Le mal, Une approche scientifique (Allemagne, 2012)
Qu'est-ce que le mal ? Neuropsychiatres et psychologues se penchent sur cette question éternelle avec les méthodes d'investigation d'aujourd'hui.
Il y a quarante ans, le psychiatre américain Hervey Cleckley a réalisé la première étude de cas d’envergure sur des patients qui n’éprouvaient aucun remords au sujet des crimes qu’ils avaient commis. Cette absence d'empathie est-elle innée ou acquise ? Pour y répondre, le chercheur Gerhard Roth s'est intéressé à l'environnement de délinquants, montrant que celui-ci joue un grand rôle et peut altérer le cerveau dès le plus jeune âge. « Ces changements s’ancrent profondément entre l'âge de 4 et 7 ans, comme s’ils étaient d’origine génétique », explique-t-il. Le neuropsychologue Thomas Elbert, lui, s’est penché sur les mécanismes qui poussent certains groupes à commettre des meurtres horribles dans différents conflits qui secouent l’Afrique et s’interroge sur le fonctionnement des enfants-soldats. Prise en otage et violée par un patient dans un centre de détention pour mineurs, une thérapeute témoigne et se demande pourquoi elle n’a pas su prévoir la réaction de ce jeune homme sur lequel elle avait écrit auparavant un rapport rassurant…
Source : Arte
Le cerveau particulier des psychopathes
Radio canada, le 27 janvier 2015
Des anomalies dans de nombreuses parties du cerveau des criminels violents psychopathes ont été révélées par des examens d'imagerie par résonance magnétique (IRM) réalisés à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et au King's College London au Royaume-Uni.
Les chercheurs Sheilagh Hodgins et Nigel Blackwood expliquent que ces particularités se trouvent dans des parties du cerveau associées à l'apprentissage de la punition et de la récompense.
Dans les pénitenciers canadiens, un détenu sur cinq reçoit un diagnostic de psychopathie.
« Les criminels ayant ce profil présentent des taux supérieurs de récidives et ne répondent pas bien aux programmes de réhabilitation. Comme notre recherche révèle une anormalité qui sous-tend ces comportements, elle pourrait appuyer les interventions afin de prévenir le comportement violent ainsi que les thérapies comportementales visant à réduire le nombre de récidives. »
— Pre Sheilagh Hodgins
Les criminels psychopathes se distinguent des autres contrevenants de plusieurs façons.
Généralement, les criminels sont très sensibles à la menace ainsi qu'aux comportements colériques et agressifs. Toutefois, les psychopathes réagissent faiblement aux menaces, restent froids et exercent une violence délibérée.
De plus en plus de données probantes démontrent que les deux profils de criminels, avec ou sans psychopathie, présentent plusieurs anomalies, propres à chacun, dans leur développement cérébral dès l'enfance.
Les chercheurs expliquent qu'il est essentiel d'identifier les mécanismes neuraux qui sous-tendent le comportement violent persistant du psychopathe afin de mettre au point des initiatives qui préviennent les crimes et des programmes de réhabilitation qui réduisent le nombre de récidives.
L'étude incluait la participation de 12 criminels violents avec trouble de la personnalité antisociale et psychopathie, 20 criminels violents avec trouble de la personnalité antisociale sans psychopathie et 18 hommes non criminels en bonne santé.
Les chercheurs ont découvert que les criminels violents atteints de psychopathie, lorsque comparés aux criminels violents sans psychopathie et aux non-criminels, démontrent des réactions anormales aux punitions dans le cortex cingulaire postérieur et dans l'insula lorsqu'une réponse auparavant récompensée était punie. D'autres travaux avaient aussi montré des anomalies dans les fibres nerveuses de la matière blanche reliant ces deux zones. Le fonctionnement du cerveau des criminels violents sans psychopathie, quant à lui, s'est révélé similaire à celui des non-criminels.
« Ces résultats suggèrent que le cerveau des criminels violents avec psychopathie est caractérisé par une organisation particulière du réseau des neurones qui sert à apprendre au moyen des punitions et des récompenses. »
— Nigel Blackwood
Cette connaissance est précieuse pour l'établissement de programmes visant la prévention de la criminalité violente.
La plupart des crimes violents sont commis par des individus qui présentent des problèmes de comportement dès le plus jeune âge. Des interventions basées sur l'apprentissage qui cibleraient les mécanismes du cerveau à l'origine de ce type de comportement et, par le fait même, les modifieraient réduiraient de façon importante le nombre de crimes violents.
Source : Radio Canada
Francis Bacon
(Self-Portrait, 1971)
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