jeudi 7 janvier 2021

"Plus proche que l’air que nous respirons"

MAJ de la page : Silouane

Le chrétiens orthodoxes fêtent Noël en ce jour (CNews, 2021) / Bon Noël aux orthodoxes !

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Arvo Pärt, Silouan's Song (1991), A Far Cry (Boston, 2019)
 

Entretien sur la vie et l'enseignement de Saint Silouane l'Athonite (1866-1938)
Avec Jean-Claude Polet, Professeur émérite à l'Université Louvain-la-Neuve, secrétaire de l'association Saint-Silouane l'Athonite (France Culture, Orthodoxie, 30 septembre 2018)
La jeunesse de Silouane ; l'entrée à l'Athos ; les trois révélations : 1/ la vision du Christ vivant, 2/ "Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas, 3/ la connaissance de l'Esprit Saint comme personne.

Moi-même, je ne suis pas digne d’être appelé moine. J’ai vécu plus de quarante ans dans le Monastère, et pourtant je me sens comme un novice débutant ; mais je connais des moines qui sont proches de Dieu et de la Mère de Dieu. Le Seigneur est tellement proche de nous, plus proche que l’air que nous respirons. L’air pénètre à l’intérieur de notre corps et parvient jusqu’au cœur, mais le Seigneur vit dans le cœur même de l’homme. « J’établirai ma demeure et Je circulerai au milieu d’eux... Je serai pour eux un père, et ils seront pour Moi des fils et des filles, dit le Seigneur » (II Co 6, 16-18).
Voici notre joie : Dieu est avec nous et en nous.
Est-ce que tous savent cela ? Malheureusement, pas tous, mais seulement ceux qui se sont humiliés devant Dieu et ont abandonné leur volonté propre, car Dieu résiste aux superbes et ne vit que dans un cœur humble. Le Seigneur se réjouit quand nous nous souvenons de sa miséricorde et Lui devenons semblables par notre humilité.
Extrait de : Le service du moine
 
Toi, notre Lumière, Tu illumines l’âme pour qu’elle T’aime insatiablement. Tu me retires ta grâce parce que mon âme ne demeure pas toujours dans l’humilité ; mais Tu vois comme je souffre, et je Te demande : « Donne-moi l’humble Esprit Saint » (p. 301).
Gardez la grâce de Dieu ; avec elle, vivre est facile ; tout se passe en paix, selon Dieu ; tout est rempli de douceur et de joie ; l’âme est paisible en Dieu. On chemine comme à travers un magnifique jardin où habitent le Seigneur et la Mère de Dieu. Privé de la grâce divine, l’homme n’est que terre et péché ; mais avec la grâce, l’esprit de l’homme devient semblable à un Ange. C’est par leur esprit que les Anges servent et aiment Dieu ; de même l’homme : par son esprit il est comme un Ange (p. 303).
De quelle douceur est le Saint-Esprit, Lui qui réjouit l’âme et le corps ! Il donne de connaître l’amour divin, — cet amour qui naît du Saint-Esprit.
Quel miracle ! Par le Saint-Esprit l’homme connaît le Seigneur, son Créateur ; et bienheureux ceux qui Le servent, car Il a dit : « Là où Je suis, là aussi sera mon serviteur [et] il contemplera ma Gloire » (Jean 12, 26 ; 17, 24) (pp. 304-305).

Les souffrances et les dangers ont appris à beaucoup d’hommes à prier.
Un jour, un soldat vint me trouver dans le magasin de vivres [saint Silouane était « économe » du monastère de Saint-Pantéléïmon, responsable des aspects matériels du monastère] ; il se rendait à Salonique. Mon âme le prit en affection, et je lui dis : « Prie le Seigneur, et tes peines seront allégées. » Il me répondit : « Je sais prier. Je l’ai appris à la guerre, lorsque j’étais dans les batailles. Je suppliais le Seigneur de me garder en vie. Les balles pleuvaient, les obus éclataient, et peu d’hommes survécurent ; je pris part à de nombreux combats, mais le Seigneur m’a gardé. » Tout en parlant, il me montra comment il priait, et d’après l’attitude de son corps on pouvait voir qu’il était entièrement plongé en Dieu. (...) 
Si tu veux prier, l’esprit uni au cœur, et si tu n’y parviens pas, dis la prière avec les lèvres et fixe ton esprit sur les mots de la prière, comme il est dit dans l’Échelle [de saint Jean Climaque]. Avec le temps, le Seigneur te donnera la « prière du cœur », sans distraction, et tu prieras avec facilité. Certains, dans l’œuvre de la prière, ayant forcé leur intelligence à descendre dans leur cœur, l’ont abîmé à tel point qu’ils ne pouvaient même plus prononcer la prière avec les lèvres. Mais, toi, connais la loi de la vie spirituelle : les dons ne sont accordés qu’à l’âme simple, humble et obéissante. À celui qui est obéissant et retenu en tout - en nourriture, en paroles et en mouvements - le Seigneur donnera la prière, et elle s’accomplira avec facilité dans son cœur.
Extrait de : La prière chez S. Silouane

"Seigneur miséricordieux, écoute ma prière. Fais que tous les hommes de la terre Te connaissent par le Saint-Esprit. "
Source : Prière courte de S. Silouane

Voici un des grands classiques de la spiritualité contemporaine. Entré à 26 ans, en 1892, au mont Athos, Silouane aurait vécu jusqu’à sa mort, en 1938, sans laisser de traces si le jeune Sophrony n’avait trouvé en lui un témoin incarné de la grâce, apte à répondre aux multiples formes de désespoir qu’étreint l’humanité contemporaine.
À la fois récit de la vie de Silouane et présentation de sa doctrine, cette remarquable synthèse, qui livre aussi ses écrits, explicite la tradition ascétique et mystique de l’Orient chrétien, sa théorie de la divinisation et sa pratique de la prière perpétuelle.
Un ouvrage essentiel alors que Silouane a été canonisé et que son rayonnement fait de lui un Père pour notre temps, capable d’exprimer dans les mots les plus simples la plénitude de l’expérience chrétienne qui tient dans la rencontre personnelle avec le Christ.
Né à Moscou en 1896, le futur père Sophrony étudie les beaux-arts et peint. En 1921, il quitte l’Union soviétique, se rend en France et y expose avant de s’inscrire à l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge. En 1925, cherchant la vie contemplative, il entre comme moine au mont Athos. Dès 1930, il devient le disciple de Silouane et, à la mort de ce dernier, se fait ermite tout en étant confesseur de plusieurs couvents athonites. En 1947, il retourne à Paris pour publier la vie et les écrits de son starets, puis fonde en Angleterre le monastère de Maldon où il décède en 1993.
Traduit du russe par l’archimandrite Syméon
Quatrième de couverture
 

S. Silouane (Russie, 1866 - Mont-Athos, 1938)
  

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