Suisse : Prête pour une révolution ?
Par Sam Gerrans, le 27 décembre 2015 - Russia Today / Le Saker (trad.)
Lorsque l’Islande a emprisonné ses banquiers, quelque chose a changé. L’impensable était arrivé: les vrais criminels avaient été tenus pour responsables. Maintenant, la Suisse est également une menace pour mettre fin à l’impunité des banksters de la monnaie. Mais cela arrivera-t-il ?
Josiah Stamp a dit une fois : «Si vous voulez continuer d’être les esclaves des banques et de payer le coût de votre propre esclavage, laissez les banquiers continuer à créer de l’argent et à contrôler le crédit.»
Stamp savait de quoi il parlait. Parmi ses réussites, il a été nommé directeur de la Banque d’Angleterre en 1928.
Tous les pays civilisés, dits modernes, sont sous la botte de ce mécanisme très bien décrit par Stamp. Très peu de pays ont réussi à mettre en place des sociétés développées sans lui, parmi eux la Libye, l’Irak et la Syrie.
Ces pays ont tous autre chose en commun. Qu’est-ce que cela que peut bien être ?
Cependant, d’autres pays qui ne sont pas encore devenus des cibles pour un génocide sans provocation de la part des agences américaines se réveillent et sentent venir la tyrannie en costume rayé.
La Suisse, par exemple : forcément un endroit traditionnellement associé avec des fanatiques aux yeux hagards, la Suisse doit se prononcer sur l’interdiction faite aux banques de créer de l’argent.
La Suisse organisera un référendum pour interdire la création de l’argent aux banques privées © Dado Ruvic
Les Anglais jouent au football, boivent de la bière et se battent les uns avec les autres le soir dans les centres urbains. Les Français font la moue, haussent les épaules puis font des choses simples qui prennent beaucoup de temps et coûtent très cher. Les Suisses fournissent de quoi sauvegarder l’argent et même si c’est un métier très ennuyeux, ils garantissent que rien de dramatique ne se produira, de sorte qu’il puisse ensuite être transmis à la prochaine génération de gens riches, de préférence dans une quantité supérieure à celle reçue de la génération actuelle des gens riches.
Donc l’argent est au cœur de ce que fait la Suisse.
La Suisse est également le foyer de la Banque des règlements internationaux, qui est, en fait, l’araignée au centre de l’ensemble de la toile financière, même si tout cela semble aussi excitant qu’une comptabilité à double entrée.
Dans un article intitulé La Suisse va voter sur l’interdiction faite aux banques de créer de l’argent, le Telegraph rapporte :
La Suisse tiendra un référendum pour décider d’interdire aux banques commerciales la création de l’argent.
Le gouvernement fédéral suisse a confirmé jeudi qu’il tiendrait un plébiscite, après que plus de 110 000 personnes ont signé une pétition appelant à donner à la banque centrale la compétence exclusive pour créer de l’argent dans le système financier.
La campagne, menée par le mouvement suisse Monnaie souveraine et connue comme l’initiative Monnaie pleine, est conçue pour limiter la spéculation financière en obligeant les banques privées à détenir des réserves de 100% en contrepartie de leurs dépôts.
Cela semble incroyablement ennuyeux, non ? Mais l’idée derrière est de celles qui font les révolutions.
L’article poursuit : «Les banques ne seront plus en mesure de créer de l’argent pour elles-mêmes, elles seront seulement en mesure de prêter de l’argent qu’elles ont reçu en dépôt des épargnants ou d’autres banques», a déclaré le mouvement en campagne.
Je le répète encore : elles seront seulement en mesure de prêter de l’argent qu’elles ont reçu des épargnants ou d’autres banques.
Voilà sans doute ce que vous pensez que les banques font : elles prêtent de l’argent qu’elles acquièrent des épargnants ou d’autres banques.
Mais non ! Elles sont occupées à créer de l’argent (bien que par une voie détournée [Le crédit, Ndt]) ; c’est ainsi, elles sont occupées à faire apparaître cette chose pour laquelle le reste d’entre nous passons nos vies à travailler si dur pour l’obtenir, l’argent. Elles le font par le biais de la création d’une chose imaginaire appelée la dette. Nous nous engageons donc à payer cette fiction totale, et à le faire avec des intérêts.
Non seulement c’est une fraude pure et simple et du vol contre les pauvres nigauds qui ont signé le contrat de crédit à l’origine, mais cela avilit aussi la valeur de chaque unité de la monnaie dans laquelle la transaction a lieu.
Traduisez cela en termes de business, c’est l’équivalent de l’impression de plusieurs actions.
Chaque fois que le conseil d’administration d’une entreprise choisit de le faire, la valeur des actions existantes est diluée, à moins d’une augmentation équivalente de la valeur de la société, ce qui n’est pas le cas pour le type de dettes que les banques créent, qui sont de nature à la fois usuraire et scripturale.
L’article continue:
La BNS (Banque nationale suisse) a été créée en 1891 avec le pouvoir exclusif de battre monnaie et d’émettre des billets de banque suisses.
Cependant, plus de 90% de l’argent en circulation en Suisse existe maintenant sous la forme de liquidités électroniques créées par les banques privées, plutôt que par la banque centrale.
En raison de l’émergence de transactions de paiement électroniques, les banques ont retrouvé la possibilité de créer leur propre argent, dit la campagne de Monnaie souveraine Suisse.
La décision prise par le peuple en 1891 est tombée dans l’oubli.
Le logo de la Banque nationale suisse BNS, vu sur une clôture à l’extérieur du site en construction du bâtiment de la BNS sur la place fédérale, à côté du Parlement suisse à Berne, Suisse 16 Septembre 2015. © Ruben Sprich
C’est correct : si nous avions accès aux mêmes terminaux informatiques que les banques, nous pourrions faire apparaître par magie tous les trucs imaginaires que nous sommes conditionnés à voir comme importants, l’argent, dans les quantités souhaitées.
Voilà comment cela fonctionne : quand ils impriment beaucoup de ce genre de choses, il y a un boom [économique, NdT]. Quand ils en impriment trop, il y a de l’inflation (en fait, l’impression de l’argent, c’est de l’inflation). Quand ils arrêtent l’impression ou simplement se retiennent d’en créer, il y a une dépression.
Tant que les gens continuent à trimer et laissent les banquiers leur donner des morceaux de papier ou des équivalents électroniques sur un écran d’ordinateur, en échange de leur sang, de leur sueur et de leurs larmes, tout va bien [pour les banquiers, NdT].
Mais si une nation commence à se réveiller, à prendre conscience et se met à pousser à contre-courant, elle est visitée par une révolution de couleur, une invasion culturelle ou tout simplement renvoyée de nouveau vers l’âge de pierre.
C’est tout. Vous comprenez maintenant l’économie.
Nous sommes formés depuis la naissance à penser que nous avons besoin des banques et de leurs fictions de papier parce que les mêmes personnes qui possèdent les banques dirigent également nos systèmes centralisés d’éducation, aussi bien qu’elles possèdent les médias de l’information et du divertissement.
Mais nous n’avons pas besoin d’eux. Tout peut être utilisé comme moyen d’échange. La Grande-Bretagne est devenue une puissance mondiale fondée sur une économie dans laquelle les impôts étaient payés à l’aide de morceaux de bois.
Au niveau macro-économique, la devise américaine est essentiellement sans valeur ; une fois que le pétrole sera largement négocié dans une monnaie autre que le dollar, l’économie américaine va s’effondrer car il n’y aura plus aucune raison pour le reste du monde d’acheter ses dollars.
Au niveau micro-économique, un changement dans la mentalité des peuples se produit alors que de plus en plus de gens comprennent que les vrais amis avec un jardin potager en activité valent plus qu’une valise pleine d’argent fictif, ou qu’un emploi que vous détestez et que vous pourriez perdre à tout moment. Le troc est aujourd’hui en plein essor en Grèce, un pays aspiré dans l’oubli financier par les faiseurs d’argent chez Goldman Sachs.
Maintenant, revenons à la perspective du plébiscite en Suisse.
Je suis sceptique que ce canard puisse prendre l’air sans être abattu. La démocratie que les Suisses pensent avoir est une fiction assez agréable, mais je suis sûr qu’elle ne sera jamais autorisée à interférer avec le business.
Et si nous lisons attentivement l’article, il est dit que la banque centrale devrait se voir accorder le droit exclusif de créer de l’argent. Il s’agirait essentiellement de laisser la création de l’argent dans les mêmes mains de ceux qui contrôlent la Réserve fédérale ou la Banque d’Angleterre plutôt que de leur permettre de laisser le processus en gérance. Mais au moins, cela montre que les gens commencent à se réveiller quant au lieu où se trouve le vrai pouvoir.
Dans le cas peu probable où ce mouvement populaire en Suisse suivrait son chemin et où son projet de loi serait adopté, et que cela commence ensuite à se transformer en quelque chose qui menace vraiment l’élite bancaire, nous ne devrions pas être surpris si on découvre que la Suisse abrite des armes de destruction massive, ou qu’elle ait orchestré le 9/11, ou financé État islamique.
Oui, nous aurons besoin d’être tonifiés pour être éduqués par des médias occidentaux unanimes, soulignant les liens entre la production de montres de précision, les trottoirs si propres que vous pourriez y manger votre déjeuner dessus et une diabolique haine irrationnelle de la liberté, une haine qui prend racine dans une culture qui soutient tacitement le djihad contre tous les non-mangeurs de confiseries hors de prix.
La liberté. Vous aurez à l’aimer!
Sam Gerrans est un écrivain anglais, traducteur, conseiller de soutien et activiste. Il dispose également d’une expérience professionnelle dans les médias, les communications stratégiques et de la technologie. Il est entraîné par un engagement à sens ultime, et axé sur des approches authentiques à la révélation et la realpolitik. Il est le fondateur de Quranite.com – où le Coran est exploré sur la base de la raison plutôt que la tradition – et offre à la fois une formation linguistique individuelle, un soutien personnel et des conseils en ligne via SkypeTalking.com.
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