dimanche 30 juillet 2017

Cargos, la face cachée du fret



Cargos, la face cachée du fret (France 5, 2016)

Lire aussi le Dossier de LHK : Les mers polluées en toute impunité, le 27 juillet 2017


Un scandale bien gardé : 20 cargos polluent plus que la totalité des voitures dans le monde
Le 14 février 2016 - La Relève et La Peste

Le transport maritime a pris les commandes de notre monde. Maillon fondamental d’une chaîne d’approvisionnement bien réglée, il navigue bien loin des regards, et le plus troublant c’est que nous dépendons tous de cette industrie. Le bilan en est des plus catastrophiques. Le reportage de France 5 « Cargos, la face cachée du fret » nous dresse un bilan des plus sinistres. Bien loin des regards de nos médias de masse, la consommation de seulement 20 navires de ces géants des mers équivaut à la pollution totale des voitures présentes dans le monde (concernant les particules de souffre) ! Bienvenue dans notre société…
Ce reportage sublime de France 5 — mais on commence a avoir l’habitude — dépeint le portrait de notre société et du principe même de la « mondialisation », allant jusqu’à casser les codes de ce que nous croyons. Un auteur du nom de Mark Levinson, auteur du livre « The box », nous explique très simplement que :
« beaucoup de gens croient que la mondialisation est due à la disparité des salaires et de la délocalisation des entreprises en Asie ou autres, car la main d’oeuvre y est moins chère, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Cette disparité des salaires existe bien avant la mondialisation, mais en réalité c’est le coût très bas des transports qui a permis l’utilisation de la main d’oeuvre bon marché et de vendre ces produits sur les marchés… »
Bien loin des idées reçues, cette industrie maritime qui produit plus de 90 % de nos besoins sur terre est infranchissable. À coups de contrôles et de surveillances hautement protégées, les journalistes du documentaire se sont heurtés à une réalité qui fait froid dans le dos. On appelle ça « la cécité des mers ».



Pas moins de 60 000 navires voguent sur les flots de notre Terre pour répondre aux besoins des 7 milliards d’êtres humains. Aujourd’hui, ces navires sont quasiment indétectables voire invisibles. Ces mêmes navires deviennent de plus en plus imposants, frôlant même la démesure. Évoqué dans le reportage de France 5, l’un des plus grands navires mesure 400 mètres de long, soit l’équivalent de 4 fois la taille d’un terrain de football qui pourrait contenir la tour Eiffel ! Ils sont aussi grands pour la simple et bonne raison que plus le navire peut contenir de poids, plus le coût du transport diminue, et ça s’appelle « l’économie d’échelle » !
Des études ont révélé qu’un seul navire pourrait contenir 800 millions de bananes — suffisamment pour donner une banane à chaque personne en Amérique du nord et en Europe — et décharger en seulement 24 heures ! Pour continuer dans les couloirs bien sombres de la mondialisation, personne ne sait ce que contiennent ces conteneurs, hormis l’expéditeur et le destinataire. Même l’entreprise qui affrète le transport ne le sait pas … et tout ceci est légal ! Ces conteneurs transportent bien souvent de la drogue, des armes et des produits chimiques…
Aujourd’hui, les entreprises maritimes réalisent pas moins de 450 milliards de dollars de bénéfices. Entre les mains d’une poignée de personnes, ces entreprises contrôlent notre système de consommation. Chaque année, on comptabilise 122 naufrages, soit un naufrage tous les trois jours pour des navires de plus de 300 conteneurs. Mais bien sûr, dans les médias, on préfère nous parler d’autres choses, comme des accents circonflexes ! Tous les ans, 1,8 million de tonnes de produits toxiques contaminent nos mers, soit 5 000 tonnes par jour. C’est ce qu’on appelle les « marées blanches ». Mais l’une de ces conséquences les plus graves est directement liée à la vie aquatique et à tout notre écosystème. En effet, le bruit que produisent ces géants des mers équivaut à plus de 100 fois le volume sonore d’un réacteur d’avion. Ces pollutions sonores créent une perte de repère auprès des mammifères marins qui viennent régulièrement s’échouer sur les plages. « Nous détruisons l’océan par le bruit de nos bateaux ». L’écosystème est également menacé à cause des transports d’eau et de poissons, car quand les navires ne sont pas chargés à fond, ils pompent des quantités d’eau gigantesques pour stabiliser l’équilibre du cargo. Ainsi, ce sont des milliers de poissons qui sont transportés et rejetés dans des eaux situées à des dizaines de milliers de kilomètres de leur habitat naturel.



Une seule organisation a les moyens de prendre des mesures restrictives pour faire cesser cette tragédie, c’est l’OMI (Organisation Maritime Internationale) qui siège au sein même de l’ONU. En revanche, celle-ci est dirigée par les pays possédant les plus grandes flottes de cargos. Et qui sont-elles ? Le Panama, le Libéria et les Îles-Marshall… Des pays qui permettent à ces navires de complaisances de passer inaperçus dans les hautes mers. « L’OMI est donc aux mains des pays qui vendent leur nationalité aux armateurs les moins consciencieux. » Ils ont donc tout pouvoir, ils ont le droit de vie et de mort… Il est plus que primordial que toutes ces pratiques cessent. Pour conclure, un seul de ces cargos émet plus de souffre que 50 millions de voitures réunies. Les 20 plus grands navires polluent plus que la totalité des voitures dans le monde (concernant les particules de souffre)… et ce n’est pas 20 mais 60 000 navires qui naviguent sur nos mers…


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