vendredi 16 septembre 2016

Le rachat de Monsanto par Bayer : un jour noir pour l’alimentation mondiale

Le rachat de Monsanto par Bayer : un jour noir pour l’alimentation mondiale
Par Coalition against BAYER-Dangers, le 15 septembre 2016 - CADTM


Le mariage parfait, par Miguel Villalba Sánchez (Elchicotriste)

Le pire des scénarios s’est réalisé : Bayer rachète Monsanto pour 66 milliards de $ [=58 Mds €]. Ceci donne naissance à celle qui est de loin la plus grande entreprise d’agrobusiness dans le monde. Sur la base des résultats financiers de 2015, les deux sociétés ont un chiffre d’affaires combiné de 23,1 milliards de dollars. Personne dans la branche ne peut les égaler. Les couples de jeunes mariés SYNGENTA / ChemChina et DUPONT / DOW suivent de loin (respectivement 14,8 et 14,6 milliards), et BASF se trouve ravalé au quatrième rang avec 5,8 milliards.

Pour les pesticides BAYER et MONSANTO ont une part de marché cumulée d’environ 25 pour cent, pour les semences agricoles génétiquement modifiées et conventionnelles une part d’environ 30 pour cent. Si on considère seulement les plants OGM, les deux entreprises combinées, avec plus de 90 pour cent, atteignent même une claire position de monopole.

« Avec l’acquisition de Monsanto par BAYER la concentration sur l’agro-marché atteint un nouveau sommet. Les éléments clés de la chaîne alimentaire sont maintenant entre les mains d’un seul groupe. Les agriculteurs doivent maintenant se préparer à des prix plus élevés et auront aussi moins de choix. En outre, le blocus de l’innovation dans ce secteur, en particulier pour les herbicides, devrait s’aggraver encore plus », a critiqué Toni Michelmann du bureau de la Coalition contre les méfaits de Bayer (CBG). L’organisation de défense des consommateurs SumOfUs prend aussi position contre l’achat de Monsanto. « Cette prise de contrôle est une menace pour notre approvisionnement alimentaire et pour tous les agriculteurs dans le monde », a déclaré Anne Isakowitsch. « Il n’est donc pas étonnant que plus de 500 000 de nos membres aient signé une pétition contre la prise de contrôle. D’autant plus choquant que l’acquisition, à l’encontre de tous les intérêts des consommateurs, semble désormais être dans le sac ».

Michelmann a annoncé que la CBG mettrait à profit le Tribunal Monsanto prévu en octobre à La Haye pour se concerter avec les différentes initiatives Monsanto pour réorienter désormais la résistance critique en la recentrant sur Bayer. La première action commune prévue par la coordination aura lieu à la prochaine assemblée générale de la multinationale de Leverkusen le 28 avril 2017, au Parc d’expositions de Cologne. « La liste des orateurs devrait difficilement être épuisée en une seule journée. Bayer peut par précaution réserver la journée du 29 avril », conseille Michelmann à l’acteur mondial. Il a aussi évoqué une « March against Bayer » qui aboutirait à Leverkusen.

« Le groupe peut d’ores et déjà s’attendre à voir monter la pression contre lui. La pression contre une politique commerciale qui prétend lutter contre la faim, mais mise surtout sur les monocultures de soja et de maïs pour mangeoires d’élevage industriel et qui avec ses pesticides met en danger d’aussi importants pollinisateurs pour les cultures arables que les abeilles, une politique commerciale qui mise sur des technologies à risque comme les manipulations génétiques, une politique qui apporte de plus en plus de poisons dans les champs, au lieu de chercher des alternatives », affirme le chimiste.

Selon la Coalition, les politiciens doivent agir. Et il ne faut pas se contenter de quelques procédures cosmétiques de la part de la Commission européenne à la Concurrence. Quelques mesurettes, comme se séparer du secteur cotonnier ou se débarrasser de certains pesticides, ne suffisent pas, en particulier vu que BASF lorgne déjà sur ce genre de produits. Le personnel politique doit aussi tenir compte de l’impact sur l’emploi et la fiscalité. Il ne faut pas que Bayer effectue des déductions fiscales pour son acquisition et que donc des villes de sites industriels se retrouvent encore plus dans la mouise. Toute tentative par l’entreprise de réduire les dettes entraînées par l’opération d’achat par des suppressions d’emplois ou des mesures de rationalisation, est également exclue d’emblée.

Axel Köhler-Schnura, du CA de la CBG conclut : « La cynique partie de poker autour de Monsanto, animée par la cupidité pure, montre une fois de plus que l’alimentation du monde est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux géants de l’agrobusiness. La Coalition contre les méfaits de Bayer préconise donc de mettre ces entreprises sous contrôle social ».

Traduit par Fausto Giudice Фаусто Джудиче فاوستو جيوديشي

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