mercredi 22 mars 2017

En marche ! vers la ploutocratie

MAJ de la page : Macron (tag)

Lire sur Anticor (Contre la corruption. Pour l'éthique en politique) :
Patrimoine d’Emmanuel Macron : Anticor saisit la HATVP, le 13 mars 2017
Organisation de la French Tech Night : Anticor demande une enquête, le 8 mars 2017 

Sur Les Crises :
[MERCI !] Comportement “explicite” des journalistes face à Macron, le 22 mars 2017
[No News] La fausse “fausse affaire des trois millions évanouis” de Macron, le 20 mars 2017
Macron en pré-campagne en 2016 à Las Vegas (381 000 € d’argent public), le 15 mars 2017




Macron dans ses œuvres - extrait du débat (TF1, 20 mars 2017)
Débat des "grands" candidats en entier : Youtube (20 mars 2017)
Protestation d'un des "petits" candidats : Youtube (18 mars 2017)




Présidentielle 2017 : Tout savoir (ou presque) sur le parcours de Macron. (Trouble fait, 19 mars 2017)



Macron : candidat de la finance ? (Osons causer, 22 mars 2017)

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Macron est-il dangereux ? 
Par Régis de Castelnau, le 15 mars 2017 - Vu du droit

Pour avoir bien connu toutes les élections présidentielles au suffrage universel depuis 1965, je reste quand même sidéré cette fois-ci, au spectacle de la campagne de la mère de toutes les batailles électorales sous la Ve République.

Malgré La catastrophe politique  Hollande, le traumatisme de l’agression terroriste, une situation économique terriblement dégradée et l’attitude d’élites déshonorées arc-boutées sur leurs privilèges, dans l’attente de l’échéance majeure, le peuple français a été d’un calme étonnant. Pas sûr qu’il le reste devant une telle confiscation du scrutin, à base de manipulations, d’instrumentalisations des services de l’État, et de propagande éhontée d’un appareil médiatique qui fait bloc. Et face à mobilisation acharnée de la caste, illustrée par la litanie des ralliements à Macron, et la publication par Libération du « mur des traîtres ». Tout doit être fait pour envoyer le télévangéliste à une deuxième place au premier tour qui lui ouvrirait le second contre Marine Le Pen. Et là, utiliser l’argument du barrage, le vieux « no pasaran » utilisé contre le FN depuis 30 ans avec le succès que l’on connaît.

Et pourtant, comment ne pas partager l’opinion de Frédéric Lordon, ou de Jacques Rancière quand il dit : « Si Marine Le Pen devait l’emporter, ça ne serait pas gai, bien sûr. Mais il faut en tirer les bonnes conclusions. La solution est de lutter contre le système qui produit Marine Le Pen, non de croire qu’on va sauver la démocratie en votant pour le premier corrompu venu. J’ai toujours en tête ce slogan de 2002 : « votez escroc pas facho ». Choisir l’escroc pour éviter le facho c’est mériter l’un et l’autre et se préparer à avoir les deux ».

Le pire étant d’être contraint maintenant de se poser la question de savoir qui, entre les deux probables qualifiés du second tour est le plus dangereux. Et  malheureusement c’est Emmanuel Macron qui décroche la timbale.

Macron est l’héritier d’Hollande.

Tout au long de son mandat, François Hollande a passé son temps à abîmer les institutions et saper l’autorité de l’État. À croire qu’il a décidé de complètement les détruire. C’est une situation grosse de dangers. L’opération Macron est une tentative avérée de continuer comme si de rien n’était. Dire que le télévangéliste est l’héritier en tout point de l’actuel président de la république est une évidence. Mais les méthodes utilisées pour le faire advenir à base de violations des libertés publiques et des principes républicains constituent un précédent très grave. Les institutions démocratiques en sortiront lourdement affaiblies, quel que soit le résultat.

Liberté d’expression bafouée et médias asservis

Pendant tout ce mandat, la liberté d’expression a été malmenée. Multiplication des pressions, saisines systématiques des tribunaux, et adoption de lois clairement liberticides (loi renseignement, sur la consultation décide djihadistes, visant à interdire les sites anti-IVG). La création ex nihilo du télévangéliste par l’instrumentalisation sans précédent de l’appareil médiatique subventionné, celui appartenant aux oligarques, ou au service public, a permis d’atteindre des sommets. Les mêmes médias ont docilement joué le rôle que l’on attendait d’eux en participant avec enthousiasme au coup d’État contre la candidature Fillon. Avec un double objectif : disqualification du candidat de droite et étouffement du débat de fond. Le service public radiotélévisé, dirigé par Madame Ernotte qui semble veiller de très près au respect de cette ligne, et malgré son obligation légale de pluralisme est le plus zélé dans l’accomplissement de ce sale boulot.

Instrumentalisation sans vergogne de la Justice

Et puis, il y a l’instrumentalisation de la justice. Les professeurs de droit, les avocats, les juristes ont beau s’étonner, s’inquiéter, s’égosiller, le coup d’État anti Fillon continue imperturbablement. Du tempo adopté par le Parquet National Financier et le Pôle du même nom pour traiter le dossier du candidat de la droite découle une partialité évidente et démontre une préparation antérieure à l’article du Canard enchaîné. Pour François Fillon, c’est prestissimo, en revanche pour Macron, ses frais de bouche au ministère, le probable délit de favoritisme pour filer à Las Vegas rencontrer Bolloré, les déclarations de patrimoine fantaisistes, l’opacité totale du financement de sa campagne, ce sera largo (lent, très lent), on connaît la musique au PNF. Malgré un signalement de l’Inspection Générale des Finances, celui-ci a refusé de déclencher une enquête préliminaire. Il a fallu la rébellion du parquet de Paris pour que cela fut fait et une régularité minimum restaurée. Pourtant la plus haute hiérarchie judiciaire nous dit que : « la justice suit son rythme en toute indépendance », en oubliant de rappeler qu’elle doit aussi le faire en toute impartialité. Terme que l’on n’entend jamais. La présidente du SM, le syndicat du mur des cons, finit par la revendiquer cette partialité en nous assénant sans mollir : « »Le juge « neutre » n’existe pas et c’est tant mieux. Il n’est pas un être désincarné, il pense et a des opinions personnelles. Entre la loi et le cas particulier, il y a un espace rempli par le juge avec ses valeurs, ses convictions et sa personne. » Proposition absolument hallucinante que cette revendication qui montre à quel point certains ont perdu le sens commun et sont saisis d’une hubris dangereuse. La neutralité, l’objectivité, l’impartialité sont les objectifs fondamentaux que doivent respecter les décisions de justice rendues au nom du peuple français, comme d’ailleurs dans tous les systèmes démocratiques et depuis longtemps. Le « juge neutre » individuel n’existe pas, c’est vrai, mais c’est pour cela qu’il y a la Justice, son organisation et ses règles impératives. Qui reposent, répétons-le encore et encore sur le principe de défiance vis-à-vis de l’homme juge. Ce type de dérive qu’on a vue à l’œuvre durant tout le mandat Hollande trouve aujourd’hui sa caricature avec l’affaire Fillon. Y a-t-il des raisons de penser que le télévangéliste successeur de François Hollande hésite à utiliser ces méthodes ? Compte tenu de la façon dont se déroule cette campagne, poser la question c’est y répondre.

Les autorités administratives indépendantes laissent faire

Deux institutions essentielles au fonctionnement équilibré d’une démocratie, la justice et la presse sont sorties de leurs lits. Elles ne sont pas les seules, ce que l’on appelle « les autorités administratives indépendantes » font la même chose. Le CSA ne voit aucun inconvénient aux déséquilibres grossiers en faveur de Macron dans les médias audiovisuels. La Commission Nationale des Comptes de Campagne, chargée de contrôler les recettes et les dépenses des candidats, et bien évidemment muette. Alors qu’on apprend tous les jours des bizarreries préoccupantes concernant la campagne de « En Marche », opacité des financements, et  interventions des services de l’État au profit de la campagne du télévangéliste. Est-il nécessaire de rappeler que toute dépense exposée par qui que ce soit en dehors du compte de campagne peut être réintégrée à celui-ci dès lors qu’elle a pu avantager électoralement le candidat ? C’est ainsi que le compte de Nicolas Sarkozy en 2012 a été invalidé à la suite de la réintégration d’une dépense exposée par l’État pour un déplacement du président en exercice dont la commission a considéré que c’était plus un déplacement électoral. Compte tenu de la propagande éhontée de la presse, des interventions de l’État, du caractère plus que trouble des financements on voit mal déjà, comment le compte d’Emmanuel Macron pourrait être validé. Soyons sûrs qu’il le sera pourtant.

Un apparatchik sans principe

Et puis il y a enfin, la personnalité d’Emmanuel Macron que l’on peut pressentir à partir de sa trajectoire et d’un certain nombre d’événements qui s’y sont déroulés. Causeur rappelait un épisode révélateur et déplaisant à propos du rachat journal le Monde. On y ajoutera la cession à des investisseurs chinois de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, le très trouble bradage de la branche énergie d’Alstom à General Electric, les facilités dont semble avoir bénéficié Patrick Drahi, dans lesquels beaucoup voient les causes de l’étonnante complaisance de ces médias vis-à-vis du télévangéliste. Du point de vue des conflits d’intérêts, des amitiés construites, des services rendus son passage au ministère de l’économie mériterait un examen attentif. Certains ralliements récents sont de ce point de vue assez éclairant.

Emmanuel Macron est donc la solution pour cette partie du Capital, celui de l’oligarchie néolibérale mondialisée qui a fait sécession et qui emmène avec elle celles des couches moyennes qui en profitent. Et la campagne électorale montre bien que ces gens-là sont prêts à tout. La bourgeoisie nationale avait choisi François Fillon, elle comprend sa douleur. Si par malheur Emmanuel Macron et ceux qui l’emploient arrivaient au pouvoir, il n’y a aucune chance que les libertés publiques foulées aux pieds depuis cinq ans et martyrisées depuis six mois soient restaurées. Si ça marche, pourquoi se gêner, au sein de secteurs entiers des élites la culture des libertés publiques a disparu.

La mondialisation néolibérale, est incompatible avec la démocratie. Les gens qui la conduisent le savent bien, qui rêvent de démocratie sans « démos ». Emmanuel Macron est leur agent.

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Macron, le candidat des gagnants de la mondialisation, Macron le populiste des élites 
Par Bruno Bertez, le 22 mars 2017 - Bruno Bertez

L’élection présidentielle française se rapproche.

Les jeux semblent faits. Fillon est pilonné par un feuilleton remarquablement scénarisé et orchestré. Marine le Pen ne parvient pas à trouver l’innovation qui lui permettrait d’élargir et de dépasser les 40% au second tour. A « droite » si on ose encore prononcer ce mot, les élites roulent pour Macron à la fois en terme programmatique, financier et médiatique. Macron tire l’essentiel de  son budget de campagne des grands, très grands exilés fiscaux français, singulièrement ceux de Londres.

Le mouvement logique, celui qui devrait se produire et qui peut être se produira un jour, la cassure de l’ex-droite en une composante avouée sociale démocrate globaliste et de l’autre une authentique composante conservatrice, ce mouvement est paralysé par les échéances électorales: il faut aller à la soupe, il ne faut pas ruiner sa carrière.

Le découpage et la répartition sont tels que face à Marine le Pen, celui qui sera simplement le second, le challenger, celui-la remportera la mise. La stratégie des parrains de Macron a été superbe, parfaitement adaptée à la situation dans laquelle les partis traditionnels éclataient,  se décomposaient et ou le parti montant, dit populiste était isolé, diabolisé et pestiféré. C’est une très belle partie de jeu de stratégie politique avec  en particulier un trait de génie qui a consisté à faire endosser par le candidat de l’establishment, par le candidat de l’élite une position populiste de renouveau. Macron est le candidat de l’establishment qui pousse le culot jusqu’à dire qu’il va  liquider l’establishment! Il va lutter contre lui! Macron est le populiste des élites.

C’est là ou il faut admirer l’intelligence, s’incliner devant le savoir-faire. Un savoir faire depuis très longtemps perdu à « droite », voire découragé car la « droite » ou l’ex- droite , n’a jamais compté sur la stratégie, elle n’a compté que sur le vote négatif qu’il n’y avait qu’à se baisser pour ramasser. La droite s’est faite aveugler par l’incroyable impopularité de Hollande, à la limite trop grande pour être vraie. C’était un piège.

Le candidat Fillon n’a jamais été un bon candidat, on l’aimait bien mais personne en fait ne l’aimait vraiment! Un « bon gars » pensait-on et bien sur il a suffit aux stratèges d’en face de viser au bon endroit, au bon moment, pour détruire le « bon gars ».

La responsabilité de la déconfiture à droite est multiple:

-mise en place de primaires imbéciles clivantes et marquantes sclérosant ainsi les positions des candidats, leur otant la nécessaire souplesse manoeuvrière pour l’affrontement final

-l’ambition de Juppé qui s’est positionné à cheval, presque sur le créneau de Macron, ce qui a obligé Fillon pour exister à se droitiser bêtement, comme sur la sécurité sociale.

-mais de toutes façons le mal vient de très loin, de 1983 quand face à la volte face gestionnaire Mitterrand la droite n’ a pas su prendre/occuper  l’espace libéré et a laissé Le Pen s’engouffrer.   Mitterrand n’ eu qu’à profiter de l’aubaine et encourager en sous main Le Pen pour pièger la « droite ». C’est là que le Le Penisme a pris son essor, en 83 et 84.

Macron court soit disant comme un indépendant, mais c’est une tactique, pas une réalité. Il poursuit le sillon gestionnaire, moderniste, réformiste tracé par Hollande dès 2014 et même un peu avant. C’est un faux indépendant, c’est un poulain d’une écurie en composition ou en recomposition, comme l’on veut. Au lieu de venir du Parti Socialiste, le trait de génie a été de faire en sorte que le parti socialiste aille à lui! Ce  qui est en train de se produire. Chapeau l’artiste. Cela donne de la crédibilité à son positionnement de renouveau. Il n’a pas été affaibli par les primaires, il est libre, non tenu par des propos antérieurs, il peut même se permettre d’aller chasser sur les terres de le Pen en ayant le culot de proposer un retour au service militaire national! Macron étant une forme vide, il peut au gré des besoins la remplir comme cela semble opportun. Bravo.

Bravo, mais ce genre de stratégie et de positionnement n’est efficace que dans le court terme et c’est peut être ce qui entretient les illusions de Fillon: il croit que la bulle va se dégonfler. Des hommes miracle qui viennent de nulle part, des ovnis politiques positionnés au centre, il y en a eu souvent. Il y eu Simone Veil, Barre, Bayrou, Balladur, et même si on veut aller plus loin, on peut ajouter  Chaban Delmas dans cette catégorie. Nous avons coutume de dire que ce positionnement manque de consistance sur le long terme et que le centre c’est … le trou du cul.

L’expérience nous donne raison.  Ces gens, malgré leur valeur, comme Raymond Barre, n’ont pas réussi. Le vice de ce positionnement, c’est la déconnection avec le réel: au début grâce aux médias on gonfle une image, mais avec le temps l’image s’étiole, parait par ce qu’elle est artificielle, bref bidon. Elle n’est pas vivifiée, elle est hors sol. Il y a une sorte de mode, d’entichement , en particulier chez les élites et les médiacrates,  voire les rebellocrates, mais elle s’use, elle fane, quand elle doit être mise à l’épreuve du réel. Cela est normal, nous sommes dans les mouvements de surface pas dans les entrailles du pays. Macron ne représente rien d’autre qu’une Idée.

Nous pensons que Macron n’existerait pas sans Marine dont il est l’antithèse/adversaire. Avec un peu d’audace nous irions jusqu’à dire que Macron, c’est le le Pen des élites, c’est leur mystification populiste. Comme les populistes il dit ce qu’il faut pour plaire. Bien sur cela semble paradoxal, mais ce qu’il faut regarder, c’est non les apparences, mais les ressorts cachés qui déclenchent les votes. Un membre de l’élite, un Enarque, un haut fonctionnaire , un inspecteur des finances, Un banquier au service des symboles de l’oligarchie …va mettre les épaules à terre à une candidate dont la légitimité politique est précisément de combattre … tout ce que Macron représente! Et en plus Macron va la battre sur son propre terrain, celui du populisme, celui de la popularité béate, sans contenu, sans cohérence et sans consistance. Macron c’est le vide, comme un authentique populiste: il récolte sur des a priori, sur des perceptions et des rejets. Il réussit mieux que quiconque à mystifier et faire avaler des vessies pour des lanternes, témoin son positionnement sur l’Europe, c’est positionnement anti-démocratique . Il veut renforcer le pouvoir central non élu! Il veut accélérer l’intégration  et détruire le peu de  démocratie qui y règne encore! Alors que les Français non seulement l’ont rejeté quand on les a interrogés mais en plus ils le rejettent régulièrement à chaque occasion. Macron applaudit Merkel quand il va en Allemagne et salue sa politique d’immigration , les Français rejettent cette politique . Il dit qu’il n’y a pas de culture française dans un pays dont la fierté  est … sa culture . Et cela marche. Pourquoi ?Parce que ce qu’il dit n’a aucune importance dès lors qu’il a adopté un certain positionnement, qu’il occupe une certaine place dans l’esprit des gens, qu’il s’est fait une image et que tout cela est décliné obsessionnellement  sur les médias. Macron est le candidat des gagnants de et à la globalisation et Marine la candidate des perdants de et à la globalisation et Marine va perdre sur son terrain: celui du populisme.



En marche vers le précipice

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