samedi 19 novembre 2016

Corruption à la française, financements lybiens



Ziad Takieddine: «J'ai remis trois valises d'argent libyen à Guéant et Sarkozy» (Mediapart, 12 novembre 2016)

Ziad Takieddine, l’homme qui a introduit Nicolas Sarkozy auprès de Mouammar Kadhafi, avoue avoir apporté au ministère de l’intérieur, fin 2006 et début 2007, plusieurs valises d’argent liquide préparées par le régime libyen, pour un montant total de 5 millions d’euros. « J'ai découvert des choses qui ne méritent plus d'être cachées », déclare-t-il, en annonçant son intention de « raconter exactement les faits à la justice ».
Source : Mediapart

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Comment Ziad Takieddine a parlé à Mediapart (France Inter, 16 novembre 2016)

Sonia Devillers reçoit Nicolas Vescovacci dans L'Instant M pour son interview exclusive de Ziad Takieddine dans Mediapart.
 

MAJ 21.11.16.


La Question du jour par Guillaume Erner
Financement libyen : peut-on se fier aux aveux de Ziad Takieddine ?
avec Fabrice Arfi, journaliste d'investigation à Mediapart

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Financements libyens: une honte, en effet
Par Fabrice Arfi, le 18 novembre 2016 - Mediapart

Le présentateur du 20 Heures de France 2, David Pujadas, a expliqué que son JT n'avait pas consacré une seule seconde aux confessions de Ziad Takieddine parce que rien ne viendrait les « accréditer ».

Le concept de « post-vérité », qui vient d'être consacré mot de l'année par le vénérable dictionnaire britannique Oxford, s’est dangereusement emparé de l’affaire libyenne. La post-vérité fait référence, selon sa définition, « à des circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux opinions personnelles ».

Sorte de petite sœur du système de “doublepensée” de George Orwell dans 1984 – « l’ignorance, c’est la force », « la guerre, c’est la paix », etc. –, la post-vérité autorise aujourd’hui à ce que, dans l’affaire des financements libyens de Sarkozy par exemple, les faits n’existent tout simplement plus. Ils ont été remplacés, dans certaines rédactions qui ont décidé de taire les derniers développements du dossier, par un journalisme d’impression, de sentiments, sans rapport avec le réel.

Les faits sont morts et les mots ne sont plus. C’est ce phénomène bizarre, entre autres explications évidemment plus complexes, qui a favorisé le climat de l’élection démocratique de Donald Trump, un menteur, un raciste et un sexiste, à la tête de la première puissance mondiale.

Dans la France médiatique, il y a depuis quelques jours un patron de la post-vérité. Il s’appelle David Pujadas, journaliste et présentateur du 20 Heures de la première chaîne de service public, France 2. Vous savez, celle que nous finançons tous. Voilà, celle-là.


Ziad Takieddine, le 12 novembre 2016, dans son appartement parisien. © Pedro Da Fonseca/Premières Lignes 

Depuis le 15 novembre et la révélation par Mediapart des aveux de l’intermédiaire Ziad Takieddine, qui a confessé face caméra avoir remis trois valises d’argent libyen à MM. Sarkozy et Guéant en 2006 et 2007, le 20 Heures de France 2 n’a pas consacré une seconde de son temps d’antenne à cette affaire. Pas une seule.

Hier, jeudi 17 novembre, David Pujadas a consenti, du bout des lèvres, à poser LA question à Nicolas Sarkozy, ancien président de la République et candidat pour le redevenir, lors du débat de la primaire de droite. « Avez-vous, oui ou non, reçu de l’argent liquide de Libye ? », a demandé le présentateur. Évidemment, personne ne s’attendait à ce que l’intéressé réponde : « Merci M. Pujadas de me poser la question parce que c’est vrai que cela fait dix ans que j’en ai gros sur la patate. Eh bien oui, je connais bien les valises de Ziad Takieddine. On s'est gavés avec Claude. »

Sans rien répondre sur le fond, Nicolas Sarkozy, tout à son habitude, a choisi d’humilier le présentateur, le service public et le journalisme avec eux. « Vous n’avez pas honte de donner écho à un homme qui a fait de la prison et qui a été condamné à d’innombrables reprises pour diffamation et qui est un menteur. Ce n’est pas l’idée que je me fais du service public. C’est une honte », s’est indigné l’ancien chef de l’État. Mais après tout, pourquoi pas ? Nicolas Sarkozy répond comme il le veut et on le sait habitué au « casse-toi pauv’ con » quand quelque chose n’a pas l’heur de lui plaire.

Et que s’est-il passé ensuite ? Rien. David Pujadas a laissé dire. Pas de relance. L’épisode, qui n’a pas duré plus de 30 secondes, s’est conclu par un pressé « On enchaîne ».

Alors oui, Ziad Takieddine a fait de la prison. Il a été placé en détention provisoire pour avoir violé son contrôle judiciaire imposé après sa mise en examen dans l’affaire Karachi. Nicolas Sarkozy a juste oublié de rappeler que dans cette affaire, Ziad Takieddine est mis en examen pour avoir reçu des commissions occultes sur des marchés d’armement et d’avoir, comme il a fini par l’avouer, transporté… des valises de cash au bénéfice du clan Balladur, dont un certain Sarkozy Nicolas était un pilier.

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