vendredi 10 novembre 2017

Quelques documentaires sur des catastrophes écologiques occultées

Quelques documentaires sur des catastrophes écologiques occultées
Novembre 2017 - Le Partage

La plupart des mili­tants écolo­gistes se sont un jour ou l’autre heur­tés, lors d’une discus­sion ou d’un débat sur les problèmes envi­ron­ne­men­taux, à un (ou des) indi­vidu(s) parti­cu­liè­re­ment scep­tique(s) et/ou techno-reli­gieux (ceux qui croient ferme­ment que le déve­lop­pe­ment tech­no­lo­gique nous permet­tra toujours de résoudre les problèmes qu’il engendre perpé­tuel­le­ment).

La défo­res­ta­tion massive ? On replan­tera des “forêts”, traduc­tion : des plan­ta­tions, des mono­cul­tures, non pas des forêts, et en espé­rant qu’il reste des sols sur lesquels les plan­ter, puisque, ainsi qu’on peut le lire dans un article récem­ment publié sur le site du quoti­dien Les Echos :

« Au cours des cent dernières années, un milliard d’hec­tares de terres fertiles, l’équi­valent de la surface des Etats-Unis, se sont litté­ra­le­ment vola­ti­li­sés. Et l’or­ga­ni­sa­tion des Nations unies pour l’ali­men­ta­tion et l’agri­cul­ture (FAO) s’inquiète de de l’ave­nir des surfaces restantes. Dans un rapport de 650 pages, publié en décembre à l’oc­ca­sion de la clôture de l’An­née inter­na­tio­nale des sols, elle constate qu’un tiers des terres arables de la planète sont plus ou moins mena­cées de dispa­raître. »

Traduc­tion : la civi­li­sa­tion indus­trielle (ses pratiques agri­coles, sa béto­ni­sa­tion inexo­rable, etc.) détruit les sols du monde entier.
La surpêche ? Il suffira de dimi­nuer les quotas et de créer des réserves marines.
Le plas­tique dans les océans ? Il suffira de quelques inven­tions du type de celle de Boyan Slat (qui reste, à l’heure actuelle, un joli mirage, et qui, de toute manière, n’a jamais consti­tué une solu­tion puisqu’elle ne vise pas à endi­guer le flot inin­ter­rompu des millions de tonnes de déchets plas­tiques que l’hu­ma­nité indus­trielle déverse en perma­nence, de multiples façons, dans les eaux du monde entier).
L’air qui est devenu cancé­ri­gène ? On instal­lera des filtres, on mettra en place des mesures visant à inter­dire les émis­sions de polluants, on dépol­luera l’air avec des aspi­ra­teurs géants qui débar­ras­se­ront l’air des merdes toxiques qu’on y balance encore.
Ce qu’il y a de bien, avec la pensée magique, c’est qu’elle sert de contre-argu­ment contre à peu près tout. Et pendant ce temps-là, tout empire.
Je ne compte pas me lancer ici dans un bilan des dégra­da­tions écolo­giques en cours, ce serait beau­coup trop fasti­dieux, inter­mi­nable et puis, impos­sible de dres­ser une liste exhaus­tive !
Certaines pollu­tions sont plus connues que d’autres, certains problèmes écolo­giques sont mis en avant, tandis que d’autres non. Ceux que j’ai cités font partie des clas­siques (avec l’épui­se­ment de l’eau douce par surex­ploi­ta­tion des eaux souter­raines ; le réchauf­fe­ment clima­tique ; la montée du niveau des mers et des océans ; l’aci­di­fi­ca­tion des océans ; la conta­mi­na­tion des sols, de l’at­mo­sphère, des mers, bref, de tous les milieux, par les millions de produits chimiques issus des indus­tries ; l’épui­se­ment de nombreuses ressources non-renou­ve­lables de types métaux, mine­rais en tous genres), mais connais­sez-vous ceux-ci :



Dans ce docu­men­taire d’Arte, on découvre les pratiques de la mafia cala­braise en Italie, qui, main dans la main avec les multi­na­tio­nales et les états du monde entier (d’autres mafias), orga­nise une gestion des déchets nucléaires pour le moins abomi­nable. Noyés au fond des mers dans des épaves sabor­dées, enfouis dans des décharges légales et illé­gales sur terre, ces déchets empoi­sonnent grave­ment les humains et les non-humains des milieux qu’ils intoxiquent.

Carte des navires (connus) trans­por­tant poten­tiel­le­ment des déchets toxiques, parfois nucléaires, 
coulés en mer par la mafia (tirée du site http://www.infon­doal­mar.info/)




« Des milliers de cais­sons métal­liques, dix-neuf navires char­gés de déchets radio­ac­tifs, quatorze réac­teurs, et, surtout, trois sous-marins nucléai­res… : tous reposent au fond de l’océan Arctique — première zone de pêche au cabillaud du globe. Les parties métal­liques rouillent, l’eau salée ronge le béton et des parti­cules radio­ac­tives s’échappent des épaves. Pour­tant, l’omerta est de mise. Pour avoir dénoncé l’état déplo­rable de la flotte russe et le risque d’ac­ci­dent nucléaire, un ingé­nieur et inspec­teur de sous-marins a été empri­sonné ; un autre mili­taire n’ac­cepte de témoi­gner qu’a­no­ny­me­ment. Un rapport remis en 2011 au Krem­lin par le minis­tère russe de l’En­vi­ron­ne­ment appe­lait à couler des sarco­phages de béton autour de deux des trois sous-marins d’ici 2014 au plus tard — mais la recom­man­da­tion est restée à ce jour lettre morte. »



« Cachées depuis des décen­nies, les décharges d’armes chimiques sous-marines livrent un peu de leur secret grâce à cette enquête : un scan­dale mili­taire hérité de deux guerres mondiales et une véri­table menace pour l’homme et pour l’en­vi­ron­ne­ment. Plus d’un million et demi de tonnes d’armes chimiques non utili­sées gisent sur les fonds marins de la planète. Encore s’agit-il d’une esti­ma­tion, puisque le secret défense qui les entoure à travers le monde empêche toute évalua­tion précise. Les poisons qu’elles contiennent (gaz moutarde, gaz sarin, arse­nic…) s’échappent lente­ment, inexo­ra­ble­ment, des fûts corro­dés par des décen­nies d’im­mer­sion. Ces armes sont l’un des terribles héri­tages des deux guerres mondiales. Jusqu’au début des années 1970, avec un pic entre 1917 et 1945, les armées des grandes puis­sances ont systé­ma­tique­ment déversé leur arse­nal chimique quasi indes­truc­tible au fond des mers, dans les lacs ou l’ont enterré. »




Une carte qui repré­sente ce million et demi de tonnes d’armes chimiques non utili­sées qui gisent sur les fonds marins de la planète. Lien Google Maps : https://www.google.com/maps/d/u/0/viewer?ll=23.819022598537117%2C0.3515625&z=3&mid=1ALnyOrN5JQ8H50znwJqI_Sj8IwE




« Alors que le monde entier s’inquiète de la pollu­tion marine autour de la centrale de Fuku­shima, le silence règne sur la centaine de milliers de tonnes de déchets radio­ac­tifs déver­sés en quelques décen­nies au large des côtes euro­péennes. Or, les fûts métal­liques renfer­mant ces déchets présentent une méchante tendance à rouiller et à lais­ser échap­per un contenu haute­ment toxique. Diffi­ciles à loca­li­ser, encore plus à contrô­ler, ces fûts auraient été immer­gés au-dessus de profondes fosses océa­niques. Dans les faits, on les repère parfois à moins de cent mètres de la surface de l’eau, à proxi­mité de rivages où, curieu­se­ment, les taux de cancers augmentent plus vite qu’ailleurs. »


Ce qui est frap­pant et presque jamais exprimé ainsi dans les médias grand public, c’est la folie (furieuse) dont tout cela témoigne. Mais, bien sûr, lorsque les succes­seurs de la classe des fous qui ont orga­nisé cela ont la main­mise sur les insti­tu­tions cultu­relles et média­tiques, il est logique que celles-ci servent à ratio­na­li­ser les folies dont est consti­tuée l’his­toire de la civi­li­sa­tion.
Ainsi que l’ex­plique Theo­dore Kaczynski,
«  si le déve­­lop­­pe­­ment du système-monde tech­­no­­lo­­gique se pour­­suit sans entrave jusqu’à sa conclu­­sion logique, selon toute proba­­bi­­lité, de la Terre il ne restera qu’un caillou désolé — une planète sans vie, à l’ex­­cep­­tion, peut-être, d’or­­ga­­nismes parmi les plus simples — certaines bacté­­ries, algues, etc. — capables de survivre dans ces condi­­tions extrêmes. »
Concrè­te­ment cela se traduit, par exemple, par la volonté d’ex­ploi­ter les nodules poly­mé­tal­liques du fond des océans pour pallier les pénu­ries de métaux à venir (liées à leur surex­ploi­ta­tion et à l’épui­se­ment de ces ressources), au risque de détruire (encore plus) ces écosys­tèmes, ce qui consti­tue le sujet de ce docu­men­taire d’Arte :



On y apprend, sur un ton et d’une manière qui ratio­na­lise très calme­ment la folie de tout ce que la civi­li­sa­tion indus­trielle entre­prend, qu’il « est impos­sible de faire machine arrière et de tirer un trait sur ces métaux », parce qu’on « ne peut raison­na­ble­ment pas deman­der aux gens de renon­cer à leurs smart­phones, à leurs ordi­na­teurs et à leurs télé­vi­sions. »
C’est pourquoi les fous qui nous dirigent envi­sagent sérieu­se­ment que nous nous attaquions au plan­cher océa­nique et que nous le détrui­sions comme nous détrui­sons déjà les terres émer­gées. Et peu importe, ainsi que nous l’ex­plique Matthias Haeckel (expert en biogéo­chi­mie marine), que :
«  Le plan­cher océa­nique, surtout celui des abysses qui repré­sentent une immense surface, est le moteur prin­ci­pal du cycle mondial du carbone, c’est lui qui équi­libre notre climat à une échelle tempo­relle d’en­vi­ron 100 000 ans. À cela s’ajoute un deuxième cycle, que l’ex­ploi­ta­tion des nodules risque égale­ment de pertur­ber, qui est celui de l’oxy­gène : les sédi­ments marins régulent le taux d’oxy­gène et là il s’agit d’un cycle sur plus de 2 millions d’an­nées. »
Vous compre­nez bien qu’entre, d’un côté, le climat des 100 000 prochaines années et l’oxy­gène des 2 millions d’an­nées à venir, et, de l’autre, des smart­phones, des ordi­na­teurs et des télé­vi­sions, le choix n’est pas aisé. On ne peut raison­na­ble­ment pas renon­cer aux smart­phones, aux ordi­na­teurs et aux télé­vi­sions. C’est pourquoi jusqu’ici, les smart­phones, les ordi­na­teurs et les télé­vi­sions l’ont emporté et l’em­portent sur la santé de la biosphère.
L’ex­ploi­ta­tion des nodules poly­mé­tal­liques du fond des océans n’est qu’une des nombreuses catas­trophes poten­tielles qui pointent à l’ho­ri­zon de la folie extrac­ti­viste morti­fère qui anime la culture domi­nante ; il y en a bien d’autres, dont l’ex­ploi­ta­tion des clathrates de méthane, discu­tée ci-après par le jour­na­liste Fabrice Nico­lino :


Étant donné l’im­por­tance de ce qui est en jeu, à savoir la vie sur Terre ou au mini­mum la vie sur Terre telle que nous la connais­sons, la démence histo­rique et actuelle de la civi­li­sa­tion, qui est avant tout celle de ses classes diri­geantes, doit être combat­tue. À tout prix. Et contrai­re­ment à ce qu’af­firment tous ceux qui parti­cipent de la fausse oppo­si­tion média­tique, fabriquée, auto­ri­sée et subven­tion­née, ce n’est pas d’une autre indus­trie, d’une indus­trie alter­na­tive, d’une éco-indus­trie que nous avons besoin. C’est évidem­ment de nous débar­ras­ser de l’in­té­gra­lité la civi­li­sa­tion indus­trielle, de renon­cer aux hautes tech­no­lo­gies et à toutes les tech­no­lo­gies dont le coût écolo­gique est insou­te­nable, de délais­ser la course au déve­lop­pe­ment et de se défaire du mythe du progrès, cette illu­sion mani­fes­te­ment léthi­fère.

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