 2015
- La Terre comme soi-même. Repères pour une écospiritualité, Ed. Labor et Fides, 2012
- Prier 15 jours avec Silouane, Éd. Nouvelle Cité, 2002
Ouvrages collectifs :
- Une vision spirituelle de la crise économique, Ed. Yves Michel, 2012
- Crise écologique, crise des valeurs. Défis pour l'anthropologie et la spiritualité, sous la direction de Dominique Bourg et Philippe Roch, Ed. Labor et Fides, 2010.
- S'ouvrir à la compassion, sous la direction de Lytta Basset, Ed. Albin Michel, 2009
- Nous réconcilier avec la Terre. Rencontre avec des veilleurs, Ed. Flammarion, 2009
- Ecologie, spiritualité : la rencontre. Des sages visionnaires au chevet de la planète, Ed. Yves Michel, 2007




Michel Maxime Egger : la place de l'homme dans la nature vers une écospiritualité (Centre Sainte Croix, juillet 2014)
Autres vidéos : La Vision d’Unité (Terre du Ciel) / Soif de vie (Terre du Ciel, novembre 2013)


Traverser les matrices 
Propos de Michel Maxime Egger, recueillis par Nathalie Calmé, 2009 - Sources 

Extraits d'un entretien avec Michel Maxime Egger qui y évoque le sens des grandes étapes de son parcours de vie et d’Esprit, de son éducation dans une famille catholique à sa rencontre avec la tradition orthodoxe, en passant par l'empreinte spirituelle de son grand-père, l'Inde et le zen.

« Le salut est porteur d’une vision mystique et thérapeutique. La notion de péché en découle, elle doit être comprise à partir de sa racine grecque hamartía, qui signifie littéralement « manquer la cible ». Quelle est la cible ? C’est la dynamique de l’homme créé à l’image et fait à la ressemblance de Dieu. De l’image à la ressemblance, il y a un potentiel à réaliser, un parcours à accomplir qui est, justement, ce chemin de déification. La ressemblance est l’état de l’être déifié, un être qui est devenu pleinement humain en accomplissant son union à Dieu, qui s’est rendu transparent aux énergies divines. »

« Sur ce chemin, j’ai découvert que l’existence humaine est non duelle. Le mal ne s’oppose pas au bien, le vrai au faux, l’obscurité à la lumière. La lumière réside au cœur de l’obscurité. La lumière est prisonnière de nos ombres. Le travail consiste à visiter ces obscurités, à « ouvrir notre cœur profond » pour libérer la lumière. »

« J’aime beaucoup la théologie, au sens propre du mot : la théologie n’est pas un « discours sur » mais une « connaissance de ». La véritable théologie naît à la lumière de l’expérience. Autrement dit, il n’y a pas de vraie théologie sans connaissance du mystère de Dieu. En même temps, le mystère est insaisissable. Il nous échappe toujours. C’est la dimension apophatique. Tout ce que l’on peut dire de Dieu ne sont que des approximations. Ultimement, le Divin est un mystère. Or, un mystère ne se décrypte pas, ne s’analyse pas. Un mystère se vit ! »

« Je me sens enraciné dans l’orthodoxie. Je suis nourri par la tradition orthodoxe, par sa prière et sa théologie. Mais, aujourd’hui, je vis ma relation à cette tradition de manière plus ouverte et libre qu’auparavant. J’aime beaucoup cette image du père Bede Griffiths (1906-1993) […]. Il ouvrait sa main et montrait ses doigts, les uns après les autres : « Ce doigt, c’est l’hindouisme, celui-ci le bouddhisme, cet autre le christianisme, celui-là le judaïsme et, le dernier, l’islam… ». Chacune de ces traditions suit un chemin spécifique qui la conduit au centre de la paume de la main. Là, est Dieu, la Réalité ultime, peu importe le nom qu’on lui donne… Là, se trouve une seule et même Source. Il précisait que les cinq traditions puisent leur dimension transcendante et immanente à la même Source, mais que, comme les cinq doigts, elles sont différentes et ne doivent pas être confondues. J’ai commencé à cheminer vers la paume de la main, vers cette Source. Je vois l’importance et la beauté de toutes les expressions théologiques, dogmatiques, liturgiques, et j’évite d’en absolutiser une en particulier. »

« Je ne cesse de méditer cette parole du Christ dans l’Evangile selon saint Jean : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6). En quoi le Christ est-il le Chemin, la Vérité et la Vie ? Le Christ est né dans la « matrice » du judaïsme. La matrice est le lieu dans lequel on grandit, se forme et se nourrit. Le Christ a grandi dans le judaïsme et suivi ses rites. Puis, il est sorti de la « matrice ». L’orthodoxie a été, pour moi, une matrice formidable, très enveloppante, parfaitement cohérente. Je crois que lorsque le Christ nous dit, à nous chrétiens, « Je suis la Voie », il affirme son universalité. Il s’adresse aussi aux bouddhistes, aux musulmans, aux hindous… Par cette parole, Il dit à chacun, en quelque sorte : « Sortez de la matrice pour devenir vous-même ». Ce que Dieu avait déjà dit à Abraham en désignant la terre promise intérieure : « Va vers toi ! »

« C’est un chemin de liberté extraordinaire ! Le problème, c’est que l’Eglise, comme toute institution religieuse, recrée une « matrice » autour de ses fidèles. On peut vivre l’orthodoxie, le catholicisme ou le bouddhisme, comme des poissons enfermés dans un aquarium… On se sent bien dans un aquarium, on est en sécurité, on voit le monde à travers le filtre coloré et déformant du verre, on baigne dans une eau oxygénée, on est nourri par le haut, on vit avec des poissons qui nous ressemblent ! Mais, dès lors que l’on prend le risque de sortir de l’aquarium, on commence à voir, de l’extérieur et autrement, l’eau et ceux qui sont dedans. On relativise ce qui doit l’être. On prend soi-même une autre couleur, et ceux qui sont dedans vous regardent comme « différent ». On a fait ainsi un pas irréversible. Je crois que c’est à cette liberté et à cette audace-là que le Christ nous invite : à suivre le chemin qu’Il a accompli, le chemin de la ressemblance divine, unique pour chacun. Le Christ a, dans sa chair, manifesté une union totale entre l’humain, le cosmique et le Divin. »

Source du texte : Trilogie
Autres textes : Mon chemin vers l'orthodoxie (1893-1990) / Pèlerinage au mont Athos (1990)



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