mardi 26 juillet 2016

Virer les élites



Ségolène Royal : "Nous ne ferons pas l'erreur de David Cameron" (BBC, 17 juillet 2016)

Royal démocratie :
“Nous croyons aux bonnes questions par rapport aux bonnes réponses !”
Curieuse conception du référendum qui ne devrait poser que des questions amenant les réponses attendues par le gouvernement.

* * *

Comment la femme politique la plus puissante de France a utilisé la BBC pour montrer son mépris pour le Brexit démocratique.
Par Nabila Ramdani, le 6 juillet 2016 - The Telegraph / Les Crises (trad.)


Cette femme n'a aucune idée de ce que la démocratie signifie.

Au cours de la  semaine du référendum aboutissant à la décision historique de la Grande-Bretagne de quitter l’Union européenne, la plus puissante femme politique de France était sur place pour donner à son voisin une leçon de démocratie.

Ségolène Royal, ministre socialiste de l’Énergie et de l’Environnement, a affirmé que l’électorat britannique avait été « pris en otage » parce que « les dirigeants politiques n’avaient pas été capables d’obtenir un vote positif du public. »

Critiquant directement le Premier ministre élu, elle a dit que la France « ne fera pas l’erreur de David Cameron, je peux vous l’assurer. Nous ne ferons pas de référendum sur la sortie de l’Union européenne de la France, je peux vous l’assurer. »

La prestation de Mme Royale à l’émission Hard Talk de la BBC a été largement saluée par les sceptiques du Brexit. Mark Hendrick, député travailliste de Preston et ex-député européen du Lancashire central a, dans un tweet, qualifié son intervention de « brillante » et qu’elle avait maintenant la stature « pour une deuxième candidature présidentielle !

Personne ne semblait informé — et certainement pas le journaliste Stephen Sackur — que Mme Royal est l’une des politiciennes les plus antidémocratiques d’Europe. Non seulement elle a été sévèrement battue par Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles de 2007, mais elle a perdu en plus toutes les élections significatives depuis.

L’homme de droite Nicolas Sarkozy, un personnage profondément clivant, maintenant impliqué dans de nombreuses enquêtes de corruption, ridiculisa, par sa victoire de plus de six points en 2007, les déclarations de Mme Royal qui affirmait alors incarner le choix naturel pour la présidence après plus d’une décennie de régime conservateur.

Elle a été battue quand elle a essayé de devenir Premier secrétaire du Parti socialiste en 2008, et à nouveau en 2011, avec seulement sept pour cent des voix à la primaire présidentielle de cette année. La plus grande humiliation de Mme Royal est cependant survenue en 2012, quand son adversaire pour le siège parlementaire de La Rochelle l’a battue avec 63 pour cent des voix.

Beaucoup ont cru que 2012 verrait la fin de la désastreuse carrière de Mme Royal, mais son ex-compagnon, François Hollande, lui a sauvé la mise. Avec la sottise qui le caractérise, le Président a nommé la mère de ses quatre enfants à son gouvernement sans la moindre consultation du peuple français. Le duo prétend être socio-démocrate, mais affiche une arrogance à couper le souffle. Ils ne voient pas du tout en quoi un échec électoral devrait être un obstacle à l’accession au pouvoir.

Cela n’a pas empêché Mme Royal de dire à M. Sackur que la Grande-Bretagne entrait dans un « monde imaginaire », et que « nous avons besoin de clarté et de vérité, et nous devons appliquer les principes démocratiques. »

Quel que soit le point de vue qu’on puisse avoir sur le statut de la Grande-Bretagne en Europe, la prestation de Mme Royal à la BBC démontre de manière éclatante la folie hystérique qui entoure le débat européen. Non seulement les faits ont été régulièrement manipulés, voire ignorés, mais des commentateurs étrangers sont en plus mis en avant, de manière injustifiée et sans aucun recul, par un média d’État britannique.

La démocratie est un anathème pour Mme Royal. Elle ne représente que l’establishment parisien obsolète et inquiet qui n’hésite pas à s’asseoir sur la démocratie pour maintenir ses privilèges. Elle est soutenue en cela par beaucoup de collègues, y compris le ministre de l’Économie non élu Emmanuel Macron, qui a averti que le Brexit réduira la Grande-Bretagne à « un petit pays à l’échelle mondiale ».


Être un ministre non élu permet de disposer de voitures avec chauffeur et d'être logé dans des appartements de l'État. "

Quand M. Macron est apparu à la BBC récemment, en avril, il a affirmé, dans l’émission d’Andrew Marr, que la Grande-Bretagne serait « complètement assassinée » dans les négociations commerciales mondiales si elle quittait l’UE, car elle n’aurait pas plus d’importance alors que Jersey ou Guernesey. M. Macron, ancien banquier d’affaires, est désormais révéré et considéré comme un possible président, bien que n’ayant jamais remporté d’élection de sa vie. Encore une fois, M. Marr a choisi de ne pas mentionner ce dernier fait.

Comme tous les hommes politiques français, les secrétaires d’État non élus, à Paris, ne sont soumis à rien qui ressemble à l’examen minutieux auquel sont astreints leurs homologues de Westminster. En plus des salaires et des frais payés d’un montant de plus de 15 000 livres par mois (environ 18 000 €), Mme Royal et M. Macron ont d’autres avantages comme une voiture avec chauffeur, et disposent d’appartements appartenant à l’État.

Lorsqu’ils apparaissent à la télévision française, ils sont traités avec le respect dû aux roitelets. Mme Royal sévit régulièrement sur toutes les chaînes, débitant le même genre de platitudes qu’on ne récuse ni ne conteste, comme celles qu’elle servait à M. Sackur et qui paraissent souvent interminables.

Beaucoup parmi les 17 millions de Britanniques qui ont voté pour quitter l’UE l’ont fait précisément parce qu’ils pensent que les politiciens sont des imposteurs, tout comme Mme Royal vient de le montrer. Le projet qui a été lancé par la France et l’Allemagne est devenu si monstrueux et incompréhensible qu’il suscite une classe de politiciens qui ont complètement oublié ce que le mot « démocratie » signifie réellement.

Mme Royal devrait, à 62 ans, être assez âgée et sage pour se montrer plus avisée. Elle a même promis d’empêcher la « contagion » de la démocratie, en déclarant à M. Sackur : « Mais maintenant que le vote est passé, nous devons envoyer un signal à d’autres pays qui pourraient être tentés d’utiliser le vote politiquement. » Plus sinistre encore, elle a même discuté de la possibilité de « punir » le Royaume-Uni pour son vote Brexit, avant de décider — apparemment sans la moindre ironie — que ceci « ne serait pas compatible avec mon idée de la démocratie. »

Brexit : Comment les dirigeants du monde et les politiques ont réagi

Barack Obama
Président des États-Unis

« Le peuple du Royaume-Uni a parlé, et nous respectons sa décision. Les relations privilégiées entre les États-Unis et le Royaume-Uni sont durables, et l’adhésion du Royaume-Uni à l’OTAN demeure la pierre angulaire essentielle de la politique étrangère des États-Unis, de la sécurité et de la politique économique. »

Donald Trump
Candidat républicain à la présidentielle des États-Unis

Tout juste arrivé en Écosse. Les gens sont enthousiastes après le vote. Ils ont récupéré leur pays, tout comme nous allons reprendre l’Amérique. Fin du jeu !

Hillary Clinton
Candidate démocrate à la présidence des États-Unis

« Cette période d’incertitude ne fait que souligner la nécessité d’un dirigeant calme, stable et expérimenté à la Maison Blanche. »

Angela Merkel
Chancelière d’Allemagne

Mme Merkel a déclaré que les États membres devaient « calmement et prudemment analyser et évaluer la situation, avant de prendre les bonnes décisions ensemble.

« Nous prenons note de la décision du peuple britannique avec regret. Il ne fait aucun doute que c’est un coup porté à l’Europe et au processus d’unification européenne. »

Vladimir Poutine
Président de la Russie

M. Poutine a déclaré que le Brexit aurait des conséquences à la fois « positives et négatives » pour la Russie et le reste du monde, mais qu’il attendait la réaction des marchés pour stabiliser le choc initial. « La vie nous montrera s’il y a plus de points positifs ou négatifs, » a-t-il dit.

Enda Kenny
Premier ministre irlandais

Je tiens à assurer le peuple irlandais que nous nous sommes préparés avec la plus grande attention possible à l’éventualité d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE.

François Hollande
Président de la France

« Les Britanniques ont voté par référendum pour quitter l’Union européenne. C’est un choix douloureux et je le regrette profondément pour le Royaume-Uni et pour l’Europe, mais ce choix est le leur et nous devons le respecter. »

Malcom Turnbull
Premier ministre australien

« Nous respectons la décision du peuple britannique et nous savons que nous continuerons d’avoir dans le futur les relations les plus étroites avec le Royaume-Uni. À titre personnel, je suis désolé de la démission de David Cameron. »

Marine le Pen
Présidente du Front National de France

Victoire de la liberté ! Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en France et dans les pays de l’UE. MLP

Le Pen a salué la décision britannique, en disant : « La liberté a gagné. »

Lars Lokke Ramunssen
Premier ministre danois

Je respecte (mais regrette) votre décision, @David_Cameron. Merci pour votre coopération pendant ces années.

« Nous devons respecter le choix de la majorité du peuple britannique. En même temps, je ne le cacherai pas, je crois que c’est un résultat très triste pour l’Europe et pour le Danemark. »

Andrzej Duda
Président polonais

« La Grande-Bretagne est un grand pays européen et notre alliée historique. Je crois que le résultat du référendum n’y changera rien. »

* * *

Virer les élites
Par Dmitry Orlov, ingénieur et écrivain russo-américain, le 28 juin 2016 – ClubOrlov / Le Saker francophone (trad.)

Compte tenu de ce qui se passe en ce moment avec le Brexit, il est difficile de ne pas écrire un petit quelque chose à ce propos, et je ne vais même pas essayer de résister à la tentation. Les marchés boursiers sont en chute libre, les banques sont sur la corde raide, l’or monte fortement et les financiers de la City à Londres et à Wall Street courent dans tous les sens avec leurs cheveux en feu. Mais au-delà de ces superficialités financières, ce qui se passe réellement, c’est que la lutte de classes est de retour comme une forme de vengeance au Royaume-Uni avec le référendum, une forme susceptible de se propager.

Dans ce référendum, les générations les plus âgées, qui savent à quelle classe elles appartiennent, ont voté pour virer leurs suzerains fourbes à Bruxelles et à Londres, tandis que les plus jeunes générations, aux cerveaux bien lavés par la propagande de l’UE, ne l’ont pas fait. Certains experts ont affirmé qu’il y a une sorte de fossé entre les générations, mais je pense que les générations plus âgées ont fait une chose intelligente, et que cela peut être expliqué de manière adéquate, par le fait que ses membres sont vraiment plus intelligents. Vous voyez, les imbéciles ont tendance à mourir jeunes, et le simple fait de survivre est un signe d’intelligence. Mais ce n’est qu’un à-côté mineur.

Le point principal est que les élites fourbes ont grand besoin d’être virées, à la fois en Europe et aux États-Unis.

Il y a plusieurs problèmes avec elles, que je voudrais énumérer brièvement:

• Elles ont tendance à être néolibérales, et à épouser toutes les idées erronées qui viennent avec cette idéologie faillie. Les résultats sont évidents : les retraités volés, les jeunes privés d’un emploi enrichissant; des fabuleuses richesses pour une petite élite et l’austérité pour tout le monde; plus de tout pour l’Allemagne, moins de tout pour tout le monde. Un système financier qui est fondamentalement un système de Ponzi, qui va certainement sauter, et peut être de la façon dont je l’ai expliqué.

• Elles ont tendance à être sous l’emprise des néo-conservateurs à Washington et, avec eux, elles vacillent d’une catastrophe à l’autre. Les résultats sont encore évidents : une liste complète de pays détruits (Afghanistan, Irak, Libye, Yémen, Syrie, Ukraine), un flot de migrants de ces pays inondant l’Europe pour ce qui est la plus grande crise mondiale de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, et les provocations extrêmement dangereuses et tout à fait inutiles contre la Russie.

• Elles épousent une idéologie qui cherche à effacer toutes les distinctions ethniques et culturelles et qui force une rectitude politique repoussante pour tout le monde, sauf pour les musulmans (qui, curieusement sont considérés comme en étant exonérés). Après avoir éliminé les libertés humaines les plus importantes (y compris, la plus importante, la liberté de la presse, qui en Europe est captive des intérêts des grandes entreprises), les deux libertés restantes désormais défendues en Europe sont la liberté impitoyable de la dérive du continent et la liberté de se livrer à toute les perversions sexuelles que vous voulez, y compris la bestialité et la pédophilie.

• Mais le plus gros problème avec ces élites transatlantiques est le suivant : elles ne peuvent pas être virées. Plus elles échouent, plus enkystées elles deviennent. De toute évidence, cela n’a rien à voir avec l’éducation, ou le mérite, ou la popularité; c’est tout simplement une question de classe. Les élites se considèrent comme des Übermenschen, vivant au-dessus des simples mortels. La démocratie est un jouet pour eux. La plupart du temps, ils ont été en mesure de manipuler la politique à leur avantage. Lorsque cela échoue, les petites gens doivent voter encore et encore jusqu’à ce qu’ils ne se trompent plus. Mais ce politiquement correct est maintenant en train d’échouer, des deux côtés de l’Atlantique, car il semblerait que les petites gens en aient finalement assez.

Le recours automatique est de commencer à insulter les petites gens, dans une tentative pour les intimider et obtenir leur soumission. S’ils ne veulent pas voir leur pays envahi par les migrants illégaux (noter qu’avoir eu votre pays détruit par l’OTAN ne vous qualifie pas pour l’asile politique), ils sont traités de racistes et de sectaires. S’ils ne parviennent pas à saisir quelques-uns des éléments les plus fins de la gouvernance bureaucratique de l’UE (parce que, franchement, qui voudrait perdre du temps à comprendre tout ce non-sens?), ils sont traités d’ignorants et d’égarés. Et, surtout, s’il y a un krach financier (qui semble inévitable dans tous les cas de figure, voir la pyramide de Ponzi ci-dessus), alors ils seront blâmés pour leurs mauvais choix dans les urnes.

Peut-être le plus important de tout : tous les efforts sont faits pour assimiler le patriotisme avec le nationalisme et le fascisme. Maintenant, cela demande une explication, car ces concepts sont parfaitement distincts :

• Le patriotisme est l’amour de sa terre et de son peuple indigène. C’est un produit naturel, résultat organique d’une éducation reçue au sein d’un certain groupe de gens qui ont aussi grandi là, et qui transmettent le long héritage culturel et linguistique qu’ils aiment et chérissent tous. Cela ne signifie pas que ceux qui ne sont pas de la famille, du voisinage ou de la région soient inférieurs, mais ils ne sont pas eux, et on les aime moins.

• Le nationalisme est un produit de synthèse généré en utilisant l’éducation publique, qui est centré autour de certains symboles creux : un drapeau, un hymne, quelques morceaux de papier jaunis, quelques mythes créateurs et ainsi de suite. Il est soutenu par certains rituels (défilés, discours, remise de médailles) qui composent un culte civique. Le but du nationalisme est de soutenir l’État-nation. Lorsque le nationalisme répond aux besoins de la terre et de sa population autochtone, le nationalisme et le patriotisme sont alignés; quand le nationalisme détruit ce lien, le nationalisme devient l’ennemi et les patriotes forment des mouvements partisans, se lèvent pour détruire l’État-nation.

• Le fascisme est la fusion parfaite de l’État-nation et des entreprises, dans le cadre de laquelle la distinction entre les intérêts publics et privés s’effacent et les grandes entreprises en viennent à dicter la politique publique. Une expression presque parfaite du fascisme sont les récents accords commerciaux transatlantique et trans-pacifique négociés en secret par l’administration Obama, qui pour le moment, au grand soulagement de tout le monde, semblent être mort-nés.

Il devrait être évident que le fascisme doit être vaincu, et si nous devions choisir une seule très bonne raison de virer les élites transatlantiques, alors c’est celle de contrecarrer cette prise de pouvoir par les grandes entreprises. Mais cela ne s’arrête pas là, parce que le nationalisme et le patriotisme sont également en jeu. Le patriotisme est une valeur humaine naturelle, base sans laquelle tout ce que vous avez, c’est une population déracinée se déplaçant selon les possibilités offertes. Le nationalisme est une innovation relativement récente (les États-nations sont une invention du XVIIe siècle) et en tant que telle dangereuse, mais dans le cas de certains des États-nations les plus vieux et les plus efficaces, il fournit des avantages importants : une tradition culturelle chérie et ancrée à une langue nationale et à une littérature, la capacité de maintenir la paix et de repousser les agressions extérieures. Et puis il y a l’Union européenne, avec son drapeau représentant une constellation d’étoiles qui sont évidemment en orbite autour de quelque chose, quelque chose qui ne peut être qu’un trou noir, car il est invisible. Les États-Unis sont de la même manière une entité artificielle, synthèse d’une très récente déviance, avec leur drapeau représentant évidemment un plateau de biscuits en forme d’étoiles qui ne sont, pour la plupart, malheureusement, plus disponibles pour les petites gens, parce que les élites ont décidé qu’elles veulent tous les biscuits pour elles-mêmes.

Il est donc nécessaire de les virer. Si cela doit être fait en votant (par opposition à la baïonnette), alors l’objet du scrutin est d’élire quelqu’un qui est, d’abord et avant tout, capable de virer ces élites. Les Britanniques semblent avoir fait cela; c’est maintenant au tour des Américains. Une question intéressante qui est parfois posée (après que les gens ont fait des réclamations délirantes comme quoi Donald Trump est fou, misogyne, raciste, fasciste, mauvais homme d’affaires, généralement pas très agréable ou tout autre argument négatif) est de savoir s’il est qualifié pour gouverner. À mon avis, cette question se réduit à une autre, beaucoup plus simple: est-ce qu’il est qualifié pour virer des gens? Et la réponse est, oui, il est très certainement qualifié pour virer des gens. En effet, «Vous êtes viré!» est l’une de ses marques déposées. En fait, il vient récemment de virer son propre directeur de campagne. Hillary Clinton, d’autre part, dirige l’ensemble de la cohorte des personnes qui ont besoin d’être virées. Et voilà pourquoi je pense qu’il y a une bonne chance que les petites gens se lèvent enfin et votent pour quelqu’un qui va le faire.



L'effondrement des superpuissances (San Francisco, 2009)

Les cinq stades de l'effondrement, Ed. Le retour aux sources, 2016
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