Tchouang-tseu ou Zhuangzi (« Maître Zhuang »), de son vrai nom Zhuāng Zhou, est un penseur chinois du IVe siècle av. J.-C. à qui l'on attribue la paternité d'un texte essentiel du taoïsme appelé de son nom - le Zhuangzi – ou encore le « Classique véritable du Sud de la Chine ».
Si Zhuāng Zhōu a réellement existé, on ne sait en tout cas que très peu de choses sur la personne de ce philosophe qui vécut à l'époque des Royaumes Combattants. Les Annales Historiques de Sima Qian rapportent qu'il était originaire du district de Meng, probablement situé au Sud du fleuve Jaune, à proximité de la capitale de l’État de Sòn, près de l’actuelle Shangqiu au Henan. Elles placent sa vie à l'époque des rois Huì de Wèi (389-319 av. J.-C.) et Xuān de Qí (350-301 av. J.-C.), ce qui en ferait un contemporain de Mencius, mais ils semblent s’être ignorés. Le Zhuangzi présente le logicien Hui Shi ou Huizi (380-305 av. J.-C.) comme un ami de l’auteur.
Zhuāng Zhōu aurait occupé une charge administrative subalterne et refusé un poste de Premier ministre offert par le roi Wei de Chu. Il aurait terminé sa vie complètement retiré du monde, menant une vie nomade et proche du peuple.
Il est encore appelé « Zhuāng de Meng », « le fonctionnaire de Meng » ou « le vieillard de Meng ».
Source du texte : wikipedia
Bibliographie :
- L'oeuvre complète de Tchouang-tseu, trad. Kia-hway Liou. Ed. Gallimard, Unesco.
- Les oeuvres de Maitre Tchouang Tseu, trad. Jean Lévi. Ed. Encyclopédi des nuisances.
- Tchouang Tseu dans Philosophes taoistes, tome 1. Ed. La Pleaide.
- Les chapitres intérieurs, trad. Jean-Claude Pastor. Ed. du Cerf, 1990.
- Le rêve du papillon. Ed. Albin Michel, Spiritualité vivante.
- Aphorisme et paraboles de Tchouang Tseu, trad. Marc de Smedt. Ed. Albin Michel, Spiritualité vivante.
En ligne :
- Oeuvres de Tchouang Tseu, trad. Léon Wieger, 1913 : wikisource / Inlibroveritas
Etudes :
Jean-François Billeter, Leçons sur Tchouang Tseu. Ed.Allia, 2002.
Jean-François Billeter, Etudes sur Tchouang Tseu. Ed. Allia, 2010.
Jean-Francois Billeter, Notes sur Tchouang Tseu et la philosophie. Ed. Allia, 2004.
Romain Graziani, Fictions philosophiques du Tchouang Tseu. Ed. Gallimard, 2006.
Jean Lévi, Propos intempestifs sur le Tchouang Tseu. Ed. Allia, 2003.
Jean Lévi, Tchouang Tseu, Maitre du Tao. Ed. Pygmalion.
Jean Lévi, Le petit monde de Tchouang Tseu. Ed. Philippe Picquier, 2010.
Stephen Mitchell, Le rire de Tchouang Tseu. Ed. Synchroniques, 2010.
Jadis, Tchouang Tcheou rêva qu'il était un papillon voltigeant et satisfait de son sort et ignorant qu'il était Tchouang Tcheou lui-même. Brusquement il s'éveilla et s'aperçut avec étonnement qu'il était Tcheou. Il ne sut plus si c'était Tcheou rêvant qu'il était papillon, ou un papillon rêvant qu'il était Tcheou. Entre lui et le papillon il y avait une différence. C'est là ce qu'on appelle le changement des êtres.
Extrait de : Philosophes taoistes, Tchouang Tseu (chap.2, p.104).
Certains rêvent de festins, et pleurent au réveil; d'autres pleurent dans leur rêves, et à l'aurore partent à la chasse. Or, les uns et les autres, pendant leurs rêves, ne savent pas qu'ils rêvent, et parfois rêvent qu'ils sont en train de rêver. Ce n'est qu'au moment de leur réveil qu'ils savent qu'ils rêvent. Ce n'est que lors du grand réveil qu'on sait que tout n'a été qu'un grand rêve. La foule ignorante se croit éveillée en distinguant le prince d'un berger. Quel préjugé !
"Kong-tseu et toi-même, vous n'êtes que des rêves. Je te dis que tu rêves, cela aussi est un rêve."
Ces paroles sont extraordinaires et paradoxales. Dans la suite des siècles, un grand sage les comprendra un jour. Ce jour viendra aussi vite que le temps passe du matin au soir.
Si je discute avec toi et que tu l'emportes sur moi au lieu que je l'emporte sur toi, as-tu nécessairement raison et ai-je nécessairement tort ? Si je l'emporte sur toi, ai-je nécessairement raison et toi nécessairement tort ? ou bien l'un de nous deux a raison et l'autre tort ? ou bien avons-nous raison tous les deux ou tort tous les deux ? Ni toi ni moi nous ne pouvons le savoir, et un tiers serait tout autant dans l'obscurité. Qui peut décider sans erreur ? Si nous interrogeons quelqu'un qui est de ton avis, du fait qu'il est de ton avis, comment peut-il en décider ? S'il est de mon avis, du fait qu'il est de mon avis, comment peut-il en décider ? Il en sera de même s'il s'agit de quelqu'un qui est à la fois de ton avis et du mien, ou d'un avis différent de chacun de nous deux. Et alors, ni moi, ni toi, ni un tiers ne peuvent trancher. Faudra-t-il attendre un quatrième ?
Extrait de : Philosophes taoïstes, Tchouang Tseu (chap.2, p.100).
Bien que les pieds de l'homme n'occupent qu'un petit coin de la terre, c'est par tout l'espace qu'il n'occupe pas que l'homme peut marcher sur la terre immense. Bien que l'intelligence de l'homme ne pénètre qu'une parcelle de la vérité totale, c'est par ce qu'elle ne pénètre pas que l'homme peut comprendre ce qu'est le ciel.
C'est en marchant que la voie est tracée; c'est en nommant les choses que les choses sont délimitées ainsi. Comment dire oui à une chose ? On dit oui à une chose qui est. Comment dire non à une chose ? On dit non à une chose qui n'est pas. Comment juger ce qui est possible ? On considère comme possible une chose qui est possible. Comment juger une chose qui n'est pas possible ? On considère comme impossible une chose qui n'est pas possible. Tout chose a sa vérité; toute chose a sa possibilité. Il n'est rien qui n'ait sa vérité, il n'est rien qui n'ait sa possibilité.
Extrait de : Philosophes taoïstes, Tchouang Tseu (chap.2, p.97)
Le Tao n'a pas de borne; la parole n'est pas sûr. C'est de la parole que viennent toutes les distinctions établies par l'homme. (...)
Derrière toutes les divisions il y a quelque chose d'indivis, derrière toutes les discussions il y a quelque chose d'indiscutable. Comment cela ? Le saint embrasse le tout; les hommes se disputent pour faire valoir leurs opinions. Ainsi, il est dit : "Toute discussion implique une vision partielle."
Le Tao suprême n'a pas de nom; le discours suprême ne parle pas; la bienveillance suprême exclut toute bienveillance partielle; la pureté suprême est sans ostentation; le courage suprême est sans cruauté.
Le Tao explicité n'est plus le Tao; le raisonnement discursif n'atteint plus la vérité; la bienveillance qui s'obstine est incomplète; la pureté exclusive ne conquiert pas le coeur; le courage qui s'accompagne de cruauté n'atteint pas son but. Tous sont comme un cercle qui s'efforcerait de devenir un carré.
Savoir qu'il y a des choses qu'on ne peut pas connaitre voilà le somment du savoir. Qui sait que le discours est sans paroles et que le Tao est sans nom, celui-là possède le trésor du Ciel. Verser sans jamais remplir, puiser sans jamais épuiser, et ne pas même savoir pourquoi, voilà ce que l'on appelle : "cacher la lumière".
Extrait de : Philosophes taoïstes, Tchouang Tseu (chap.2, p.100)
Ces paroles sont extraordinaires et paradoxales. Dans la suite des siècles, un grand sage les comprendra un jour. Ce jour viendra aussi vite que le temps passe du matin au soir.
Si je discute avec toi et que tu l'emportes sur moi au lieu que je l'emporte sur toi, as-tu nécessairement raison et ai-je nécessairement tort ? Si je l'emporte sur toi, ai-je nécessairement raison et toi nécessairement tort ? ou bien l'un de nous deux a raison et l'autre tort ? ou bien avons-nous raison tous les deux ou tort tous les deux ? Ni toi ni moi nous ne pouvons le savoir, et un tiers serait tout autant dans l'obscurité. Qui peut décider sans erreur ? Si nous interrogeons quelqu'un qui est de ton avis, du fait qu'il est de ton avis, comment peut-il en décider ? S'il est de mon avis, du fait qu'il est de mon avis, comment peut-il en décider ? Il en sera de même s'il s'agit de quelqu'un qui est à la fois de ton avis et du mien, ou d'un avis différent de chacun de nous deux. Et alors, ni moi, ni toi, ni un tiers ne peuvent trancher. Faudra-t-il attendre un quatrième ?
Extrait de : Philosophes taoïstes, Tchouang Tseu (chap.2, p.100).
Bien que les pieds de l'homme n'occupent qu'un petit coin de la terre, c'est par tout l'espace qu'il n'occupe pas que l'homme peut marcher sur la terre immense. Bien que l'intelligence de l'homme ne pénètre qu'une parcelle de la vérité totale, c'est par ce qu'elle ne pénètre pas que l'homme peut comprendre ce qu'est le ciel.
C'est en marchant que la voie est tracée; c'est en nommant les choses que les choses sont délimitées ainsi. Comment dire oui à une chose ? On dit oui à une chose qui est. Comment dire non à une chose ? On dit non à une chose qui n'est pas. Comment juger ce qui est possible ? On considère comme possible une chose qui est possible. Comment juger une chose qui n'est pas possible ? On considère comme impossible une chose qui n'est pas possible. Tout chose a sa vérité; toute chose a sa possibilité. Il n'est rien qui n'ait sa vérité, il n'est rien qui n'ait sa possibilité.
Extrait de : Philosophes taoïstes, Tchouang Tseu (chap.2, p.97)
Le Tao n'a pas de borne; la parole n'est pas sûr. C'est de la parole que viennent toutes les distinctions établies par l'homme. (...)
Derrière toutes les divisions il y a quelque chose d'indivis, derrière toutes les discussions il y a quelque chose d'indiscutable. Comment cela ? Le saint embrasse le tout; les hommes se disputent pour faire valoir leurs opinions. Ainsi, il est dit : "Toute discussion implique une vision partielle."
Le Tao suprême n'a pas de nom; le discours suprême ne parle pas; la bienveillance suprême exclut toute bienveillance partielle; la pureté suprême est sans ostentation; le courage suprême est sans cruauté.
Le Tao explicité n'est plus le Tao; le raisonnement discursif n'atteint plus la vérité; la bienveillance qui s'obstine est incomplète; la pureté exclusive ne conquiert pas le coeur; le courage qui s'accompagne de cruauté n'atteint pas son but. Tous sont comme un cercle qui s'efforcerait de devenir un carré.
Savoir qu'il y a des choses qu'on ne peut pas connaitre voilà le somment du savoir. Qui sait que le discours est sans paroles et que le Tao est sans nom, celui-là possède le trésor du Ciel. Verser sans jamais remplir, puiser sans jamais épuiser, et ne pas même savoir pourquoi, voilà ce que l'on appelle : "cacher la lumière".
Extrait de : Philosophes taoïstes, Tchouang Tseu (chap.2, p.100)
Absolument infini. Je suivvrai tant que la vie m insuflera Si possible
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