mardi 10 mars 2015

Pourquoi l’Occident hait-il Poutine ?

Pourquoi l’Occident hait-il Poutine ? La raison secrète
Le 1er mars 2015 - Australian Voice


Les raisons officielles

Nous savons tous que les gouvernements occidentaux, emmenés par les États-Unis et le Royaume-Uni, se sont retournés contre la Russie. Les raisons données par les médias sont nombreuses: la Russie a essayé d’empêcher l’Ukraine de rejoindre l’Union européenne. La Russie a aidé les « rebelles pro-russes » à abattre le MH-17. La Russie a « envahi » illégalement la Crimée. Des milliers de troupes et de tanks russes combattent en Ukraine. Certains d’entre nous pensent que ces affirmations sont de la propagande de guerre à l’intention des citoyens de l’Ouest dans le but de justifier des sanctions contre la Russie et de faire monter les tensions militaires.

Les raisons géopolitiques

Beaucoup moins largement débattues, mais beaucoup plus importantes, il y a les raisons géopolitiques qui considèrent les zones de conflit entre les intérêts économiques des États-Unis et ceux de la Russie et de la Chine. Pour le moment, l’Union européenne est très dépendante de l’énergie russe. Les Etats-Unis aimeraient faire cesser cela. Le conflit en Ukraine est une part importante du processus de séparation économique de l’UE et de la Russie. Mais il y a aussi un programme plus vaste. La Chine et la Russie dirigent les BRICS, ce groupe de pays rassemblant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Les pays des BRICS veulent développer un système économique mondial qui ne dépende pas du dollar US. Ils veulent être indépendants du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. La Chine a aussi suggéré à l’Europe qu’elle se joigne à elle et à la Russie dans ce qu’elles appellent la Nouvelle route de la soie, qui s’étend dans toute l’Eurasie, de Lisbonne à Shanghai. Inutile de dire qu’il n’y a pas de place pour les États-Unis dans ce plan, ce qui donne une autre raison de couper les liens économiques entre la Russie et l’Union européenne.

La raison secrète – La guerre qui n’a pas eu lieu

Tous ces facteurs sont importants, mais il y en a encore un autre, qui n’est jamais discuté dans les médias occidentaux. L’élément déclencheur de la soudaine hostilité contre la Russie et Poutine peut être trouvé dans presque tous les événements non déclarés qui se sont déroulés entre la fin d’août et le début de septembre 2013. Ce qui est arrivé dans cette période cruciale est qu’une attaque surprise de l’Otan contre la Syrie a été stoppée par la Russie. C’était probablement la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale qu’une attaque militaire planifiée par l’Occident était confrontée à une force suffisante pour exiger son annulation. On ne l’a pas dit aux gens en Occident parce que leurs dirigeants belliqueux au discours martial ont flanché. Ils ont reculé et ont décidé de changer leurs plans. Le nouveau plan : démolir l’Ukraine et s’emparer de la Crimée au profit de l’Otan. Cela n’a pas marché non plus, à l’évidence, et le désordre qu’ils ont créé est toujours là.

L’attaque US/France prévue sur la Syrie

Tôt le matin du samedi 31 août 2013, un officiel américain a téléphoné au cabinet du président Hollande pour lui dire d’attendre un appel d’Obama plus tard dans la journée. « Présumant que ce coup de téléphone du soir annoncerait le début des frappes aériennes états-uniennes (contre la Syrie), Hollande a donné l’ordre à son état-major de mettre au point leurs propres plans d’attaque. Les avions de combat Rafale ont été chargés de missiles de croisière Scalp, on a dit à leurs pilotes de lancer les missiles de  400 km de portée lorsqu’ils seraient sur la Méditerranée. »(1)
Autrement dit, à ce moment-là, les pilotes français et les troupes états-uniennes attendaient seulement l’ordre final du président Obama pour lancer leur attaque. Mais plus tard le même jour, à 18h15, Obama a appelé le président français pour lui dire que l’attaque programmée le 1er septembre à 3h du matin n’aurait pas lieu comme prévu. Il devait consulter le Congrès.(2)

Trois jours plus tard, à 06:16 GMT mardi 3 septembre, deux missiles dirigés vers la côte syrienne étaient lancés « depuis la partie centrale de la Méditerranée », mais ils n’ont pas atteint la Syrie.(3) « Les deux missiles se sont écrasés dans la mer. »(4) Il existe différents récits de ce qui s’est produit. Selon Israël Shamir:

«Un journal libanais, citant des sources diplomatiques, a affirmé que les missiles étaient lancés depuis une base aérienne de l’Otan en Espagne, et ils ont été abattus par un système naval embarqué mer-air de défense russe. Une autre explication proposée par Asia Times soutient que les Russes ont utilisé leurs brouilleurs GPS, puissants et bon marché, pour rendre impuissants les Tomahawks, très chers, en les désorientant pour les rendre inopérants. Il y a encore une autre version, qui a attribué le lancement aux Israéliens, soit qu’ils aient tenté de provoquer le conflit soit qu’ils aient seulement observé les nuages, comme ils le prétendent.»(5)

Les navires de guerre étaient prêts

Il est difficile de savoir ce qu’il y a derrière ce lancement de missiles raté, mais cela n’a pas déclenché de guerre. Nous pouvons tous en être reconnaissants. Sur la carte ci-dessous, nous pouvons voir l’impressionnante collection de navires de guerre en position au large de la Syrie à l’époque.(6) Un article dans Global Research a parlé d’un «déploiement naval massif des Etats-Unis et de leurs alliés en Méditerranée orientale au large de la côte syrienne ainsi que dans la mer Rouge et dans le golfe Persique.» (7)


A ce moment-là, il semblait presque certain que les Etats-Unis et leurs alliés lanceraient une attaque contre la Syrie. Au lieu de quoi, l’attaque prévue a été reportée sine die. Comme le dit Israël Shamir, « les volontés de fer de l’Amérique et de l’Eurasie s’étaient croisées en Méditerranée orientale », et les Etats-Unis ont subitement décidé de reculer devant ce grave conflit militaire. Un commentateur a plaisanté en disant qu’Obama avait finalement mérité son prix Nobel de la paix, après ça. Voici l’évaluation de la situation par le Saker, un opposant véhément à ce qu’il appelle l’Empire anglo-sioniste. Parce que, de par sa vie antérieure, le Saker a une connaissance intime du fonctionnement des affaires militaires de l’Otan.

«Moins remarqué, il y a eu l’envoi par la Russie d’une force navale opérationnelle, assemblée à la hâte mais compétente, sur la côte syrienne. Pas une force suffisamment importante pour battre la marine US, mais une force capable de fournir à l’armée syrienne une vision complète du ciel au-dessus et au-delà de la Syrie. Autrement dit, pour la première fois, les États-Unis ne pouvaient pas réaliser une attaque surprise sur la Syrie, pas avec des missiles de croisière, pas avec leur puissance aérienne. Pire, la Russie, l’Iran et le Hezbollah se sont lancés dans un programme caché et déclaré d’assistance matérielle et technique à la Syrie, qui a fini par vaincre l’insurrection wahhabite.» (8)

Pourquoi les Etats-Unis ont-ils modifié leurs plans ?

Il nous est difficile de connaître toutes les manœuvres qui se sont déroulées en coulisses en août et en septembre 2013, mais le résultat final est clair. Après des années de tensions croissantes et de menaces, les États-Unis et leurs alliés ont décidé de ne pas attaquer la Syrie comme ils l’avaient prévu. Étant donné que la rhétorique et le déploiement militaire contre la Syrie semblaient suivre le scénario utilisé pour l’Irak et la Libye, il y a eu peu de débats en Occident sur les raisons pour lesquelles les États-Unis et leurs amis ont subitement changé leurs plans. Maintenant, avec le recul, nous pouvons voir que cette attaque directe ratée a mené à une attaque indirecte croissante et à la montée de ce qui est maintenant connu comme l’État islamique.

Deux des raisons évidentes que je peux déceler à ce changement soudain ne font pas partie des choses dont les dirigeants politiques occidentaux veulent débattre. L’une est le fait que ces guerres sont très impopulaires. Comme résultat des mensonges et des échecs innombrables révélés sur les guerres sauvages et inutiles en Afghanistan, en Irak et en Libye, il semble que certains politiciens écoutent leurs concitoyens. Comment pouvez-vous expliquer autrement la décision inattendue du parlement britannique, le jeudi 29 août, de voter contre la participation du Royaume-Uni à toute frappe contre la Syrie?

L’autre raison est l’étendue des concentrations de troupes de la Syrie, de la Russie et même de la Chine.(9) Les Russes et les Chinois n’ont pas seulement bloqué les États-Unis au Conseil de sécurité. Ils ont voté avec leur matériel militaire. Ils ne sont pas satisfaits de ce que les États-Unis avaient projeté pour la Syrie et ont fait clairement savoir qu’ils recourraient à la force pour les arrêter. Quand les Chinois ont-ils envoyé pour la dernière fois des navires de guerre en Méditerranée? La Russie et la Chine n’approuvent clairement pas la manière dont les États-Unis décident d’envahir un pays après l’autre.

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Pour des raisons qui sont faciles à imaginer, il y a eu peu de discussions sur la signification plus large de ces événements dans les médias occidentaux. Cependant, des commentateurs comme Israel Shamir et Pepe Escobar croient que ces événements signalent un changement important dans l’équilibre des pouvoirs dans le monde. Ce qui suit est tiré d’une présentation par Israel Shamir au Rhodes Forum le 5 octobre 2013:

«Tout d’abord, la bonne nouvelle. L’hégémonie américaine, c’est du passé. La brute a été maîtrisée.

»Nous avons franchi le cap de Bonne-Espérance, symboliquement parlant, en septembre 2013. Avec la crise syrienne, le monde a opéré une bifurcation essentielle de l’Histoire moderne. C’était un quitte ou double, presque aussi risqué que la crise des missiles cubains de 1962.

»Les risques d’une guerre totale étaient élevés, car les volontés de fer de l’Amérique et de l’Eurasie s’étaient croisées en Méditerranée orientale. Il faudra un certain temps pour que ce que nous avons vécu fasse son chemin dans les consciences: c’est normal pour des événements d’une telle ampleur. »(10)

Par Eurasie, il faut entendre la Russie et la Chine. En termes crus, ces deux pays ont simplement contraint les Etats-Unis à reculer et à annuler leurs plans de guerre. Généralement, les gens ordinaires aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans beaucoup d’autres pays étaient tout aussi opposés à l’attaque que le peuple syrien lui-même.

Pepe Escobar est encore plus dramatique. Écrivant le 17 octobre, après le recul syrien et l’arrêt du gouvernement à Washington, il explique qu’il y a eu un changement de politique à Beijing. Maintenant, pour la Chine, fini de mettre des gants diplomatiques. Il est temps de construire un monde désaméricanisé. Le temps est venu d’une monnaie de réserve internationale qui remplace le dollar US.(11) Cette nouvelle approche est présentée dans un éditorial de Xinhua.(12) La dernière paille pour eux était l’arrêt des États-Unis [faillite budgétaire bureaucratique, NdT] venant s’ajouter à la crise financière provoquée par les banques de Wall Street. Il cite ce qui est peut-être le paragraphe le plus important:

« Au lieu de remplir ses obligations comme une puissance dirigeante responsable, un Washington égocentrique a abusé de son statut de superpuissance et a même introduit davantage de chaos dans le monde en transférant ses risques financiers à l’étranger, provoquant des tensions régionales dans des conflits territoriaux, et menant des guerres injustifiées couvertes par des mensonges.»(13)

La Chine a au moins trois étapes pour cette nouvelle stratégie. La première est de stopper les aventures militaires des États-Unis. Toutes les nations doivent respecter le droit international et régler les conflits dans le cadre des Nations unies. La deuxième est d’élargir l’adhésion à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international pour inclure des pays émergents et en développement. La troisième est de travailler à une « nouvelle monnaie de réserve internationale qui doit être créée pour remplacer la domination du dollars US ».(14)

Peut-être est-ce pour cette raison que les dirigeants en Occident ne célèbrent pas la guerre qui n’a pas eu lieu. Les Russes et les Chinois ont forcé l’Occident à respecter le droit international et à éviter une guerre illégale. De plus, les Chinois voient cela comme le commencement d’une nouvelle ère dans la politique mondiale. Ils veulent désaméricaniser le monde. Cela signifie que les États-Unis et leur petit groupe d’amis en Europe de l’Ouest et au Japon devront reconnaître qu’ils ne peuvent pas prendre de leur propre chef toutes les décisions importantes dans le monde.

Notes:
1. Cité d’après un article de David Axe, « Les bombardiers français étaient chargés, les rebelles syriens étaient déployés – Tous attendaient le OK d’Obama pour attaquer »; https://medium.com/war-is-boring/69247c24253f (en anglais)
2. http://israelmatzav.blogspot.com.au/2013/09/france-was-ready-to-strike-syria-obama.html
3. http://beforeitsnews.com/middle-east/2013/09/two-missiles-launched-toward-syria-fall-into-the-sea-2454030.html
4. http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/syria/10282788/Missiles-launched-in-Mediterranean-towards-Syrian-coast-claims-Russian-defence-ministry.html
5. http://www.globalresearch.ca/the-war-on-syria-the-september-2013-military-stand-off-between-five-us-destroyers-and-the-russian-flotilla-in-the-eastern-mediterranean/5355644
6. https://fbcdn-sphotos-b-a.akamaihd.net/hphotos-ak-ash3/1176205_566256046755921_1140583716_n.jpg
7. http://www.globalresearch.ca/massive-naval-deployment-us-and-allied-warships-deployed-to-syrian-coastline-before-the-august-21-chemical-weapons-attack/5347766
8. http://thesaker.is/submarines-in-the-desert-as-my-deepest-gratitude-to-you/
9. http://www.redflagnews.com/headlines/alert-china-sends-warships-to-syria-joining-russian-warships-in-mediterranean-sea
10. http://www.globalresearch.ca/the-war-on-syria-the-september-2013-military-stand-off-between-five-us-destroyers-and-the-russian-flotilla-in-the-eastern-mediterranean/5355644
11. http://www.alternet.org/world/de-americanized-world-and-china
12. http://news.xinhuanet.com/english/indepth/2013-10/13/c_132794246.htm. Cela semble être le même important éditorial analysé par Jeff J. Brown dans le post de Wikileaks « Baba Beijing’s Belly Laugh Felt Round the World », http://www.wikileaksparty.org.au/baba-beijings-belly-laugh-felt-round-the-world-2/. La seule différence que je peux voir est que Jeff Brown se réfère à un auteur nommé Tang Danlu, tandis que le site web de Xinhua se réfère à Liu Chang comme l’auteur de l’article.
13. http://news.xinhuanet.com/english/indepth/2013-10/13/c_132794246.htm
14. http://www.alternet.org/world/de-americanized-world-and-china

Source : Australianvoice / Le Saker Francophone (trad)


Divorce entre l’Europe et les États-Unis sur l’Ukraine
Le 7 mars 2015 – Moonofalbama

Le gouvernement allemand se réveille enfin, du moins un peu, et s’avise du fait évident que les néo-conservateurs américains veulent entraîner l’Europe dans une guerre. Il accuse maintenant ouvertement certains cercles au sein du gouvernement des États-Unis et de l’OTAN de saboter l’accord de cessez-le-feu de Minsk. Les discours fantaisistes de Breedlove, le commandant suprême des forces alliées en Europe, sont particulièrement offensifs.

Cela fait des mois que Breedlove commente les activités russes dans l’est de l’Ukraine, en parlant de l’avancée des troupes russes à la frontière, de l’accumulation de munitions et de prétendues colonnes de chars russes. Maintes et maintes fois, les chiffres brandis par Breedlove ont été significativement plus élevés que ceux des alliés européens de l’OTAN et des Etats-Unis. Il est clair que cela fait le jeu des extrémistes du Congrès américain et de l’Otan.

Le gouvernement allemand est inquiet. Les Américains tentent-ils de contrecarrer les efforts européens de médiation menés par la chancelière Angela Merkel? Des sources provenant de la Chancellerie ont qualifié les commentaires de Breedlove de propagande dangereuse. Le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a même récemment jugé nécessaire de discuter des commentaires de Breedlove avec le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.

Mais Breedlove n’a pas été la seule source de friction. Les Européens ont également commencé à voir en d’autres personnes des obstacles à leur recherche d’une solution diplomatique au conflit en Ukraine. D’abord et avant tout Victoria Nuland, la responsable des Affaires européennes au Département d’État des États-Unis. Elle et d’autres aimeraient voir Washington livrer des armes à l’Ukraine et sont soutenus par les républicains du Congrès ainsi que par de nombreux démocrates puissants.

Le président américain Barack Obama semble, en effet, presque isolé. Il a donné son appui aux efforts diplomatiques de Merkel pour le moment, mais, d’un autre côté, il n’a pas fait grand-chose pour calmer ceux qui s’ingénient à accroître les tensions avec la Russie et qui veulent livrer des armes à l’Ukraine. Selon des sources à Washington, les commentaires bellicistes de Breedlove sont d’abord approuvés par la Maison Blanche et le Pentagone. Le général, affirment ces sources, tient le rôle du super faucon, et sa fonction est d’augmenter la pression sur les partenaires transatlantiques de l’Amérique qui sont trop réservés à son goût.

Les États-Unis, y compris Obama, veulent renforcer l’Otan qu’ils dirigent et, par là, renforcer leur influence en Europe. Et l’Europe, en perdant ses contrats avec la Russie et en risquant la guerre, est censée en payer le prix.

Le public allemand, malgré des tonnes de propagande transatlantique, a bien compris la situation, et le gouvernement est obligé d’en tenir compte. Il est obligé de revenir à une gestion plus appropriée des affaires du pays, même si cela entraîne des problèmes avec Washington. Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et des États-Unis sont actuellement réunis à Paris et le secrétaire d’État Kerry n’aimera pas ce qu’il va entendre:

A Berlin, les politiciens les plus importants ont toujours considéré qu’une position commune vis-à-vis de la Russie est une condition préalable nécessaire à la réussite des efforts de paix. Pour le moment, ce front commun tient toujours, mais le différend [avec les Etats-Unis, NdT] porte sur un problème fondamental : la diplomatie peut-elle réussir sans la menace d’une action militaire? En outre, les partenaires transatlantiques ont des objectifs différents: tandis que le but de l’initiative franco-allemande est de stabiliser la situation en Ukraine, c’est la Russie qui intéresse les faucons de l’administration américaine. Ils veulent faire reculer l’influence de Moscou dans la région et déstabiliser le pouvoir de Poutine. Pour eux, le résultat idéal serait un changement de régime à Moscou.

L’Europe n’a aucun intérêt à un changement de régime en Russie. Le résultat serait probablement un gouvernement et un dirigeant bien pires que Poutine, qui est largement libéral.

Les États-Unis, l’empire du chaos, ne se soucient pas de ce qui se passe après un changement de régime. Dans l’optique des responsables politiques états-uniens, les difficultés et les troubles qui meurtrissent le reste du monde ne peuvent que conforter la position (relative) des États-Unis. La destruction par la guerre des capacités de production en Europe permettrait aux États-Unis de relancer leurs exportations.

Il semble qu’au moins certains dirigeants européens commencent à comprendre qu’ils se sont fait avoir par Washington et qu’ils tentent de faire marche arrière. Une sphère économique eurasienne est dans l’intérêt de l’Europe. Obama va-t-il accepter leur point de vue et cesser d’écouter les faucons, ou va-t-il intensifier l’escalade et mettre en danger son alliance avec l’Europe? Un premier signe semble aller dans le bon sens. Les États-Unis ont annulé, au dernier moment, leur projet de former les forces de la Garde nationale ukrainienne (c’est-à-dire les nazis):

Vendredi, un porte-parole des forces américaines en Europe a confirmé le report dans un communiqué en ces termes : «Le gouvernement américain voudrait voir l’accord de Minsk appliqué.»

«La mission de formation est actuellement suspendue, mais Army Europe est prête à effectuer la mission si et quand notre gouvernement le décide», a indiqué le communiqué.

Certains Européens, comme ceux qui ont écrit l’article ci-dessus, voient encore en Obama un guerrier réticent poussé à la guerre par les faucons de son propre gouvernement et les républicains du Congrès. Mais l’intensification des attaques en Afghanistan, la destruction de la Libye, la guerre contre la Syrie et les troubles en Ukraine sont tous justifiés par la même propagande: Obama ne veut pas la guerre, il y est poussé, puis il l’accepte à contrecœur. C’est un mensonge. C’est Obama qui détient la responsabilité ultime, et Nuland ainsi que le général Breedlove et les autres faucons officiels qui s’inquiètent pour leurs précieux fluides corporels* sont sous son commandement direct. Il peut les faire taire ou les faire renvoyer, en une seconde, sur un simple coup de fil. Comme il ne le fait pas, il est clair qu’il veut qu’ils disent exactement ce qu’ils disent. C’est bien Obama qui mène la ligne néo-conservatrice.

Les Européens devraient enfin le comprendre et se distancer de cette voie destructrice.

Note

*Citation du film de Stanley Kubrick, Dr Folamour. Il dit qu’il faut purifier nos (US) précieux fluide corporels de l’influence communiste.

Pour le plaisir, voici le dialogue de la séquence du film, offert par le Saker Francophone:

Ripper: Mandrake?
Mandrake: Oui, Jack?
Ripper: Avez-vous déjà vu un coco boire un verre d’eau?
Mandrake: Eh bien, je ne peux pas dire que je l’ai vu, Jack.
Ripper: La vodka, c’est ce qu’ils boivent, n’est ce pas? Jamais l’eau?
Mandrake: Eh bien, oui, je crois que c’est ce qu’ils boivent, Jack, oui.
Ripper: En aucun cas un coco ne boira jamais de l’eau sans raison.
Mandrake: Oh, eh, oui. J’ai, euh, je n’arrive pas à voir où vous voulez en venir, Jack.
Ripper: L’eau, c’est là où je veux en venir, l’eau. Mandrake, l’eau est la source de toute vie. Sept dixièmes de la surface de cette terre est de l’eau. Vous vous rendez compte que 70 pour cent de votre corps est de l’eau?
Mandrake: Bon Dieu!
Ripper: Et en tant qu’êtres humains, vous et moi en avons besoin, de l’eau fraîche et pure pour reconstituer nos précieux fluides corporels.
Mandrake: Oui. (Il commence à rire nerveusement)
Ripper: Commencez-vous à comprendre?
Mandrake: Oui. (Plus de rires)
Ripper: Mandrake. Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi je ne bois que de l’eau distillée ou de l’eau de pluie, et seulement de l’alcool pur grain?
Mandrake: Eh bien, j’y ai jamais réfléchi, oui Jack.
Ripper: Avez-vous déjà entendu parler d’une chose qui s’appelle la fluoration. Fluoration de l’eau?
Mandrake: Euh? Oui, moi, j’ai entendu parler de cela, Jack, oui. Oui.
Ripper: Eh bien, savez-vous ce que ce est?
Mandrake: Non, non, je ne sais pas ce que c’est non.
Ripper: Savez-vous que la fluoration est le complot communiste le plus monstrueusement conçu et dangereux auquel nous ayons jamais eu à faire face?

Source :  Moon of Alabama/ Le Saker Francophone (trad.)


3 commentaires:

  1. Très intéressant, mais on pourrait également poser la question inverser : Pourquoi Poutine hait-il l'occident ?

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  2. Je n'sais pas comment vous faites vos articles mais c'est complétement faux! Poutine est plutôt le sauveur de l Est, le seul à résisiter aux USAtanistes. Il n'y a que les médias de masse pro-US pour hair Poutine, comme vous :)

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  3. Apprenez à lire avant de réagir !
    Le texte est précisément une critique de l'attitude des médias pro-US.

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