Après les embryons hybrides homme-mouton, homme-cochon, voici l'homme-poulet !
Des scientifiques ont créé un embryon hybride mi-humain mi-poulet
par Sarah Koskievic, le 25 mai 2018 - Ulyce
Crédits : Université Rockefeller de New York
Un groupe de scientifiques américains pourrait bien être à l’origine d’une découverte médicale aussi majeure que sujette à controverse. Dans une étude menée par Ali Brivanlou, biologiste à l’université Rockefeller de New York, et publiée dans la revue scientifique Nature le 23 mai 2018, on apprend que lui et ses collègues ont réussi à mélanger des cellules humaines artificielles à des embryons de poulets. Le but de cette étrange expérience scientifique visait à comprendre la façon dont les cellules s’organisent au sein de l’embryon humain pour donner naissance à ses membres.
En effet, les cellules souches embryonnaires humaines sont pluripotentes, ce qui signifie qu’elles peuvent se différencier en n’importe quel type de cellules spécialisées de l’organisme – qui vont ensuite créer les os, le cerveau, les poumons, le foie, etc. Après avoir longtemps observé des cellules embryonnaires d’amphibiens ou de poissons, nous savions déjà que certaines cellules coordonnent la marche du reste des cellules. Pour ce faire, elles envoient des signaux moléculaires et commandent à ces cellules de se développer d’une façon ou d’une autre.
Pour des raisons éthiques évidentes – aux USA, il est par exemple interdit d’utiliser des embryons vieux de plus de 14 jours –, il était difficile jusqu’à présent de savoir si de telles cellules organisatrices existaient bel et bien chez l’être humain. Pour contourner ces règles, l’équipe d’Ali Brivanlou a donc cultivé en laboratoire des embryons humains artificiels dérivés de cellules embryonnaires humaines. Au quatorzième jour, les scientifiques ont greffé ces cellules humaines sur des embryons de poulet âgés de 12 heures (un stade de développement équivalent aux 14 jours de développement humain). C’est là que le spectacle a commencé.
Tout comme ce qui avait été observé chez les poissons ou les amphibiens, les cellules humaines ont pris le rôle d’organisatrices sur celles des poulets, créant une colonne vertébrale secondaire et un système nerveux. « À mon grand étonnement, la greffe n’a pas seulement survécu, mais elle a donné naissance à des structures merveilleusement organisées », expliquait le docteur Brivanlou au Sun. Les débuts du tissu nerveux qui formerait en fin de compte sa moelle épinière et son cerveau étaient composés exclusivement de cellules de poulet.
Pour Martin Pera, chercheur sur les cellules souches au Jackson Laboratory dans le Maine, ces résultats ouvrent de nouvelles pistes sur la façon dont les problèmes de développement précoce se produisent. Les chercheurs ont ainsi créé le premier hybride humain-poulet. Les embryons n’ont pas été conservés, mais que se passera-t-il le jour où ils décideront de contourner cette barrière éthique-là ?
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