jeudi 20 octobre 2016

BNS : Une impuissance explosive.

BNS : Une impuissance explosive. 
Par Liliane Held-Khawam, le 18 octobre 2016 - LHD


  » La Suisse se retrouve en compagnie de la Chine, du Japon, de la Corée, de Taïwan et de l’Allemagne sur la liste des possibles manipulateurs de devise établie par les Etats-Unis » (Source ATS)

L’accusation est un peu étonnante dans la mesure où la BNS travaille dans l’intérêt immédiat des Etats-Unis tant au niveau du marché des actions, que celui du rachat de sa dette publique qui attire toujours moins les foules. Une alliée de la première heure, qui s’est embarquée en 2007 pour renflouer UBS dans la crise AMERICAINE des subprimes, puis en septembre 2011 et à la demande des Américains, dans la crise des liquidités des banques européennes en reprenant au prix fort  les titres dont celles-ci voulaient se débarrasser. La voilà  aujourd’hui non seulement bien mal récompensée, mais accusée!

Ceci étant, il est important de revenir sur plusieurs points que cette information soulève:

1. La Suisse en tant que pays n’est absolument pas concernée par la politique de la BNS qui est totalement menée par cet établissement privé même s’il est dit sur papier qu’il relève du droit public. La BNS se targue de souveraineté dans le domaine de la politique monétaire, et cette indépendance exagérée pour ne pas dire plus va coûter cher à tout le pays.
2. Cela fait un moment que la BNS est sortie de sa mission et de son code déontologique que lui impose son propre règlement. Il suffit de repenser aux investissements dans l’armement nucléaire et autres industries liées aux OGM ou gaz de schiste.
3. La BNS a sous-traité le gros de son bilan à des entités privées américaines ou fortement américanisées.Nous retiendrons tout simplement Blackrock comme gestionnaire de son portefeuille-actions américains et Six Group comme gestionnaire de l’ensemble du trafic de paiement et donc du fameux compte de virement des banques. Excusez du peu !

4. Le compte de virement aux banques est LA principale source de financement du gargantuesque bilan de la BNS. Il est renfloué par les exigences élevées en liquidités imposées aux braves banques commerciales helvétiques et autres établissements abusivement appelées too big to fail. Alors que les seules banques réellement Too big to fail sont UBS et CS, la BNS soutenue par la FINMA ont rajouté à la liste la ZKB, Raiffeisen, et Postfinance devenues ainsi durablement pourvoyeuses en liquidités.Or, le cash des banques sont normalement déposés dans le fameux compte de virement des banques. C’est donc notre argent à tous qui finance de manière fort discutable et qui sera certainement un jour discuté cette fièvre acheteuse bardée de risques cumulés.
5. Le compte de virement, qui converge avec le rôle du trafic de paiement est sous gestion de Six dont l’actionnaire majoritaire sont UBS et Credit Suisse notoirement américanisés. Pire que cela si cela est encore possible, le Head of Global Payments & Cash Management de UBS, citoyen allemand,  préside simultanément l’entreprise responsable chez Six du trafic de paiement appelée SIC. Personne ne voit les conflits d’intérêts colossaux néanmoins réels et dangereux!
6. La même BNS a sous traité l’ENSEMBLE du trafic de paiement en euro à SECB, une banque stationnée à Francfort et détenue par les incontournables UBS, CS à hauteur de 50% . Tout mouvement en euro qui inclut un compte bancaire ou postal suisse passe obligatoirement par cette banque détenant ainsi une position monopolistique privée! Les excédents des paiements ne reviennent même plus en suisse selon les graphiques publiée par la BNS.
7. La BNS sert de cash manager, à l’image de sa banque fétiche UBS, en franc suisse, aux boîtes noires que sont les chambres de compensation qui offrent des garanties dans l’interface acheteurs-vendeurs du casino. La BNS reçoit-elle des dollars ou des euros dans le cadre de cette fonction? Très possible.
8. Nous avons alerté en début d’année sur des mouvements étonnants intervenus en fin d’année 2015 sur le franc suisse. Ceux-ci ont clairement modifié favorablement les comptes de la banque pour 2015. Peut-on parlé de manipulation sur devises? très probablement. D’ailleurs, c’est un secret de polichinelle qui dure depuis de nombreuses années.
Qu’il y ait manipulation de devises depuis la Suisse, cela semble plus que probable! Mais dire que c’est la Suisse ou même que c’est la BNS serait faux. Des entités privées sont responsables de la logistique, de l’opérationnel et du management d’actifs. La vérité se trouve ailleurs!
Rappelons enfin que les organes de contrôle de la Confédération n’ont pas le droit d’y mettre un pied. ils doivent se satisfaire des informations que l’on veut bien leur fournir, contrôlées toutefois par KPMG qui a remplacé Price Waterhouse.
La BNS ressemble de plus en plus à la devanture d’un magasin vidée de son activité principale, devenue totalement impuissante qui fournit des rapports au FMI et des statistiques à ses partenaires. Le pendant en quelque sorte de l’office fédérale des statistiques, version monétaire… Le centre névralgique a été déplacé.

La BNS sort toujours plus de la mission qui lui a été assignée par le législateur. Il est à craindre que non seulement, elle finisse par porter le chapeau pour des activités qu’elle n’a pas commises, mais qu’en plus l’ensemble des processus dont elle a la responsabilité lui échappe totalement.

Quant à ses référents à Berne, ils semblent vouloir continuer de lui faire confiance, à elle et à ses sous-traitants, malgré tous les indicateurs qui défient le bon sens le plus élémentaire…

Une impuissance généralisée semble paralyser le monde de la finance fédérale alors que la spirale infernale dans laquelle s’est enferrée la BNS continue sur une lancée folle…

Combien de temps, pourrons-nous tenir? un avenir proche nous le dira….

Liliane Held-Khawam

PS, Le lecteur intéressé par les différents thèmes trouvera sur le site de nombreuses publications sourcées et chiffrées  qui illustrent les différents points.

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