Guerres ignorées (I): crimes de guerre saoudiens au Yémen avec la bénédiction et les armes occidentales
Par Shahid Atiqullah le 31 octobre 2016 - German Foreign Policy / Tlaxcala (trad.)
Berlin persiste dans son soutien au clan dirigeant de Riyad, en dépit des crimes de guerre commis au Yémen par les forces armées saoudiennes. Tandis qu’un renforcement des sanctions contre la Russie est à l’étude – pour des crimes de guerre présumés ou réels à Alep, en Syrie –, l’Arabie Saoudite n’a rien à craindre, même après avoir bombardé le 8 octobre à Sana'a une cérémonie funéraire, tuant plus de 140 civils.
Les raids aériens de la coalition menée par l’Arabie Saoudite au Yémen sont déjà responsables de plus de 2 400 morts civiles, y compris des patients hospitalisés par Médecins Sans Frontières et des enfants dans une école coranique. Le Yémen, écrasé par la pauvreté et dépendant des importations pour 80% de son alimentation, est coupé de ses approvisionnements vitaux par le blocus maritime de Riyad. Plus de 1,5 million d’enfants souffrent déjà de malnutrition, dont 370 000 d’entre eux de manière critique. Les soins médicaux sont insuffisants, car l’Arabie Saoudite bombarde les usines pharmaceutiques et limite l’importation de médicaments. Les médias allemands [et français] font rarement état de la catastrophe humanitaire au Yémen, pour laquelle Riyad, l’un des principaux alliés de Berlin [et de Paris] au Moyen-Orient, est responsable. La guerre de Riyad au Yémen contre les insurgés Houthis vise également à faire reculer l’influence iranienne, servant ainsi également les intérêts de l’élite allemande [et française].
Dès le début de leur agression contre le Yémen, l’Arabie Saoudite et sa coalition militaire [1] ont recouru aux raids aériens, causant de nombreuses victimes civiles, certains ayant rapidement été considérés comme des crimes de guerre. 18 victimes civiles étaient déjà signalées après les premiers raids aériens le 25 mars 2015. Le même jour, la Maison Blanche a annoncé que le Président Barack Obama avait autorisé « la fourniture de soutien logistique et de renseignements » à la coalition saoudienne et avait établi une cellule de planification commune avec l’Arabie Saoudite pour coordonner son soutien [2]. En outre, le secrétaire d’État américain John Kerry a annoncé que l’assistance US incluait un « ciblage » militaire [3]. Cependant, cela a été rapidement réfuté officiellement – pour une bonne raison : le 14 avril, le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, s’est senti obligé de critiquer vivement les nombreuses attaques contre les civils yéménites. Au moins 364 civils avaient déjà perdu la vie depuis le début du conflit, une part considérable étant due aux raids aériens de la coalition saoudienne, selon Al Hussein. Des hôpitaux, des écoles, des mosquées et des quartiers résidentiels ont été détruits lors des raids aériens. Le Haut-commissaire a demandé des enquêtes [4].
Toute conscience est conscience de quelque chose. Parler de "conscience sans objet" est-ce alors parler pour ne rien dire ?
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