lundi 15 janvier 2018

Le siècle du moi






Adam Curtis, Le siècle du moi, Une histoire secrète du 20ème siècle, Une histoirede politique, de publicité et de psychanalyse (BBC, 2002) - nouvel trad. Le Partage

Le siècle du moi, série documentaire d'Adam Curtis - Le Partage 

Réalisée pour la BBC en 2002, la série documentaire en quatre parties d’Adam Curtis intitulée, en anglais, The Century of the Self, que l’on pourrait traduire par Le siècle du moi, expose des évènements et des personnages trop peu connus du 20ème siècle, qui ont pourtant joué un rôle crucial dans l’élaboration des mal-nommées « démocraties » modernes (d’Edward Bernays à Matthew Freud, en passant par Anna Freud et bien d’autres).

Un formidable travail de recherche dans lequel Adam Curtis révèle comment et à quel point les politiciens et les milieux d’affaires ont appris à manipuler la société de consommation de masse. Comment l’individualisme a été encouragé et utilisé par et pour les intérêts dominants (corporations et politiciens). Comment les corporations (dont une véritable industrie de la propagande qui s’appuyait sur les travaux des Freudiens), ont détourné les mouvements hippies, yippies, etc., supposément anti-conformistes, par le biais d’un narcissisme consumériste, d’un individualisme libéral tout ce qu’il y a de plus conformiste. Ou le passage d’un « changeons la société » à un « changeons-nous nous-mêmes », au « développement personnel » et autres machins pour épanouir le « moi » (machins absurdes et insensés qui n’aboutissaient pas, qui n’aboutissent toujours pas, mais qui plaisent toujours plus, en témoignent les immenses rayons dédiés au « développement personnel » à la FNAC et dans les librairies en général, et qui épanouissent surtout le compte en banque des dirigeants de l’industrie éponyme et des industriels en général).

Cependant, un bémol : cela reste un reportage de la BBC, et si Adam Curtis présente assez bien un pan trop méconnu de l’histoire de la propagande et de la manipulation de masse, il se concentre exclusivement sur cet aspect certes important mais partiel de la manière dont nous en sommes rendus dans nos fausses démocraties contemporaines, et semble lui prêter une responsabilité bien excessive. Il oublie le rôle du développement technique et technologique, les caractéristiques inhérentes à la vie dans une société industrielle urbaine de masse (sociabilité excessive, vie hors-sol dans un environnement artificiel qui altère la perception de la place de l’être humain et de sa nature, les sens, impossibilité logique d’organiser la société de manière démocratique, technologies qui altèrent le rapport au monde, etc.).

Quoi qu’il en soit, il vaut le coup d’être regardé. Nous l’avons sous-titrée



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