jeudi 19 janvier 2012

Grégoire de Nysse


Grégoire de Nysse, né entre 331 et 341 à Néocésarée (actuelle Niksar en Turquie), dans la province du Pont-Euxin, mort après 394, est un théologien et Père de l'Église. (...)

Nous pouvons citer trois sources profanes qui eurent une certaine influence, au moins dans leur style, sur la doctrine de Grégoire de Nysse : ce sont Platon, Plotin et les stoïciens. Il faut faire une mention spéciale de Plotin (205-270), philosophe mystique néo-platonicien. La dépendance littéraire de Grégoire envers lui est évidente. Cependant, cette influence doit être mitigée : nous assistons dans son œuvre à une entière transformation du platonisme comme du néoplatonisme de Plotin. Nous pouvons suivre dans son jaillissement même et dans les difficultés qu'il rencontre le travail de transposition qui va permettre à la mystique chrétienne de se constituer. L'influence plotinienne, bien plus qu'une influence réelle dans la doctrine, consiste plutôt en « atavisme d'expression ». La nouveauté du christianisme, dans la recherche d'une formulation adéquate, se voit obligée d'acquérir la maîtrise de ce langage philosophique profane, mais en modifiant considérablement le sens.
Source (et suite) du texte : wikipedia
Autre biographie : cerf / gregoire de nysse


Bibliographie :
- La Vie de Moise, ou Traité de la perfection en matière de vertu, trad. Jean Daniélou, Ed. du Cerf, 1942.
- La Vie de Moise selon Grégoire de Nysse, trad. Michel Corbin, Ed. du Cerf, 2008.
- Homélies sur le Cantique des Cantique, Ed. du Cerf, 2008
- La Colombe et la Ténèbre, textes choisis des "Homélies sur le Cantique des Cantiques", Ed. du Cerf, 2009.
- Homélies sur l'Ecclésiaste, Ed. du Cerf, 1996.
- Contre Eunome, deux tomes, Ed. du Cerf, 2008-2010
- Sur les titres des psaumes, Ed. du Cerf, 2002.
- Discours catéchétique, Ed. du Cerf, 2000.
- Sur l'âme et la résurrection, Ed. du Cerf, 1995.
- La Création de l'homme, Ed. du Cerf, 1943.
- Traité de la virginité, Ed. du Cerf, 1966.
- Vie de Sainte Macrine, Ed. du Cerf, 1971.
- Lettres, Ed. du Cerf, 1990.
- La Catéchèse de la foi, Ed. Migne/Brépols, 1978.
- Les Béatitudes, Ed. Migne/Brépols, 1979
- La Prière du Seigneur. Homélie sur le Notre Père, Ed. DDB, 1982.
Etudes :
Jean Daniélou, Platonisme et théologie mystique, Ed. Aubier, 1953.
Alain Durel, Eros transfiguré, Ed. du Cerf, 2007
Michel Corbin, La Vie de Moise selon Grégoire de Nysse, Ed. du Cerf, 2008
André Gozier, Célébration de l'Ineffable, Réflexions sur la dénomination au dessus de tout nom, Ed. Socéval, 2006.
En ligne :
Grégoire de Nysse / skynet


La manifestation de Dieu s'est faite d'abord à Moise dans la lumière. Ensuite, il a parlé avec lui dans la nuée. Enfin, devenu plus parfait, Moise contemple Dieu dans la ténèbre. (...).
PG 44, 1000C

Le texte nous enseigne par là que la connaissance (gnose) religieuse est d'abord lumière pour ceux qui la reçoivent : en effet ce qui est contraire à la piété est obscurité, et l'obscurité se dissipe par jouissance de la lumière. Mais, plus l'esprit, dans sa marche en avant, parvient, par une application toujours plus grande et plus parfaite, à comprendre ce qu'est la connaissance des réalités et s'approche davantage de la contemplation, plus il voit que la nature divine est invisible. Ayant laissé toutes les apparences, non seulement ce que perçoivent les sens, mais ce que l'intelligence croit voir, il tend toujours plus vers l'intérieur, jusqu'à ce qu'il pénètre, par l'effort de l'esprit, jusqu'à l'invisible et à l'inconnaissable, et que là il voie Dieu.
C'est en cela que consiste en effet la vraie connaissance de celui qu'il cherche et sa vraie vision, dans le fait de ne pas voir, parce que celui qu'il cherche transcende toute connaissance, séparé de toute part par son incompréhensibilité, comme par une ténèbre.
Vie de Moise, 162-163, trad. J. Daniélou

Ce que défend d'abord la parole divine, c'est en effet que les hommes assimilent Dieu à rien de ce qu'ils connaissent; nous apprenons par là que tout concept formé par l'entendement pour essayer d'atteindre et de cerner la nature divine ne réussit qu'à façonner une idole de Dieu, non à le faire connaitre.
Vie de Moise, 165, trad. J. Daniélou

L'Ecriture nous dit cela non au sens que cette vue puisse devenir devenir cause de mort pour ceux qui en jouiraient. Comment en effet le visage de la Vie serait-il jamais cause de mort pour ceux qui s'en approchent ? Mais l'Etre divin étant vivifiant par essence, et d'autre part le caractère distinctif de la nature divine étant d'être au-dessus de toute détermination, celui qui pense que Dieu est quelque chose de déterminé passe à côté de celui qui est l'Etre par essence, pour saisir ce que l'activité subjective de l'esprit prend pour de l'être, et n'a pas la Vie. Car la Vie véritable c'est celui qui est par essence. Or cet être est inaccessible à la connaissance. Si donc la nature vivifiante transcende la connaissance, ce qui est saisi par l'esprit n'est aucunement la Vie. Or ce qui n'est pas la vie n'est nullement apte à communiquer la vie. Donc ce qu'il désire s'accomplit pour Moise par là même que son désir demeure inassouvi.
Vie de Moise, 234-235, trad. J. Daniélou

Toutefois pour que ne soit pas oublié ce que nous avons dit au début quand nous avons établi que la vie parfaite est celle dont aucune borne ne limite le progrès dans la perfection et que la croissance continuelle de la vie vers le meilleur est la voie pour l'âme vers la perfection, il sera bon, ayant conduit notre exposé jusqu'au terme de la vie de Moise, de confirmer la définition que nous avons donné de la perfection. Celui en effet qui s'est élevé par tant d'ascensions durant toute sa vie, n'a pas manqué de devenir toujours supérieur à lui-même, en sorte, je pense, qu'en toutes choses, comme l'aigle, sa vie apparaît au-dessus des nuages et aérienne, s'enfonçant dans le ciel de l'ascension spirituelle.
Vie de Moise, 306-307, trad. J. Daniélou
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Si l'âme revient à elle-même, écrit saint Grégoire, si elle se connait dans sa vraie nature, elle contemple alors le modèle dans sa propre beauté, comme dans un miroir une image.
PG 46, 89C

Ce que la nature a fait pour les yeux du corps qui, voyant toutes les autres choses, ne se voient jamais eux-mêmes, elle l'a fait aussi pour l'âme : l'âme explore tout le reste des choses, elle exerce son activité curieuse et sagace sur tout ce qui est en dehors d'elle, mais il lui est impossible de se voir elle-même. (...) De même que ceux-ci n'ont pas le pouvoir de réfléchir sur eux la puissance visuelle, mais qu'ils peuvent apercevoir leur forme dans un miroir, de même l'âme : qu'elle se détourne d'elle et se tourne vers son image. (...) Mais pour ce qui concerne la forme dans le miroir, l'image est élaborée d'après l archétype. Pour l'expression de l'âme c'est le contraire : c'est d'après la divine beauté que l'image de l'âme est copiée. Donc lorsque l'âme tourne son regard vers son archétype, alors elle se contemple vraiment elle-même.
PG 45, 729 A-B.

Ainsi donc dans les discours sur Dieu, la recherche porte-t-elle sur l'essence, c'est "le moment de se taire", mais porte-elle sur quelque énergie bonne dont la connaissance descend même jusqu'à nous, (...) c'est le moment de recourir jusqu'à ce point au discours.
Homélies sur l'Ecclésiaste, VII, 8, 135

Celui qui se tourne vers le principe de l'apatheia qui est le Christ, reçoit de lui, comme d'une source pure et incorruptible, ses dispositions, si bien qu'il manifeste en lui la ressemblance avec le modèle, qui est celle de l'eau avec l'eau, de l'eau qui jaillit de la source avec celle qui est puisée dans une amphore. Il n'y a, en effet, qu'une pureté : celle qui est dans le Christ et celle qui est dans celui qui participe du Christ ; mais elle est dans l'un comme dans sa source, dans l'autre comme dans sa dérivation.
De la perfection chrétienne, PG 46, 284D

La nature bienheureuse et éternelle de Dieu, "qui dépasse toute intelligence", enferme en elle-même tous les êtres et ne peut être limitée par rien. Il n'y a en effet en elle aucune détermination, ni temps, ni lieu, ni couleur, ni forme, ni figure, ni poids, ni quantité, ni extension, ni rien de limité, que ce soit nom, chose ou concept ; mais toute perfection que l'on reconnaît en elle est infinie et illimitée. Car là où le mal n'a pas de place, le bien n'a pas de limite.
Dans la nature changeante, du fait que la puissance de la volonté est disposée également à incliner vers chacun des deux contraires, et le bien et le mal qui sont en nous se limitent par leur succession respective : le mal qui survient devient limite du bien, et toutes les opérations de notre âme, dans la mesure où elles s'opposent les unes aux autres, mettent fin les unes aux autres et sont limitées les unes par les autres.
La nature divine, elle, simple, pure, unique, immuable, inaltérable, toujours semblable à elle-même et ne sortant jamais d'elle-même, puisqu'elle n'admet pas de partage avec le mal, demeure illimitée dans le bien, et elle ne voit aucune fin en elle, puisqu'elle ne voit en elle-même rien qui soit contraire.
Aussi la nature divine entraîne l'âme humaine à participer à elle, elle transcende toujours celle-ci d'une façon égale par son éminence dans le bien. L'âme grandit toujours dans sa participation au transcendant et ne cesse jamais de croître; mais le bien auquel elle participe demeure le même, se manifestant toujours aussi transcendant à l'âme qui y participe toujours davantage.
Homélie 5 sur le Cantique, PG 44, 885CD-888A
Source du texte : skynet


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