mercredi 29 juin 2016

Le débat sur l’avenir de la démocratie s’impose !

MAJ de la page : "C'est contre tout cela que les peuples se révoltent."


« La jeune génération au Royaume-Uni a été sacrifiée, tout ça à cause d’une déformation des faits et des conséquences. D’une façon ou d’une autre, ce résultat [le Brexit] doit être annulé. » [sic]
Peter Sutherland, ancien Commissaire européen à la concurrence, ancien directeur général de l’OMC, actuel président de l’European Policy Center et actuel président de Goldman Sachs International.
Source : Twitter (25 juin 2016)

« Je ne veux pas, en tant que secrétaire d’Etat, les exposer aujourd’hui. Je pense que ce serait une erreur. Mais il y a des moyens [d'annuler le Brexit]. » [sic]
John Kerry, actuel Secrétaire d'Etat américain.
Source : Libération (29 juin 2016)

« Les élites ne sont pas le problème – les populations sont le problème. » [sic]
Joachim Gauk, actuel Président allemand.
Source : Ard (11 juin 2016)

La Solution (Die Lösung, 1953) de Bertold Brecht.
Après l’insurrection du 17 juin,
Le secrétaire de l’Union des Ecrivains
Fit distribuer des tracts dans la Stalinallée.
Le peuple, y lisait-on, a par sa faute
Perdu la confiance du gouvernement
Et ce n’est qu’en redoublant d’efforts
Qu’il peut la regagner.
Ne serait-il pas
Plus simple alors pour le gouvernement
De dissoudre le peuple
Et d’en élire un autre ?
Source : wikipedia

* * *

Le débat sur l’avenir de la démocratie s’impose ! 
Par Liliane Held-Khawam, le 23 juin 2016 - LHK

Voici 2 articles [ci-dessous] qui résument assez bien le conflit des visions de la démocratie. Toute la question est de savoir qui sait et qui peut (re-)définir les structures et l’organisation publiques et sociales.
Un courant de pensée prétend que le peuple est incompétent et incapable de prendre les décisions qui concernent son organisation. En clair, il existe des études scientifiques qui prétendent que la démocratie est obsolète et que les élites sont seules aptes à élaborer une stratégie politique.

L’amalgame entre démocratie et populisme vient de cette obsolescence déclarée…

M Attali va encore plus loin en demandant la « sacralisation » des acquis de l’Union européenne actuelle… Son point de vue est à étudier compte tenu de  l’influence publique et politique qu’il détient…
Relevons encore que les études qui relativisent l’importance de la démocratie oublient de placer les activités effrénées des lobbies de la haute finance internationale sur l’échiquier de la gouvernance politique et publique… On ne peut que le regretter et partant, relativiser fortement l’impact des dites études et les points de vue qui en découlent.

A l’heure de la perte des acquis sociaux et où la vie privée des individus est remise en question, l’avenir de la démocratie et du droit des individus de disposer d’eux-mêmes est brûlant et doit être débattu de toute urgence pour ne pas laisser toute la place à une des parties consciente des enjeux non seulement stratégiques mais existentiels…



“C’est le mépris pour la démocratie qui érode l’Europe”
Par Mylène Vandecasteele, le 21 juin 2016 - L'Express

L’élite politique italienne s’est réveillée lundi avec une gueule de bois après la chute des villes de Rome et Turin entre les mains du “Mouvement Cinq étoiles” du comédien Beppe Grillo, à la suite des élections municipales de ce dimanche. Le Premier ministre Matteo Renzi a parlé d’une défaite “amère, brûlante”.
Dans Le Figaro, l’auteur et chroniqueur français Yvan Roufiol écrit que les citoyens “veulent reprendre le contrôle de leur destin”, non seulement en Europe, mais aussi aux Etats-Unis, où le succès de Donald Trump est le résultat du rejet de l’etablishment et de l’envie de se débarrasser du politiquement correct :

Le mépris pour la démocratie
“C’est ce mépris pour la démocratie qui entache l’Union européenne, confisquée par des technocrates et des commissaires populophobes et xénophiles. A cette première raison, qui avait suffi à faire s’écrouler l’Union soviétique, s’ajoute une constante fascination de l’UE pour l’immigration de peuplement qui devient de plus en plus problématique”.
Roufol cite un texte publié en 2004 par la démographe Michèle Tribalat dans son livre “Assimilation, la fin d’un modèle français” (2013), soulignant la position de l’UE à l’égard de l’immigration : “Si le flux d’immigration (…) est géré correctement et méthodiquement, les Etats membres seront gagnants sur de nombreux plans. L’économie sera plus forte et la cohésion et le sentiment de sécurité seront plus grands, sans oublier l’avantage que représente la diversité culturelle”.
Ces “bêtises” sont encore d’actualité, déplore Rioufol, soulignant que la Commission Juncker a fait de l’immigration l’une de ses dix priorités politiques. “C’est, à l’évidence, une autre Europe qu’il faut construire. Pour cela, il faut laisser les peuples raisonnables décider de leur propre sort”, conclut-il.


Sanctuariser le progrès.
Par Jacques Attali, publié le 20/06/2016 - Blog de l'Express

Le référendum britannique, quel qu’en soit le résultat, constitue un tournant idéologique majeur dans l’histoire de l’Occident. Un tournant vers le pire, si l’on n’en pèse pas toutes les conséquences. Jusqu’ici, on considérait certaines évolutions institutionnelles, économiques, sociales, scientifiques, comme des avancées telles que, une fois qu’elles étaient installées, nul ne chercherait plus jamais à les remettre en cause, même pas par un vote démocratique. Avec le vote sur le Brexit, c’est ce principe, non-dit et pourtant essentiel, qui est remis en cause.
D’abord, en posant cette question, David Cameron, permet à d’autres pays de l’Union qu’ils ont eux aussi le droit de se poser la même question, de défaire ce que leurs pères ont fait. On ne pourra donc plus prétendre que le projet européen avance à des vitesses variables, dans une direction unique, et il faut admettre que l’Europe peut désormais assumer un désir de se défaire.
Plus largement, un tel référendum implique qu’un peuple peut remettre en cause toute évolution considérée jusque-là comme irréversible, telle qu’une une réforme institutionnelle, une conquête sociale, une réforme des mœurs.

Certes, il a toujours été admis qu’en principe, en démocratie, le peuple peut décider de tout. Il n’empêche : selon notre conception occidentale du droit, il existe des progrès irréversibles, (par exemple, la démocratie, la liberté du culte, l’interdiction du travail des enfants, l’abolition de la peine de mort) qu’un vote simple ne peut défaire. Admettre qu’on puisse remettre en cause des acquis, revient à nier la notion même de progrès.
Si on pousse le raisonnement à l’extrême, et certains le font déjà, on considérera que c’est la notion même d’accumulation du savoir qu’on peut remettre en cause. Depuis des siècles, le progrès scientifique consiste à échafauder de nouvelles théories qui dépassent les actuelles sans les contredire : la science peut dépasser Darwin, c’est-à-dire inclure sa vision de l’histoire du vivant dans une conception plus vaste, mais pas le nier. Et surtout pas par une décision politique, extérieure au règne de la raison.

Admettre que rien n’est acquis, peut conduire, à revenir au temps où la raison et la liberté étaient écrasées par la foi et le fatalisme et, en utilisant les armes de la démocratie, à la détruire.
Il est donc important, de réfléchir, à froid, avant qu’il ne soit trop tard, aux sujets qu’un seul vote majoritaire du peuple ne pourrait suffire à trancher.
On devrait d’abord et ce serait passionnant, faire la liste de tels sujets, qui seraient sanctuarisés, en les inscrivant dans la constitution. En particulier, une génération devrait y réfléchir à deux fois avant de modifier une situation ayant un impact sur les générations suivantes. Il faudrait ensuite modifier la procédure de réforme constitutionnelle, pour s’assurer qu’un vote de circonstances ne puisse avoir des conséquences de long terme non désirées. Toute décision ayant un impact lourd sur le sort des générations suivantes, ne devrait pas pouvoir être prise par une majorité de moins de 60% des votants, réaffirmée à trois reprises à au moins un an d’écart.

Certains ne verront dans cette prise de position qu’une tentative désespérée d’une oligarchie dépassée pour maintenir un ordre démodé, en méprisant les désirs des peuples. Il s’agit au contraire de donner aux peuples le temps de réfléchir aux conséquences de ses actes et d’éviter qu’une génération, par caprice, ne détruise ce que les précédentes ont voulu laisser aux suivantes. Dans bien des circonstances, ce genre de mécanismes aurait évité à l’Europe de plonger dans la barbarie. Il pourrait encore se révéler salvateur.

* * *

Remarque (Sanctuariser le progrès ou la ploutocratie ?) : 
L'idée est absurde car vouloir "Sanctuariser le progrès" présuppose de dire si tel ou tel objet est sanctuarisable (ou subsumable sous le terme de progrès), or qui va décider de cela ?
"On devrait d’abord et ce serait passionnant, faire la liste de tels sujets, qui seraient sanctuarisés, en les inscrivant dans la constitution".
Et qui est ce "On" ?
Si c'est le peuple il n'aurait pas accepté que l'on place l'UE dans le sanctuaire, par conséquent et le vote et le Brexit aurait eu lieu, si ce sont les "élites" cela revient effectivement à "une tentative désespérée d’une oligarchie dépassée pour maintenir un ordre démodé". Autrement dit, cela revient à abolir les fondements même de la démocratie pour mettre à la place une oligarchie ou plus précisément une ploutocratie, ou à "sanctuariser" son pouvoir.

Autre papier d'un représentant de cette "oligarchie dépassée", l'inénarrable BHL :
Ce Brexit, c’est la victoire, non du peuple, mais du populisme.
Non de la démocratie, mais de la démagogie. [...]
Etrange défaite à Londres, le 25 juin 2016, Le Monde
Source (article en entier) : La règle du jeu

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