lundi 15 juin 2015

Faut-il abolir le cash ?

MAJ de la page : La réorganisation du monde : Vers la fin du cash / La réorganisation du monde : la fin des monnaies nationales

Emission radio RTS (8 juin 2015) : Faut-il abolir le cash ? 
Avec :
Bruno Bertez, entrepreneur, ancien propriétaire de l’Agefi France, blogueur spécialiste de l'information financière, Samuel Bendahan, économiste et député socialiste au Grand Conseil vaudois, et Horace Gautier, avocat et président du Cercle Libéral de Genève.


Faut-il abolir le cash ?
Par Bruno Bertez, le 13 juin 2015

La guerre contre le cash se déroule sur cinq fronts. Faute de distinguer entre ces différents fronts, la confusion s’installe et le débat devient impossible.

Premier front, celui de la macro-économie. La suppression du cash est suggérée par certains pour accélérer la vitesse de rotation de la monnaie et ainsi favoriser la reprise économique. Le cash serait en quelque sorte une sorte d’obstacle à la bonne transmission des politiques économiques et singulièrement à celles des mesures non-conventionnelles, comme les taux zéro ou négatifs.

Second front, celui de la rentabilité des banques. Les syndicats bancaires font valoir que la manipulation du cash coûte cher (très cher disent-ils). Ils vont jusqu’à chiffrer le coût de l’usage du cash bien entendu en omettant celui des solutions alternatives. Les banques ne vont pas jusqu’à chiffrer le bénéfice supplémentaire qu’elles tireront des commissions sur l’usage des cartes, etc.

Troisième front, celui de la sécurité bancaire. Si les déposants ne peuvent retirer leur argent cash des banques commerciales, alors les ruées, les « runs », les paniques qui font tomber les banques deviennent impossibles.



Quatrième front, celui de la fiscalité. La disparition du cash et son remplacement par les paiements modernes permet de tracer toutes les transactions et ainsi elle est censée faire disparaître la fraude, laquelle se pratique souvent à partir des espèces.

Cinquième front, celui des libertés individuelles et du choix par le détenteur d’argent liquide d’en faire ce qu’il veut. A partir du moment où tout est recensé, surveillé et contrôlé, à partir du moment où tout est piégé dans le système, on a les outils pour forcer les agents économiques à certains types d’emplois plutôt qu’à d’autres. Comme des souscriptions obligatoires (genre emprunt de solidarité) à certaines émissions dès lors que l’on dépasse un certain seuil de crédit en banque.


* * *

La suppression des espèces, une question complexe
Par Bruno Bertez, le 8 juin 2015

Nous avons hésité avant de choisir notre titre, nous  avions songé titrer : la suppression des espèces est un gigantesque hold-up.

Il nous faut expliquer.

Si nous avions choisi d’affirmer et de démontrer que la suppression des espèces est un hold-up, nous aurions crédibilisé cette possibilité ;  ainsi nous aurions agité cette menace et nous aurions rempli l’objectif des Maîtres qui est de  faire peur. Nous aurions été l’idiot utile, le complice sans le savoir.

Nous avons choisi d’expliquer en quoi consiste la guerre contre les espèces, contre le « Legal Tender Money » (LTM), et de conclure que, si cela était tenté, ce serait l’explosion du système.

Les Maîtres se retrouveraient la tête au bout d’une pique. Personne n’envisage sérieusement de bannir les espèces, car, en fait, ce serait un changement de système légal, social et politique. Même en Suède, pays où la socialisation des esprits est quasi à son comble, on n’ose pas aller jusqu’au bannissement de la  LTM.  L’échec des banques est patent, depuis 10 ans, les paiements en espèces restent stables autour de 99 milliards de Krona, un tiers des transactions. Des banques connaissent une expansion rapide en  récoltant les clients de celles qui ne délivrent plus d’espèces.  Il n’y a aucun rapport entre ce que font les pays et les banques scélérates, limiter les usages du cash, et bannir les espèces. Bannir les espèces est une rupture, un changement de système ; en revanche, limiter les utilisations du cash, c’est prolonger une tendance « soft » à l’asservissement, mais à  un asservissement auquel on peut échapper.

Nous nous excusons de ne pouvoir être plus didactique que nous ne le sommes, la matière est complexe, et personne n’étudie à l’école les moyens et les outils de sa servitude. La chose monétaire. C’est le secret des Grands Prêtres, le secret de leur domination. Qui sait que le crédit qu’il a en banque n’est pas de la monnaie? Qui sait que ce crédit n’est qu’une promesse de payer, de délivrer de la LTM, de la Monnaie à Cours Légal? Qui sait qu’un crédit dans un livre bancaire n’est qu’une promesse de payer des LTM, à demande et à tout moment. En interdisant les espèces, on  fait un colossal cadeau aux banques, c’est comme si tout se transformait en digits, en credit money, en obligation du système sur… lui-même.

La suppression du cash est non pas une mesure technique, mais une Révolution, comme le fut 1789 en France, c’est la prise de pouvoir définitive des banquiers. Ils prennent les pleins pouvoirs et ils se mettent hors d’atteinte. Si le cash était banni, les banquiers prendraient les pleins pouvoirs et ainsi serait scellée  leur domination, tutelle définitive sur les gouvernements démocratiquement élus.

Ils veulent faire avec le cash ce qu’ils ont fait avec l’or. Il faut supprimer l’extincteur ultime de dettes… comme cela, ils n’auront plus de dette que… sur eux-mêmes.  Il n’y aura  plus de « fuite »  dans leur système, plus de possibilité d’en sortir. Avant, le référent ultime, l’extincteur ultime de dettes, était l’or, puis ils ont réussi à faire en sorte que ce soit la monnaie à cours légale,  la LTM. La LTM, c’est la somme des espèces en circulation plus les Réserves des banques auprès de la Banque Centrale. En d’autres termes, la LTM  est sous la responsabilité, sous la garantie pleine et entière, du couple Gouvernement-Banque Centrale. Supprimer le cash, c’est abandonner la garantie ultime du Gouvernement démocratiquement élu et de la Banque centrale, c’est libérer les Banquiers, c’est leur donner le feu vert définitif pour vous asservir. Quand vous demandez à un débiteur le remboursement d’un crédit que vous avez accordé, vous exigez de la vraie monnaie LTM, vous n’acceptez pas qu’il vous re-signe une nouvelle reconnaissance de dettes, or c’est ce que les banques veulent faire, ne jamais vous rembourser, ne jamais honorer leur promesses, elles veulent pouvoir faire et émettre des reconnaissances de dettes à l’infini et pour l’éternité. Elles veulent que le système ne comporte aucune faille, qu’il n’y ait ni ancrage ni référent.

Ainsi,  le système bancaire se trouvera hors d’atteinte, il aura la sécurité et l’impunité totales, il pourra s’enfoncer dans le « fractionnal banking », faire ses profits, payer ses bonus, racheter les patrimoines des citoyens, les entreprises, sans, absolument sans craindre de sanction de la part de ses déposants, c’est à dire sans craindre de retraits, puisque les retraits seront impossibles et bannis. Finie la peur des ruées bancaires, des « runs » bancaires qui ont forcé à la discipline les banques britanniques après Northern Rock en Février 2008.  Les clients sont coincés pour l’éternité.

Tout le système repose sur une illusion; l’illusion qu’il y a quelque part, en fin de course, quelqu’un qui, effectivement, paie. Paie avec du vrai argent. Qu’il y a quelqu’un qui solde les dettes. Qui remet de la vraie monnaie, dont le cours et la valeur légale sont garantis. Avant, c’était l’or, maintenant ce sont les Espèces ou les Réserves auprès  de la Banque Centrale. Déjà nous nous sommes fait voler lorsqu’ils ont remplacé l’extincteur de dettes ultime, objectif en soi, qu’était l’or, ils veulent franchir une étape supplémentaire en remplaçant l’extincteur de dettes qu’est la monnaie à cours légal, par la « credit money, » la monnaie « digit », la « monnaie bancaire ». Le crédit n’est pas une monnaie, c’est un abus de langage, il est une entrée dans un livre, qui peut être transférée grâce aux progrès de la technologie.  Mais en dernière analyse, le crédit est une promesse de payer des LTM. Le montant de tout ce que doivent les banques à leurs déposants n’est pas de la monnaie, or on veut que cela en soit, afin qu’ils (les clients) ne puissent  plus jamais réclamer  leur  argent.

Il est évident qu’il faut cesser d’appeler cette « credit money », monnaie, parce que ce n’en n’est pas, elle n’est pas aussi bonne, aussi garantie que la LTM. La monnaie bancaire, la « credit money » n’est garantie que jusqu’à un certain montant, au-delà  vous pouvez tout perdre. Ainsi, aux USA,  la « credit money », la monnaie en compte bancaire, n’est garantie que jusqu’à concurrence de 250.000 dollars. En Europe, le montant est encore plus faible, 100.000 euros. En Suisse elle était, si mes souvenirs sont bons de 30.000, elle est passée à 100.000CHF  en urgence au moment de la crise financière ouverte. Or il faut savoir que même la garantie de la FDIC américaine est bidon, la FDIC n’a pas les moyens de remplir ses promesses… comme les Etats européens d’ailleurs.

On devrait prendre l’habitude, culturellement, de ne plus appeler la « credit money » « détenue » en banque, « money », mais « currency », ce serait plus juste. Le crédit que vous avez en banque n’est pas de la Monnaie et on fait tout, y compris au niveau du vocabulaire, pour vous le faire croire. Vous n’avez pas de dépôts, il n’y a rien qui est déposé et qui vous appartienne. Tout ce que vous avez, ce sont des créances et ce que l’on bouge, ce sont des créances. Et on aimerait que ces créances ne partent jamais à la recherche de leur contre-valeur en vraie monnaie, en LTM.

La suppression des espèces fait partie de ces rumeurs qui se propagent d’autant plus et d’autant plus vite qu’elles correspondent à une bribe de réalité et de rationalité. Il y a bien, au niveau mondial, une campagne, une guerre contre le cash. Comme presque toutes les rumeurs, elle correspond presque à une attente. Les idées ne naissent pas de la pression atmosphérique, il n’y a pas de création spontanée. Les idées sont dans l’air et il y a toujours quelqu’un pour les saisir. Ou les ressortir, car toutes les idées que nous évoquons ont été testées lors de la grande crise des
années 30. Ceci signifie que l’idée du bannissement des espèces a une origine et qu’elle correspond à une histoire ; histoire des idées, histoire de l’économie réelle, histoire des progrès de la technologie.

L’idée du bannissement du cash est une enfant de la crise, laquelle se définit comme crise financière déflationniste issue de l’accouplement entre l’excès de dettes et l’excès de progrès des processus de production de richesses. Tout coûte moins cher à produire, mais comme on l’a financé à crédit, le montant des dettes pèse d’un poids relatif accru. Le progrès des techniques et des échanges crée un monde déflationniste, comme ce progrès a été financé par la dette et non par l’épargne en fonds propres, la dette ne peut plus être honorée, car les prix baissent. C’est le surendettement et la crise est le révélateur de ce surendettement. La crise se manifeste par un ralentissement de la vitesse de circulation de la monnaie. La vitesse de circulation de la monnaie n’existe pas, c’est une abstraction réifiée, mais peu importe, utilisons le concept pour l’exposé. Donc selon nos Maîtres, si la crise se manifeste par le ralentissement de la vitesse de circulation de la monnaie, le remède de nos docteurs Diafoirus, c’est… de l’accélérer. Pour accélérer la vitesse, on a un truc ; il suffit de faire de l’inflation. En effet, quand il y a de l’inflation, a remarqué notre bon docteur Keynes, les gens se débarrassent de leur monnaie. Donc il faut faire de l’inflation monétaire, il faut institutionnaliser la perte de valeur de la monnaie. C’est pour cela que nos Banquiers Centraux ne cessent de pleurnicher pour obtenir une inflation minimum de 2%. Mais si la cause de la déflation est … la baisse des prix par la concurrence étrangère des pays à bas salaire et le progrès des technologies, alors on n’arrive pas à fabriquer cette inflation de 2%. La solution de Keynes ne fonctionne pas. Il y a une autre solution qui avait été proposée par un rival de Keynes, c’est le « demurrage », de Sylvio Gesell. Le demurrage réalise l’inflation en tant que perte de valeur de la monnaie artificiellement, c’est à dire à la main. Le demurrage consiste à imposer un taux négatif à la monnaie, à taxer sa détention, à instituer un « carrying cost ». La monnaie demurrée perd de sa valeur avec le temps comme avec l’inflation. Pour demurrer, il faut un système simple, informatisable, peu coûteux. Et ce système simple, on ne peut le mettre en en œuvre que si tous les avoirs de gens sont… bloqués à la Banque. Car si on peut retirer son argent et exiger son cash, sa LTM, alors on échappe au demurrage et la mesure est inefficace. Vous avez tout compris.

La crise de surendettement a constitué un révélateur de la fragilité du secteur bancaire sous le régime du « fractionnal banking ». Autre nom de la pratique bancaire de la multiplication des pains. Les déposants , alarmés par les pertes des établissements bancaires, se sont précipités afin de retirer leur argent, ce qui a rendu les banques encore plus vulnérables et fragiles. Toutes les banques sont sujettes à ce risque de retraits collectifs, on appelle cela des ruées, « runs ». Compte tenu de la situation réelle du secteur bancaire mondial, lequel n’est solvable et liquide que grâce à la lévitation des marchés financiers, la probabilité de « runs » dans le futur est grande. C’est ce qui explique que les banques soient très en faveur des limitations de l’usage du cash, elles y voient l’avantage de pouvoir ne pas répondre aux demandes d’espèces en cas de difficultés majeures et de se mettre ainsi à l’abri de la menace des « runs ». L’idée de limiter, voire de bannir le cash, est venue de là, les banques veulent se mettre à l’abri de demandes d’espèces qui feraient ressortir leur insolvabilité et leur absence de liquidité. Elles veulent continuer à spéculer, à mal gérer et à verser des bonus, sans risquer la sanction suprême, la fuite des déposants. Vue sous cet aspect, la guerre contre le cash est une guerre contre la liberté des déposants de retirer leur argent. C’est une restriction de liberté qui ne dit pas son nom. C’est un moyen d’assurer l’impunité des banquiers. En Suède, précurseur en la matière, les trois quart des banques majeures n’acceptent plus le cash et n’en délivrent plus. L’impunité est en quelque sorte garantie. Presque.

La guerre contre le cash suit également un autre cheminement, mais bien sûr, il y a convergence avec celui qui est décrit ci-dessus. La GFC, la Grande Crise Financière a muté en Grande Crise Economique, la GEC. En menace de récession ou de déflation. Les Banquiers issus du MIT appellent cela « une insuffisance de la demande globale ». Pour soutenir l’activité, selon eux, il faut créer de la demande artificielle par les moyens connus du keynésianisme et donc par le crédit et la stimulation fiscale. En clair, pour prolonger le système, on crée encore plus de dettes. Pour faire absorber la dette, on imprime plus de monnaie. Le faible rendement de la création monétaire, la mauvaise transmission, comme l’on dit, de la stimulation monétaire joints au gonflement dangereux de la masse de cash produit une réflexion sur le cash. Le cash devient pour tout le monde le mistigri dont il faut se débarrasser. Le rendement des actions de stimulation est faible, on dit que l’on pousse partiellement sur une corde. L’argent ne va pas là où on aimerait qu’il aille. Comment faire pour que les gens se décident à obéir et à faire ce que l’on veut qu’ils fassent. On veut que cet argent, ils le mettent dans le circuit économique, on veut qu’il tourne, qu’il travaille. Or, la vitesse de circulation de cet argent ralentit au fur et à mesure que l’on en crée. Il y a trop d’argent qui dort d’une certaine façon. On le met au parking, soit dans les placements sans risque, soit on le laisse dans les comptes de dépôts bancaires. Comme il y en trop, les taux des emplois deviennent nuls, puis négatifs, et les individus et institutions songent à le retirer des banques car les banques menacent de reporter les taux négatifs sur les dépôts. Ceci conduit les agents économiques à retirer leur argent des banques et à le stocker chez eux sous forme d’espèces. Ce mouvement est considéré comme non souhaitable, la Banque Nationale Suisse a été jusqu’à stigmatiser ceux qui l’effectuait et à les qualifier de mauvais citoyens. On devine la suite, elle est logique, il faut envisager de pénaliser ceux qui conservent leurs capitaux sous formes d’espèces et donc il faut les menacer. Voilà l’origine de la rumeur sur le bannissement des espèces. Il y en a d’autres, mais elles sont toujours plus ou moins du même tabac, il faut pénaliser les agents économiques et les mauvais citoyens qui cherchent à défendre le produit de leur travail ou de leur industrie, il faut les punir. Il y a un lien organique entre les taux zéro, les taux négatifs, la demande d’espèces et la volonté de punir ceux qui n’acceptent pas d’être spoliés. La spoliation monétaire doit compléter la spoliation fiscale. Il faut punir les citoyens car les banquiers et les Gouvernements ont fauté.

Les réflexions sur le cash et les espèces sont des enfants du keynésianisme confronté à ses échecs. C’est l’illustration de la loi qui gouverne les esprits socialistes : si cela ne marche pas, c’est parce que l’on n’en a pas fait assez. Au lieu d’être un désaveu, l’échec est un encouragement à aller encore plus loin. Accessoirement, se vérifie une autre idée qui est que le système capitaliste se sauve, dépasse ses contradictions, se reproduit en se pervertissant, en acceptant de plus en plus de socialisme. Le capitalisme se sauve, les classes ultra capitalistes se sauvent en allant non vers le capitalisme d’Etat, comme on l’a cru dans les années 60, mais en allant vers le capitalisme financier, vers le dirigisme financier. Les classes ultra-capitalistes sauvent leur liberté de jouer au Monopoly mondial en sacrifiant celles des classes moyennes et petites.

Une fois posés l’historique et la dialectique qui a produit l’Idée, il faut se poser la question de savoir pourquoi cette idée rencontre un certain succès. Si une idée « prend », c’est qu’elle sert certains intérêts tout en rencontrant des circonstances favorables ; rencontre d’une logique et d’une opportunité.

Les modes de paiement modernes évoluent et la tendance est, comme dans tout ce qui nous touche, la tendance est à l’abstraction, à la dématérialisation. Il n’y a là rien que de très normal, c’est la conséquence du progrès des technologies, de la digitalisation, des facilités de transmission et de l’intégration des processus.

Par ailleurs, la prédation fiscale accélère. Les besoins des Etats pour satisfaire les demandes des usuriers/banquiers /marchés et celles des assistés ne cessent de croître. Les Etats préfèrent spolier, prélever et confisquer plutôt que réduire leurs dépenses. Réduire les dépenses, pour la classe politique, c’est réduire son pouvoir. Peu importe que l’on pourrisse la vie des gens, qu’on les contrôle, qu’on les culpabilise, que l’on entretienne la frilosité, on a toujours un bon argument : la lutte contre les inégalités, la soi-disant morale fiscale. Les mesures concrètes, comme la limitation des dépenses en espèces selon les montants et les types de paiements, en sont un bon exemple. En passant, disons qu’elles sont d’une efficacité nulle s’agissant de la vraie fraude, il suffit de se rendre en Espagne pour s’en rendre compte. Comme toutes les mesures policières, elles ne gênent que les honnêtes gens et le menu fretin.

Enfin, il y a l’autre tarte à la crème, base de l’évolution scélérate de nos sociétés, la sécurité. Dans une société de vieux, de vieillards avant l’âge, il est toujours facile de faire passer de nouvelles mesures qui se présentent comme sécuritaires. Les pouvoirs de droite et de gauche utilisent à grande échelle l’argument sécuritaire pour contrôler leur population civile. Ici, il faudrait mettre en place le grand Panopticon, celui qui permet de surveiller tout le monde et de voir ce qu’il fait avec son argent. Tout le monde finance les extrémistes, n’est-ce pas? Les nouvelles lois en Grande Bretagne sont des lois scélérates qui permettent de bafouer toutes les libertés sous prétexte arbitraire et non défini, d’extrémisme. Etre extrémiste, c’est déjà être délinquant!

Il y a une autre raison que nous citons pour… son ridicule. En Suède, le porte parole des banquiers anti-cash a osé déclarer que le refus de délivrer et de manipuler le cash était justifié par le souci de sauver la planète, le transport de cash coûte prétend-il 11 milliards Krona et produit 700 tonnes de dioxyde de carbone…

Donc, il y a convergence, surdétermination, pour constater une tendance et l’amplifier.

Cette tendance, c’est la tendance à la surveillance des mouvements d’argent, des mouvements de fonds. A ne pas confondre avec la surveillance et le contrôle des mouvements de capitaux, car là, les Kleptos qui nous gouvernent ne sont pas d’accord. Leurs capitaux doivent être libres, ils doivent pouvoir se déplacer de zones favorables en zones laxistes, de zones franches en zones encore plus franches. C’est d’ailleurs pour que les kleptos puissent continuer de jouir de la liberté de leurs mouvements de capitaux et de l’ouverture des frontières que toutes ces mesures sont prises. Il s’agit de mieux contrôler le petit peuple pour que les ploutocrates puissent rester libres.

Récemment, des intellectuels au service de la ploutocratie, employés par les banques TBTF (Citi, Deutsche Bank) ont défendu une idée plus vicieuse. Puisque l’on ne réussit pas à orienter les liquidités et la création monétaire là où on désirerait qu’elles aillent, autant en prendre le contrôle. Grâce à ce contrôle, on peut mettre en place des systèmes très efficaces, il n’y aura plus d’échappatoire, plus de « fuite » dans le système si on bannit le cash. Pour en prendre le contrôle, il faut d’abord supprimer les alternatives, il faut que l’on ne puisse échapper au dirigisme centralisateur des Maîtres.

On crée de la monnaie Banque Centrale, cela on sait le faire, mais cette monnaie fait ensuite ce qu’elle veut, car elle reste libre, elle n’a pas de fil à la patte. Par la manipulation des taux, du risque, de la psychologie, on parvient à la faire se déverser sur les marchés financiers, à lui faire prendre des risques de destruction, mais cela ne suffit pas, beaucoup de gens refusent de tomber dans le piège. Alors on menace les dépôts bancaires, on dit que l’on va pouvoir les bloquer, les convertir, les amputer, mais cela ne suffit pas encore car il y a des fuites, des retraits du système bancaire. D’où l’étape suivante, il faut aussi faire peur aux détenteurs de cash, ceux qui le mettent en coffre ou sous leur matelas. Ainsi la boucle sera bouclée.

La suppression du cash est totalement irréaliste dans un monde ouvert, digitalisé, réseaux-socialisé, Elle est impraticable et dangereuse.

Il y a une marge entre limiter les usages du cash et le bannir. Car le cash correspond à une fonction et à une nécessité qui vient du bas, des hommes, des utilisateurs. C’est la société qui produit ce qu’elle considère comme monnaie. Les banques et les Gouvernements ne produisent que des « currencies ». Beaucoup d’usages de l’argent sont simplement mouvements de digits. Mais il y a des usages irréductibles. Comme la conservation de valeur libre, de valeur en soi, de possibilité de choisir et de conserver son statut social. Il y a des usages de la monnaie qui sont liés à l’identité, à sa propre souveraineté, à la propriété. Et là, on est dans le vital. On est dans ce pourquoi les gens ont, dans l’histoire, donné leur vie.

Ce sont les hommes qui produisent la monnaie en dernier ressort. Ce sont eux qui donnent statut de monnaie à un bien, à un signe, à un symbole. Ce sont les hommes qui en font l’équivalent général dans le temps et dans l’espace. La fonction de jetons, d’intermédiaire dans l’échange des marchandises, n’est pas vitale. Elle peut être dématérialisée sans que cela soit très scandaleux ou très gênant.

Ce ne sont pas les Gouvernements ou les Banques Centrales qui président au mystère historique, de la monnaie, de ce qui fait que quelque chose est « monnaie ». Les apprentis sorciers se font des illusions sur leur pouvoir, ils croient que, parce qu’ils maîtrisent les moyens monétaires, ils maîtrisent le concept, l’idée de monnaie, l’empreinte que la monnaie laisse dans l’esprit des hommes.

Nos idiots croient aux illusions qu’ils manipulent. Ils n’ont pas compris que le statut miraculeux de « monnaie » est ailleurs, dans cet ailleurs que l’on ne peut nommer, que l’on ne peut qu’approcher par des mots comme « confiance », « crédibilité », « croyance ». Ils oublient qu’à l’origine de la monnaie, il y a les temples ( le temple de Minerve), les lieux de culte, il y a quelque chose de divin qui ne disparaîtra jamais dans l’empreinte que la monnaie laisse dans l’esprit des hommes. Ces mots de confiance et autres sont des ersatz, à peine utiles pour les jeux des modèles mathématiques qui ont remplacé la pensée et la réflexion. Ce sont des mots qui, précisément, induisent en erreur parce qu’ils sont un masque, un refuge de notre ignorance. Peu de gens sont capables de comprendre que la monnaie, les espèces, l’or, sont une trace indélébile dans l’esprit des hommes. Que derrière l’apparente simplicité de ce que l’on voit, il y a des siècles de formation de l’esprit de l’homo economicus.

Le pouvoir d’adaptation et de création des hommes, des individus est infini, dès lors qu’ils sont motivés, dès lors qu’ils y ont un intérêt vital. Et là, avec la monnaie, on est dans les intérêts vitaux. La monnaie sert à autre chose qu’à effectuer des règlements et des transactions, elle a de multiples fonctions qui sont considérées comme indispensables, même si on ne les utilise que rarement. Moins souvent que l’on ne paie le pain. Demandez aux juifs qui devaient payer pour avoir de droit de sortir d’Allemagne lorsqu’Hitler a pris le pouvoir. La fonction crée l’organe et il en sera ainsi si on touche aux fonctions essentielles de la monnaie. Surtout dans un monde où les frontières de la technologie sont sans cesse repoussées. La technologie produit dialectiquement à la fois la servitude et les moyens de se libérer.

Nos Zozos feraient bien de lire et de relire les périodes de l’histoire où ce genre de question s’est posée, ils verront que les hommes, les individus, ont toujours trouvé une solution. Si vous voulez remplacer les espèces, le cash, par autre chose qui sera forcément imposé, donc moins désiré, alors une autre monnaie qui accomplira les fonctions de libre choix et de liberté, naîtra. Et elle chassera la monnaie des Maîtres. Qui ne voit que le bannissement de la monnaie serait perçu comme une régression, comme une sanction, comme un symptôme de crise, de rechute et donc comme la révélation au grand jour de l’échec des dirigeants. Qui ne voit l’incidence que cela aura sur leur légitimité déjà bien brinquebalante. Au passage, elle bousculera leur ordre et balayera le pouvoir qu’ils se sont octroyé depuis la naissance des Fiat Moneys.

Pour toutes ces raisons et surtout la dernière, la question du bannissement du cash est un épouvantail, une manipulation qui se situe dans le prolongement de la répression financière, dans la suite logique des taux zéro et négatifs, dans la suite des menaces sur les dépôts et de la disparition des alternatives. On ne peut s’empêcher de penser à ce qu’il en est advenu de cette autre tentative, celle de bannir l’or de la sphère des valeurs. Il est revenu comme une vengeance, il est accumulé en Asie, là où sont la vraie richesse et la volonté de puissance. Les richesses passent toujours de ceux qui y ont titre à ceux qui y ont droit, et le droit, c’est celui du plus fort.

Tout cela, c’est un fil de propagande et de dirigisme sur lequel on tire, mais plus on s’éloigne du point de départ initial, plus on s’enfonce dans le fantasme de la répression financière généralisée, moins cela devient réaliste et crédible. Il suffit de s’interroger sur les moyens à mettre en place pour interdire aux gens de détenir un autre cash, un autre numéraire, que celui qui est banni. Il faudra, de proche en proche, tout fermer, tout boucler!

Il restera encore une étape dans le délire des socialistes keynésiens, bizarre qu’elle ne soit pas évoquée. On parle de bloquer les coffres forts, d’envoyer des argousins, mais personne n’a encore évoqué l’arme suprême, la conversion, l’échange obligatoire des billets. En attendant, ils peuvent toujours tester une idée qui ira dans cette direction et qui donnera satisfaction aux bien-pensants : supprimer les grosses coupures, ne laisser en circulation que les petites, ce qui compliquera la tache des fraudeurs et des thésauriseurs. Est-ce une bonne idée ? On pourrait le penser, mais pas tout à fait. Car dans les pays qui pratiquent la fraude à grande échelle comme l’Italie, on fabrique des blocs d’argent cash qui contiennent une somme déterminée, cette somme est dans un emballage scellé que l’on n’a pas besoin d’ouvrir. La transmission s’effectue sur la base de la « confiance ». Il y a même des juges de paix pour trancher et arbitrer en cas de litige et d’irrégularité.

Voilà une idée que nous suggérons aux Maîtres s’ils veulent hâter leur propre défaite, grâce à elle, ils dévaleront la pente plus vite !

Source : Le blog à Lupus

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Le jour où le cash n’existera plus
Par Michel Santi, macroéconomiste, le 11 Juin 2015 - Bilan

Relancer la croissance en éradiquant les espèces? L’idée progresse, alors que les taux négatifs inaugurent une ère nouvelle qui mettra fin à certains de nos réflexes économiques ancestraux. L'analyse du macroéconomiste Michel Santi.

Une banque peut invoquer de multiples prétextes dès lors qu’il s’agit pour elle d’empêcher son client de retirer des espèces: attendre qu’un chèque ou qu’un virement en faveur de son client soient honorés par l’établissement payeur. Opposer une fin de non-recevoir, car le montant souhaité dépasse les limites autorisées sur la carte bancaire de son client. Ne pas accepter les pièces d’identité produites au guichet lors du retrait.

Autant de motifs, et bien d’autres, invoqués régulièrement par les banques pour ne pas satisfaire les besoins ponctuels en espèces de leurs clients.

Car si tous les clients des banques exigeaient de convertir en même temps la totalité de leurs comptes bancaires en espèces, l’ensemble du système financier serait condamné à s’effondrer! L’utilisation de cash – et son retrait –  est donc strictement encadrée.

Qui plus est, l’avènement des taux négatifs en 2015 a sonné le coup de grâce de l’utilisation des espèces qui sont désormais très réglementées par les banques, et surtout par la première d’entre elles, à savoir la Banque centrale, chargée de préserver en tout temps la bonne marche du système bancaire et de ses intervenants.

Les espèces – dont le taux d’intérêt est de 0% – constituent en effet le seul recours pour contrer les taux négatifs prélevés par les banques. La Banque centrale fait donc appel à ses bras armés – les banques – pour restreindre drastiquement les retraits en cash, afin d’optimiser sa politique des taux négatifs. Voilà pourquoi les autorités françaises viennent d’adopter des mesures très strictes consistant (entre autres) à réduire de 3000 à 1000 euros tout paiement en espèces.

Voilà également pourquoi la Banque nationale suisse a ordonné aux banques helvétiques de décourager fortement tout retrait de cash à leurs guichets. Voilà enfin qui explique la disparition prochaine et programmée des grosses coupures de 500 euros et de 1000 francs suisses. Si ce contexte de taux négatifs devait persister, voire s’aggraver, il est quasi certain que ces grosses coupures se négocieront un jour prochain à des prix dépassant leur valeur intrinsèque. C’est-à-dire que le billet de 500 euros pourrait se payer sous la forme d’un virement bancaire de 510 euros, voire plus...

Les espèces en circulation au sein du monde occidental empêchent donc son redressement économique. Elles sont en effet de l’ordre de 4000 dollars en moyenne par habitant aux Etats-Unis et en Europe, le double au Japon. En outre, 77% des espèces en circulation aux Etats-Unis sont des billets de 100 dollars, 53% des espèces en Europe sont des billets de 100 euros et plus. Tandis que règnent aujourd’hui les grosses coupures, alors que la masse des liquidités en circulation atteint des niveaux record, il devient impératif d’éradiquer le cash de nos sociétés.

L’absence d’espèces permettrait en effet à la Banque centrale de répercuter de manière optimale les taux négatifs sur les comptes bancaires des usagers qui – étant dans l’impossibilité de convertir leurs avoirs bancaires en cash – seraient dès lors motivés à dépenser plus au lieu de conserver des comptes bancaires coûteux… Autrement dit: la relance de la croissance par l’absence de cash.

La disparition de devises

Les taux négatifs inaugurent une ère nouvelle pour nos méthodes de consommation comme pour certains de nos réflexes économiques ancestraux. A cet égard, la limitation drastique de l’usage des espèces comme leur élimination programmée ne sont que l’étape préliminaire d’un contexte économique et financier global qui verra la disparition progressive de la multitude des devises mondiales et le maintien de deux ou trois monnaies dont l’usage sera universel et dont les marges de fluctuation seront encadrées afin de ne pas pénaliser les échanges commerciaux.
Source : Bilan

* * *

La guerre contre le cash : Clairement totalitaire. 
Entretien de N Giambruno avec le Dr Joe Salerno, le 11 mai 2015

Une chose qui ferait pencher fortement la balance en faveur des collectivistes serait la victoire de la guerre contre le Cash. Leur but est d’éliminer les paiements de main à main, de sorte que les gouvernements puissent tout documenter/tracer, contrôler, et enfin taxer.

C’est exactement ce que dit Ron Paul: «La société sans argent liquide est le rêve de l’IRS: totale connaissance et prise de contrôle des finances de chaque Américain. »

Une façon de mener la guerre contre le Cash est d’abaisser le seuil à partir duquel il est obligatoire de déclarer ou de rendre illégal un paiement en espèces. Rien que ces dernières années …

L’Italie a rendu toute transaction en espèces supérieure à € 1,000 illégale;
La Suisse a proposé d’interdire les paiements en espèces de plus de 100.000 francs;
La Russie a interdit les transactions en espèces de plus de 10000 $;
L’Espagne interdit les transactions en espèces au-dessus de € 2500;
Le Mexique a rendu les paiements en espèces de plus de 200.000 pesos illégaux;
L’Uruguay a interdit les transactions en espèces qui dépassent 5000 $; et
La France a rendu illégales les transactions en espèces de plus de 1000 €, abaissant ainsi la limite précédente qui était de 3.000 €.
Je parlais récemment de ce sujet avec le Dr Joe Salerno, un économiste autrichien du MISES Institute. Joe est le meilleur chroniqueur de la guerre globale sur la trésorerie et est ici pour offrir une réfutation autrichienne à ce non-sens économique diffusé par les défenseurs de cette guerre.

Je suis heureux de vous apporter sa vision éclairée.

Nick Giambruno: Qu’est-ce que la guerre contre le Cash ?

Joe Salerno: La guerre contre le cash est une tentative menée par les gouvernements afin de bannir le paiement en espèces de leur économie. Les gouvernements détestent le cash parce qu’ils détestent la dimension financière relevant de la sphère privée que celui-ci rend possible. Et ils préfèrent que vous gardiez votre argent dans une banque pour aider à soutenir un système bancaire de réserves fractionnaires pourri.

Nick: Comment vous êtes-vous intéressé à ce sujet ?

Joe: J’ai observé que chaque fois qu’il y avait une guerre contre quelque chose -une guerre contre le crime, une guerre contre la drogue, une guerre contre le terrorisme et ainsi de suite- le gouvernement a empiété toujours plus sur les finances  privées. Ainsi le gouvernement américain a longtemps mené une guerre cachée sur le cash.

Un symptôme de la guerre est que la plus grosse coupure de la monnaie américaine est le billet de 100 $. Les billets de la monnaie américaine émis allaient auparavant jusqu’à 10.000 dollars (y compris des billets de $ 500; $ 1000; $ 5000). Le gouvernement américain a arrêté l’impression des grosses coupures en 1945 et officiellement leur émission en 1969 lorsque la Fed a commencé à les retirer de la circulation.

Depuis, le plus gros billet de banque disponible a une valeur nominale de 100 $. Mais depuis 1969, la politique monétaire inflationniste de la Fed a déprécié le dollar américain de plus de 80%, de sorte que le billet de 100 $ d’aujourd’hui a moins de pouvoir d’achat que celui de 20 $ de 1969.

Donc, en plus de réduire la taille nominale du plus grand billet, ils ont également réduit le pouvoir d’achat du billet via l’inflation.

Malgré cette énorme dépréciation, la Réserve fédérale a immuablement refusé d’émettre des billets de plus grande valeur. Cela a rendu toute transaction d’une certaine importance extrêmement gênante et a forcé le public américain à utiliser beaucoup plus que ce qui serait optimal les moyens de paiement électronique. Bien sûr, cela est précisément l’intention du gouvernement américain.

Nick: En regardant autour de vous, quels sont les derniers exemples de la guerre sur le cash ?

Joe: Un évènement a eu lieu en 2011 juste ici aux États-Unis. Il a passé inaperçu quelque temps. L’État de Louisiane avait interdit aux « brocanteurs » – secondhand dealer- de faire plus d’une transaction en espèces par semaine. Le terme a une définition large et comprend les magasins d’entraide, les magasins spécialisés qui vendent des objets de collection comme les cartes de baseball, les marchés aux puces, les vide-greniers etc. Quiconque est considéré comme un «secondhand dealer » a l’interdiction d’accepter des paiements en espèces. Ils ne peuvent encaisser que par des moyens électroniques de paiement ou par chèque, et ils doivent enregistrer le nom et d’autres données à propos de chaque client et l’envoyer au service de police local électroniquement chaque jour.

Nick: Qu’en est-il l’Europe ?

Joe: En France récemment, la limite des transactions en cash a été abaissée de 3.000 € à 1.000 €. La raison invoquée était les attaques contre Charlie Hebdo. Il se trouve que ces attaques ont été en partie financées par du cash.
Eh bien, quel grand choc que des criminels financent leurs opérations avec du cash. Ils utilisent également, bien sûr, les trottoirs publics et les automobiles, ils achètent des vêtements etc. Donc, tout cela est ridicule. C’est juste une façon d’occulter le véritable objectif du gouvernement qui est de se débarrasser de la sphère financière privée. Les gouvernements ne pensent pas vraiment qu’ils vont réduire les attaques terroristes en abaissant la limite légale des paiements en cash. On nous raconte simplement une histoire…

Nick: Quel est l’état d’esprit de quelqu’un qui défendrait l’élimination du cash ?

Joe: Laissez-moi vous donner un exemple. Récemment Willem Buiter- un éminent économiste de Citibank-  a proposé d’abolir le cash. La raison est de permettre à la Fed d’amener les taux d’intérêt dans la zone négative. Il a dit que nous aurions pu éviter beaucoup de problèmes avec la crise financière si la Fed avait pu instaurer un taux d’intérêt de  -6%.

Mais bien sûr, la présence d’une monnaie physique barreraient le chemin de ce plan. Les gens diraient: «Je ne vais pas mettre mon argent à la banque et la laisser ponctionner 6% par an ». Ils éviteraient de se faire croquer par des taux d’intérêt négatifs simplement en gardant des billets de cent dollars.

Cela m’a vraiment choqué qu’un éminent économiste défende l’abolition du cash afin de permettre à la banque centrale de fixer des taux d’intérêt négatifs. C’est une pensée folle mais c’est leur état d’esprit. C’est dingue.

Nick: Kenneth Rogoff, économiste de Harvard a présenté une prise de position similaire. En avez-vous entendu parler ?

Joe: Oui. En fait, Buiter a rejoint Rogoff. Mais il y a un certain nombre d’économistes hyper-keynésiens qui veulent supprimer tous les obstacles aux taux d’intérêt négatifs, faisant en sorte que vous vous dépêchiez à dépenser tout le cash que vous avez. Mais la seule façon qu’ils ont de le faire est de faire converger l’argent de tout le monde dans le système bancaire.

Mais c’est absurde, et ils sont allés bien au-delà de Keynes avec cette folie.

Nick: Cela me rappelle la façon dont Paul Krugman a plaidé pour faire croire à une invasion d’extraterrestres comme excuse pour que le gouvernement gaspille de l’argent pour la contrer. Ou comment il soutint plus tard la frappe d’une pièce de monnaie de billions( ??) de dollars. Ce qui est effrayant dans cette histoire est que lui et ses juvéniles solutions sont pris au sérieux par beaucoup de gens. Krugman, Buiter, Rogoff et leurs semblables ont l’oreille du gouvernement, ils sont présentés avec respect par les principaux médias et reçoivent des prix Nobel d’économie. Comment les gens ne voient pas que ce qu’ils préconisent, comme l’élimination du cash, est clairement totalitaire ?

Joe: Je pense que cela nous ramène à l’ère qui va environ de 1900 à la fin de la Première Guerre mondiale. Les experts employés par les gouvernements étaient prétendument désintéressés et impartiaux et devaient appliquer leurs connaissances et compétences pour faire ce qui était le mieux pour la société. Ils seraient les technocrates.

Voilà comment ils ont endormi le peuple américain en disant, eh bien, vous savez, nous réglons les problèmes de l’économie. Cela n’a rien à voir avec la politique. Cela n’a rien à voir avec le totalitarisme. Nous essayons de développer l’économie pour vous et pour tout le monde.

Ce fut juste un tas de non-sens, et c’est encore le cas. Les gens qui le croient continuent de vivre dans les années 1930 avec le souci de la déflation, plutôt que de se soucier du vrai problème, qui est, bien sûr, le monopole du contrôle de la monnaie par la Fed et l’inflation que celle-ci développe.

Nick: Quelle est la réponse des économistes autrichiens à cette façon de penser ?

Joe (…) Les économistes autrichiens pensent que la guerre contre le cash est vraiment absurde et non scientifique. Nous dirions, permettez aux gens de choisir la forme de paiement qu’ils veulent utiliser, que ce soit en espèces, or, carte de crédit, ou autre chose. Nous voulons supprimer tous les obstacles à l’utilisation des différentes sortes de monnaie, retirer toutes les taxes d’accise (impôt indirect sur la consommation), les taxes de vente, les taxes sur les plus-values sur l’or et l’argent et sur les devises. Et aussi se débarrasser de toutes les lois juridiques liées aux appels d’offres. Vous pouvez garder le dollar en vie, mais permettre aux gens d’utiliser les monnaies qui sont en concurrence avec le dollar.
Donc, nous voulons aller dans la direction opposée à l’abolition du cash. En fait, nous voulons encourager les gens à retirer l’argent des banques auxquelles ils ne font pas confiance. Le système bancaire de réserves fractionnaires – au-delà de la question éthique- est bancal sur le plan économique.

Nick: Nous avons récemment publié un article de Doug Casey sur la solidité et la fragilité du système bancaire

Si vous regardez toutes les escarmouches de la guerre contre le cash au cours des dernières années dans de nombreux pays différents et les reportiez sur une carte, il semble qu’il y ait une coordination entre ces gouvernements. Est-ce vrai?

Joe: La formation de l’Alliance Mieux que le Cash en 2012 est un élément de preuve. Les partenaires de l’Alliance Mieux que le cash comprennent la Fondation Ford, l’USAID, Citibank, MasterCard, Visa, et un certain nombre d’agences des Nations Unies. Ils veulent abolir l’utilisation du Cash et de forcer pour que tous les paiements soient effectués par voie électronique, en particulier dans les pays émergents. Ce sont les organisations internationales qui influent sur presque tous les gouvernements du monde. Ils pourraient être la base de la coordination des efforts pour décourager l’utilisation des liquidités.

Ils font la promotion de l’idée que l’utilisation de la trésorerie exclurait les pauvres de l’économie. Mais cela est absurde. Les pauvres ne possèdent pas de comptes courant (ou chèques) ou des cartes de crédit; ils dépendent du cash.

Aussi, si profondément enraciné est l’argent dans la culture italienne que plus de 7,5 millions d’Italiens ne disposent même pas de comptes courant. Le gouvernement italien continuera à tenter de contraindre ces Italiens sans banque à aller dans le système bancaire. De cette façon, le gouvernement italien notoirement corrompu peut plus facilement les espionner et envahir leur intimité financière.

Nick: Quelle est la suite ?

Joe: Je n’en vois pas le bout. Les guerres permettent l’évolution de ce mouvement -guerres confectionnées- comme la guerre contre le terrorisme, la guerre contre le crime organisé, la lutte contre la pauvreté, la guerre contre la drogue. Voilà ce que permet aux gouvernements d’aller toujours plus loin dans l’intrusion dans nos affaires financières. Donc, je ne vois pas de fin à cela. Je vois par exemple en ce moment les États-Unis avec sa politique provocatrice avec la Russie poussant à plus d’hostilité. Cela alimente une atmosphère guerrière aux États-Unis afin que les gens cèdent devant des lois toujours plus despotiques et intrusives.

Ce qui pourrait nous sauver serait un crash ou une autre crise financière. Dans la foulée, les politiciens pourraient être contraints de passer à des politiques plus libérales. Je ne pense pas que ce soit un fait accompli, mais je suis plein d’espoir.

Nick: Qu’est-ce que les lecteurs de Internationalman peuvent faire pour se protéger contre les sociopathes qui mènent la guerre contre le Cash?

Joe: Je pense que garder une bonne partie de vos actifs en dehors du système bancaire est extrêmement intelligent. Garder un peu d’argent dans un coffre-fort est également intelligent, surtout à une époque où les crises financières sont vraisemblables. Je ne voudrais pas encourager cela comme une stratégie pour avoir une rentrée, mais comme un moyen de vous protéger, vous et votre famille.

Nick: Une solution me plaît est le billet de 1000 franc suisse. Il est le pouvoir d’achat le plus important que vous puissiez emballer dans un seul billet d’une monnaie relativement saine. Donc, si vous voulez détenir des liquidités en dehors du système bancaire en avoir une réserve pourrait faire sens. Des dernières pensées ?

Joe: La guerre contre le cash reflète le désespoir des gouvernements. Ils veulent récupérer de leurs citoyens le moindre centime. Et ils sont à court d’idées sur la façon de guérir la stagnation de l’économie mondiale qui a commencé avec la crise financière de 2008. Donc, tout ceci nous dit vraiment qu’ils sont doublement en faillite, à la fois au sens littéral dans la mesure où ils ne peuvent pas payer ce qu’ils ont promis, et intellectuel. (..)

Source : Transparently Totalitarian / Liliane Held-Khawam (trad.)
 

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