Par Chris Nineham le 27 août 2016 - Information Clearing House / Les Grosses Orchades (trad.)
L’OTAN et pourquoi il faut en sortir
Une guerre est en route, et en comparaison, celle d’Irak aura l’air d’un jeu d’enfants écrivait le 12 juillet Carlyn Harvey dans Global expliquant notamment : « La guerre, tout le monde y pense en ce moment. Mais alors que le grand public a en tête les guerres du passé dont fait encore état le Rapport Chilcot, nos gouvernants nous en préparent une d’une tout autre espèce pour un futur peut-être proche. Et s’il faut en juger d’après leur rhétorique, ce sera sur une échelle jamais vue auparavant. »
Jeremy Corbyn
Pourquoi Corbyn a raison à propos de l’OTAN
Il est assez inquiétant que les propos de Jeremy Corbyn sur la politique étrangère aient pu être jugés sujet à controverse, estime Chris Nineham [ICH]
Si on prend un peu de recul, on trouve assez inquiétant que les propos de Jeremy Corbyn aient pu être jugés en quoi que ce soit sujets à controverse. Corbyn s’est exprimé sur deux questions, une générale et l’autre plus immédiate. En gros, il souhaite une politique étrangère telle que « nous vivions dans un monde où il n’y ait pas besoin de faire la guerre ». Dans quel genre de milieux cela peut-il être sujet à controverse ? Deuxièmement, et en rapport évidemment direct avec ce qui précède, il veut éviter la guerre avec la Russie.
Interrogé [dans un débat récent à la direction du Labour, NdT] sur d’éventuelles interventions russes, il a refusé de dire que la Grande Bretagne volerait au secours de la nation membre de l’OTAN qui se trouverait agressée, préférant se concentrer sur les mesures diplomatiques et politiques susceptibles d’éviter un scénario de ce genre et expliquant : « Nous ne pouvons pas permettre l’accroissement exponentiel d’une présence militaire qui va conduire à une situation catastrophique incroyablement dangereuse. »
On peut présumer que la plupart des gens sains d’esprit soutiendraient des démarches actives pour éviter d’entrer en guerre avec la Russie. Une telle guerre serait encore plus calamiteuse que celles générées par le chapelet de désastres britanniques en matière de politique extérieure que furent et que sont l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et la Syrie.
Sa critique implicite de la politique de l’OTAN en Europe de l’Est est, elle aussi, tout à fait justifiée. Le sommet de l’OTAN de juillet dernier, à Varsovie, s’est prononcé pour une stratégie de la corde raide à l’égard de la Russie, décrétant le déploiement supplémentaire de quatre bataillons multinationaux qui vont stationner par rotation en Pologne et dans trois pays baltes : la Lithuanie, La Lettonie et l’Estonie. En tout, 4.000 hommes de plus y seront déployés, dont 650 en provenance de Grande Bretagne et 1.000 des États-Unis.
Ceci a été précédé, dans les premiers mois de l’année, par les plus importants jeux de guerre [on dit aussi « grandes manœuvres », NdT] occidentaux en Europe de l’Est depuis la guerre froide, impliquant 31.000 hommes et des milliers de véhicules de 24 pays. Même les partisans de l’OTAN ont été quelque peu gênés par cette débauche. On cite la réflexion d’un attaché à la Défense d’une ambassade européenne à Varsovie qui a dit « redouter un scénario cauchemardesque… un incident… les Russes se méprenant ou feignant de se méprendre sur ce qu’ils pourraient voir comme une action offensive ».
Après ce sommet, l’ex-Premier ministre soviétique Gorbatchev a donné une idée de l’opinion qui prévaut en Russie : « Toute la rhétorique de Varsovie hurle l’envie de déclarer la guerre à la Russie. Ils ne font que parler de défense, et préparent dans la réalité des opérations offensives ».
Bien entendu, les dirigeants de l’OTAN présentent cette escalade historique d’envergure comme réactive. Mais leur prétention n’est tout simplement pas soutenable. Depuis l’instant même où l’URSS s’est effondrée, les puissances de l’OTAN n’ont cessé de pousser leur avancée vers l’Est, principalement dans les régions que la Russie considère à bon droit comme vitales pour sa sécurité. Depuis 1991, douze pays de la région ont été intégrés à l’OTAN. Dès 2008, on a promis à la Géorgie et à l’Ukraine qu’elles en feraient partie, en dépit des avertissements répétés du gouvernement russe qu’amener l’OTAN à ses frontières ne pourrait que provoquer une crise sécuritaire internationale majeure.
Les dirigeants russes – Poutine inclus – ont essayé de trouver un accommodement sécuritaire avec l’Ouest dès les années 1990. C’est l’expansionnisme de l’OTAN vers l’Est et les prises de décision unilatérales de l’Occident partout ailleurs – en particulier à l’égard de la Libye – qui ont fait monter de plus en plus la tension.
Les arguments de Corbyn sur l’OTAN sont de bon sens et soutenus par les faits. Ce qui pose réellement problème dans les milieux du pouvoir en place, c’est que Jeremy Corbyn est déterminé à rompre avec l’alignement sans réserve du Royaume Uni sur les priorités de Washington, alignement qui vient d’être vertement condamné par le Rapport Chilcot.
Plutôt que de se contenter d’exprimer ses regrets sur l’Irak, il a fait des excuses au nom du parti travailliste, pour ce que la plupart des gens considèrent comme une décision désastreuse. Davantage même – et c’est ce qui fait si fort grincer certaines dents – il se prépare à tirer les conclusions du chaos des quinze dernières années, pour véritablement agir en conséquence.
Irrationnel, n’est-ce pas ? Ne vaudrait-il pas mieux continuer à se mettre la tête dans le sable, ignorer le passé et plonger l’avenir dans toujours plus de désordres ?
Chris Nineham est un militant politique anglais, né en 1962. Il est un des membres fondateurs de la coalition Stop the War au Royaume Uni, et a été un des principaux organisateurs de la grande Manifestation du 15 février 2003 contre la guerre d’Irak en Grande Bretagne. Il fait partie de la direction de Globalise Resistance, le réseau anti-mondialisation qui s’est manifesté à diverses reprises, à Gênes et alleurs. Chris Nineham est l’auteur de The People Versus Tony Blair et de Capitalism and Class Consciousness : the ideas of Georg Lukács.
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Par Carlyn Harvey le 27 août 2016 - Information Clearing House / Les Grosses Orchades (trad.)
Ce 18 août, la raison pour laquelle l’establishment trouve Corbyn si dangereux s’est révélée dans toute sa clarté. Répondant à une question sur la défense, lors d’un débat contradictoire à la direction du Labour, il a refusé de justifier les actions de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), s’engageant en revanche à créer « un monde où il n’y ait pas besoin de faire la guerre ».
Pour des millions de citoyens de par le monde, c’est une excellente nouvelle. Mais pour ceux dont le seul but est de soutenir les pouvoirs en place et les industries si lucratives dont ils dépendent, les vues de Corbyn sont un vrai désastre.
Voulez-vous faire partie de notre gang ?
Dans le cours de ce débat, une question a été posée à Corbyn et à son collègue Owen Smith [L’autre candidat à la direction du Labour, NdT] à propos de la Russie :
– Comment réagiriez-vous, en tant que Premier ministre, à une violation, par Vladimir Poutine, de la souveraineté d’un pays membre de l’OTAN ?
Corbyn a répondu :
On devrait d’abord faire en sorte qu’une telle chose n’arrive pas. C’est-à-dire qu’on devrait avoir au préalable établi une bonne base de dialogue avec les Russes, en leur demandant de respecter les frontières et en respectant les leurs. La première chose que nous essayerions de faire, serait d’en arriver à une démilitarisation entre la Russie et l’Ukraine, et aux autres frontières entre la Russie et l’Europe de l’Est.
Ce que nous ne pouvons pas permettre, c’est l’accroissement exponentiel de troupes des deux côtés de ces frontières, qui ne peut conduire qu’à des dangers de plus en plus grands. Dans l’état actuel des choses, tout cela ressemble furieusement à une politique de guerre froide. Il nous faut collaborer avec la Russie, nous engager à démilitariser cette région, de façon à éviter que de mortels dangers se concrétisent.
L’OTAN a été créée en 1949, dans le sillage de la Deuxième guerre mondiale. Elle a été créée, d’emblée, contre la Russie. Il s’agissait d’établir une alliance capable de défier « l’ours » rouge, partout où c’était jugé nécessaire. Mais, une fois le mur de Berlin tombé et l’Union Soviétique dissoute, les tensions avec la Russie ont diminué, et l’OTAN, décidée à justifier la permanence de son existence, est passée à d’autres objectifs.
À présent, les tensions de la guerre froide sont de retour et, comme le dit Corbyn, il y a « un accroissement exponentiel de troupes » le long de la frontière russe. Le 10 février, par exemple, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg annonçait que :
Les ministres de la Défense de l’OTAN se sont mis d’accord sur une présence accrue dans la partie orientale de l’Alliance.
Ceci est le jargon de l’OTAN pour désigner une augmentation massive de sa présence militaire dans six pays qui touchent directement le territoire de la Russie. Le Royaume Uni y participe avec cinq navires de guerre et un nombre considérable de militaires. Cette annonce faisait suite à celle du président US Barack Obama, décidant de quadrupler les dépenses militaires de la superpuissance en Europe à hauteur de 3,4 milliards de dollars.
À peu près à la même époque, le secrétaire US à la Défense, Ashton Carter expliquait que « l’environnement sécuritaire d’aujourd’hui » est « dramatiquement différent » de ce qu’il était au cours des deux décennies passées. Pendant les 25 dernières années, notait Carter, la défense US s’est surtout concentrée sur les « forces insurgées » comme les Taliban et certains groupes extrémistes. Mais maintenant, les États-Unis passent à la vitesse supérieure « en revenant à une compétition entre grandes puissances », avec des « ennemis haut de gamme » tels que la Russie et la Chine.
L’OTAN est à l’avant-garde de cette « compétition entre grandes puissances ».
Jouez selon nos règles ou sortez du jeu.
Comme la plupart des joueurs qui comptent des deux côtés de la « compétition » ont empilé de considérables stocks d’armes nucléaires, toute escalade des tensions aboutira en effet ce que « les mortels dangers [que nous courons] se concrétisent ». C’est la crainte que Vladimir Poutine lui-même a exprimée, lorsqu’il s’est adressé récemment à la presse étrangère :
« Vos populations n’ont pas l’air d’avoir conscience du danger pourtant imminent. C’est là ce qui m’inquiète ! Comment ne comprenez-vous pas que le monde est entraîné vers une catastrophe irréversible ? »
Corbyn a estimé que le « dialogue », la « démilitarisation » et la « collaboration » sont exactement les tâches auxquelles nous devons nous atteler, afin qu’aucune violation de souveraineté ne se produise pour commencer. Il prône la prévention des hostilités plutôt que des efforts pour y remédier une fois qu’elles ont éclaté.
Mais ce genre de tactiques ne semble pas vraiment faire partie des règles du jeu de l’OTAN. Au contraire, des mails récemment divulgués du commandant suprême en retraite de l’OTAN Philip Breedlove montrent qu’il a sciemment comploté autant qu’il le pouvait pour vaincre la répugnance du président Obama à faire grimper les tensions militaires en Ukraine.
Et Stoltenberg, dans son annonce au sujet de l’accroissement de troupes aux frontières de la Russie a tenu à mettre l’accent sur le principe de l’OTAN, selon lequel « une attaque contre un allié est une attaque contre tous les alliés », et que « l’Alliance toute entière y répondra »
C’est ce principe qui veut que tous les membres soient prêts à agir militairement si l’un d’entre eux se voit menacé qui a fait l’objet du débat à la direction du Labour. Et Smith a docilement répondu, en parfait accord avec la politique de l’OTAN :
Nous porterions secours au pays membre de l’OTAN ; c’est la matière même des accords de l’OTAN. Ce serait le boulot de la Grande Bretagne, au cas où un pays membre serait envahi, c’est évident. Mais ce serait calamiteux et nous ne devrions jamais avoir à en arriver là.
Nous devons travailler diplomatiquement pour nous assurer que l’agression russe – et je pense qu’il s’est agi de rien moins que cela – que l’expansionnisme et l’agression militaire de ces dernières année par Poutine soit endiguée.
Quel pourra être le succès de la « diplomatie », dès lors qu’on n’entend discuter que de « l’agression de la Russie » ? C’est une éventualité plutôt difficile à imaginer. Et si Smith croit vraiment que « nous ne devrions jamais avoir à en arriver là », il semble bien que la prévention soit le seul moyen d’y parvenir.
Une entreprise explosive
Réinterrogé avec insistance sur la question de savoir s’il est prêt à entreprendre une action militaire qui s’avérerait nécessaire, Corbyn, a conclu :
Je n’ai pas envie de faire la guerre. Ce que je veux, c’est faire en sorte que dans le monde où nous vivons, il n’y ait pas besoin de faire la guerre, où cela ne soit pas nécessaire. Et y parvenir est possible.
Après des décennies d’interventions militaires qui ont laissé la quasi-totalité du Moyen Orient en ruines, qui ont propulsé le terrorisme wahhabite sur la scène mondiale et qui ont érodé la confiance dans les communautés de tout l’hémisphère occidental, il ne faut pas s’étonner que l’assistance ait éclaté en applaudissements enthousiastes.
Mais les gens au pouvoir n’aiment pas ça du tout. Lord West, ex-ministre travailliste de la Sécurité et chef de la Royal Navy, a dit que les propos tenus par Corbyn étaient « absolument effrayants ». Le député travailliste Wes Streeting a, pour sa part, affirmé qu’il s’agissait d’« une grossière trahison de toutes les valeurs internationalistes du Labour ».
On pourrait pourtant estimer qu’il est justement du plus pur internationalisme de prôner une solution diplomatique à tous les conflits qui menacent non seulement les pays de l’OTAN mais tous les citoyens de tous les pays du monde, qui risquent d’en faire les frais. Mais ce n’est pas ainsi qu’on voit les choses dans les milieux que fréquente Streeting.
Certains pourraient même considérer qu’il est « absolument effrayant » de ne pas essayer de convaincre l’OTAN – seule alliance militaire dont le Royaume Uni fasse partie – d’épuiser toutes les solutions pacifiques avant de se lancer dans des actions militaires.
Les médias de masse peuvent bien, s’ils veulent, donner libre cours à leur servilité légendaire en piaillant que Corbyn est « allé trop loin », et invoquer les mânes de Clement Atlee, fondateur de l’Alliance, dans leurs anathèmes.
Le monde d’aujourd’hui est un endroit très différent de celui où Atlee a négocié. Après les incessantes interventions des dernières années, il faut que nos furieuses démangeaisons militaires (et celles des autres) soient maîtrisées, si nous voulons qu’il y ait la moindre espérance de paix mondiale.
La vraie question géopolitique à l’ordre du jour n’est pas « qui va dominer le monde » mais « qui va le sauver ».
Impliquez-vous !
Agissez avec la Coalition Stop the War
Soutenez les Anciens Combattants pour la Paix, qui se battent maintenant pour que des solutions pacifiques soient trouvées aux problèmes du monde.
Carlyn Harvey écrit sous un pseudonyme. Son vrai nom est Tracy Keeling. Elle est anglaise et travaille depuis des années dans l’éducation et le théâtre. Elle a une certaine expérience en tant qu’écrivain de fiction et, à ce titre, elle a été frappée par la capacité créatrice dont les médias de masse font preuve dans leurs reportages. Tracy pense qu’il y a comme un consensus de masse aussi dans les fables qu’ils servent au public du Royaume Uni, et elle trouve que celui-ci a nettement besoin de voix alternatives. C’est à quoi s’efforce Le Canari (The Canary) et elle est ravie d’y participer.
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Nous devons prendre nos distances vis-à-vis de l’OTAN si nous voulons éviter le guerre
Par Anders Romelsjö, Leif Elinder, Martin Gelin, le 27 août 2016 - Göteborgs / Les Grosses Orchades
Le point de vue de trois médecins suédois qui militent dans le Mouvement pour la Paix au sujet de la dangerosité de l’OTAN
Le risque de guerre nucléaire n’a jamais été plus grand, et c’est partiellement parce que l’OTAN a réarmé les pays qui entourent la Russie. Pourtant, ces pays sont sûrs d’être eux aussi des cibles, si Poutine décide de riposter. Voilà ce qu’écrivent trois médecins suédois, dans un article qui a paru sur Göteborgsposten, le vendredi 12 août.
Pendant la crise des missiles cubains, le président Kennedy avait discuté avec ses conseillers les différentes options qui s’offraient à lui. L’une était de lancer une attaque limitée sur des bases anti-missiles soviétiques. On escomptait que Moscou accepterait cette réaction, au lieu de riposter d’une façon dont le résultat serait la dévastation aussi bien des États-Unis que de l’Union Soviétique.
De 1950 aux années 1980, il y a eu une doctrine de stratégie militaire appelée MAD (Destruction Mutuellement Assurée). MAD signifiait que si une grande puissance attaquait l’autre en premier, il serait toujours possible que la nation attaquée rendît les coups. Cette possibilité de frappe en retour a longtemps servi de dissuasion suffisante.
La sécurité relative qu’offrait la doctrine MAD n’existe plus. Les États-Unis et la Russie s’accusent aujourd’hui mutuellement et ouvertement de constituer une « menace existentielle ». L’équilibre, dans la stratégie militaire, devient de plus en plus inégal.
Le réarmement nucléaire des États-Unis et l’encerclement de la Russie par l’OTAN ont créé une situation hautement précaire et dangereuse. Il devient de plus en plus difficile de résister aux avantages d’une « première frappe ». Avec le soutien de l’OTAN, la Roumanie et la Pologne sont en train d’installer un nouveau système robotique de défense appelé « Aegis ashore ». Le président Poutine a averti les deux pays qu’en cas de conflit ils seraient ses premières cibles. Les inquiétudes de la Russie quant à une première attaque destinée à la désarmer semblent réelles. Si ces inquiétudes sont fondées, nous ne pouvons pas le savoir. Mais les arrière-pensées et les intentions de chaque superpuissance sont absolument cruciales pour notre sécurité.
Les risques n’ont jamais été plus grands.
L’ex-secrétaire à la Défense US William Perry a mis le monde en garde : les risques d’une guerre nucléaire sont aujourd’hui plus grands que jamais. Et le sont pour les raisons suivantes :
– La rupture de l’engagement pris lors de la dissolution de l’URSS (en 1990) de ne jamais étendre l’OTAN.
– Le nombre de pays membres de l’OTAN est passé, depuis, de 13 à 28.
– L’intervention illégale de l’OTAN en Yougoslavie (1999) et la création non moins illégale d’un Kosovo indépendant.
– La dénonciation unilatérale du TNP (Traité de non-prolifération des armes nucléaires) en 2001 par les États-Unis.
– L’installation de bases « anti-missiles » en Roumanie et en Pologne (voi ci-dessus), qui sont très facilement reprogrammables en bases d’attaque robotisées.
– La modernisation du système d’armement nucléaire US qui a coûté un trillion (douze zéros) de dollars.
– Le coup d’État illégal fomenté et soutenu par les USA (2014) en Ukraine.
– La supériorité militaire stratégique de l’OTAN en termes de possibilités de recourir à une « première frappe ».
– La démonisation de Vladimir Poutine, par comparaison systématique avec Hitler (Un « Hitler » n’est pas quelqu’un avec qui on puisse négocier, mais quelqu’un qui doit être éliminé.)
Les analystes américains indépendants en matière de sécurité tels que VIPS (Anciens Agents de Renseignement Professionnels pour la Santé Mentale) considèrent les jeux de guerre de l’OTAN dans le voisinage immédiat de la Russie comme extrêmement provocateurs et dangereux. De plus en plus d’hommes politiques européens prennent publiquement leurs distances avec la politique agressive de l’OTAN. Par exemple le Premier ministre grec Tsipras, le ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier et le président français François Hollande. [?? NdT]
Effets opposés
L’OTAN est globalement fort. L’OTAN dépense, en armes, dix fois plus d’argent que la Russie. Beaucoup de pays s’imaginent que devenir membre de l’OTAN est un gage de sécurité. Mais quand un équilibre militaire est asymétrique, les conséquences logiques sont inversées. Si les USA et l’OTAN décident de frapper « préventivement » la Russie à partir des bases encerclant la Russie, les chefs de l’armée russe n’auront pas le temps de réagir.
La Russie a fait savoir clairement qu’une telle situation ne serait pas tolérée. Par conséquent, la Russie applique présentement une doctrine qui prévoit une frappe nucléaire avec des restrictions (« Concept de Désescalade »). L’avantage supposé de cette doctrine est qu’une première attaque limitée rendra une guerre tous azimuts moins probable. En ne répondant pas [à une frappe qui serait limitée à des pays d’Europe, NdT ] les États-Unis éviteront le risque d’une extension du conflit à leur propre territoire. Franchement, est-ce qu’un président des États-Unis voudra risquer de voir dévaster son propre territoire sous prétexte de punir les Russes d’une première frappe sur des bases européennes ?
La situation militaire stratégique est donc extrêmement instable. Des pays voisins de la Russie ont permis l’installation de bases de l’OTAN sur leur sol, au risque de plus en plus grand de devenir eux-mêmes les objectifs d’une première frappe. Le résultat de l’élection présidentielle US, quelle qu’en soit l’issue, ne peut être d’aucun secours.
Des causes et des effets
Si les politiciens occidentaux sont incapables de faire la différence entre des causes et des effets, entre une provocation et une réaction, les conséquences peuvent être dévastatrices. La Russie se trouve face à trois solutions possibles, en termes de rapports avec l’OTAN :
1) Céder, se laisser faire, et accepter de devenir vassale des USA
2) Attendre qu’une première frappe de l’OTAN la neutralise.
3) Frapper la première, avec des armes nucléaires tactiques, certaines bases « anti-missiles » européennes constituant pour elle une menace directe, en escomptant que les USA ne répliqueront pas pour ne pas risquer une contre-attaque sur leur territoire. (Donald Trump a déjà fait comprendre que les USA ne s’engageront pas militairement de façon inconditionnelle pour protéger leurs alliés de l’OTAN.)
Le président Poutine a fait savoir que c’est le troisième scénario que la Russie envisage aujourd’hui. L’unique détail qui ne soit pas sûr est « quand ». Le seul perdant assuré, dans tous les cas de figure, sera l’Europe.
Le rapprochement entre la Suède et l’Otan a augmenté le risque, pour notre pays, d’être entraîné dans une guerre. Pour cette raison, il est particulièrement important – pour la Suède et pour les autres pays d’Europe – de soutenir toutes les initiatives allant dans le sens d’une détente et d’un désarmement, et d’ainsi créer une opinion publique qui exige que nous prenions nos distances d’avec l’OTAN.
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