Octobre 2017 - Le Partage
« En nous dérobant les mystères de la voûte céleste, l’électricité publique chasse du monde les inquiétudes remuantes et les bizarreries, les silences extralucides et les méditations de la nuit, en même temps que lanuit elle-même ; nous privant donc aussi de savoir ce qu’est le jour. C’est une diminution de la vie terrestre qui n’est pas négligeable, pour rester inaperçue ; et si avec les progrès du confort les amants prennent des douches, bavardent au téléphone et ont un tourne-disque, ils ont égaré ce charme puissant qui était de mêler leurs urines nocturnes dans un même vase, et c’est la froide lumière électrique qui dégrise leur nudité, au lieu qu’en s’épuisant la lampe à mèche, toujours inquiète, recueillait le témoignage des heures passées avec leurs ombres vivantes ; et c’est le radio-réveil qui les prévient du jour, etc. J’en suis donc venu à considérer qu’il faudrait examiner sous ce rapport toutes les facilités modernes, toutes les améliorations : de quoi se prive-t-on en prenant l’ascenseur, est-ce le même homme qui rentre chez lui par l’escalier et celui qui appuie sur le bouton du douzième, arrivent-ils au même endroit ? La réponse en est parfois évidente : le téléphone, qui contraint d’être toujours alerte et disponible, interdit de se retirer chez soi et nous dépossède de l’intimité avec le temps ; en outre il accoutume de se parler les uns aux autres sans se regarder, et rend ainsi fonctionnelles jusqu’aux conversations intimes, etc. Mais dans la plupart des cas nous en resterons ignorants, pour ne l’avoir jamais su. »
— Baudouin de Bodinat, La vie sur terre (tome 1)
Tout d’abord, une définition. Celle de la pollution lumineuse, formulée par Thomas Le Tallec (professeur agrégé, Muséum national d’Histoire naturelle, Paris) dans un article intitulé « Quel est l’impact écologique de la pollution lumineuse ? », publié sur le site de l’Encyclopédie de l’environnement :
La pollution lumineuse est un phénomène d’origine anthropique associé au développement de l’urbanisation et des activités humaines et qui implique la lumière artificielle. Du point de vue de l’astronome et selon une approche qualitative, la pollution lumineuse désigne la lumière artificielle qui dégrade la qualité du ciel nocturne, masque la lumière des étoiles et des autres corps célestes et limite leur étude. L’astronome parle de « pollution lumineuse astronomique ». Selon une approche quantitative, l’Union Astronomique Internationale indique que, pour une région géographique clairement délimitée, il y a pollution lumineuse lorsque la lumière artificielle propagée dans le ciel nocturne est supérieure à 10% de sa luminosité naturelle la nuit. Du point de vue de l’écologue, la pollution lumineuse désigne la lumière artificielle qui dégrade les cycles de la lumière naturelle (cycle jour/nuit et saisons), modifie la composante nocturne de l’environnement, c’est-à-dire l’illumination du milieu, et qui, en conséquence, impacte les comportements, les rythmes biologiques et les fonctions physiologiques des organismes vivants, ainsi que les écosystèmes. Les écologues parlent de « pollution lumineuse écologique ».
De récentes études démontrent l’impact ravageur de la lumière artificielle sur les insectes. Un communiqué du CNRS explique :
Pour la première fois, une équipe européenne, comprenant un chercheur du Centre d’écologie et des sciences de la conservation (CNRS/MNHN/UPMC), montre que la pollution lumineuse perturbe les pollinisateurs nocturnes avec des conséquences négatives pour la reproduction des plantes.
Les chercheurs démontrent que les effets en cascade de la pollution lumineuse ne s’arrêtent pas aux plantes et à leur reproduction mais peuvent aussi se propager aux pollinisateurs de jour. La pollution lumineuse réduisant le succès reproducteur de plantes sur lesquelles des pollinisateurs diurnes viennent se nourrir, cela pourrait entrainer à terme une baisse des ressources alimentaires disponibles pour les pollinisateurs diurnes.
Ces résultats proposent de nouvelles perspectives sur le fonctionnement des communautés plantes-pollinisateurs et sur la complémentarité entre pollinisateurs diurnes et nocturnes. Dans tous les pays développés, ces insectes pollinisateurs sont en régression, notamment en milieu rural. Leur raréfaction pourrait bien avoir des impacts considérables sur tous les écosystèmes. Une cohabitation sérieusement menacée par les changements globaux, et, désormais, par la pollution lumineuse.
Mais l’impact de la pollution lumineuse est bien plus vaste encore. Une publication du NCBI (National Center for Biotechnology Information, en français : « Centre américain pour les informations biotechnologiques », une des institutions gouvernementales des États-Unis qui s’occupent de la recherche médicale et biomédicale), intitulée « Missing the Dark: Health Effects of Light Pollution » (en français : À la recherche de l’obscurité : les effets sanitaires de la pollution lumineuse) et rédigée par Ron Chepesiuk, rappelle que :
Beaucoup d’écologistes, de naturalistes et de chercheurs considèrent la pollution lumineuse comme une des formes de pollution environnementale les plus envahissantes et les plus croissantes. De plus en plus de travaux scientifiques suggèrent que la pollution lumineuse peut avoir des effets durables à la fois sur la santé humaine et sur la santé du monde naturel.
Parmi les nombreux problèmes associés à la pollution lumineuse, on retrouve le fait que la pollution lumineuse affecte à la fois la flore et la faune. Par exemple, une exposition prolongée à des lumières artificielles empêche beaucoup d’arbres de s’ajuster aux variations saisonnières, ce qui, en retour, impacte la faune sauvage dont les arbres sont l’habitat (insectes, tortues, oiseaux, poissons, reptiles, etc.), au niveau de son comportement, de son aire d’alimentation, de ses cycles de reproduction — non seulement en zone urbaine, mais aussi dans les espaces ruraux.
Voici quelques exemples de l’impact de la pollution lumineuse sur la faune sauvage tirés de la publication du NCBI :
Les tortues de mer fournissent un exemple dramatique de la manière dont la lumière artificielle sur des plages peut déranger la vie sauvage. De nombreuses espèces de tortues de mer pondent sur des plages, les femelles retournent pendant des décennies sur les plages qui les ont vues naître pour donner naissance à leur tour. Lorsque ces plages sont éclairées la nuit, cela peut dissuader les femelles de venir y pondre, ou les désorienter et les faire errer sur des routes environnantes, les exposant au risque de se faire écraser par des véhicules.
De plus, les nouveaux-nés des tortues se dirigent normalement vers la mer en suivant la direction opposée à la silhouette élevée et sombre de l’horizon terrestre. […] Mais lorsque des lumières artificielles brillent sur les plages, les petites tortues sont désorientées et se dirigent vers la source de ces lumières, sans jamais trouver la mer. […]
Les puissantes lumières électriques peuvent aussi perturber les comportements des oiseaux. Près de 200 espèces d’oiseaux survolent l’Amérique du Nord la nuit durant leur migration. Et lorsque la couverture nuageuse est faible, ils sont souvent désorientés par le survol de bâtiments très éclairés, de tours de communications et d’autres édifices. […]
Chaque année, à New-York uniquement, près de 10 000 oiseaux migrateurs sont blessés ou tués lors de collisions avec des gratte-ciels ou des immeubles, explique Glenn Phillips, directeur exécutif de la New York City Audubon Society. Les estimations du nombre d’oiseaux tués chaque année dans des collisions, en Amérique du Nord, varient entre 98 millions et près d’un milliard. Le Service américain de la pêche et de la faune sauvage estime qu’entre 5 et 50 millions d’oiseaux meurent chaque année dans des collisions avec des tours de communication.[…]
Les tortues et les oiseaux ne sont pas les seuls à être affectés par la lumière artificielle nocturne. Les grenouilles inhibent leurs appels d’accouplement lorsqu’elles sont exposées à trop de lumière la nuit, ce qui réduit leur capacité reproductive. L’alimentation des chauves-souris est également altérée par la lumière artificielle. Des chercheurs ont déterminé que la pollution lumineuse était responsable de déclins dans les populations de papillons de nuit nord-américains. […] Presque tous les petits rongeurs et les carnivores, 80% des marsupiaux et 20% des primates sont nocturnes. “Nous ne faisons que commencer à comprendre la nocturnalité de nombreuses créatures”, explique Chad Moore, gestionnaire des programmes nocturnes pour le Service des parcs nationaux. “Ne pas protéger la nuit détruira l’habitat de nombreux animaux.”
Dans un très bon article intitulé « L’extinction des lucioles », Pauline Brami écrit que :
D’autres espèces sont dites lucifuges. A l’inverse de l’homme, elles ont peur de la lumière qui agit comme une barrière. C’est le cas des zooplanctons qui ont l’habitude de revenir la nuit à la surface des lacs pour se nourrir des algues. Leur régression est notable au sein des eaux illuminées par les villes. De même, les tortues de mer peinent à rejoindre la mer lorsque le littoral est éclairé. Rejoignant la plaine, elles meurent tuées par des prédateurs ou par épuisement. Les papillons de nuit sont eux aussi réticents à la lumière. Beaucoup plus nombreux que les papillons de jour (4500 espèces de papillons de nuit contre 260 espèces de jour), ils sont indispensables à l’équilibre des écosystèmes car ils constituent de fervents pollinisateurs. Leur régression corrélée à l’augmentation de la lumière nocturne vient modifier indirectement l’état de la flore. Cette dernière souffre également directement de l’éclairage artificiel. Les phases de repos des plantes sensibles à la lumière se trouvent réduites. Leur photosynthèse normale est perturbée. En conséquence, la chute des feuilles est retardée et les récoltes diminuent. Les lucioles ainsi que les vers luisants communiquent en période de reproduction grâce à leur bioluminescence. Les soirs d’été, les mâles ailés volent et émettent des signaux lumineux pour que les femelles puissent les repérer. L’éclairage artificiel entrave les possibilités de leur rencontre et met ainsi en péril la survie de ces espèces. Mais elles ne sont pas seules, bien d’autres encore sont affectées massivement par l’invasion lumineuse.
Les lucioles sont en voie de disparition en zone méditerranéenne et en voie de régression presque partout dans le monde, probablement en raison de la conjonction de plusieurs facteurs (généralisation de l’usage d’insecticides, pollution lumineuse et dérèglement climatique).
La civilisation industrielle sera-t-elle le tombeau des lucioles ?
Dans un dossier sur la pollution lumineuse rédigé par Jean-Eudes Arlot de l’Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides, on apprend que : « La pollution lumineuse est la deuxième cause d’extinction des espèces d’insectes après les pesticides. »
Le professeur Thomas le Tallec explique :
D’un point de vue comportemental, la pollution lumineuse entraîne des réponses de type attraction/répulsion et orientation/désorientation. Ainsi, chez les petits mammifères nocturnes, l’exposition à une source de lumière artificielle entraîne une réponse répulsive, autrement dit les individus s’éloignent de la source de lumière. Ce comportement, du fait de l’augmentation de l’illumination du milieu, traduit vraisemblablement une perception accrue du risque d’être chassé par un prédateur. Au contraire, chez les insectes nocturnes et les oiseaux migrateurs, organismes qui utilisent la lumière des astres pour se déplacer dans l’obscurité, l’exposition à la pollution lumineuse entraîne une réponse attractive, autrement dit les individus s’approchent de la source de lumière. Or, cette réponse peut être cause de désorientation pour les individus. Plus problématique encore, les individus, en s’approchant des éclairages artificiels, peuvent entrer en collision avec les grandes structures éclairées ou se déshydrater voire se brûler au contact des lampes.
La publication du NCBI continue en énumérant les nombreux problèmes de santé que la pollution lumineuse implique chez l’être humain. En bref : perturbation de l’horloge biologique (cycle circadien), du sommeil, donc de l’humeur, augmentation du risque de certains cancers (notamment le cancer du sein).
Dans un article intitulé « The End of Night » (La fin de la nuit), publié sur le site web du magazine Aeon, la journaliste américaine Rebecca Boyle étudie les effets scientifiquement avérés de la lumière artificielle nocturne. Elle écrit :
« Un nombre croissant de preuves indique que la pollution lumineuse exacerbe et peut directement causer le cancer, l’obésité et la dépression, qui constituent le triumvirat infernal de la société industrielle. »
Elle explique alors le lien entre l’exposition à la lumière bleue et l’altération de la production de mélatonine, qui, en retour, génère toutes sortes de troubles de la santé (dont des cancers).
Thomas Le Tallec dresse un bilan géographique de la situation :
Pour les années 2013/2014, la pollution lumineuse impacte 22,5% des terres émergées à travers le monde, 46,9% de la surface des États-Unis, 88,4% de la surface de l’Union Européenne et 100% de la surface du territoire français. Par conséquent, 83,2% de la population mondiale, dont 99,7% de la population des États-Unis, 99,8% de la population de l’Union Européenne et 100% de la population française, sont impactés par la pollution lumineuse. Enfin, 35,9% de la population mondiale n’est plus en mesure d’observer la Voie Lactée la nuit et 13,9% de la population mondiale sont exposés à une pollution lumineuse telle que le système visuel ne peut pas s’adapter à une vision de nuit. En réalité, le système visuel est en permanence en vision de jour.
A l’heure actuelle, les scientifiques considèrent que la pollution lumineuse est l’une des pollutions qui croît le plus rapidement à travers le monde, de 6% par an en moyenne, et de 10% dans les pays européens.
Ainsi, la pollution lumineuse n’est pas un phénomène local. Son étendue est globale et ne cesse de progresser. Elle impacte d’ores et déjà une partie des aires protégées à travers le monde, en particulier les parcs naturels régionaux et nationaux. Une grande partie des écosystèmes, c’est-à-dire une grande partie de la faune et de la flore mondiale, est donc impactée.
A l’instar de la plupart des « progrès techniques » tant vantés par la civilisation industrielle, et qui constituent ses fondements, on voit bien que la lumière artificielle génère un certain nombre de conséquences imprévues et imprévisibles (du fait de notre ignorance écologique, qui découle elle-même de l’irrespect total dont nous faisons montre, en tant que culture, vis-à-vis du monde naturel). A l’instar de la plupart des « progrès techniques » tant vantés par la civilisation industrielle, elle ne semble ni souhaitable, ni viable (durable). Impossible de perturber à ce point les cycles naturels, les espèces vivantes et les biotopes du monde sans s’exposer à un retour de bâton des plus dévastateurs.
Ainsi que Jean-Eudes Arlot l’écrit :
Le « noir », c’est l’habitat nécessaire d’un grand nombre d’espèces : c’est pouvoir se nourrir, c’est la condition de la survie. D’une manière générale, la vie aime le « noir » : beaucoup de mammifères sont ou sont devenus plus ou moins nocturnes. Ils préfèrent circuler dans le noir ou dans l’ombre, de même qu’ils évitent les sols nus et découverts. La nuit permet d’éviter les prédateurs et contribue à un équilibre naturel. Les rapaces nocturnes, les chauves-souris, les canards sauvages, les lapins, etc., mangent essentiellement la nuit et préfèrent les zones de « noir profond ». Les grands mammifères tels que les cerfs et les sangliers se nourrissent et se déplacent la nuit.
L’être humain fait également partie de ces espèces qui ont besoin du noir, pour lesquelles une vraie nuit est une nécessité vitale. Durant des milliards d’années, la vie sur Terre s’est développée et a prospéré en s’adaptant à une alternance nette de jour et de nuit. La lumière artificielle nocturne balaie cet équilibre crucial.
Les conséquences de cet aspect de l’utilisation de l’électricité (la lumière artificielle) constituent à peine quelques-uns des nombreux problèmes liés à sa production. Si l’on examinait les impacts écologiques (et sociaux) de la production en masse d’ampoules, de lampes, de projecteurs, et d’appareils lumineux en tous genres, et ceux de la production massive d’électricité (c’est-à-dire ceux des barrages, des centrales nucléaires, des centrales au charbon, de l’incinération de biomasse, des parcs éoliens, des centrales solaires, etc.) on en remarquerait bien plus. Pour ceux que ces quelques catastrophes écologiques ne suffisent pas à convaincre de la nuisance que constitue la production industrielle d’électricité (même soi-disant verte ou renouvelable), voici d’autres articles qui en exposent d’autres, parmi les plus graves : « Ce n’est pas seulement la production d’électricité qui pose problème, c’est son utilisation (et tout le reste) », « L’étrange logique derrière la quête d’énergies “renouvelables” », et « L’écologie™ du spectacle et ses illusions vertes (espoir, “progrès” & énergies “renouvelables”) ».
Pour en savoir plus sur le problème de la pollution lumineuse, vous pouvez consulter ces articles :
« Quel est l’impact écologique de la pollution lumineuse ? » (par Thomas Le Tallec)
« L’extinction des lucioles » (par Pauline Brami)
« La pollution lumineuse » (dossier en 3 parties publié sur le site de l’ENS de Lyon et rédigé par Jean-Eudes Arlot)
Pour finir, un petit texte écrit par un collectif anarchiste de la péninsule ibérique :
Le mot « réseau » se construit à travers une longue filiation. Dès le 1er siècle avant JC, les rétiaires sont des gladiateurs à pieds, armés d’un poignard, d’un trident et d’un filet (le reta) dont ils se servaient pour capturer leurs adversaires. Au 12ème siècle, le mot résel désigne un filet utilisé pour capturer de petits animaux. Le réseul au 16ème siècle désigne un filet dans lequel les femmes retiennent leurs cheveux. Le réseul est devenu la résille (filet à larges mailles qui retient la chevelure, Le petit Larousse, 1996). Au sens figuré, le réseau signifie alors : tout ce qui peut emprisonner l’homme, entraver sa liberté ou menacer sa personnalité. Le réseau électrique n’est pas autre chose : la dépendance que le « progrès » et le « développement » nous imposent n’est qu’un esclavage déguisé, la production et la consommation d’énergie ne génèrent que maladies, morts et destructions.
Les « nécessités » liées à l’énergie électrique sont-elles autre chose que des besoins induits par ce système ? Que sont donc ces fameux bienfaits dont nous pouvons jouir grâce à l’énergie électrique et à son réseau omniprésent ?
Le réveil, qui raccourcit la nuit et mutile nos rêves, annonçant la sentence d’un autre jour de travail obligatoire ?
La radio, qui conditionne notre inconscient tandis que nous engloutissons en vitesse notre petit-déjeuner, perturbés à l’idée d’être en retard, ce qui ferait enrager — selon notre cas — notre patron ou notre professeur ?
Le métro, le tram, les bus électriques « écologiques » ou les trains, qui nous trimballent vers ces prisons où nous opérons, et qui ne sont pour nous que des tapis roulants dans un immense abattoir ?
Les feux de circulation, qui régulent et limitent nos déplacements, à pied ou en voiture ?
Les caméras de vidéosurveillance — cette armée de gargouilles — , qui observent tous nos mouvements et essaient d’instiller la peur afin que nous respections tous le statu quo ?
Le réseau électrique a été consacré lors du passage de l’univers médiéval christiano-centré à une Renaissance anthropocentriste, et jusqu’à ce présent technocratique désormais totalement déshumanisant et omnicidaire.
Devons-nous simplement renoncer aux « conforts » liés à l’existence et de l’expansion de l’industrie ?
Nous mourons au travail, toujours esclaves, ou plus tard après une longue agonie liée aux maladies « professionnelles », nos esprits sont anéantis par la soumission ou par les cravates, qui séparent la tête du reste du corps, nous asphyxiant mortellement.
A l’extérieur de nos lieux de travail : un vaste empoisonnement, « démocratique », généreux.
C’est le réseau électrique qui permet le fonctionnement des zones industrielles, la production et le transport de « biens » de consommation et de marchandises inutiles, de matières premières souvent en provenance d’endroits soumis à des guerres prédatrices, parfois dissimulées sous l’apparence de conflits religieux, ethniques ou régionaux.
Tant qu’il opère, c’est ce même réseau qui assure le fonctionnement de l’état et des organismes internationaux, des bureaucraties et de leurs ramifications, les systèmes de communication, les banques, les usines, les laboratoires, les écoles et autres organes de propagande…
Cette même énergie électrique alimente la répression organisée depuis les postes de police et leurs systèmes informatiques, leurs casiers judiciaires, leurs bases de données, etc.
Et les salles des tribunaux, et les détecteurs de métaux, et ainsi de suite.
La même énergie qui aide à garder les indésirables dans les prisons, dans les centres de détention pour réfugiés ou dans les hôpitaux psychiatriques…
Tandis que faire partie des « chanceux » vous incarcère automatiquement dans d’autres mailles du réseau électrique : les supermarchés, les magasins, les salles de gym, les endroits d’art et de « culture », les restaurants, les bars, les discothèques — similaires en ce qu’ils servent tous à maintenir une illusion de « vie », jour et nuit, pendant que beaucoup ressentent toujours au plus profond d’eux-mêmes que quelque chose ne tourne pas rond.
La sensation d’une vie bien vécue ne se retrouve ni dans la chaleur d’une douche électriquement chauffée ni dans l’hypnose effervescente de la télévision.
Aucune Playstation (et aucune autre drogue) ne soignera notre malaise vis-à-vis de l’existant ; de la même manière, l’invention des « vacances » il y a un peu plus d’un siècle, a été, et ne sera jamais autre chose qu’un simple palliatif (également appuyé par l’électricité) visant à garder tels qu’ils sont les esclaves pacifiés et productifs.
Démanteler son réseau électrique — d’esclavage et de mort — c’est attaquer les racines de ce système.
L’énergie électrique est le sang de cette société technologique.
Nous avons le soleil, nous avons la braise.
Une révolution ne sera certainement pas indolore, mais face à l’impossibilité d’améliorer ou de reformer un système fondé sur la domination et la mort, y a-t-il une autre alternative ?
Nous voulons voir briller les étoiles. Partout.
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