jeudi 28 janvier 2016

A Davos, l’élite soutient la société sans cash

MAJ des pages : Cash (tag)



A Davos, l’élite soutient la société sans cash. 
Par Simone Wapler, le 28 janvier 2016 - La Chronique Agora

Davos est la grand-messe du capitalisme de copinage et non la grande kermesse de l’ultra-libéralisme comme on l’entend souvent. A ce forum économique mondial se rencontrent lobbyistes, industriels, financiers, hauts fonctionnaires et politiciens. C’est là que bien souvent notre vie quotidienne se décide, à notre insu. C’est là que se montrent - quoique partiellement et bien maquillés pour leur numéro de claquette sous les projecteurs - les serviteurs de l’Etat de l’ombre, ce que mes collègues américains appellent le Deep State (un jeu de mots hélas intraduisible).

C’est à Davos que ces technocrates débattent des grands problèmes, imposent leurs grandes solutions, financées avec notre argent. Imaginez que nous puissions vaincre la malédiction du vieillissement et éliminer tous risques de maladie de notre existence… … en les supprimant directement de notre ADN Impossible ? Pas selon cette petite biotech de Boston, dont la découverte stupéfiante pourrait bouleverser le paysage médical et pharmaceutique dans les années qui viennent… .

Le thème de 2016 était « la quatrième révolution industrielle », rien de moins. Selon le fondateur de cette kermesse, Klaus Schwab, cette révolution digitale « brouille les lignes entre les sphères physiques, numériques et biologiques ».

A Davos, on n’hésite pas à tricoter les sphères et les droites ! Le discours d’ouverture nous rappelle que :
1. la première révolution était à la vapeur et a permis de mécaniser la production,
2.  la deuxième était à l’électricité et a permis la production de masse
3.  la troisième à l’électronique et a débouché sur les automatisations
4. la quatrième est digitale donc.

Un gros sujet débattu à Davos fut la monnaie digitale liée à l’avancement de la société sans cash.

davos sans cash.PNG

De Bill Gates (Microsoft), à Blythe Masters (ex. JP Morgan, maintenant Blockchain) en passant par Michel Sapin (ministre de l’Economie), Christine Lagarde (FMI) ou William White (OCDE) tous sont favorables à la société sans cash.


Qui sera le roi ?

« Qui sera le roi de ce monde sans cash ? » s’interrogeait le site officiel de Davos.

davos 2.PNG

« La révolution sans cash est en marche. Les gouvernements, les entreprises, les start-ups et les consommateurs peuvent avoir des motivations différentes pour détrôner le cash mais le résultat final sera probablement le même. Mais avec la mondialisation ou ‘gros’ est traditionnellement ‘beau’, ce sont les plus petits acteurs — start-ups, petites entreprises et consommateurs — qui vont en définitive façonner le nouvel ordre mondial. Et pour ceux qui aiment l’innovation et les idées nouvelles ce ne peut être qu’une bonne chose ».

Voici un très bel exercice de désinformation. Ceux qui veulent maintenir le cash sont rétrogrades (arriérés). Une société sans cash profite aux « petits » qui la façonneront selon leurs désirs. Visiblement, le gratin de Davos n’a jamais entendu parler des difficultés des « petits » dès qu’ils ont voulu mettre en place une monnaie digitale. Immédiatement, ils sont accusés de couvrir des activités criminelles, terroristes ou de blanchiment.

Il serait plus juste de dire que la société sans cash est évidemment une bonne chose pour les invités de Davos.

 Une telle société permet de transformer chacun en pantin docile des gouvernements, des banques centrales et des banques commerciales et de quelques grandes entreprises du numérique.

Voici un magnifique exercice de capitalisme de copinage : chacune de nos transactions enrichira nécessairement l’un de ces acteurs, point de passage obligé. Pas de révolte possible, sinon, en un clic on vous piquera votre fric.

De toute façon, il faudra en passer par là. C’est le jubilé, dont parle William White de l’OCDE à ce même Davos de 2016, ou le big reset de l’économie mondiale déjà évoqué par Christine Lagarde au Davos de 2014. Il devient nécessaire d’effacer les mauvaises dettes publiques et privées par la force puisque les banques centrales n’arrivent pas à créer d’inflation.

A la prochaine crise, il faudra taper directement dans les dépôts bancaires, comme le stipule la Directive de résolution bancaire. Ca tombe bien, avec la société sans cash, il n’y aura pas de fuite possible devant ce super-impôt décrété par l’Etat de l’ombre.

[NDLR : Résistez ! Avant que confiscation et ponctions arbitraires soient à l’ordre du jour, agissez : signez notre pétition contre une société sans cash — il suffit de cliquer ici.]

Simone Wapler
Rédactrice en Chef de Crise, Or & Opportunités et de La Stratégie de Simone Wapler Simone Wapler est ingénieur de formation. Elle a travaillé dans le secteur de l’ingénierie aéronautique. Cette double casquette ingénieur/analyste financier est un véritable atout qu’elle met au service des abonnés. Elle aborde les marchés avec l’oeil du professionnel, de l’ingénieur, de l’industriel, et non celui du financier. Son expertise, notamment dans le secteur des métaux de base et des métaux précieux, lui donne une longueur d’avance, une meilleure compréhension des vrais tenants et aboutissants du marché des ressources naturelles — un marché par ailleurs en pleine expansion, dont Simone Wapler connaît parfaitement tous les rouages, notamment au niveau de l’offre et de la demande.

* * *

La guerre contre le cash est immorale
Par Emmanuel Garessus, le 25 mai 2015 - Le Temps

L’argent liquide sera-t-il bientôt interdit? De plus en plus de pays prennent des mesures allant dans ce sens. Des économistes de renom plaident pour un tel interdit. Quelle est leur motivation? Pourquoi serait-ce une attaque contre la liberté?

Analyse

La guerre contre le cash est immorale

L’argent liquide sera-t-il bientôt interdit? De plus en plus de pays prennent des mesures allant dans ce sens. Des économistes de renom, comme Larry Summers, l’ex-secrétaire au Trésor de Barack Obama, ou Kenneth Rogoff, ancien économiste du FMI, plaident pour un tel interdit. Quelle est leur motivation? Pourquoi serait-ce une attaque contre la liberté?

Sous l’angle purement économique, l’argent liquide n’a pas la même valeur que l’argent placé en dépôt à la banque. Le risque du premier correspond à celui de la banque centrale et il est inférieur au risque du second, celui de la banque commerciale qui conserve nos dépôts, grâce auxquels elle peut émettre des crédits. Or il faut savoir que la plus grande partie de la monnaie provient des banques privées et non de la banque centrale.

Pourquoi donc interdire l’argent liquide? La première raison consisterait à soutenir la relance. Elle est logiquement défendue par des keynésiens. Larry Summers se dit persuadé de l’existence d’un excès d’épargne qui condamnerait l’économie à une stagnation durable. Malgré des taux d’intérêt proches de zéro, les projets d’investissements ne seraient pas assez intéressants. Il faudrait introduire des taux négatifs afin de «faire travailler» cet argent.

Kenneth Rogoff avance deux raisons. Il s’agirait de faire d’une pierre deux coups: soutenir les banques centrales dans leur politique d’expansion et lutter contre l’évasion fiscale.

Leur thèse est économiquement et politiquement douteuse. L’idée d’un excès d’épargne en tant que cause de la stagnation est largement combattue par les économistes. Le problème fondamental revient à la montagne de dettes. L’endettement a plus que doublé entre 1980 et 2010 dans les pays industrialisés et la tendance ne faiblit pas. Daniel Stelter, auteur des Dettes au XXIe siècle, explique que sans réduction de la dette, l’espoir d’une croissance réelle significative n’a aucune chance de se concrétiser. Les méthodes non conventionnelles des banques centrales permettent au PIB d’être légèrement positif, mais au prix d’une dépréciation de la valeur de la monnaie. L’emploi et l’investissement ne repartent pas vraiment. En parallèle, le ralentissement de la croissance de la productivité, le vieillissement de la population dans les pays industrialisés et l’augmentation des impôts et prélèvements obligatoires freinent les velléités de croissance. Sans solution sur la dette, il n’y a pas de sortie possible.

Pourquoi interdire le cash? «Lorsque la situation l’exige, les puissants de ce monde sont capables de prendre des mesures drastiques», explique Daniel Stelter dans un article de Manager. L’économiste rappelle la confiscation de l’or des ménages américains par les autorités le 1er mai 1933. L’objectif consistait à lutter contre la Grande Dépression et plus précisément à provoquer une baisse du dollar. Iront-elles aujourd’hui jusqu’à interdire le cash?

L’individu détient relativement peu d’argent en liquide. En Allemagne, chacun détient en moyenne 103 euros dans son porte-monnaie et 1440 euros à la maison, selon la Bundesbank. La banque centrale indique que «le citoyen aimerait continuer de payer en liquide». Effectivement, 80% des transactions allemandes se font encore en cash. Mais les autorités écoutent-elles vraiment les citoyens?

La Grèce, la Suède et l’Italie sont allées très loin dans les limites aux transactions en cash. Mario Monti, succédant à Silvio Berlusconi, avait réduit le montant autorisé de 2500 à 1000 euros en 2011. Le gouvernement danois a décidé cette année que les petits magasins, stations d’essence et restaurants ne devraient plus accepter de cash.

Les adversaires du cash mettent en avant les risques de transport de billets, le coût de l’argent liquide pour les banques (automates, transfert) et pour l’Etat (travail au noir, évasion fiscale). Les entreprises numériques sont naturellement enthousiastes à l’idée d’une société sans espèces. Les études qui démontrent les avantages d’une société sans cash sont habituellement financées par des sociétés de cartes de crédit, observe Roland Tichy, président de la Ludwig-Erhard-Stiftung, sur son blog.

La méfiance des autorités envers le citoyen est telle en 2015 que l’argent non contrôlé et certifié par un homme de l’Etat est considéré comme le produit d’un acte répréhensible. L’argent a subitement mauvaise odeur. Ce n’est plus le fruit d’un travail honnête, une récompense que l’on se plaît à détenir. En Suisse, si vous transportez un montant égal ou supérieur à 10 000 francs, vous devez fournir des renseignements aux autorités. La limite menace d’être réduite. Ne généralisons pas: il faut clairement distinguer entre les pratiques occidentales et asiatiques. Ici, le soupçon pèse à l’achat d’une montre, alors que dans bien des pays asiatiques, l’acquisition d’un immeuble se fait parfois en cash. Question de rapport à l’Etat? «La sphère privée n’exclut pas l’honnêteté fiscale», ainsi que l’écrit Andreas Lusser dans un ouvrage* au sous-titre évocateur: «Pourquoi notre argent a mérité la sphère privée».

Fiodor Dostoïevski a inventé la formule de «liberté monnayée». A l’époque, il avait été condamné au bagne à Oms, en Sibérie, et avait cruellement besoin d’argent pour racheter sa liberté.

Pour l’individu, les billets et pièces offrent une assurance. Dans les échanges, «c’est de l’argent de banque centrale que chacun est obligé d’accepter. Il garantit l’accomplissement du contrat immédiatement et complètement au point de vente: argent contre marchandise», rappelle Roland Tichy. A l’heure de la cybercriminalité, «le clavier d’un automate est plus risqué qu’un billet», ajoute-t-il.

Un mouvement est en marche pour résister à la transparence totale du citoyen et au cauchemar orwellien. En Allemagne, une pétition en faveur du cash a été lancée (Civilpetition.de). La sphère privée est protégée par les billets et les pièces. Il vaut la peine de la défendre.

* «Einspruch. Warum unser Geld Privatsphäre verdient», FBV, 2015.

Lorsque la situation l’exige,les puissants de ce mondesont capables de prendredes mesures drastiques

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Sans le cash, il suffira d'un "clic" pour que votre argent soit bloqué !
Par Amid Faljaoui, le 15 juin 2015 - Trends

Les Suisses sont connus pour être des personnes prudentes . C'est donc avec étonnement, mais surtout beaucoup d'intérêt, que j'ai lu l'enquête réalisée par le journal suisse Le Temps consacrée à la disparition programmée du cash dans nos sociétés.

En effet, des pays comme le Danemark étudient la possibilité de supprimer le cash. D'autres, comme la France, la Belgique ou l'Espagne, interdisent déjà les transactions en cash au-delà d'un certain montant. Et des banques américaines comme JP Morgan ont interdit à leurs clients de déposer des espèces dans les coffres qu'ils louent. Mais cela ce n'est que la partie émergée de l'iceberg.

En réalité, comme le rappelle le journal suisse Le Temps, des économistes de renom plaident pour la disparition du cash. Officiellement, c'est pour lutter contre le blanchiment d'argent, le crime organisé, le terrorisme ou la fraude fiscale, sans oublier que le secteur bancaire est en faveur de cette suppression du cash uniquement dans le but de "nous simplifier la vie". Cependant, la suppression du cash serait une attaque contre nos libertés, selon d'autres commentateurs dont Simone Wapler, la très avisée rédactrice de la lettre d'information financière La Stratégie de Simone Wapler.

Sans le cash, il suffira d'un "clic" pour que votre argent soit bloqué !

En fait, comme nos gouvernements sont surendettés, aucune transaction, même la plus petite, ne doit leur échapper. Or, quoi de plus simple que de lever des impôts supplémentaires quand il n'y a plus de cash ? Le jour où tous vos avoirs seront bancarisés sous forme de livrets ou comptes d'épargne, que vos déclarations d'impôts, vos facturations, vos numéros de compte, vos allocations, vos salaires et bientôt vos dépenses de santé seront en ligne, et comme tout cela est connecté, il suffirait en gros d'un "clic" pour que votre argent, votre propriété soit... bloquée !

Quant aux banques, leur pire cauchemar, c'est qu'en cas de manque de confiance, les épargnants sortent leur argent de la banque - c'est ce qu'on appelle le "bank run". Mais là encore, s'il n'y a plus de cash, il n'est plus possible de quitter sa banque, comme l'indique Simone Wapler. Priver les déposants de la faculté de retirer des billets permet de les garder captifs !

Sans compter que s'il n'y a plus de cash, les autorités monétaires peuvent nous imposer un taux d'intérêt négatif sur nos comptes bancaires, car comme il n'y a plus de cash, nous ne pouvons pas retirer nos avoirs. Or, comme l'a fait remarquer un économiste de la banque américaine Citibank, si la Banque centrale américaine avait pu imposer un taux d'intérêt négatif de 6%, elle aurait pu limiter la crise de 2008 !

En résumé, je ne dis pas que ce scénario envisagé par des personnes sérieuses, et notamment par le journal suisse Le Temps, va se produire, mais c'est vrai qu'il faut bien reconnaître que l'existence du cash dans nos sociétés permet d'échapper aux taux négatifs, à l'impôt arbitraire et à la faillite d'une banque. Donc, ces commentateurs - que certains considéreront comme des visionnaires et d'autres comme des fous - considèrent qu'il faut en quelque sorte prendre le maquis, entrer en résistance et défendre coûte que coûte une société avec du cash. Comment ? En utilisant au maximum le cash, car il est plus facile de faire disparaître quelque chose qui n'est plus en usage que quelque chose qui sert beaucoup. Au moins, le débat peut commencer.

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