lundi 18 janvier 2016

Une économie au service des 1%

Une économie au service des 1 % 
le 18 janvier 2015 - Oxfam

Ou comment le pouvoir et les privilèges dans l'économie exacerbent les inégalités extrêmes et comment y mettre un terme.

La crise mondiale des inégalités atteint de nouveaux sommets. Les 1 % les plus riches possèdent désormais davantage que les 99 % restants. Ils font usage de leur pouvoir et de leurs privilèges pour biaiser le modèle économique et creuser le fossé qui existe entre eux et le reste de la population. Un réseau mondial de paradis fiscaux a permis aux plus riches de cacher quelque 7 600 milliards de dollars. La lutte contre la pauvreté est vaine si la crise des inégalités n'est pas résolue.

Le fossé entre les riches et les pauvres est plus abyssal que jamais. Le Crédit Suisse a récemment révélé que les 1 % les plus riches avaient désormais accumulé plus de richesses que le reste de la population mondiale, soit une année plus tôt que ce qu'avait prédit Oxfam dans une communication largement diffusée en amont du Forum économique mondial de 2015. Parallèlement, les richesses
détenues par la moitié la plus pauvre de l'humanité ont chuté de mille milliards de dollars au cours des cinq dernières années. Il s’agit de l’ultime démonstration que nous vivons dans un monde où les inégalités ont atteint un niveau sans précédent depuis plus d'un siècle.

Le document « Une économie au service des 1 % » explore le comment et le pourquoi d'une telle situation et expose de nouveaux éléments troublants sur une crise des inégalités qui échappe à tout contrôle.
(suite du texte dans l'encart ci-dessous)




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Sur les docks par Irène Omélianenko
Un monde en crise (1/4) : "Occupy Wall Street"
Un documentaire d'Alexandre Plank et Lionel Quantin

De la matinée du 17 septembre à la nuit du 15 novembre 2011, le Zuccotti Park, une place arborée de trois kilomètres carrés située au cœur de Wall Street, est occupé. Quelques centaines de personnes le premier jour, rassemblées à l'appel du magazine alternatif canadien Adbusters, sont venues dénoncer les outrances et les dérives du capitalisme ultralibéral dans ce lieu chargé de symboles. Rapidement, comme espéré depuis si longtemps, le mouvement prend de l'ampleur. Des quatre coins de New York, puis de tout le pays, des gens affluent. We are the 99% !, scande-t-on en chœur. « Nous sommes les 99% » : les oubliés des dividendes, les chômeurs sans chômage, les travailleurs sous-payés, les étudiants sans logement, les retraités sans retraite, les illégaux dont le système profite chaque jour, les fonctionnaires dont les conditions de travail se détériorent, les médecins dont les hôpitaux sont insalubres, les professeurs dont les universités ne sont accessibles qu'aux tranches les plus aisées de la population. Une majorité qui chaque jour paye le prix des erreurs et de la cupidité des 1% restant : celles d'une richissime minorité au pouvoir.

Des religieux et des artistes de tous bords, des politiciens et des sans-domiciles fixes, des mères au foyer et leurs enfants viendront à leur tour grossir les rangs de la contestation. En quelques jours, plusieurs centaines d'individus s'approprieront, sans heurt ni violence, les quelques km2 de la place et y dresseront un campement qui deviendra au fil des semaines une véritable ville. Une ville autonome, autogérée, chaleureuse et utopique. Une ville qui accueille et informe les touristes sur sa démarche, une ville qui héberge et nourrit chaque personne participant au mouvement. Une ville au milieu de la ville : une espace affranchi qui apprendra de lui-même, au fur et à mesure de son extension, à s'organiser, à se ravitailler et à se protéger.

Au milieu des revendications et des slogans, au milieu de la détresse des uns et de l'espoir des autres, en même temps qu'un désir flou et urgent de changement prend son envol dans le monde, c'est une forme réinventée de démocratie qui se met alors en place au cœur Wall Street. Une démocratie joyeusement collective et participative, jamais pyramidale, jamais hiérarchique, mais qui, parce que la nécessité de réinventer un monde est devenue trop forte, existera, deux mois durant, dans la paix, le respect et la générosité.

Imaginant au jour le jour des solutions pour parer aux problèmes de gestion, de maintenance, de sécurité, de salubrité et d'intendance, les occupants, passée l'euphorie des premières heures, ont appris à travailler ensemble pour faire face, avec le peu de ressources dont ils disposaient, aux problèmes matériels et logistiques qui rapidement auraient entravé l'essor et la détermination du mouvement. Comment parler à une foule tous les jours plus nombreuse alors que l'utilisation de mégaphones est interdite dans les rues de New York ? Comment nourrir chaque jour tant de bouches sans cuisine ni eau courante ? Comment assurer la sécurité à l'intérieur du camp alors que des centaines d'occupants y dorment ? Comment se protéger de l'hiver qui approche ? Comment s'assurer d'une couverture médiatique et se faire entendre du gouvernement ? Comment éviter d'être envahi par les rats, si nombreux à Manhattan ? Comment gérer les dons de nourriture, de vêtements et d'argent venus des quatre coins du monde ? Comment faire pour que chacun trouve une place dans le mouvement, une occupation dans l'occupation, un moyen d'être utile à une cause que certains disent décousue, mais dont les buts à Wall Street me parurent pourtant si clairs : réapprendre, au-delà de la finance, de l'argent, des emprunts, des subprimes, de la corruption et de la crise, à parler et vivre ensemble malgré nos différences et la différence de nos opinions.

Ce documentaire est une traversée : je voulais donner à entendre ces voix qui occupèrent Wall Street et se battirent pour inventer, empiriquement, une autre façon d'être ensemble. Donner à entendre cet espoir que le maire de New York et quelques centaines de policiers passèrent à tabac et démantelèrent en deux heures la nuit du 15 novembre 2011. Ces voix : l'audace de leur démarche et la portée de leurs propos. La naïveté de leur tentative et la clameur de sa nécessité. L'éclat de leur colère et le murmure de leur dénuement.
Alexandre Plank

Source : France culture

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