lundi 21 février 2011

Dogen Zenji, Eihei Dogen ou Dogen Kigen


Eihei Dōgen, Dōgen Kigen ou maître zen Dōgen (19 janvier 1200 - 22 septembre 1253) est le plus grand maître de l'école Sōtō du bouddhisme zen, qu'il introduisit au Japon depuis la Chine.

Dōgen est né en 1200 à Uji, près de Kyōto. Son père Michichika appartenait au clan des Minamoto et était descendant de l'empereur Murakami (947-967). À cette époque, le Japon traverse une période de troubles. Le pays est soumis depuis peu à un double pouvoir : celui de l'empereur et de sa cour installée à Kyōto, capitale traditionnelle, et celui des shoguns, sorte de général suprême qui détient le pouvoir militaire, établi à Kamakura. Dans cette société féodale les grandes familles se disputent le pouvoir. Les plus illustres sont les Fujiwara et les Minamoto. Sa mère était la fille de Fujiwara Motofusa, autre personnalité importante de la cour impériale. Dōgen vit donc le jour au sein d'une famille aristocratique bien en place et influente. Mais son père mourut alors que lui-même était âgé de deux ans et sa mère lorsqu'il avait huit ans. Le jeune Dōgen reçut l'éducation appropriée à une telle famille et dès l'âge de quatre ans il pouvait lire des poèmes en chinois. Malgré cela, il passa une enfance malheureuse et solitaire, regardant le caractère illusoire de la lutte pour le pouvoir dans un monde de chagrin et d'impermanence. Juste avant de mourir, sa mère lui recommanda de devenir moine afin d'aider au salut de tous les êtres. Très tôt cet enfant, confronté à de tels phénomènes, réalisa la nécessité de chercher la vérité au-delà du monde des apparences. Orphelin, Dōgen fut accueilli par un de ses oncles, Minamoto Michitomo, un illustre poète qui lui fit découvrir la poésie, ce qui imprègnera fortement toutes ses œuvres futures. (...)


Un jour, au cours d'une sesshin, Dōgen reçut un grand choc. Alors qu'il était assis en zazen, son voisin s'endormit sur son zafu. Nyojo d'une voix forte s'écria : « Shin jin datsu raku ! Rejetez le corps et l'esprit! » Et il frappa fortement le moine avec sa sandale, le faisant tomber de son siège. En entendant ces paroles, l'esprit de Dōgen subit une révolution intérieure. Après le zazen, il rendit visite à son maître dans sa chambre. Il lui dit : «Shin jin datsu raku (j'ai abandonné le corps et l'esprit) ». Nyojo lui répondit : « Datsu raku shin jin (abandonne de nouveau le corps et l'esprit) ».
Dōgen resta encore deux ans auprès de Nyojo, puis décida de retourner au Japon. Son maître lui confirma qu'il était alors temps de transmettre à son tour I'enseignement du bouddhisme en aidant les autres à s'éveiller à la vérité universelle.

De Chine, Dōgen ne ramena rien d'autre que la pratique du zazen, shikantaza, telle que la lui avait enseignée son maître. On lui demanda : « Qu'avez-vous rapporté ? » Dōgen répondit : « Je suis revenu les mains vides. » Dans son recueil Eihei Koroku, il écrira plus tard : « Ayant seulement étudié avec mon maître Nyojo et ayant pleinement réalisé que les yeux sont horizontaux et le nez vertical, je reviens chez moi les mains vides... Matin après matin, le soleil se lève à l'Est ; nuit après nuit, la lune s'enfonce à l'Ouest. Les nuages disparaissent et les montagnes manifestent leur réalité, la pluie cesse de tomber et les Quatre Montagnes (la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort) s'aplanissent. » Dōgen s'installa d'abord à Kennin-ji, temple de Myozen, son premier maître avec lequel il était parti en Chine et qui était mort pendant le voyage. C'est dans ce temple qu'il écrit son premier recueil : le Fukanzazengi, les règles universelles pour la pratique du zazen. C'est le point essentiel de son enseignement : seulement s'asseoir dans une posture exacte sans rechercher quoi que ce soit, en laissant passer les pensées comme des nuages dans le ciel.
Source du texte : wikipedia


Shobogenzo

Bibliographie :
- Polir la lune et labourer les nuages, trad. Jacques Brosse. Ed. Albin Michel, 1998
- Poèmes zen de Maître Dogen, trad. Jacques Brosse, Hachiro Kanno. Ed.Albin Michel, 2001
- La Vraie loi, trésor de l'oeil : texte choisis du Shobogenzo, trad. Yoko Orimo. Ed. Points, coll. Sagesse.
- Le Shôbôgenzô de Maître Dôgen, 5 tomes, trad. intégrale de Yolo Orimo, préface de Pierre Hadot. Ed. Sully, 2003.
- Le Shobogenzo dans, Le Bouddhisme japonais, textes fondamentaux, trad. G. Renondeau. Ed. Albin Michel
- Shobogenzo, enseignement du maitre Dogen, trad. Kengan-D. Robert. Ed. Sully, 2001.
- Chaque instant est un instant de plénitude. Ed. Les Belles Lettres, 2011.
- De la Bouddhéité, dans Dogen et les paradoxes de la Bouddhéité, trad. Pierre Nakimovitch. Ed. Droz, 1999. Extraits en ligne : Google books
- Le Gakudo yojin-shu, le Fukan zazen-gi dans Les Fleurs du vide, trad. E. Rommeluère. Ed. Grasset.
- Instruction au cuisinier zen, trad. Tenzo Kyokun. Ed. Gallimard, Le Promeneur, 1994.
- La Présence au monde, trad. Tenzo Kyokun. Ed. Gallimard, Le Promeneur.
- Corps et esprit, trad. Tenzo Kyokun. Ed. Gallimard, Le Promeneur.
- Zen, simple assise, le Fukanzazengi, trad. Philippe Coupey. Ed. DesIris.
- Mon corps de lune, poème de l'Eihei Koroku de Maitre Dogen, trad. Philippe Coupey. Ed. DesIris.
- Uji, être-temps, trad. Charles Vacher, Eido Shimano Roshi. Ed. Encre Marine, 1997.
- Seul Bouddha connait Bouddha. Ed. Encre Marine, 1999.
- In-mo, Shobogenzo. Ed. Encre Marine, 2005.

En ligne : 
Shinji Shobogenzo (extraits), trad. Eric Rommeluère, zen-occidental (PDF)
Etudes :
Répertoire de la bibliographie de Dôgen-Zenji, Eijin. Ed. Ono, 1978
Jacques Brosse, Maître Dogen : Moine zen, philosophe et poète, 1200-1253. Ed. Albin Michel.
Jacques Brosse, Les maitres zen (divers extraits). Ed. Bayard.
Bernard Faure, La Vision immédiate. Nature, Eveil et tradition selon le Shobogenzo. Ed. Le Mail, 1987.
T.B. Hoang, Etudes et traduction du Gakudoyojin-shu. Recueil de l'application de l'esprit à l'étude de la voie. Ed. Droz, Paris, Genève, 1973.
Yves Leclair, "Dôgen, caillou, bambou, zen", La Nouvelle Revue Française, n°553. Ed.Gallimard, 2000.
Taisen Deshimaru, Le Trésor du zen (textes de Dogen commentés par Taisen Deshimaru). Ed. Albin Michel
Ishigami Iagolnitzer, Saint Francois d'Assise et Maitre Dogen. Extraits en ligne : Google books
En ligne :
Thanh Thien Nguyen, Voyage intérieur avec maitre Dogen : Ki-school
Etudes générales (zen) :
Collectif, Tch'an, zen, racine et floraisons. Ed. Hermès. 

Jacques Brosse, Les maitres zen. Ed. Bayard.
M. Shibata, Les maitres zen au Japon. Ed. Maisonneuve et Larose, Paris, 1995.
M. Shibata, Dans les monastères zen au Japon. Ed. Maisonneuve et Larose, Paris, 1997.

"Aimez la méditation assise comme si on éteignait les étincelles qui tombent sur la tête".


La Voie transmise à l'Ouest
Je l'ai transmise à l'Est
Pêchant la lune
Labourant les nuages,
J'ai recherché l'ancienne saveur.

La poussière du vulgaire
Ne peut pénétrer
A l'intérieur de l'ermitage
Par une nuit de neige
Au sein de la montagne profonde.
Extrait de Poème écrit dans ma chaumière, dans Les maitre zen de Jacques Brosse.


La Voie est fondamentalement parfaite. Elle pénètre l'univers entier.
Comment pourrait-elle dépendre de la pratique et de la réalisation ?
Le Véhicule du Dharma est libre de toute entrave.
En quoi l'effort assidu serait-il nécessaire ?

En vérité, le Dharmakaya (nature de Bouddha) est hors de portée de la poussière du monde,
Qui pourrait croire qu'il y ait à l'épousseter ?
Il n'est jamais distinct de quiconque,
Toujours exactement là ou l'on est.

Cependant, qu'il existe un écart,
Aussi minime soit-il,
La Voie se trouve aussi éloignée que la terre du ciel.
S'il y a encore préférence ou rejet,
L'esprit se perd dans la confusion. (...)

En conséquence, abandonnez une pratique fondée
Sur la compréhension intellectuelle,
S'en tenant aux mots et à la lettre,
Apprenez le demi-tour
Qui dirige la lumière vers le dedans
Et illuminera votre véritable nature,
Le cors et l'âme d'eux-mêmes s'effaceront
Et apparaîtra votre visage originel.

Pour zazen, retirez-vous dans une pièce silencieuse,
Mangez et buvez sobrement.
Rejetez toute distraction, abandonnez tout souci.
Ne pensez pas : ceci est bien, cela est mal !
Ne prenez parti ni pour ni contre.
Arrêtez toute agitation du mental,
Ne jugez ni des pensées ni des perspectives;
N'ayez aucun désir de devenir un Bouddha.
Zazen ne dépend en aucune façon
De la position assise ou allongée
Extrait de Recommandation générale pour la pratique du zazen (Fukanzazengi) dans : Les maitres zen de Jacques Brosse.


Si vous doutez de la marche des montagnes, c'est que vous ne connaissez pas la marche du Soi qui est la vôtre. Cela ne veut pas dire que vous soyez dépourvu de la marche du Soi, mais celle-ci ne vous est pas encore connue, ni clarifiée. Ceux qui veulent connaitre la marche du Soi doivent justement connaitre aussi la marche des montagnes bleues. Les montagnes bleues ne sont déjà ni de l'ordre de l’animé ni de l'ordre de l'inanimé. Le Soi n'est déjà ni de l'ordre de l'animé ni de l'ordre de l'inanimé. Il est maintenant impossible de mettre en doute la marche des montagnes bleues. (...)


Ne les diffamez pas en disant que les montagnes bleues ne sauraient marcher et que la Montagne de l'est ne saurait aller sur l'eau. C'est à cause de son point de vue élevé et grossier que le commun des mortels met en doute la proposition Les montagnes bleues marchent. C'est à cause de ses petites connaissances bornées qu'il s'étonne du mot montagnes en écoulement. Bien que le terme eau en écoulement passe partout sans difficulté, le commun des mortels reste submergé dans la petitesse de ce qu'il voit et entend. (...)


Les propos impossibles à comprendre dont vous, les chauves, parlez, ne sont impossibles à comprendre que pour vous. Il en va tout autrement pour l'Eveillé et les patriarches. Sous prétexte que ces propos vous restent impossibles à comprendre, vous ne devriez pas refusez d'apprendre les chemins de la compréhension chez l'Eveillé et les patriarches. Si les propos en question s'avèrent finalement impossible à comprendre, la compréhension dont vous parlez maintenant ne saurait non plus être appropriée. (...)


Hokusai (1760-1849), Fuji bleu

Les montagnes sont la demeure des grands saints depuis le temps qui surpasse tous les passé et tous les présents. Les sages et les saints font des montagnes leur ermitage. Ils font des montagnes leurs corps et coeur. C'est grâce aux saints et aux sages que les montagnes se réalisent comme présence. Quoiqu'il nous paraisse qu'une multitude de grands saints et une multitude de grands sages se sont rassemblés dans les montagnes, une fois entré dans les montagnes, personne ne rencontre personne. C'est seulement l'activité quotidienne des montagnes qui se réalise comme présence. Il ne reste aucune trace de ceux qui sont entrés dans les montagnes. 
Extrait de : La vraie Loi, Trésor de l'Oeil.




Zen, la vie de Dogen VOSTFR





Dôgen, un maître pour aujourd'hui (France 2, Sagesses bouddhistes, 22 janvier 2012) 





Yoko Orimo, Le shôbôgenzo de Maître Dôgen (France 2, Sagesses bouddhistes, 19 septembre 2009)


Roland Yuno Rech, Les vie et la mort selon Dogen (France 2, Sagesses bouddhistes, 19 octobre 2008)
   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...