dimanche 1 mai 2016

Alexandre Grothendieck : un mathématicien qui prit la tangente

MAJ de la page : Alexandre Grothendieck



Alexander Grothendieck, Allons-nous continuer la recherche scientifique? (CERN, 27 janvier 1972)




La Conversation scientifique par Etienne Klein
Alexandre Grothendieck : un mathématicien qui prit la tangente (30 avril 2016)
Avec Philippe Douroux : journaliste
A propos de son dernier livre : Alexandre Grothendieck - Sur les traces du dernier génie des mathématiques, Ed. Allary, 2016
Commande sur Amazon : Alexandre Grothendieck - Sur les traces du dernier génie des mathématiques

Pour respecter sa volonté d’effacement, on ne devrait même pas prononcer son nom ni parler de ses travaux. Alexandre Grothendieck a réussi l’exploit d’avoir été l’un des plus grands mathématiciens et d’être devenu le plus discret de tous.

un cours donné par Alexandre Grothendieck en 1960

Chercheur génial, écologiste radical au début des années 1970, ermite retiré du monde pendant 23 ans, il a eu trois ou quatre vies successives entre sa naissance, le 28 mars 1928 à Berlin, et sa mort, en 2014, quelque part dans l’Ariège.Le monde des mathématiques l’a découvert en 1958, au congrès mondial d’Edimbourg, où il présenta une refondation de la géométrie algébrique. La géométrie algébrique, ce sera sa grande œuvre, une sorte de cathédrale conceptuelle construite en collaboration avec deux autres mathématiciens, Jean Dieudonné et Jean-Pierre Serre. En quoi cela consiste-t-il ? Difficile de dire, mais en gros, si on trace un cercle avec un compas, on fait de la géométrie. Si on écrit x2 + y2 = 1, c’est-à-dire l’équation d’un cercle, on devient un algébriste. La géométrie montre, l’algèbre démontre.

Grothendieck, lui, a voulu fonder une géométrie nouvelle à partir de deux concepts clé, les schémas et les topos.De 1950 à 1966, il fit des mathématiques, seulement des mathématiques. Mais un jour, il finit par découvrir la politique. En 1966, il refusa d’aller chercher sa médaille Fields à Moscou, où deux intellectuels venaient d’être condamnés à plusieurs années de camp pour avoir publié des textes en Occident sans autorisation. L’année suivante, il passa trois semaines au Vietnam pour protester contre la guerre lancée par les Etats-Unis. À partir de 1971, il consacra l’essentiel de son temps à l’écologie radicale à travers un groupe qui avait été fondé par un autre mathématicien, le groupe « Survivre et vivre ». En août 1991, il choisit de disparaître dans un village tenu secret après avoir confié 20 000 pages de notes à l’un de ses anciens élèves.

Le nom d’Alexandre Grothendieck sonne un peu comme la promotion de l’évanescence dans l’ontologie radicale. Car sa disparition donne à croire qu’elle le résume et le raconte davantage que tout le reste. Le choix qu’il a fait de d’évader rétro-projette son ombre sur tous les événements antérieurs de sa vie. Comme s’il n’avait jamais eu d’autre intention que celle d’échapper un jour au commerce des hommes. Mais raisonner ainsi serait injuste, car ce serait oublier l’homme, ses vies et son œuvre, qui est monumentale et demeure en partie inexplorée.
Source : FC

 


Souvenirs d'Alexander Grothendieck par Michel Demazure (Institut des Hautes Études Scientifiques, IHÉS, 2015)

Lire aussi : Alexandre Grothendieck : le destin hors du commun d’un homme extraordinaire, La Gazette de Montpellier, le 10 mars 2016 / Alexandre Grothendieck : bagarre autour de l’héritage du génie des maths, La Gazette de Montpellier, le 10 mars 2016



 

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