mercredi 6 avril 2016

Panama Papers



Cash investigation : Paradis fiscaux : le casse du siècle - Affaire "Panama Papers" (France 2, 5 avril 2016)

Les équipes de «Cash investigation» se sont lancées dans une enquête de grande ampleur sur les paradis fiscaux. Benoît Bringer et Edouard Perrin ont enquêté avec plus de 380 journalistes du monde entier, dans la plus grande discrétion. Le Consortium International des journalistes d'Investigation (ICIJ) a, en effet, mis en place un dispositif inédit pour révéler, en même temps, dans plus de cent médias, les informations confidentielles de ces investigations mondiales. Le résultat tombe : des personnalités ont créé ou utilisé des sociétés-écrans basées dans les paradis fiscaux. Après la diffusion de cette enquête, Elise Lucet reçoit des experts et des responsables politiques pour commenter et analyser ce phénomène.
Source : F2


* * *

Les Panama Papers sont un moyen de chantage idéal
Par Moon of Alabama, le 04 avril 2016 - Moon of Alabama / Arrêt sur info (trad.)

Une vraie fuite de données d’un cabinet d’avocats au Panama serait très intéressante. Beaucoup de gens riches et/ou des politiciens cachent de l’argent dans les sociétés fictives que ces firmes panaméennes fournissent. Mais les «fuites» actuelles de données, diffusées à grand renfort de publicité par plusieurs empires de presse qui soutiennent l’OTAN et par une «Organisation non gouvernementale» financée par le gouvernement américain, ont simplement pour but inavouable de salir des personnalités que l’empire américain n’aime pas. Elles offrent aussi une belle opportunité d’en faire chanter d’autres en promettant de ne pas publier des informations en échange d’une faveur pu d’une autre.

Il y a déjà 16 mois, Ken Silverstein a publié un reportage sur Vice à propos de Mossak Fonseca, un gros fournisseur véreux de sociétés fictives du Panama. (L’Intercept de Pierre Omidyar, pour lequel Silverstein travaillait alors, avait refusé de publier le reportage.) Yves Smith a publié plusieurs longs articles sur le business du blanchiment d’argent de Mossak Fonseca. Silverstein a également redit une chose bien connue, à savoir que Rami Makhlouf, un riche cousin du président syrien Assad, avait de l’argent caché dans des sociétés fictives de Mossak Fonseca. Il a écrit:

Pour pouvoir fonctionner, les sociétés fictives comme Drex ont besoin d’un agent agréé, parfois un homme de loi, qui dépose les documents d’enregistrement nécessaires et dont le bureau sert habituellement d’adresse à la société fictive. Cela crée un intermédiaire entre la société fictive et son propriétaire, surtout si l’entreprise fictive est enregistrée dans un paradis fiscal où l’information sur la propriété est protégée par un mur impénétrable de lois et de règlements. Dans le cas de Makhlouf – et, comme je l’ai découvert, dans le cas aussi d’hommes d’affaires véreux et de gangsters du monde entier – l’organisation internationale qui a permis d’enregistrer sa compagnie fictive et de la protéger contre la surveillance internationale était un cabinet d’avocats appelé Mossack Fonseca, qui a fait office d’agent agréé de Drex du 4 juillet 2000 à la fin de 2011.

L’année dernière, quelqu’un a fourni des tonnes de données de Mossak Fonseca à un journal allemand, le Süddeutsche Zeitung. Le quotidien munichois est politiquement au centre droit et résolument pro-OTAN. Il coopère avec le Guardian, la BBC, Le Monde, le Consortium international des journalistes d’investigation et d’autres organes de presse qui sont tous des partisans avérés de l’Establishment.

Le Süddeutsche affirme que les données «fuitées» concernent quelques 214 000 sociétés fictives et 14 000 clients de Mossak Fonseca. Il y a sûrement beaucoup de boue cachée là-dedans. Combien de sénateurs des États-Unis sont-ils impliqués dans ces sociétés? Quels politiciens de l’Union européenne? Quelles sont les grandes banques de Wall Street et les fonds spéculatifs qui se cachent au Panama? Oh pardon. Le Süddeutsche et ses partenaires ne répondront pas à ces questions. Voici comment ils «analysent» les données:

Les journalistes ont réuni des listes de politiciens importants, de criminels internationaux, d’athlètes professionnels bien connus, etc. Le traitement numérique a permis de rechercher ensuite si des noms de ces listes figuraient dans les fuites. La liste «scandale des dons au parti» contenait 130 noms, et la liste des sanctions de l’ONU plus de 600. En quelques minutes, le puissant algorithme de recherche a comparé les listes avec les 11,5 millions de documents.
Pour chaque nom trouvé, un processus de recherche détaillé a été lancé au moyen des questions suivantes: quel est le rôle de cette personne dans le réseau des entreprises ? D’où vient l’argent ? Où va-t-il ? La structure est-elle légale ?

En d’autres termes, le Süddeutsche a pris des listes de criminels célèbres, de personnalités et d’organisations connues que les Étasuniens n’aiment pas et a vérifié s’ils étaient dans les données «fuitées». Les résultats obtenus ont ensuite été évalués. Comme résultat, il y a l’éternel retour annuel de la compagne de diffamation contre le président russe Vladimir Poutine, qui n’est pas même mentionné dans les données de Mossak Fonseca, des accusations contre diverses personnes de la fédération de football de la FIFA, fort détestée des États-Unis, et la mention de quelques autres mécréants de moindre importance.

Il n’y a rien sur aucun Étasunien, rien du tout, ni sur aucun politicien important de l’OTAN. La «victime» le plus politique est bizarrement, à ce jour, le Premier ministre de l’Islande, Sigmundur David Gunnlaugsson, qui possédait avec sa femme, une des sociétés fictives. Il n’y a aucune preuve que la propriété ou que l’argent détenu par cette société soient illégaux.

Alors, que faut-il déduire de tout ceci ?

Comme l’écrit l’ancien ambassadeur britannique, Craig Murray, pour comprendre le sens (s’il y en a un) de tout ça, il faut se pencher sur ce qui est caché par les organisations qui gèrent la «fuite»:

Le filtrage des informations de Mossack Fonseca par les médias est le reflet direct de l’agenda gouvernemental occidental. Bien qu’ils soient leurs principaux clients. aucune grande société occidentale, aucun milliardaire occidental n’est mentionné parmi ceux qui ont utilisé les services de Mossack Fonseca, Et le Guardian se dépêche de les rassurer en disant que «la plus grande partie des informations fuitées ne sera pas divulguée».

À quoi vous attendiez-vous ? La fuite est gérée par un organisme qui porte le nom grandiose, mais qui prête à rire quand on connait l’oiseau, de «Consortium international des journalistes d’investigation». Il est entièrement financé et géré par le Centre des États-Unis pour l’intégrité publique. Leurs bailleurs de fonds comprennent :

La fondation Ford
La fondation Carnegie
La fondation de la famille Rockefeller
La Fondation W K Kellogg
La Fondation pour une société ouverte (Soros)
Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) fait partie du Projet de rapport sur le crime organisé et la corruption (OCCRP) qui est financé par le gouvernement américain à travers l’USAID.

La «fuite» consiste en un ensemble de données sélectionnées par des organisations amies des États-Unis à partir d’une base de données, probablement obtenue par les services secrets américains, qui contient sans aucun doute beaucoup d’informations fort compromettantes sur des personnes et des organisations «occidentales».

La publication d’informations triées sur le volet à partir des données «fuitées» a deux objectifs:
Elle salit divers «ennemis de l’empire», même si c’est seulement par personne interposée, comme les présidents Poutine et Assad.

Elle prévient d’autres personnalités, celles qui figurent dans la base de données, mais dont les noms n’ont pas encore été révélés, que les États-Unis ou leurs «partenaires médiatiques» peuvent, à tout moment, exposer leur linge sale en public. C’est donc un moyen de chantage idéal.

La «fuite» des «Panama Papers» a été orchestrée par une petite coterie pour incriminer quelques personnes et quelques organisations qui ne plaisent pas aux États-Unis. Cela permet aussi de montrer les «instruments de torture» dont ils disposent aux personnes qui ont fait affaire avec Mossak Fonseca, mais dont les noms n’ont pas (encore) été publiés. Ces personnalités sont maintenant entre les mains de ceux qui contrôlent la base de données. Elles devront faire ce qu’on leur dit, sinon…

* * *

Pour WikiLeaks, les «Panama Papers» ont été financés par les Etats-Unis pour attaquer Poutine
Le 6 avr. 2016 - RTFrance

L'organisation fondée par Julian Assange a remis en question sur Twitter l'intégrité de la fuite des «Panama Papers», estimant que celle-ci était utilisée pour attaquer la Russie et son président, avec des fonds – publics et privés – américains.

Pour l'organisation à l'origine de la plus grande diffusion de documents classifiés de l'histoire, le fait que le gouvernement américain ait «directement financé les Panama Papers pour attaquer Poutine sape gravement l'intégrité de l'OCCRP [Projet de Dénonciation du Crime Organisé et de la Corruption]». En effet, une simple visite sur le site de l'organisation permet de constater que ces deux organisations sont ses sources de financement.

Ces attaques se sont notamment traduites par des Unes de journaux mettant directement en avant le président russe Vladimir Poutine, à l'instar de celle du Guardian, sans que son nom ne soit pourtant directement cité. De plus, le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, a confié à France Inter que la méthode de travail de ses équipes consistait à «chercher les noms qui pouvaient correspondre à des milieux où l'on sait qu'il existe de la corruption». Un journalisme du «ctrl+f» qui a permis de retrouver des proches de Vladimir Poutine, liés «d’une manière ou d’une autre» à cette affaire, pour son implication supposée dans la vente de biens d'Etat qui aurait conduit à l'enrichissement de ses amis.

L’USAID est une agence gouvernementale américaine dépendant du département d’Etat. Ses objectifs visent notamment à promouvoir «la politique étrangère états-unienne en soutenant […] la démocratie». WikiLeaks avait déjà révélé que cette organisation avait joué un rôle proéminent, en 2002, dans la tentative de coup d’Etat contre le leader vénézuélien Hugo Chavez, connu pour son opposition à l’hégémonie américaine. Consciente des activités de cette organisation, Moscou avait décidé de faire fermer ses représentations en Russie dès 2012.

Mais le pays a décidé d'aller plus loin l'année dernière, et a provoqué un tollé international en décidant d’expulser certaines ONG «jugées menaçantes pour l’ordre constitutionnel, la défense ou la sécurité de la Russie». La fondation Prometheus avait alors consacré une étude aux soutiens financiers de ces organisations, constatant notamment qu'Open Society et USAID se trouvaient derrière certaines d’entre elles.

Les ONG expulsées de Russie

Les ONG expulsées de Russie

Open Society s’est notamment récemment illustrée en Ukraine lors de la «Révolution de Maïdan». Son fondateur George Soros, avait notamment reconnu dans une interview donnée à CNN, que sa «fondation en Ukraine a joué un rôle important dans ces évènements». Le pays est aujourd'hui toujours en proie à une guerre civile entre russophones rebelles des républiques du Donbass et le régime de Kiev soutenu par les occidentaux.

Le journal Le Monde, mis en cause pour appartenir au consortium de «journalistes d’investigation» ayant diffusé ces «Panama Papers», a qualifié «d’intox» tout rôle joué par USAID ou George Soros dans cette enquête. En effet, pour le quotidien du soir, George Soros «n’est qu’un des nombreux donateurs» de l’ICIJ ; occultant par-là le partenariat avec l’OCCRP, dont les deux seules sources de financement sont le millionnaire et le département d’Etat américain.

Lire aussi sur le site de RT : «Panama Papers» - cherchez les absents ! / «Panama Papers» : Washington admet avoir financé les journalistes menant l’enquête
Sur le site de Jean-Pierre Chevènement : "Panama papers": pour Chevènement, documents collectés par "des services spécialisés"
Dossier LHK : Panama papers: Manquent le goudron les plumes.
Dossier Le Temps : Le scandale des «Panama Papers», secousse planétaire



* * *

Snowden trolle la duplicité de François Hollande
Le 5 avril 2016 - Sputniknews

Le président français, trop content des nouvelles liées aux "Panama Papers", s’est précipité de promettre de "protéger les lanceurs d’alerte". Edward Snowden a rappelé à M. Hollande que lors de la dernière fuite d’informations, il avait agi de manière contraire.

À la suite de l’annonce faite sur l’enquête journalistique d’évasion fiscale, baptisée Panama Papers, le président français François Hollande est intervenu dans une usine à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, lundi 4 avril.

Son avoir vu son nom parmi les "coupables", le chef de l’Etat n’a pas caché sa satisfaction et s’est réjoui des "rentrées fiscales supplémentaires" que le pays pourrait opérer grâce à ces révélations financières. Mais c’est une autre citation qui a provoqué une réaction parmi les twitternautes.

.@fhollande sur les #PanamaPapers > "Il faut proteger les lanceurs d’alerte, ils font un travail utile et prennent des risques"

Cette phrase n’est pas passée inaperçue aux yeux du lanceur d’alerte le plus célèbre, Edward Snowden. Son commentaire ne comprend qu’un mot en français: "Vraiment?". De façon subtile, avec une question simple, mais importante, M. Snowden a montré à l’exécutif français toute sa contradiction: si M. Hollande soutient vraiment les lanceurs d’alerte, pourquoi il n’a pas levé le petit doigt pour venir en aide à Edward Snowden lorsqu’il fuyait les États-Unis.

Vraiment? https://t.co/HjtaLOOa8s
— Edward Snowden (@Snowden) April 4, 2016

Le Lab d’Europe 1 rappelle qu’après la révélation de secrets de l'Agence nationale de la sécurité des Etats-Unis (NSA) en 2013, détaillant la surveillance massive orchestrée par Washington, le lanceur d’alerte américain a été bloqué dans la zone de transit d’un aéroport de Moscou.

A cet égard trois partis politiques français — EELV, le Front national et le Front de gauche — avaient appelé la France à accorder l’asile politique à celui qui porte la vérité. En outre, le parti au pouvoir, le Parti socialiste, avait refusé cette demande. C’est notamment Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du parti, qui n’y était pas favorable. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur à l’époque, avait apparemment eu peur des conséquences et avait déclaré que c’était un "dossier extrêmement compliqué".

En ce qui concerne François Hollande, il avait dit non à la demande d’asile du fondateur de Wikileaks, Julian Assange, un autre célèbre lanceur d’alerte. Voilà ce que l'Élysée avait répondu à la demande de M. Assange:

"La France a bien reçu la lettre de M. Assange. Un examen approfondi fait apparaître que compte-tenu des éléments juridiques et de la situation matérielle de M. Assange, la France ne peut pas donner suite à sa demande".

Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) a publié dimanche sur Internet des révélations sur les avoirs cachés dans des paradis fiscaux par des milliers de personnes ou organisations, parmi lesquelles figurent des dirigeants politiques en exercice, des personnalités du sport et des organisations criminelles.

Lire aussi sur Numerama : Quand Snowden se moque de François Hollande et son double discours

* * *

Le prince saoudien décoré par Hollande épinglé par les "Panama Papers" 
Par Nicolas Rinaldi, le 4 avril 2016 - Marianne

Des nouvelles du prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Nayef ? L'homme décoré de la légion d'honneur par la France il y a un mois est également impliqué dans le scandale financier des "Panama Papers".


François Hollande a reçu le prince héritier d'Arabie saoudite le 7 mars et l'a décoré de la Légion d'honneur.

Un "ami" décidément très fréquentable… Les premières révélations des "Panama Papers" ce dimanche 3 avril ont mis en lumière la fraude fiscale à laquelle auraient recours de nombreuses personnalités, notamment politiques. Parmi elles, Mohammed ben Nayef, le ministre de l'Intérieur et prince héritier d'Arabie saoudite décoré début mars par François Hollande.

Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), qui regroupe les 109 médias – dont le journal Le Monde – ayant eu accès aux données sur le monde opaque de la finance offshore, explique que le prince héritier saoudien a été désigné en octobre 2007 "mandataire de deux sociétés (panaméennes) et de leurs comptes bancaires chez UBS". L'infographie ci-dessous, fournie par l'ICIJ, détaille les renseignements qui visent Mohammed ben Nayef :

Un sacré pedigree

L'implication de l'héritier de la couronne saoudienne dans ce scandale financier vient ternir un peu plus un "pedigree" déjà bien entaché par son action dans le domaine des droits de l'Homme. L'Arabie saoudite pratique en effet la charia, l'application la plus stricte de la loi islamique : peine capitale, amputation, lapidation… Le régime a ainsi exécuté 153 personnes en 2015 et plus de 70 depuis le début de l'année. Le lourd passif de Mohammed ben Nayef n'avait pourtant pas empêché François Hollande de le décorer de la Légion d'honneur le 7 mars, après avoir été reçu en douce par cinq ministres.

Mohammed ben Nayef est toutefois loin, très loin d'être la seule personnalité dont le nom apparaît dans les "Panama Papers". Outre des milliers d'anonymes, des milliardaires ou des célébrités, de nombreux chefs d'Etat ont eu recours à des montages offshore pour dissimuler leurs actifs, à commencer par le roi d'Arabie saoudite lui-même, Salman Al-Saoud. Le clan Poutine, le premier ministre de l'Islande, le président de l'Ukraine ou encore le président argentin sont aussi dans la liste.

* * *

La véritable histoire de la Légion d'honneur du prince héritier saoudien
Par Grégory Lassus, le 10 mars 2016 - Causette

Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour faire plaisir à un futur roi saoudien ? Contrairement à la version officielle, l’attribution de la Légion d’honneur au prince saoudien Mohammed ben Nayef s’est faite « à sa demande », soucieux qu’il est – en tant que futur roi d’Arabie saoudite – de « renforcer sa stature internationale ». Cela a donc été traité de manière « très très urgente (TTU) » par l’Élysée et le ministère des Affaires étrangères. Un échange de mails diplomatiques (intégralement reproduits ci-dessous, fautes d’orthographe comprises) est tombé dans le sac à main de Causette. Et il est scandaleux.

Le mercredi 2 mars, à 7 h 04, l’ambassadeur de France en Arabie saoudite depuis 2007, Bertrand Besancenot, écrit au conseiller pour le Moyen-Orient de François Hollande, David Cvach. Dans cet échange, les arguments pour faire passer la pilule ne manquent pas de sel et sont savamment saupoudrés d’un cynisme de haut vol. Serions-nous très sérieusement pris pour des quiches ? Extraits :

De l’ambassadeur Besancenot : « Certes, le royaume n’a pas bonne presse, mais je crains que l’amélioration de son image prenne du temps... »

Vu le traitement réservé aux femmes, aux opposants, aux journalistes, aux blogueurs, les décapitations, tortures et autres joyeusetés… il y a des chances, en effet !

Mais il faut absolument faire plaisir au petit prince, alors Jérôme Bonnafont, directeur de la section Afrique du Nord et Moyen-Orient du cabinet de Jean-Marc Ayrault au ministère des Affaires étrangères, donne la technique : « […] il faut que ce soit discret vis a vis des medias mais sans dissimulation, si nous ne le faisons pasce sera vu comme un camouflet et si on nous interroge on repondra lutte contre daech et partenariat economique et strategique. Rajoutons, pour faire bonne mesure, des elements droit de lhomme dans les elements se langage bien sur. » Comme c’est pratique, Daech et les Droits humains !

À 12 h 53, soit à peine six heures plus tard, l’affaire est pliée par l’Élysée : David Cvach rapporte à tous la décision de François Hollande, au préalable interrogé par Jacques Audibert, son conseiller diplomatique : « On fait - c’est le moment je suppose d’acheter des actions MBN... [le prince Mohammed ben Nayef, ndlr] » Le 4 mars, soit deux jours plus tard, le prince était discrètement décoré. C’est tellement facile la diplomatie en mode realpolitik !

Grégory Lassus-Debat

Nous avons demandé au conseiller de François Hollande ainsi qu’à l’ambassadeur de France en Arabie saoudite s’ils avaient (sérieusement) imaginé que l’opinion allait considérer qu’il était judicieux d’honorer l’Arabie saoudite. Au moment où sont publiées ces lignes, nous attendons toujours leurs réponses...

Ci-dessous, l’intégralité des mails, les adresses e-mails en moins :

Mercredi 2 mars à 7 h 04
De : Bertrand Besancenot [ambassadeur de France en Arabie saoudite, ndlr]
A : David Cvach [conseiller de François Hollande pour le Moyen-Orient, ndlr]
Cc : Laurent Stefanini [chef du protocole de l’Élysée, ndlr], […] Jérôme Bonnafont [directeur de la section Afrique du Nord et Moyen-Orient du cabinet de Jean-Marc Ayrault, ministère des Affaires étrangères, ndlr], […]

Objet : TTU : décoration du prince héritier d’arabie Saoudite

Cher David, je me permets de t’envoyer la copie jointe de la proposition de décoration pour le prince Mohamed ben Nayef.
Je sais que certains s’interrogent sur l’opportunité de décorer maintenant le prince héritier, peu de temps après la campagne médiatique contre l’Arabie Saoudite en France.
Certes, le royaume n’a pas bonne presse, mais je crains que l’amélioration de son image prenne du temps...
En revanche, l’accueil à Paris du prince Mohamed ben Nayef est importante à plusieurs titres :
- Confirmation de la pérennité de notre partenariat stratégique à un moment sensible de la situation au Moyen Orient
- Reconnaissance du rôle personnel éminent du prince dans la lutte contre le terrorisme, qui est une priorité nationale partagée
- Nécessité de conserver la dynamique de renforcement de notre coopération bilatérale pour conforter nos prospects civils et militaires
C’est aussi un geste envers le prochain Roi d’Arabie Saoudite. C’est dans ce contexte qu’il me parait indispensable de répondre à sa demande de recevoir la Légion d’Honneur, à un moment où il souhaite renforcer sa stature internationale. Ce serait un bon incitatif à jouer avec la France.

Merci cher David de ta compréhension.

Amitiés

Bertrand

2 mars à 7 h 14
De : Jérôme Bonnafont
A : David Cvach et Bertrand Besancenot
Cc : Laurent Stefanini, […]

Objet : RE : TTU : décoration du prince héritier d’arabie Saoudite

Vu d’anmo [section Afrique du Nord - Moyen-Orient du ministère des Affaires étrangères, ndlr] aucune raison de ne pas le faire : il faut que ce soit discret vis a vis des medias mais sans dissimulation, si nous ne le faisons pasce sera vu comme un camouflet et si on nous interroge on repondra lutte contre daech et partenariat economique et strategique. Rajoutons, pour faire bonne mesure, des elements droit de lhomme dans les elements se langage bien sur.

2 mars à 7 h 21
De Laurent Stefanini
À : Jérôme Bonnafont, David Cvach, Bertrand Besancenot, […]
Cc : […]

Objet : RE : TTU : décoration du prince héritier d’arabie Saoudite

Aucune objection du Protocole non plus. C’est un choix d’opportunité politique. Je comprends que le niveau serait Grand Officier de la Légion d’Honneur. LS

2 mars à 9 h 43
De : David Cvach
A : Laurent Stefanini, Jérôme Bonnafont, Bertrand Besancenot, […]
Cc : […]

Objet : RE : TTU : décoration du prince héritier d’arabie Saoudite

Bertrand - comme tu sais mais pour l’info de tous, Jacques [Audibert, conseiller diplomatique de François Hollande, ndlr] interroge le PR [Président de la République, ndlr]. Je vous dis le verdict. D

2 mars à 12 h 53
De : David Cvach
A : Laurent Stefanini, Jérôme Bonnafont, Bertrand Besancenot, […]
Cc : […]

Objet : RE : TTU : décoration du prince héritier d’arabie Saoudite

On fait - c’est le moment je suppose d’acheter des actions MBN...

Envoyé depuis un mobile Samsung

* * *
MAJ (7 avril 2016)



Extrait de : Pourquoi les « Panama Papers » ? par Thierry Meyssan, le 6 avril 2015 - Réseau Voltaire

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...