mercredi 31 janvier 2018

"Le nouveau fascisme : la société de consommation."



Pier Paolo Pasolini, le fascisme de la société de consommation

Une bonne partie de l'antifascisme d'aujourd'hui, ou du moins ce qu'on appelle antifascisme, est soit naïf et stupide soit prétextuel et de mauvaise foi. En effet elle combat, ou fait semblant de combattre, un phénomène mort et enterré, archéologique qui ne peut plus faire peur à personne. C'est en sorte un antifascisme de tout confort et de tout repos. Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé la société de consommation.
  



Pier Paolo Pasolini, Écrits corsaires (1976)

En revanche, le nouveau fascisme, la société de consommation a profondément transformer les jeunes, elle les a touché dans ce qu'ils ont d'intime, elle leur a donné d'autres sentiments, d'autres façons de penser, de vivre, d'autres modèles culturels, il ne s'agit plus, comme à l'époque mussolinienne d'un enrégimentement superficiel, scénographique, mais d'un enrégimentement réel qui a volé et changé leur âme, ce qui signifie en définitive que cette civilisation est une civilisation dictatoriale. En somme si le mot de fascisme signifie 'violence du pouvoir', la société de consommation a bien réalisé le fascisme. (...)
Pour moi la véritable intolérance est celle de la société de consommation, de la permissivité concédée d'en-haut, qui est la vraie, la pire, la plus sournoise, la plus froide et impitoyable forme d'intolérance, parce que c'est une intolérance masquée de tolérance, parce qu'elle n'est pas vraie, parce qu'elle est révocable chaque fois que le pouvoir en sent le besoin, parce que c'est le vrai fascisme, d'où découle l'antifascisme de manière, inutile, hypocrite, et au fond apprécié par le régime.
Extraits.

Les textes ici rassemblés témoignent, par leur violence polémique d'une démarche provocatrice. Mais chez Pasolini la volonté de ne rien dissimuler dans sa recherche de la vérité est sa seule provocation. L'auteur de Théorème examine tour à tour le problème de l'avortement, le fascisme, l'antifascisme et surtout la société de consommation de masse qui conduit à la déshumanisation de la société et à la destruction de l'identité italienne.
Quatrième de couverture
Pier Paolo Pasolini, Ecrits corsaires (1976), Ed. Flammarion, 2009


Pier Paolo Pasolini est un écrivain, poète, journaliste, scénariste et réalisateur italien, né le 5 mars 1922 à Bologne, et assassiné dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, sur la plage d'Ostie, près de Rome.
Son œuvre artistique et intellectuelle, éclectique et politiquement engagée, a marqué la critique. Connu notamment pour son engagement à gauche, mais se situant toujours en dehors des institutions et des partis, il observe en profondeur les transformations de la société italienne de l'après-guerre, et ce, jusqu'à sa mort en 1975. Son œuvre suscite souvent de fortes polémiques (comme pour son dernier film, Salò ou les 120 Journées de Sodome, sorti en salles l'année même de sa mort), et provoque des débats par la radicalité des idées qu'il y exprime. Il se montre très critique, en effet, envers la bourgeoisie et la société consumériste italienne alors émergente, et prend aussi très tôt ses distances avec l'esprit contestataire de 1968.
Source (et suite) du texte : wikipedia

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