Leisha Evans, infirmière afro-américaine de New York, est devenu le nouveau symbole de la lutte contre la brutalité policière après avoir été immortalisé par l'objectif du photographe Jonathan Bachman lors de manifestations dans l'état de la Louisiane (Bâton Rouge, 9 juillet 2016).
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MAJ de la page : Mohamed Ali
Par Diagne Roland Fodé, le 11 Juil 2016 - Investigaction
Que nous apprend justement la vie de Mohamed Cassius Ali Clay sur le capitalisme impérialiste US ?
Mohamed Ali, né le 17 janvier 1942 et décédé le 3 juin 2016, a fait l’objet d’hommages provenant de divers horizons, y compris de ceux et celles qui l’ont réprimé au nom de l’impérialisme US présenté comme la « plus grande démocratie du monde ». Certains ont célébré le « plus grand boxeur de tous les temps », d’autres le « militant des droits civiques » ou encore en positif ou en négatif « le musulman ». Chacun y est allé des multiples dimensions du personnage, le sportif, le politique et le religieux selon sa lecture des enjeux d’aujourd’hui. Mais que nous apprend justement la vie de Mohamed Cassius Ali Clay sur le capitalisme impérialiste US ?
De Cassius Clay à Mohamed Ali
Mohamed Ali a fait de la boxe un art, voire une poésie. Ali est considéré à juste titre comme le plus grand boxeur professionnel en catégorie poids lourd de tous les temps. Victime de la répression raciste de la « démocratie » Yankee qui lui enleva pour le punir son titre de champion du monde durant 4 ans au moins, il réalisa la performance unique de revenir sur le ring pour reconquérir sur sa « terre africaine » du Congo selon sa propre expression son titre arbitrairement perdu. La symbolique est d’autant plus forte que ce pays est celui des martyrs des indépendances africaines que sont P. Lumumba, P. Mulélé et L.D. Kabila.
Le capitalisme étatsunien associe l’exploitation de classe des travailleurs et l’oppression des minorités nationales amérindiennes, noires et chicanos hispaniques. La majorité écrasante des enfants et jeunes noirs discriminés par le système du Jim Crow (apartheid US qui a succédé à l’esclavage) n’ont, jusque de nos jours, d’autre avenir que les cases toxicomanies, trafics de drogue, délinquances, prison, chairs à canon dans les multiples guerres coloniales US. Les noirs sont13% de la population totale, mais font près de 50% de la population carcérale des USA. Et ceux ou celles des quartiers populaires qui « réussissent » sont musiciens ou sportifs. C’est le cas de celui qui est né sous le nom de Cassius Marcellus Clay et qui en rejoignant la Nation of Islam en 1965 changea son nom en Mohamed Ali.
La période que couvrent les exploits sportifs de celui qui volait sur le ring « comme un papillon » et qui « piquait comme une abeille » est celle du mouvement des droits civiques contre la ségrégation raciale aux USA.
Dès 1954, l’ouvrière couturière noire Rosa Park défiait le racisme d’Etat US en refusant de céder sa place à un blanc dans le bus. Ces actes illégaux de rébellion antiraciste vont se multiplier dans tout le pays contre le système de ségrégation raciale qui opprime la minorité noire descendante d’esclave.
De retour avec la médaille d’or des jeux olympiques de Rome en 1960, Mohamed Ali se voit qualifier par la presse raciste « d’authentique jeune américain à 100% », alors qu’il reste confronté au fait qu’aux USA dans les fast-foods « on ne sert pas les nègres ».
Pour briser les chaînes du racisme vis à vis des descendants d’esclaves, Cassius Clay va utiliser à la fois la boxe et la rupture avec le nom et la religion imposés par les maîtres esclavagistes. Mohamed Ali explique : « Cassius Clay est un nom d’esclave. Je ne l’ai pas choisi, Je ne l’ai pas voulu. Je suis Mohamed Ali, un nom libre, et j’insiste pour que les gens l’utilisent quand ils parlent à moi et de moi ». La rupture d’avec le nom et la religion du propriétaire d’esclaves est ici radicale. L’assimilation pour mieux déraciner et posséder l’esclave ou le colonisé est une caractéristique majeure du système capitaliste esclavagiste, colonial ou néocolonial. C’est ainsi que comme Malcom X, il devint une des voix du combat pour l’égalité des droits entre blancs et noirs aux USA.
La recherche de sa véritable identité, de ses racines dépouillées de la colonisation mentale dont parlent Franz Fanon et Ngugi Wa Tchiong’o est une permanence dans la quête d’émancipation anti-esclavagiste et anti-coloniale des esclaves et des colonisés. Il faut absolument faire le deuil de tout ce que le maître esclavagiste, le colonisateur a légué de force à l’esclave ou au colonisé.
D’autres militants de renom de cette époque africanisent tout simplement leur nom comme Stokely Carmichael qui devient Kwame Touré et s’installe jusqu’à sa mort en Guinée considérée comme « terre natale » de ses ancêtres africains pour lui avoir donné refuge contre la répression liberticide des USA. La Guinée de Sekou Touré, il faut le préciser, est une ancienne colonie pays qui a opté pour l’indépendance contre la « communauté Française » coloniale du Général De Gaulle en 1958.
Mohamed Ali a dû faire face aux calomnies des médiamensonges racistes qui le présentaient faussement comme « un raciste insolent, un ingrat, une tête brulée qui haïssait tous les blancs ». Bien entendu, c’est encore le cas aujourd’hui partout où des victimes lèvent la tête pour lutter contre l’oppression des minorités Noire, Arabe, Rrom, Musulmane, etc. Comme on le voit encore aux Etats Unis et dans les pays de l’Union Européenne (UE).
Mohamed Ali, Tommy Smith, John Carlos, Rosa Park, Kwame Touré, Malcom X, Martin Luther King, les Black Panthers, les Black Power, le Parti Communiste des USA avec notamment Angela Davis ou Harry Haywood, etc sont quelques figures marquantes de ce mouvement de libération antiségrégationniste aux Etats Unis.
Tommy Smith, John Carlos aux Jeux Olympiques de Mexico en 68
Le mouvement des « droits civiques » d’alors est en réalité le prolongement interne aux USA du vaste mouvement de libération nationale des peuples contre le système colonial qui a, dans le sillage de la victoire de l’URSS contre la bête immonde fasciste, mis fin aux empires coloniaux formels des pays impérialistes : l’Angleterre et la France.
Il est tout à fait significatif de signaler ici que quand Ali est réprimé pour avoir refusé de faire la guerre aux Vietnamiens, il ne retrouvera son titre de champion du monde des lourds professionnels qu’en réalisant, après plusieurs d’années d’interruption de la compétition, la performance unique de battre le champion du monde invaincu de l’époque. Les capitalistes alors décident d’acheter à coups de millions de dollars le champion du monde de la catégorie lourd des boxeurs amateurs, triple champion des jeux olympiques de 1972, 1976, 1980: Le Cubain Teofilo Stenvenson. Les promoteurs US qui croient que tout s’achètent et qui rêvaient déjà des millions de dollars qu’ils pourraient empocher en organisant une confrontation entre Téofilo Stenvenson et Mohamed Ali tombent des nues de la réponse cinglante de Teofilo Stenvenson : « Qu’est-ce que représentent 8 millions de dollars comparativement à l’amour de 8 millions de Cubains ? ». A sa mort non seulement Mohamed Ali et son successeur Cubain Felix Savon, triple champion du monde amateur lui aussi lui ont rendu hommage, mais Fidel Castro déclara : « Teofilo mérite la reconnaissance de notre peuple grâce à ses exploits sportifs. Il est un exemple encore plus grand quand il déclare qu’il ne changera pas son peuple pour tous les dollars du monde, aucun autre boxeur amateur n’a autant brillé dans l’histoire de ce sport. Gloire éternelle à sa mémoire! ».
Mohamed Ali et Teofilo Stenvenson
A la lutte contre la guerre coloniale US au Vietnam
En 1966, Mohamed Ali refuse l’incorporation dans un centre de recrutement de l’armée étatsunienne et dénonce l’agression militaire barbare contre le Vietnam. Il est condamné à une amende de 10.000 dollars, 5 ans d’emprisonnement, perd sa licence de boxe et son titre de champion du monde. Ali fait appel, il n’ira pas en prison, mais est exclu de toute compétition jusqu’à la décision de la cour Suprême en 1971 qui le rétabli dans ses droits. Ali déclare : « Je n’ai pas de problème avec les Vietcongs. Les Vietcongs sont des Asiatiques noirs. (…) Je ne veux pas avoir à combattre des Noirs ». Il ajoute: » Je n’ai rien contre les Vietcongs. Aucun Vietnamien ne m’a jamais traité de négro » et conclut en 1967 lors d’une manifestation contre la guerre du Vietnam à Chicago : « Dans le ring, il y a un arbitre pour arrêter le combat si un combattant risque d’être trop blessé. La boxe n’a rien à voir avec la guerre et ses mitrailleuses, ses bazookas, ses grenades et ses bombardiers ».
Par cette prise de position anti-guerre et son refus de devenir chair à canon de l’impérialisme, Ali contribue tout comme Malcom X, Martin Luther King et le Parti Communiste des USA à rapprocher puis fusionner jusqu’à un certain point le « mouvement des droits civiques » des descendants d’esclaves victimes de l’apartheid aux Etats-Unis, les grèves de la classe ouvrière multiraciales et les mobilisations populaires contre les bombardements sauvages et criminels US sur le Vietnam avec utilisation d’armes interdites par les conventions internationales comme le napalm et autres défoliants. Cette guerre fera trois millions de morts Vietnamiens. Il faut rappeler que les noirs furent utilisés comme chair à canon lors de la guerre 14/18 et 39/45 pour ensuite continuer à subir la ségrégation raciale du capitalisme US.
C’est donc le tournant anti-guerre qui va faire peur à l’impérialisme US. C’est ce début de jonction entre les marches, grèves et manifestations des minorités noires opprimées, les minorités rescapées du génocide amérindien et les travailleurs de la majorité blanche qui va pousser le système capitaliste US à éliminer physiquement Malcom X, puis Martin Luther King, à persécuter les Black Panthers, les Black Power et les Communistes comme Angela Davis. Il faut dire que le refus de faire la guerre au Vietnam a été une contribution importante, voire décisive de Mohamed Ali à la convergence entre les luttes spécifiques, celles des minorités opprimées et la lutte de classe globale des travailleurs contre la classe des oppresseurs et exploiteurs bourgeois US.
Répression, crimes et corruption vont être utilisés à fond pour arriver à bout du mouvement et diviser le peuple multinational des USA. Les puissances coloniales ont procédé exactement de la même manière pour juguler les mouvements indépendantistes radicaux au profit de solutions néocoloniales dans les années 50 et 60 en Afrique. Ainsi les luttes pour les droits civiques vont faire émerger ce que certains appellent « une classe moyenne » noire dont le plus illustre aujourd’hui est l’actuel président Obama. Mohamed Ali, même diminué par la maladie, sera lui-même utilisé comme « ambassadeur itinérant » de l’impérialisme US pour abuser les gouvernants néocoloniaux d’Afrique.
La lutte contre l’esclavage, le Jim Crow, le racisme d’Etat sont des étapes dans la marche vers l’égalité et le socialisme
Encore une fois, la seule lutte sur le continent Américain au XVIIIème et au XIXème siècle qui a été à la fois indépendantiste et anti-esclavagiste a été celle de Haïti. On comprend que la « malédiction » qui frappe ce petit pays, grand par son histoire, est que les esclavagistes, les colonialistes et les impérialistes lui ont fait chèrement payer jusque de nos jours cet héroïsme historique libérateur.
Les USA ont obtenu l’indépendance contre l’Angleterre, mais ont bâti leur développement capitaliste sur deux piliers : le premier est l’esclavage, remplacé par l’apartheid qu’est le Jim Crow, ensuite par le racisme d’Etat dont une des manifestations actuelles sont ces assassinats massifs racistes par la police en toute impunité et le second est l’exploitation de classe de tous les travailleurs de toutes les nationalités et nations qui composent la fédération multinationale étatsunienne.
Le mouvement des « droits civiques » et ses figures marquantes antiracistes des années 60 n’ont ainsi fait que relever le flambeau brandi près de 100 ans auparavant par les précurseurs comme Frederick Douglass, esclave affranchi qui mobilisa les noirs (185.000) aux côtés des nordistes contre les sudistes esclavagistes pendant la guerre de sécession pour obtenir de Lincoln l’abolition officielle de l’esclavage aux USA.
Frederick Douglass devait aussi se battre contre les prétextes justifiant l’esclavage par les prétendus « démocrates et républicains » bien-pensants d’alors tout comme Mohamed Ali, Malcom X, Martin Luther King, Kwame Touré et Angela Davis devaient le faire contre le système de l’apartheid US dans les années d’après-guerre. Il en est de même actuellement de la nécessaire lutte contre le racisme d’Etat US dont la manifestation la plus récente est cette vague de crimes policiers visant les Noirs.
Les passages que vous allez lire n’ont pris aucune ride et semblent avoir traversé les âges pour « répondre » à ceux et celles qui aujourd’hui encore tentent de justifier la négrophobie, l’arabophobie, la rromophobie et l’islamophobie sans oublier le sionisme israélien, le colonialisme, le néocolonialisme et les guerres coloniales actuelles de l’OTAN/USA/UE. En effet toutes ses tares intrinsèques du capitalisme s’appuient sur un apriori explicite et implicite selon lequel « les barbares doivent être modernisés par les civilisés, la liberté et l’humanité sont des exclusivités Occidentales ». Ces prétextes sous des formes différentes sont une permanence de l’hégémonie multiséculaire de l’Occident capitaliste impérialiste.
Ainsi Frederick Douglass démontrait au XIXème siècle l’hypocrisie des « pères fondateurs », quasiment tous esclavagistes, de la « plus grande démocratie du monde » : « Le sujet dont je veux vous parler, concitoyens, c’est l’esclavage en Amérique. Je veux vous faire voir ce jour (le 4 juillet, jour de l’indépendance) du point de vue de l’esclave… Que l’on tourne vers les déclarations d’hier ou vers les professions de foi d’aujourd’hui, la conduite de notre nation reste aussi hideuse et révoltante. L’Amérique se ment à elle-même à propos de son passé, se ment à elle-même en ce moment et se fait la solennelle promesse de continuer à se mentir à elle-même à l’avenir… qu’un esclave est un être humain? Ce fait est établi… Les propriétaires d’esclaves eux-mêmes font la preuve qu’ils en conviennent par les lois et règlements qu’ils promulguent. Ils l’admettent quand ils punissent la désobéissance des esclaves… Pourquoi cela, sinon parce qu’on sait fort bien que l’esclave est un être moral, intelligent et responsable ? L’humanité de l’esclave est donc admise par les faits que les livres de loi, dans les Etats du Sud, sont remplis de mises en garde interdisant, sous risque de peines sévères, d’apprendre à lire ou à écrire aux esclaves. Qu’on me montre des lois semblables concernant les bêtes des champs et je consentirai peut-être à débattre de l’humanité des esclaves. Le jour où les chiens de vos rues, les oiseaux de vos cieux, les troupeaux de vos collines, les poissons de vos mers et les reptiles rampants seront incapables de distinguer un esclave d’une bête, ce jour-là je serai disposé à débattre avec vous de l’humanité des esclaves! Pour le moment, il suffit d’affirmer que la race nègre est humaine, comme toutes les autres. N’est-il pas ahurissant qu’il nous soit demandé de le prouver à nous qui, …, labourons, plantons, et moissonnons en nous servant d’innombrables outils; à nous qui érigeons des maisons, construisons des ponts, fabriquons des bateaux et travaillons pour cela tous les métaux – cuivre, fer, bronze, argent et or -; à nous qui sommes clercs, secrétaires, ou marchands et qui pour cela devons lire et écrire, à nous qui comptons dans nos rangs des avocats, des médecins, des prêtres, des poètes, des auteurs, des éditeurs, des orateurs et des professeurs; à nous qui prenons part à toutes les activités dans lesquelles sont engagés les autres hommes »(Discours prononcé le 5 juillet 1852, mémoires d’un esclave, Lux Editeur, Montréal, Québec).
Frederick Douglass
L’esclave Frederick Douglass démontrait aussi la barbarie inhérente au capitalisme esclavagiste, sceau de naissance de « la plus grande démocratie du monde »: « Il n’y a pas un seul homme sous la voûte céleste qui ne sache que maintenir un homme en esclavage est mal sitôt que c’est de lui qu’il s’agit. Quoi! Il me faudrait donc arguer qu’il est mal de transformer des hommes en bêtes sauvages, de les priver de leur liberté, de les faire travailler sans salaire, de les laisser dans l’ignorance de leurs liens avec les autres humains, de les battre avec des bâtons, de les rosser jusqu’à ce qu’ils rendent l’âme, de les mettre aux fers, de les chasser avec des chiens, de les vendre aux enchères, de briser leurs familles, de les édenter, de brûler leurs chairs et de les affamer jusqu’à ce qu’ils soient dociles et soumis à leurs maîtres? Cela, non, je ne le ferai pas. J’ai un meilleur emploi de mon temps et de ma force à combattre pareilles affirmations » (idem).
Les années 50, 60, 70 sont celles où se déroulaient en même temps le combat anti-apartheid en Afrique du Sud, Nelson Mandela était arrêté et jeté en prison, et les mouvements et guerres de libération nationale des pays colonisés, notamment d’Afrique. Là aussi c’est remarquable de faire le parallèle avec le combat de l’ANC et du Parti Communiste d’Afrique du Sud contre l’apartheid qui fut aboli suite à la défaite en Angola face au MPLA et à la solidarité internationaliste de Cuba.
En ce sens les luttes pour les « droits civiques » des années 60, plus précisément contre le racisme institutionnel US et pour l’égalité des droits entre les descendants d’esclaves et les descendants d’esclavagistes sont parties prenantes du mouvement pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes consécutifs à la grande guerre patriotique de libération anti-nazie menée par l’URSS qui avait su briser l’entente des impérialistes pour rallier les pays anti-fascistes comme les USA et le Royaume Uni contre le camp fasciste (Allemagne, Italie, Japon).
La nature criminelle et tyrannique du capitalisme étatsunien et européen est clairement exposée par Frederick Douglass au XIXéme siècle et l’actualité de ce début du XXIéme siècle ne fait que confirmer cette vérité : « Que signifie donc pour un esclave votre 4 juillet? Voici ma réponse. C’est un jour, plus que n’importe quel autre jour de l’année, qui lui révèle la cruauté et l’écœurante injustice dont il est sans cesse victime. Pour lui, votre fête est une imposture; la liberté que vous vantez, un sacrilège; la grandeur de votre nation, une misérable fanfaronnade; vos cris de joie lui semblent vides et sans cœur; vos dénonciations des tyrans, d’un inconcevable culot; vos appels à la liberté et à l’égalité sont pour lui une vaine caricature; à ses yeux, vos prières, vos hymnes, vos sermons, vos actions de grâce et tout votre solennel étalage de religion ne sont que de la boursouflure, du cynisme, de la fraude, du mensonge et de l’hypocrisie – un mince voile jeté sur des crimes dont rougirait une nation de sauvages. Nulle part au monde il n’y a une nation qui soit coupable de crimes aussi sanglants et aussi ignobles que ceux que commettent en ce jour et à cette heure les citoyens des Etats-Unis. Allez où il vous plaira; cherchez là où vous le voudrez; fouillez toutes les monarchies et tous les despotismes du vieux monde, rendez-vous en Amérique du Sud; recensez tous les abus que vous trouverez; lorsque vous en serez arrivés au dernier, réunissez tous vos faits, puis comparez-les à ce qui se passe quotidiennement dans notre nation. Vous conclurez alors comme moi qu’en matière de révoltante barbarie et d’insolente hypocrisie, les Etats-Unis d’Amérique restent sans rival » (Discours prononcé le 5 juillet 1852, Mémoires d’un esclave, Lux Editeur, Montréal, Québec).
Quand on relit ces passages du discours tenu en 1852 par Frederick Douglass en regardant l’actualité d’aujourd’hui des crimes racistes de la police aux USA, de l’islamophobie d’Etat en France et dans les pays de l’UE, de la fascisation et des guerres coloniales de l’OTAN/USA/UE au Moyen-Orient, en Afrique voire en Ukraine, on est frappé par la grande actualité des propos et caractérisations de l’impérialiste criminel USA/UE hégémonique sur le monde entier. Force est d’en conclure que finalement il n’y a vraiment rien de nouveau sous le ciel. En effet à travers les âges on retrouve à peu de choses près les mêmes prétextes à l’oppression et l’exploitation de la bourgeoise prédatrice et les mêmes réponses des victimes. Seules les formes changent, le fond exploiteur et oppresseur demeure le même.
Libéralisme, racisme, fascisme et guerres sont inévitables sous la domination de l’impérialisme occidental
Les Nazis ont tenté sur la base du capitalisme financier Allemand de s’emparer de toute l’Europe comme étape pour asseoir la domination pour « mille ans du IIIème Reich » sur le monde. L’URSS les a stoppé et vaincu.
Les USA, qui sont arrivés dans la seconde guerre mondiale à la dernière heure, ont profité du fait qu’ils ont été épargné et ont gardé leur puissance industrielle, financière et militaire intacte pour s’ériger comme leader du camp capitaliste et engager la « guerre froide » contre l’URSS affaiblie par la perte de près de 30 millions de martyrs, dont 3 millions de communistes les plus aguerris, par la destruction de 70.000 villes et villages, etc.
Les USA ont ainsi pu imposer « l’american way of life » libéral comme l’alpha et l’oméga de sa « gouvernance mondiale » après la défaite de l’URSS et la restauration du capitalisme dans la majorité des pays du camp socialiste.
Ils ont proclamé le triomphe de la « fin de l’histoire » présentant le mode de production capitaliste comme « éternel ». Sur cette base, les USA suivi de l’UE ont ainsi imposé la mondialisation du libéralisme comme politique économique, sociale et culturelle de destruction des conquêtes sociales et démocratiques de la période de l’existence de l’URSS. Les guerres dites « humanitaires ou pour la démocratie » ont été érigé en « gouvernance » mondiale avec pour véritable objectif le maintien de leur domination sur le monde.
Leurs partenaires pour réaliser ce projet tyrannique de la « mondialisation » capitaliste sous direction US sont les impérialismes européens en voie d’unification dans l’UE, les monarchies intégristes religieux des pétrodollars et la réhabilitation des fascistes et Nazis.
Les »Mickey, Mc Do, jeux vidéo guerriers ou pornographiques, télé-réalités, Apple, Twitter, Facebook, la vente de la drogue et des armes, etc. » sont les outils de « l’american way of life », de l’impérialisme mercantile et culturel US, voire occidental.
Mais le vernis sur les illusions, qui font rêver un temps mais jamais tout le temps, s’étiole sous les coups de boutoirs de la crise systémique du capitalisme et de la loi du développement inégal pour laisser apparaître la réalité hideuse des contradictions fondamentales du capitalisme mondialisé que sont : les contradictions Capital/Travail, Impérialisme/Peuples, Nations opprimés (notamment les pays qui défendent leur indépendance), Capitalisme/rescapés du camp socialiste temporairement vaincu (Chine, Vietnam, Corée du Nord, Cuba) et même contradictions Inter-impérialistes (USA/UE/Japon) même si la contre-tendance qui se manifeste est celle de leur unité contre les pays dominés et surtout les pays dits « émergents » que sont les BRICS, voire les expériences anti-libérales et anti-impérialistes d’Amérique du Sud, en particulier des pays de l’ALBA .
Fidel Castro et Mohamed Ali
Le modèle de « l’american way of life » a été ébranlé, voire même écorché par les luttes du mouvement des droits civiques dans les années 60/70. La résistance et la victoire du Vietnam contre le « colosse aux pieds d’argile » Yankee, celle de la Corée du Nord et les Révolutions Chinoise et Cubaine ont démasqué l’image de « puissance anticolonialiste » que les USA ont tenté de se donner lors de la « crise du canal de Suez » en exigeant avec l’URSS le retrait de la soldatesque Anglo-Française et sioniste israélienne d’Egypte en 1956.
Aujourd’hui l’hégémonie des prédateurs US et UE sur le monde prend la forme de la fabrication d’un « ennemi terroriste », lequel est, par ailleurs, sciemment conçu par l’Occident impérialiste en alliance avec les Monarchies des pétrodollars pour donner les prétextes des guerres coloniales en Afrique, au Moyen-Orient.
Les USA et l’UE ont déjà allumé la guerre en Europe en bombardant l’ex-Yougoslavie et en réhabilitant les fascistes en Ukraine dans le cadre de leur politique d’encerclement et de désintégration des pays de l’ex-camp socialiste, en particulier la Russie. Guerres et réhabilitation du fascisme sont accompagnées de mensonges d’état comme celui de Bush pour attaquer l’Irak en 2003.
Ces guerres nécessitent en retour la fabrication d’un « ennemi intérieur musulman » dans le dessein sordide d’obtenir le consentement des populations et leur acceptation des régressions sociales comme la réduction des salaires et la destruction des droits conquis de haute lutte à l’époque où la seule existence de l’URSS et du camp socialiste faisait peur aux capitalistes.
C’est cela l’essence de l’idéologie et de la stratégie du « choc de civilisation » ou des « guerres de civilisation » ou encore de la soi-disant « guerre de la modernité contre la tradition », de la « guerre de la civilisation occidentale contre les barbares » Africains, Asiatiques et Sud-Américains. Alors qu’ils cherchent à interdire la production d’armes nucléaires à d’autres pays, rappelons que les USA sont les seuls à avoir osé balancer la bombe atomique sur le Japon pour obtenir leur reddition.
Voilà pourquoi nous avons de nouveau besoin que réémergent des figures comme les Mohamed Ali, les Malcom X et les partis communistes qui ont, au XXème siècle, permis les avancées sociales et démocratiques dans la marche historique de l’humanité vers la société socialiste.
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