mardi 25 janvier 2011

Rabia ou Rabi'a al-Adawiya


Ancienne esclave affranchie qui renonça jusqu’au mariage pour ne se consacrer qu’à Dieu, Rabi’a al-Adawiya (714-801) est une figure majeure de la spiritualité soufie. Son immense rayonnement lui valut la vénération de ses contemporains et les maigres écrits qu’il nous reste d’elle en font également l’un des premiers chantres de l’amour divin.
Dans cet âge classique du soufisme, Rabia explore, comme d’autres, les sentiers de cette mystique. La légende raconte qu'elle aurait été vue dans les rues de Bagdad, portant un seau dans une main et une torche dans l'autre et criant qu'elle partait éteindre les feux de l'enfer et incendier le paradis. Un passant l'arrêta et l'interrogea sur le sens de ses dires. Elle répondit que les hommes d'aujourd'hui (guère plus d'un siècle après la mort du prophète de l'islam Mahomet) n'adoraient Dieu que par intérêt (la crainte de son courroux ou la récompense de ses grâces) alors que la vraie dévotion consistait à ne l'adorer que pour Lui, par pure aspiration à contempler Sa Face.
Rabia est peut-être la première grande voix du soufisme. Ces ascètes des premières heures de l'Islam étaient à cette époque en marge de la société et apparaissent tels des avertisseurs pour le peuple, démontrant par leur existence même la vanité de certains musulmans d’enfermer l’esprit dans la lettre.
Ainsi rejetait-elle l'état par lequel l'homme se conforte dans l’insouciance ou la facilité et que les soufis jugent à l’opposé d’un état de quête.
Cette première mouvance spirituelle se structurera plusieurs siècles plus tard dans ce qu'on appellera des Confréries soufies (Cf aussi Tariqa).
Un film arabe raconte son histoire. Le rôle est joué par Nabila Obeid, les chansons sont interprétées par Oum Kalsoum et écrites par Mohammed Abdel Wahab.
Source : Wikipedia


Bibliographie : 

- Chants de la recluse, traduction de l'arabe par Mohammed Oudaimah et Gérard Pfister, Arfuyen, 1988.


Je T'aime de deux amours : l'un, tout entier d'aimer,
L'autre, pour ce que Tu es digne d'être aimé.
Le premier, cest le souci de me souvenir de Toi,
De me dépouiller de tout ce qui est autre que Toi.
Le second, cest l'enlèvement de tes voiles
Afin que je Te voie.
De l'un ni de l'autre, je ne veux être louée,
Mais pour l'un et pour l'autre, louange à Toi !





Puisses-Tu m’être doux, alors que la vie m’est amère !
Puisses-Tu être satisfait de moi,
Alors que les hommes sont furieux (contre moi).
Le précipice qui me sépare de Toi, puisse-t- il être comblé !
Tout me serait supportable, si Tu daignais m’aimer !
Tout ce qui existe ici-bas n’est que poussière sur poussière.

Mon Dieu si je t'adore par crainte de Ton enfer, brûle moi dans ses flammes !

Et si je t'adore par convoitise de Ton paradis, prive m'en !
Je ne t'adore que pour Toi car tu mérites l'adoration.
Alors ne me refuse pas la contemplation de Ta face impérissable !

Ô ma joie, mon désir,ô mon appui,

Mon compagnon, ma provision, ô mon but,
Tu es l'esprit du coeur, Tu es mon espoir,
Tu es mon confident, mon désir de Toi est mon viatique.
Sans Toi, ô ma vie, ô ma confiance,
Je ne serais jamais lancée dans l'immensité du pays.
Combien de grâce s'est montrée,
Combien de dons et de faveurs Tu as pour moi!
Désormais ton amour est mon but et mon délice
Et la splendeur de l'oeil de mon coeur assoiffé.
Tant que je vivrai, je ne m'éloignerai pas de Toi.
Tu es le seul maître de l'obscurité de mon coeur.
Si Tu trouves plaisir en moi,
Alors, ô désir du coeur, ma joie débordera!

Mon repos, ô frères, est dans ma solitude,

Mon Aimé est toujours en ma présence.
Rien ne peut remplacer l'amour que j'ai pour Lui,
Mon amour est mon supplice parmi les créatures.
Partout où j'ai contemplé sa beauté,
Il a été mon mihrab et ma qibla.
Si je meurs de cet amour ardent et s'Il n'est satisfait,
Oh, cette peine aura été mon malheur en ce monde!
Ô médecin du coeur, Toi qui est tout mon désir, 
Unis-moi à Toi d'un lien qui guérisse mon âme.
Ô ma joie, ô ma vie pour toujours!
En toi mon origine, en Toi mon ivresse.
J'ai abandonné entièrement les créatures dans l'espoir
Que Tu me lies à Toi. Car tel est mon ultime désir.

Entre l'amant et le bien-aimé, il n'y a pas de distance, 
ni de parole, que par la force du désir, ni de description, que par le goût. 
Qui a goûté, a connu. Et qui a décrit ne l'a pas décrit. En vérité comment peux-tu décrire quelque chose, quand en sa présence tu es anéanti ? En son existence, tu es dissout ? En sa contemplation, tu es défait ? En sa pureté, tu es ivre ?





Oum Kalsoum chante Rab'ia à 13'20''




Et un autre poème  :




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