En 200 avant J.-C., l'Empire chinois a déjà été établi; son fondateur tyrannique et mégalomane n'a pas eu un véritable successeur. Mais une nouvelle dynastie, celle de la famille Liu, sous le nom de Han, a eu le temps d'asseoir son autorité. Alors, dans le petit royaume vassal qui occupe une partie du bassin de la rivière Huai, le prince Liu An et ses amis composent cette oeuvre que nous appelons le Huainan zi.
Dès sa jeunesse, An se montra un esprit brillant et plein de talent ; il excellait dans ses compositions littéraires. L'Empereur se comportait comme son oncle et lui écrivait souvent pour l'inviter à la cour. Xiaowen (l'Empereur), qui le tenait en grande estime, lui commanda un fu (Genre littéraire, à cette époque proche d'une poésie savante), sur le modèle du Lisao ; reçue à l'aube, la demande était satisfaite à l'heure de la collation du matin, et l'Empereur, enchanté du poème, le serra dans sa bibliothèque privée. Une multitude de magiciens accouraient à lui de tout l'empire. C'est alors que l'on vit venir notamment Su Fei, Li Shang, Zuo Wu, Tian You, Lei Bei, Mao Pei, Wu Bei, Jin Chang ; vinrent aussi les lettrés de la Grande Montagne et de la Petite Montagne. Ensemble on discutait et dissertait de la Voie et de la Vertu, on esquissait un système général des vertus d'Humanité et de Respect des devoirs. C'est ainsi que fut composé le Huainan zi.
(Préface de Gao You : Extrait.)
Source du texte : chroniques taoistes
Bibliographie (en français) :
- Les grands traits du Huainan Zi, traduction Claude Larre, Isabelle Robinet, Élisabeth Rochat. Variétés Sinologiques no. 75, Éditions du Cerf, 1993.
Ainsi, Celui qui possède le Tao,
Plie son vouloir pour des oeuvres puissantes,
Vide son coeur pour des réponses appropriées.
Par "plier son vouloir" et par "oeuvres puissantes",
J'entends une douceur feutrée, un calme paisible,
Qui se cachent dans des "je n'oserais",
Qui opèrent avec des "j'en suis bien incapable".
Il est tranquille, sans préoccupations;
S'il passe à l'action, c'est au moment opportun,
En accompagnant les Dix mille êtres,
Exécutant avec eux les tours de la ronde,
Se refusant à prendre les devants,
Simplement prêt à répondre à la sollicitation.
Extrait de : Les grands traits du Huainan Zi, Traité 1, Le Tao originel.
Une joie trop vive fait s’effondrer le Yang;
L'affliction profonde fait s'écrouler l'interne,
La peur panique mène à la folie.
S'il faut encore éviter l'ordure et défendre sa tranquillité
Mieux aurait valu n'avoir jamais quitté l'Ancestral
Et jouir encore de la communion universelle.
Ayant l'oeil clair, mais ne regardant pas,
L'oreille fine mais n'écoutant pas,
La bouche close mais ne parlant pas,
Le coeur inerte mais demeurant sans pensée,
Il rejette l'excitation des sens
Pour faire retour au simple;
Il repose ses esprits vitaux
Rejetant savoirs et spéculations.
Éveillé, mais comme endormi,
Vivant, mais comme mort,
Pour finir par retourner à la racine.
Le temps qui précède la naissance
Et celui du déroulement de la vie,
En substance, ne font qu'un.
Mort et vie, en substance, sont Un.
Extrait de : Les grands traits du Huainan Zi, Traité 7, Les esprits légers et subtils.
Se laisser conduire par sa nature propre,
C'est cela le Tao;
Et assumer pleinement cette nature reçue du Ciel,
C'est cela la Vertu.
Quand cette nature fut perdue,
On donna de la valeur à l'Humanité
Et quand le Tao fut perdu, au Respect des devoirs.
Humanité et Devoirs une fois établis,
Ni le Tao ni sa Vertu ne se retrouvent plus.
Rites et Musique n'étant plus que parade,
La Pureté et le Brut disparaissent.
On détermine le vrai et le faux
Et les Cent familles s'y perdent.
Le grand cas que l'on fait des perles et du jade
Dresse les uns contre les autres les êtres sous le Ciel.
Voilà en quatre points
Ce que produit un siècle de décadence,
Extrait de : Les grands traits du Huainan Zi, Traité 11, Que toutes les coutumes se valent
Source du texte : chroniques taoistes
L'affliction profonde fait s'écrouler l'interne,
La peur panique mène à la folie.
S'il faut encore éviter l'ordure et défendre sa tranquillité
Mieux aurait valu n'avoir jamais quitté l'Ancestral
Et jouir encore de la communion universelle.
Ayant l'oeil clair, mais ne regardant pas,
L'oreille fine mais n'écoutant pas,
La bouche close mais ne parlant pas,
Le coeur inerte mais demeurant sans pensée,
Il rejette l'excitation des sens
Pour faire retour au simple;
Il repose ses esprits vitaux
Rejetant savoirs et spéculations.
Éveillé, mais comme endormi,
Vivant, mais comme mort,
Pour finir par retourner à la racine.
Le temps qui précède la naissance
Et celui du déroulement de la vie,
En substance, ne font qu'un.
Mort et vie, en substance, sont Un.
Extrait de : Les grands traits du Huainan Zi, Traité 7, Les esprits légers et subtils.
Se laisser conduire par sa nature propre,
C'est cela le Tao;
Et assumer pleinement cette nature reçue du Ciel,
C'est cela la Vertu.
Quand cette nature fut perdue,
On donna de la valeur à l'Humanité
Et quand le Tao fut perdu, au Respect des devoirs.
Humanité et Devoirs une fois établis,
Ni le Tao ni sa Vertu ne se retrouvent plus.
Rites et Musique n'étant plus que parade,
La Pureté et le Brut disparaissent.
On détermine le vrai et le faux
Et les Cent familles s'y perdent.
Le grand cas que l'on fait des perles et du jade
Dresse les uns contre les autres les êtres sous le Ciel.
Voilà en quatre points
Ce que produit un siècle de décadence,
Extrait de : Les grands traits du Huainan Zi, Traité 11, Que toutes les coutumes se valent
Source du texte : chroniques taoistes
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